28 février 2010

City Lights, le spot des béats

Crédit photo Nicolas Cyr.

À Frisco. La librairie des béats,
261 Columbus Ave, à l'angle de Columbus et de l'allée Jack Kerouac.
City Lights Bookstore

Ouverte en 1953 par Lawrence Ferlinghetti qui est toujours actif*, City Lights passe derrière la caméra des mots en devenant également maison d'édition dès1955. Le catalogue s'ouvre notamment avec le fameux Howl de Ginsberg. En décembre 2009, on a lancé un essai de la philosophe Angela Davis à propos de Frederick Douglass. Un peu plus tôt à l'automne 2009, retour à Kerouac, City Lights Books a publié The Awakener A Memoir of Kerouac and the Fifties de Helen Weaver.

Photo Nicolas Cyr.



« One can only imagine this after-hours spot, prose and poetry conversations that were held there lasting long past the night and into the morning. Record players scratching out a jazz beat, voices flowing with a symphony of ideas, drifting out into the ultra cool San Francisco nights. Ghost Voices, now long gone.Today (...) you'll find shelf after shelf of everything from Camus to Haiku, but when you journey to the second floor you'll find a Beat Literature Garden of Eden (post cards too) including the works of Kerouac, Cassidy, Kesey -- the long gone ghost voices whose words wait patiently on their pages for eyes to give them new life again. »
Off Beat travel
* Cf. l'entrée du 15/05/2008
Photos (à ma demande express) : Nicolas Cyr, un collègue en voyage à Frisco pour raisons de baseball en 2008.


26 février 2010

Odocoileus virginianus, la douceur même


Terre feuillée grandeur nature
où le Cerf de Virginie, ce libre penseur,
est à la fois élégance et fragilité,
insouciance nonoune (en traversant le chemin),
mais nervosité extrême au moindre craquement de branche,
au plus infime cillement de paupière


Je lui chuchote mon admiration.
Le cœur me bat à chaque fois
que j'en rencontre un
dans les racoins savants du bois.


Photos : ?. Le déboulement de l'un à l'autre des envois sur le web fait que, malgré mes recherches, j'ignore qui est l'auteur (motoneigiste ou marcheur?) de ces magnifiques photos qui me sont parvenues. Je les aime trop.

Supplément : je suis tombé sur ce site où l'on devise sur le lieux des photos, North Hatley, semble-t-il, mais pas un mot sur l'auteur...

23 février 2010

Carnets pelés 30 : Celan ou la plage du coeur


Bureau, 24 octobre 2008

Autre fois. Un cheval pisse longtemps dans la prairie étincelante et me révèle la vie. J'ai huit ans et j'imagine autrement comment on fait des bébés.

Autre fois. Une vache vêle au printemps. Les nuances s'imposent petit à petit.


Québec, Musée de la Civilisation, Copyright humain, 26 novembre 2009

Sur le Freedon of will, Thomas de Koninck écrit : « La racine de la liberté, c'est la pensée. C'est parce que nous sommes des êtres pensants que nous sommes libres. »


Salmigondis, 6 juillet 2006

D'abord, un penchant philosophique. Je ne suis pas certain de partager l'idée si répandue selon laquelle la vérité est l'ultime ascension, le point d'orgue, la valeur par excellence de la philosophie. Pas obligé de casser le dos de la métaphysique à coups de marteau pour affirmer cela. Bien que Nietzsche demeure un « hauteur à pratiquer» pour comprendre le tapis mur-à-mur de l'essentialisme dans la culture occidentale et sa soif de vérité immuable, éternelle comme les neiges du Kilimandjaro. Et pourtant! La calotte fond à vue d'oeil au Kilimandjaro et disparaîtra d'ici 15 ans, prédisent les spécialistes...

