28 mai 2015

Le temps des lilas

Photo JD, Béthanie, mai 2015.
Photo d'ambiance. Nature qui n'est pas morte au temps des lilas sur une table rurale de pain quotidien. Ambiance d'une assemblée de cuisine. Très humble cuisine. Traces. Pistes. Pistoles. « Signaux pour les voyants » laissés à l'autre saison par un visiteur au coeur rouge qui souriait comme un soleil dans un arbre.

Un peu de la famille humaine. Quelque chose comme de la remembrance.
« L'homme a quitté la nuit de la phréhistoire
L'âge de pierre et de cloportes
À l'entrée de a caverne
Il a planté le totem de son destin
Les chameaux ont inventé la caravane
Et l'homme a connu les mirages
d'âge en âge
Dans un désert de soif et de sable
et de désirs insatiables

Pourtant les oasis
mirent un avenir de palmes
dans le ciel intérieur de chaque homme
qui voit dans les hommes des frères
et dans la paix, l'eau qui désaltère.
»
— Gilles Hénault, Petite genèse apocryphe, Signaux pour les voyants, Typo poésie, 1994, pp. 88-89.

La chasse-balcon à Montréal

La chasse-balcon qui retentit en divers quartiers de Montréal ce printemps, c'est une joyeuse expérience de musique traditionnelle initiée par la pétillante Catherine Planet (Rose Vagabond) et sa bande de gentils complices qui, selon les adons, peuvent comprendre Marc Maziade (Maz), Pierre-Olivier Dufresne (Gadji-Gadjo), Louis-Vincent Gagnon (Belzébuth), Marie-Pierre Lecault(Zogma), Olivier Demers, David Boulanger (La Bottine Souriante), Yann Falquet (Genticorum), Véronique Plasse (Barbo), Bernadette Fortin(Grouyan Gumbo), Jean Desrochers (Barbo), et Marie-Pierre Daigle. 

Émilie Dubreuil pour Radio-Canada en a fait un beau petit reportage le 21 mai dernier.





Après Hochelaga, le Plateau Mont-Royal, Verdun et St-Léonard, la prochaine fête aura lieu dans Rosemont-La Petite-Patrie, au coin de la 1re Avenue et Beaubien,  vendredi 29 mai à 17 h 30. 


27 mai 2015

Sortir du pétrole

Élan québécois. M'est avis qu'il faut s'entraîner pour sortir du pétrole : toujours temps, toujours pressant pour celles, ceux qu'ils ne l'auraient pas encore fait de signer le manifeste Élan global.
Oui, mets ta vie!

 

Willie Moore - Joan Baez & les soeurs McGarrigle



Variante :

Willie Moore was a king, his age twenty-one,
He courted a damsel fair;
O, her eyes was as bright as the diamonds every night,
And raven (/wavy) black was her hair.

He courted her both night and day,
'Til to marry they did agree;
But when he came to get her parents consent,
They said it could never be.

She threw herself in Willie Moore's arms,
As oftime had done before;
But little did he think when they parted that night,
Sweet Anna he would see no more.

It was about the tenth of May,
The time I remember well;
That very same night, her body disappeared
In a way no tongue could tell.

Sweet Annie was loved both far and near,
Had friends most all around;
And in a little brook before the cottage door,
The body of sweet Anna was found.

She was taken by her weeping friends,
And carried to her parent's room,
And there she was dressed in a gown of snowy white,
And laid her in a lonely tomb.

Her parents now are left all alone,
One mourns while the other one weeps;
And in a grassy mound before the cottage door,
The body of sweet Anna still sleeps.

[Willie Moore never spoke that anyone heard,
And at length from his friends did part,
And the last heard from him, he'd gone to Montreal,
Where he died of a broken heart.]

WILLIE MOORE
[Folk, Traditional]
Album : Ring Them Bells (1995)

21 mai 2015

Le « chant » de mémoire des Patriotes


Lundi dernier, le 18 mai, c'était jour férié à la mémoire des Patriotes de 1837.

À ce propos, j'ai beaucoup apprécié l'intervention d'Amir à l'Assemblée nationale qui propose, malgré le brouhaha irrespectueux des « amis d'en face » pour qui l'heure est à l'autoritarisme tous azimuts, une lecture intelligente et précise pour notre devenir soi démocratique ensemble, aujourd'hui.



