22 juin 2017

Lecture de métro

J'avais un peu de voyagement à faire, j'étais pressé, je trouvais trop pesant Après nous le déluge de Sloterdijk, ma lecture du moment. J'ai laissé l'Ange des livres guider ma main parmi le murmure des livres de poches de ma bibliothèque, rayon pas très souvent fréquenté. J'aurais pu tomber dans la talle de Sartre. À mon étonnement, ce ne fut pas le cas. J'ai eu le temps de glaner la préface jusqu'à la station De Castelnau. Ça a beau être écrit sur la page couverture, je n'avais aucune espèce d'idée du préfacier avant que je lise son nom au bas de la dernière page. J'ai été surpris. Ravi même. Je me suis dit : C'est extra. J'ai entendu sa voix à la fois retenue et bourrue, sur ses grands chevaux. Revu son panache de Chef à la Ruteboeuf qui a un jour sévi à la Place des Arts en dirigeant l'Orchestre Métropolitain de Montréal. J'y étais. Mars 1986.

Je n'ai pas cru un traître mot de sa préface.


" Ce livre que tu as entre les mains, lecteur, est une magie. Il a été écrit par un poète nommé [...] et dont il doit peu importer qu'il ait écrit ceci, cela, qu'il ait vécu ici ou là, qu'il ait ri, qu'il ait pleuré, qu'il ait grogné. Un poète, en définitive, ça grogne [...]. Dans les grognements des poètes, comme dans ceux des chiens, il passe un peu de cette innocence qui remet en question notre condition d'homme, car, à la vérité, les poètes ne sont pas des hommes. Des anges?... Pourquoi pas ? [...] "
- Léo Ferré, Préface, in Verlaine, Poèmes saturniens, suivi de Fêtes galantes, Le Livre de Poche, numéro 747, 1966, p. 17-18.

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