La vérité, comme fondement, suppose une essence idéale des choses comme l'a fait valoir M. Platon dans le ciel des idées, au sortir de la Caverne... Cet idéalisme, il faut bien le dire, a eu une carrière remarquable. En fait, Platon est sur ce point en filiation avec Héraclite pour qui déjà l'excellence de la pensée consiste à « travailler » pour la vérité, c'est-à-dire percevoir les choses en fonction de leur nature. (Cf. l'ouvrage de Barry Allen, Truth in philosophy, Harvard University Press, 1995).

Quand je suis entré en philo dans un atelier donné par Georges Leroux sur le concept de méthode et d'écriture en philosophie, c'est exactement le même message qui était adressé aux étudiants : il faut travailler pour la vérité.

Il y a aussi Tarksi, le mathématicien (The semantic conception of truth and the fondations of semantics http://www.ditext.com/tarski/tarski.html) qui pose sa théorie de la vérité comme une espèce de filet présupposant que la vérité est en correspondance avec le réel.

Après Nietzsche, Heidegger critique cependant la conception d'une essence de la vérité dans sa correspondance à la réalité (Allen, p 3).

Tout cela est dit bien rapidement, je le sais. Mais j'arrive à mon point principal. J'aime bien la formule simple de Georges A. Legault (éthicien) selon laquelle l'éthique, le dialogue, la co-construction du sens se trouvent davantage à l'enseigne du « raisonnable » plutôt que sous les catégories de la raison pure. Le raisonnable ne se définit pas a priori par une essence donnée. Il est ce que l'on convient pour le mieux dans les circonstances données.

Le courant du pragmatisme arrive à la même conclusion (Peirce, James, Dewey, Rorty...). On trouvera aussi chez Foucault (coupure épistémologique, comment penser autrement?), chez Popper (faillibilisme), dans le constructivisme, etc., un peu de cette même intuition, je ne dirais pas fondamentale, mais qui, disons, s'infiltre à contre-jour dans le salon royal de la pensée occidentale.

Je dirais aussi qu'à la base on retrouve une idée de Hume en réaction à Descartes et qui a trait à l'expérience commune, à nos systèmes de croyances naturelles qui suffisent à l'expérience. (cf. Simon Blackburn, Penser, Flammarion, 1999, pages 56-57).

En ce sens, la vérité, si banalement encarcanée dans le relativisme ambiant (à chacun sa vérité), ou dans la rigidité conceptuelle coupée de l'existence et de l'action, ne nous est pas nécessaire.

Il en va peut-être autrement, toutefois, si quelqu'un se trouve, supposons-le, à l'extrême limite de l'émotion et du sursaut moral, là où la dignité devient littéralement un cri absolu. Peut-être alors que la vérité est un devoir, un engagement, une promesse à soi-même qui nous fait rester debout au lieu de sombrer, même si l'analyse de nos représentations pourrait à nouveau nuancer les mots pour le dire et nous faire préférer le partage du sensible (Rancière), la voie du raisonnable, le calme après l'effroi.

À la réflexion, en effet, ce qu'on appelle ici le « fragment de vérité » est peut-être davantage animé par le devoir, l'obligation d'interpréter justement le monde, ce qu'on voit de l'urgence du monde. Interpréter justement au sens de l'acteur, du musicien, pourquoi pas aussi au sens de l'écrivain, du poète, de quiconque est déterminé à briser le silence?

À tout hasard je trouve dans l'extrait qui va suivre une passerelle vers le poète au ciel brûlé, celui qui porte sur ses épaules d'écrivain rompu la croix du XXe siècle, l'atrocité, l'affreux silence... Je parle de Paul Celan qui a témoigné, qui a cherché à atteindre sinon la vérité ténue et fragile, du moins, viscéralement, « la plage du coeur». Cela procède non pas d'une morale du sentiment, encore moins du ressentiment puisqu'il s'agit de rejoindre l'autre.

Alors, resterait un peu de la poésie dans le langage troué des hommes, éclat de lumière, petit zèbre infirme pour lire le monde, la dernière heure, quelques lettres tracées dans la cendre, c'est-à-dire notre mémoire. Pourvu que notre corps ne soit pas déshabité. Pourvu que notre pensée ne soit pas prise au « dépourvu » dans cet enfer moderne que chante Jean Ferrat.

