01 octobre 2014

Le fameux tunnel au bout, au bout...


Kayac de mer fut d'abord créé à la radio de Radio-Canada par Michel Garneau (Les Décrocheurs... d'étoiles) et se trouve aux pages 13 et 14 de mes Poèmes cannibales (La Brochure, 2009). Il y a autour de l'image du tunnel une lumière qui m'est chère — sans doute est-ce lubie, un point de chute métaphorique dont le phénomène s’expliquerait par la déconnexion du cerveau — et un statut récent de Denise Neveu (Denise) sur sa page FB m'a fait replonger dedans. Elle écrivait bellement ceci : « On a l’âge de ses viscères, on a l’âge de ses aspirations... on est vieux comme la Terre et frémissants comme des poupons... on chante dans la noirceur comme tout le monde et, pour être païennes, nos prières ne manquent pas de ferveur... à pied, à cheval ou à tire d’ailes on traverse chaque jour la lumière imminente au bout du tunnel... ».  
Sillages.
***


Kayac de mer
Sous les bandeaux marqués
du temps en pagaille,
la langue est un oiseau
prêté par la nuit
fuseau horaire mauve
pour un drôle de Babel
un kayac renversé
dans le gris de tes yeux
une quenouille en feu
pointée vers les dieux
le premier plan chauve
éventré dans la gorge,
un petit vent de nature criarde
monté en épingle
dans le carquois de l'enfance masquée
un jeu de coulisse embusqué
sur la peau des acteurs
une mise en page qui brame
avec les barreaux de la cage
une salamandre qui prie dans le gel
une pelleteuse de nuages
pour faire chiner la lune
un souvenir apostrophé
le long du passage éphémère...
la langue est un oiseau
prêté par la lumière
au bout du tunnel.

Photo jd.



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