À propos de Celan : « Le fragment de vérité ainsi atteint demeure cependant bien fragile et précaire, à la fois précieux et aléatoire comme ­" un message dans une bouteille " — une image empruntée (...) à Mandelstam — jetée à la mer dans l'espoir qu'elle puisse un jour rencontrer une plage, peut-être (...) " la plage du coeur " (...) Ce message n'est pas sûr de trouver un destinataire, de même que l'histoire dont il témoigne, couverte de sang, a perdu ses certitudes d'antan. Les brisures enregistrées par la poésie "qui questionne l'heure, la sienne propre et celle du monde", selon l'expression qu'il employa dans la postface à un recueil de ses traductions de Mandelstam, congédient définitivement le happy ending de l'histoire positiviste, perchée en droite ligne vers le progrès. Mais en dépit de son extrême fragilité, ce message est universel. Pour saisir cette lettre enfermée dans une bouteille, il faut beaucoup d'attention, il faut guetter les vagues qui se brisent contre les rochers et s'essoufflent dans la plage avec une attention qui, écrira plus tard Celan en citant un essai de Benjamin sur Kafka, est "la prière naturelle de l'âme". »
- Enzo Traverso : Paul Celan et la poésie de la destruction in L'histoire déchirée. Essai sur Auschwitz et les intellectuels. Les Éditions du Cerf, 1997. (http://www.anti-rev.org/textes/Traverso97a6/)




21 février 2010

19 février 2010

Passage chez Jack Kerouac

« I was just somebody else, some stranger, and my whole life was a haunted life, the life of a ghost. »
- Jack Kerouac












































Photo du haut et vidéo : Emman
Photos de On the road, The original scroll, p. 59 : jd>

18 février 2010

Michel & Ti-Jean au Centaur




La semaine dernière, avec quelques collègues et amis, nous avons mis les pieds pour la première au Centaur afin d'assister à la pièce Michel & Ti-Jean à l'affiche jusqu'au 7 mars. Nous étions tous ravis de cette première.

Selon mon souvenir de simple amateur, à l'exception peut-être de la création en anglais de Encore une fois, si vous le permettez de Michel Tremblay (For The plaesure of seeing her again), il y a une dizaine d'années, jamais les médias francophones, journaux, radios, n'auront autant parlé et en termes élogieux d'une pièce produite à ce théâtre anglophone très vivant du Vieux-Montréal, rue François-Xavier.

Cette fois-ci, Tremblay n'est pas l'auteur qu'on joue, mais bien un personnage à lunettes ronde sur deux pattes, hallucinant de ressemblance. Il est réinventé dans sa 27e année et il débarque en 1969 en Floride, sac au dos (j'ai eu exactement le même en 1971 muni d'une grosse armature carrée, en nylon orange), les Belles-Soeurs fraîchement émoulues sous le bras. Il rentre dans un bar. Table de pool. Plante en plastique. Un client est assis lousse sur sa chaise. C'est Jack Kerouac. Michel sait qu'il s'agit de Memory Babe.

Le jeune écrivain désire en effet rencontrer cette grande et triste étoile littéraire qui dépasse de plusieurs siècles à venir la pauvre tête assez cuite qui est dessous, celle de Jack, chaud, grand biberon devant l'éternel, grand sensible surtout comme un oiseau brûlé vif, un prisonnier de légende au succès mal venu.

Ce guerlot ne saura jamais que son vieux trench-coat va un jour valoir
50 000 $, ses « royautés » et ses rouleaux dactylographiés tout d'une traite, des millions de dollars.


Kerouac le spontané avec ses visions, paumé, fils à moman, grosse pointure hard, une écharde dans les oreilles, une honte pour la bonne société de Lowell. Malgré tout, son nom est célébré par les poètes et les jeunes qui, tout en tas, fument un peu partout sur les routes de l'Amérique les mots de On the road.

Nous revenons à ce temps croisé entre l'Orient et l'Occident, temps de dérive dans une Amérique grise qui s'enfonce dans la guerre jusqu'au trognon, contestée avec virulence de l'intérieur par les peace & love, les poils, les activistes, les panthères de toutes les couleurs : Angela Davis, Marcuse, Dylan, Howard Zinn, les fusillades sur les campus et Kerouac, ce bon vieux « beatnik » enfumé, plutôt chagrin et red neck pataugeant dans la solitude, il n'est certes pas du même côté de la barricade que Joan Baez, Norman Mailer, et pas même du côté de son grand chum Allen Ginsberg.

Mais qui osera nier l'ampleur de ce nègre blanc écrivant avec une telle sincérité au pays des filatures de coton, just within the Franco?


Le propos de la pièce ne retient de ce courant que la petite lorgnette intimiste montrant un écrivain amoindri, fier de ses célèbres sparages coulés à jamais dans ses livres.

Je ne m'attendais pas à une pièce politique. Néanmoins, je m'attendais à renouer avec Kerouac qui est notre frère et qui déclara un jour ceci de très important : « Quand je braille, je braille en français! »

Dans ce qui lui est demandé, le comédien Alain Goulem incarnant Ti-Jean est très bien. Il a bien capté quelques mimiques de singe des plus caractéristiques et ce phrasé jazz-slam de Kerouac avant la lettre. Mais ça demeure un K dessiné de l'extérieur par un Américain qui tripe sur la spécificité culturelle des Français d'Amérique. Au demeurant, un K bien trop vigoureux pour une savate usée qui va crever dans les deux mois à venir.

Au tout début de la pièce, le jeune Tremblay, ému, timide, s'adresse à Kerouac en français. L'auteur du Docteur Sax le coupe subrepticement et lui ordonne de parler en anglais : « nous sommes en Amérique ici! » Ce speak white m'a dérangé en partant. Selon mon humble opinion, c'est une fausse note en regard des découvertes récentes de manuscrits inédits écrits en français « slang » américain, et surtout une connaissance, certes limitée, mais de première main des héritiers locaux de l'œuvre tels que Roger Brunelle de Lowell. Ces quelques éléments parmi d'autres m'amènent à croire que Kerouac n'aurait pas pu adopter une attitude comme celle proposée dans la pièce.

Je ne demande pas à ce que K soit sympathique et génial ou qu'il soit conforme à l'idée que je me forge de lui à mesure que j'explore cet univers de roches qui roulent. Reste que je n'ai pas cru à l'authenticité du personnage de la pièce, au total plutôt déplaisant et dont le désespoir final est joué de façon convenue.

Comme je l'ai entendu par ailleurs, tant mieux si cette pièce déclenche chez certains le goût de lire Kerouac. Ou Tremblay. Que chacun puisse se les approprier, c'est très bien.

Ceci étant dit, à la lumière des recherches actuelles et de la pléthore de témoignages du clan des Beat, et en tenant compte également de la proximité de ce contemporain né et enterré à Lowell, je souhaiterais bien avoir la chance de discuter avec l'auteur de la pièce, George Rideout, pour comprendre son point de vue et sonder les sources à partir desquelles il a brodé son personnage.

En comparaison, le Tremblay incarné par Vincent Hoss-Desmarais est une réussite magistrale : même « suit », sensibilité, fragilité, indignation à fleurs de peau (parfois un peu forcée), parti pris pour les petits et les mal pris, le monde de la rue Fabre.

L'auteur de la pièce a été aiguillonné par des parallèles très intéressants entre les deux écrivains, Francos catholiques mangeant tous les deux du baloney rôti dans l'poêle. Par moment, ce huis clos est zébré d'émotions senties, en particulier quand il est question de la mère canadienne-française, pilier et refuge, ou encore lorsque la mémoire du père en allé est évoquée, imprimeur de métier pour Ti-Jean comme pour Michel, trahi, tué par le fils, qu'il soit bum ou fifi.

L'argument se joue tout entier au niveau de ce terreau commun qui transfigure et harnache l'œuvre de l'un et de l'autre.

Un moment percutant advient lorsque Tremblay expose les motifs pour lesquels il ne croit pas en Dieu. Son indignation se charge de colère. Mais est-ce bien là la voix de Tremblay?


Les relations entre les deux écrivains alternent entre une complicité ludique et bon-enfant qui fait beaucoup de broue dans l'imaginaire de l'un à de l'autre, puis des moments de ruptures qui préfigurent la fin de la pièce. K est incapable de se laisser aimer, conclura un Tremblay qui se sent coupable d'avoir fait boire K pour gagner son amitié.

La plupart des critiques ont vu dans ces échanges une ode à la littérature. Ce n'est pas mon sentiment. Il me semble que la plupart des écrivains qui brossent ensemble ne partent pas comme ça, tout de go, sur une balloune d'improvisation qui ferait écho à leur créativité sans bride. C'est ainsi que la longue scène de la poule où l'esprit des Belles-sœurs est ramené au free-for-all d'une basse cour m'a semblé d'une grande dissonance en regard du sujet. C'est d'autant plus décevant que la scène précédente était des plus originale, en ligne droite avec le Kerouac qui a frayé dans les clubs avec les jazzman, Zoot Sins, Parker, envoye par là, et qui en vient dans la pièce à associer tour à tour les personnages des Belles-Sœurs à un instrument de musique, qui trompette, qui sax, etc., le tout en gerbe dans une symphonie. Cette scène pertinente dégringole en un vaudeville que j'ai trouvé insignifiant.

Bref! Cette pièce a le mérite de nous avoir beaucoup fait discuter, mes amis et moi. Il va de soi que le Kerouac que nous avons dans la tête peut différer des représentations qui germent dans une autre caboche.
Pour ma part, je reste sur ma position : l'idée principale de la pièce est brillante, l'interprétation de Desmarais remarquable, mais le Ti-Jean américain campé sur les planches du Centaur est maniéré alors que la pièce prétend justement faire ressortir la parenté étonnante des Français d'Amérique qu'on trouve de Lazare, Manitoba à Mountain View, Californie, de Lowell, Mass, à Charlottetown en passant par Montréal et Rivière-du-Loup.

***

Du 2 février au 7 mars 2010
Michel & ti-Jean

Texte de George Rideout mis en scène par Sarah Garton Stanley. Une production du Centaur.
In 1969, 27-year-old Michel Tremblay, having just published Les Belles Soeurs, sets out to meet his favourite writer, the “king of the Beatniks”; Jack Kerouac, at a bar in St. Petersburg, Florida. Despite an initial reticence on Kerouac’s part, the two prolific writers hit it off and share their thoughts on the art of writing, inspirations, sports, music, religion and the most innate quality they share: their Quebecois heritage. Though fictitious, Michel & ti-Jean is an evocative and spirited glimpse into the poetic and philosophical world of North American literature.

Alexandre Vigneault , La Presse, 15/02/10Pat Donnelly, The Gazette, 5/02/10Michel Bélair, Le Devoir, 30/01/10

MJ Stone, Hour, 28/01/10

« (...) Rien du théâtre qui roule des mécaniques, mais un texte brillant, pénétrant, des personnages qui imposent d'emblée leur souffle. Kerouac, qui fit rêver les beatniks du monde entier et convertit une folle jeunesse des années 50 aux joies de l'errance, est alors en fin de course, envoyant balader les hippies qui l'adulent, alcoolique, amer, génie bougonnant. Il reçoit en Floride la visite de Tremblay, ivre de jeunesse et de projets littéraires, tremblant de rencontrer son héros.
Cette mise en scène toute simple laisse place aux mots: deux chaises, une table de billard, une bouteille de scotch partagée jusqu'à l'ivresse des deux hommes, l'un en ascension, l'autre au bord de la tombe, abordant leurs vies, leurs deuils respectifs, les vertiges de la création. »
Odile Tremblay, Le joual et la route, Le Devoir, 6/02/10

13 février 2010

Slam de poésie à PAT

Noticias




Dans le cadre de la Quinzaine de la poésie, en collaboration avec les Amis de la Culture de la Pointe, une soirée slam aura lieu le 9 mars à la Maison Beaudry.

Autobus 189,
Maison Beaudry
14678, rue Notre-Dame Est (map/carte)
Pointe-aux-Trembles
514 872-2240




Parmi les auteurs-slameurs invités on retrouve :
June, Benoît Ponton, Michel Vincent, la Clocharde, Éliz Robert, Renaud Lamy-Beaupré, Francis Lujan, et d'autres....

Animation : Jacques Desmarais.

Ce slam session libre (sans pointage) est une rencontre amicale pour le pur plaisir de slamer et de rejoindre le public de Pointe-aux-Trembles et de Rivière des Prairies. Mais tous sont bien sûr les bienvenus.

Quelques musiciens compèteront possiblement le programme dont :
Emman, Françoys Bernier et Sylvain Legault.

C'est gratuit. Laissez-passer disponibles dès le 27 février.

11 février 2010

Pierre Vadeboncoeur ou l'horizon de l'être

L'auteur des Deux Royaumes et de Indépendances, deux ouvrages qui m'ont profondément marqué, n'est plus. Camarade de classe de Jacques Ferron et Pierre Eliot Trudeau, cet écrivain majeur d'une extrême finesse nous laisse le goût des traces dans la neige, malgré l'éphémère, au pays des arts, et par-dessus tout, l'altitude du regard pour le cœur autant que pour l'esprit. Un sentier discret pour respirer en soi la réconciliation du pays réel, meurtri certes, néanmoins peuplé des fleurs de l'âme et du feu des bohémiens, des bohémiennes de ma rue. Pierre Vadeboncoeur, la ligne du risque, la liberté, la dignité même.


Prière Bohémienne

À tous les bohémiens, les bohémiennes de ma rue
Qui sont pas musiciens, ni comédiens, ni clowns
Ni danseurs, ni chanteurs, ni voyageurs, ni rien
Qui vont chaque matin, bravement, proprement
Dans leur petit manteau sous leur petit chapeau

Gagner en employés le pain quotidien
Qui sourient aux voisins sans en avoir envie
Qui ont pris le parti d'espérer
Sans jamais voir de l'or dans l'aube ou dans leur poche
Les braves
bohémiens, sans roulotte, ni chien
Silencieux fonctionnaires aux yeux fatigués

J'apporte les hommages émus
Les espoirs des villes inconnues
L'entrée au paradis perdu
Par des continents jamais vus
Ce sont eux qui sont les plus forts
Qui emportent tout dans la mort

Devant ces bohémiens, ces bohémiennes de ma rue
Qui n'ont plus que la nuit pour partir
Sur les navires bleus de leur jeunesse enfuie
Glorieux oubliés, talents abandonnés
Comme des sacs tombés au bord des grands chemins

Qui se lèvent le main cruellement heureux
D'avoir à traverser des journées
Ensoleillées, usées, où rien n'arrivera que d'autres embarras
Que d'autres déceptions tout au long des saisons

J'ai le chapeau bas à la main
Devant mes frères bohémiens
- Félix Leclerc

10 février 2010

Hey June!

« Tous les risques que l'on prend...»

Euh, June sera du Slam PAT le 9 mars, c'est pas des farces, un brin de rap et de fraîcheur, je vous en reparle, j'vais avoir le temps. En attendant, à cette heure, je cherche une rime... June comme dans... une bonne petite toune! June comme dans talentueux!

09 février 2010

California dreaming

« Les petits noirs de 10 ans et demi
Jouent de la trompette électrique mieux que mes amis
Tout le long du long Pacifique
Leurs guitares mauves se balancent
En Californie
En Californie
In California »
- Charlebois

Les tireurs de joints qui s'éparpillent dans la nuit : toujours en demande en Californie!

07 février 2010

Bilan de santé éthique, Tea Party, Super Bolle et Chat Roulette

Chat roulette sur la Rue Frontenac selon Jean-Michel Nahas. Nous on est dans le vent de l'invisible.

Robert Lipsyte et le fou ball en ce dimanche international des rameaux de la verge franchie, du toucher et du placement réussi. Même pu une minute de gloire, trente secondes de buzz d'Advertisements suffiront à faire grossir les graisses à l'écoute... Quand la publicité chez nos woisins est un miroir aux Alouettes. Perso, je suis partant pour les Who et les hot babes.

Ex traits de vieilles pub :

http://www.youtube.com/watch?v=EjuXbYW6KmE
http://www.youtube.com/watch?v=QvRQ_9J_GDg
http://www.youtube.com/watch?v=OYecfV3ubP8



Prise de Beck sur Fox tv & Tea Party : une expérience in situ de Normand Baillargeon que je
cite :

« J'ai vécu cet automne une expérience pas banale. J'étais aller aux États-Unis interviewer Michael Walzer pour une revue et je me suis ensuite enfermé durant quelques jours dans une minuscule chambre, toujours aux États-Unis, pour écrire. Seul et n'ayant rien d'autre à faire, j'ai parfois ouvert la télé, ce que je ne fais que rarement ici. Et j'ai vu des émissions d'information à la chaîne Fox. C'est quelque chose et il faut savoir que ça existe - pour mieux comprendre les É.U. et par exemple les Tea Parties. D'autant que c'est me dit-on très écouté. Voici un passage récent de Beck - l'émission est quotidienne. Bon courage. (J'ai aussi découvert quelques 'journalistes' du même tonneau). »

Trouvé aussi sur le blogue (stimulant et vif) de Normand un test pour faire un bilan de santé éthique...

05 février 2010

Mes étoiles du troisième trio


Ton regard flotte dans la sciure
sur les étagères du vide
Moi, je ne compte pas
J'ai perdu la page

Je cogne des clous
sur ma faim de vers
qui barbarent et dévergondent

Je n'irai surtout pas au cinérama ce soir
J'ai le patin de la paperasse déloussé
N'assisterai point
au Festival de la Rosée Salée
Trop mal au dos
de ma clarinette
et c'est écrit en toutes lettres
galopantes
dans la préface de notre histoire :
les voix me hantent,
je suis tanné!

Mon étrangère de volte-face
je n'insiste pas
Je ne prendrai jamais ta main
que tu as glacée avec tes chaudes larmes
Je n'agraferai pas
le scalp de tes rêves
au mur de mes fermentations
J'aurai un « graphe de la cible
entourné dans l'oeil » *
Et je mangerai ton cœur cru en silence
ce fruit trouant ma langue**

Je volerai les vers de Fernande
Je pigerai dans les colombes
dans les Critures de Fernand

J'aurai des criques
et des girafes à revendre

« heureusement
l'homme de la corde raide : la poésie
la corde bandée
est toujours un peu vulgaire
et ses spectateurs un peu criminels » ***

Je serai « celui qui hurle
tu rames tu rames tu rames » ****

celui qui ne voit plus clair

Je serai celui
qui entendra battre
tes yeux.


____________________________


Mes étoiles du troisième trio

* Denise Boucher, Un joint universel, Écrits des forges /Éd. PHI, 2001, p. 161
** Fernande St-Martin, La fiction du réel, poèmes 1953-1975, l'Hexagone, 1985.
*** Fernand Durand & Michel Garneau, Critures, Michel Brûlé, 2007, p. 38
**** Denise Boucher, Foot, op. cit., p. 70.

04 février 2010

Poètes solidaires

Quelques photos de grosses pointures parmi les nombreux poètes réunis au Dépanneur Café, le 26 janvier dernier, en hommage à Georges et Mireille Anglade, et de tout cœur avec le peuple haïtien.

Légendes et commentaires à venir.


Frantz Voltaire

Joël Des Rosiers

Denise Desautels

Roger Des Roches

Jean-Marc Desgent

Denise Boucher

François Hébert

France Théorêt




Photos jd.