20 mai 2015

Vers de terre

L’autre jour, après dîner, je suis sorti par l’horizon, je me suis claqué une de ces siestes sans connaissance dans la vieille chaise en osier, au bord du jardin à peine ressuscité, quasiment au ras des pissenlits, en cette première miellée de printemps comme disait le grand Flore Victorin. C’est ma tête renversée, incommodée, les ronflements de petits cochons qui me venaient et le fort bourdonnement des abeilles autour qui m’ont ramené au plein soleil. Ronfler au soleil! Je me suis dit : Baptême! J’m’en viens comme les vieux! J’ai pensé, j’ai revu tout de go le vieux Tannis qui demeurait avec sa fille, Mademoiselle Ernestine, dans une jolie petite maison rouge brique au cœur du village. Je raconte. 

Hormis les dimanches, il était rare que mon père que j’accompagnais se rende au village par un jour de semaine. Je crois qu’il avait affaire au garage pour son Plymouth bleu ciel 1952. À l’époque, il y avait deux garages : Blanchette et Bombardier. Avant, avant cela, il y avait deux églises si l‘on veut bien considérer la petite mitaine baptiste devant le cimetière entre notre ferme et celle du père Émery. Avant, il y avait une école. Avant, avant, avant, il y avait plusieurs écoles de rang, une école anglaise... Il n’y a plus ni garage, ni église, ni école. Pourtant, le village a cent ans! Mais revenons au père Tannis. Pour vous donner une idée, le père Stanislas Blanchard, en tout cas dans mon souvenir, ressemblait à Michel Simon. Bien ventru, rieur, arborant de larges bretelles à fleurs, un béret sur le bord de la tête, en cet après-midi lointain, j’ai vu de mes yeux vus le père Tannis sur le parterre devant sa maison, adossé, il me semble, contre un arbre, le menton sur la poitrine en train de dormir comme un loir, pour dire comme Georges Brassens, ou comme une bûche, si vous préférez, vu que je ne sais trop ce que ça mange en hiver un loir!

Je crois que l'enfant que j'étais s'est trouvé surpris, voire un peu inquiet devant cette majesté impromptue. 

Verrions-nous seulement encore ici de nos jours dans un village de l'arrière-pays un vieillard abandonné sur l'herbe et qui dort paisiblement à l’ombre d'un arbre?

*

En écarquillant graduellement les yeux au sortir de mon engourdissement de jardinier d’occasion, j’ai aperçu un merle qui plastronnait à quelques pieds devant moi. Il me fixait. Puis il a fait trois petits sauts vifs en ligne droite, s’est arrêté net, a dégainé trois autres pas rapides, puis à nouveau le guet dans l'autre direction en feignant de ne plus m'observer... Il a dû croire un instant que j’étais un arbuste planté dans le décor ou rien de méchant, qu’il pouvait repérer à sa guise les lombrics qui fourmillent ici sous le chiendent. 

J’ai repris doucement mes esprits. Tout s'est envolé. Mais pas mon fidèle cahier de jardinage posé sur le sol à mes pieds. Il a plusieurs saisons dans le corps, abîmé, sablé, noirci, ça va avec le gars. On trouve dedans un signet des Prix du Québec de 1987 pour marquer l’humble avancée de ma lecture du monde de la culture, et j'ai transcrit à la première page, mais j’ai hélas omis le nom de l’auteur, ceci que j’aime bien : 

« 
Les jardiniers sont des passeurs de vie. »

Photo Jacques Desmarais, Béthanie, 14 mai 2015.



La Marée montante de Rimouski

Ça existe encore! Heureusement! (Merci Michel Suzor).

Au bord de la rivière


À un jet de pierre de la stèle de granit rappelant la noyade du jeune Ahuntsic emporté par les rapides, ça vantait fort dans nos oreilles au Parc Nicolas-Viel en fin d'après-midi. Mais ce n'était pas l'alerte! Assis sur le rempart de brique derrière les ombres remuantes, le cou étiré pour surplomber en douce le point de vue sur la rivière des Prairies au soleil déclinant, un grand triangle sautillant de myriades d'ors se déployait de loin en loin au gré des flots comme des clignements stroboscopiques. Voilà où je m'étais faufilé avec des jambes à l'air comme flambant neuves.
Photo Jacques Desmarais, rivière des Prairies, Montréal, 19 mai 2015.

12 mai 2015

Michel Garneau poète, toujours poète!



De fil en aiguille. Tout à l'heure, j'ai cherché sans succès dans ma bibliothèque le Livre du constant désir que je croyais plutôt intitulé Un après-midi à Montréal, livre de poèmes de Leonard Cohen traduits par Garneau. Ça m'énarve de ne pas le retrouver! 

En fait, Un après-midi à Montréal est le titre d'un des poèmes traduits... Tout cela s'inscrit dans une major confusion, because la semaine dernière j'ai participé aux 100 livres incontournables de Radio-Canada où j'ai suggéré Poèmes du traducteur (cf. Voir, 20 mars 2008) en étant convaincu qu'il s'agissait du Livre du constant désir!   

J'ai fait un tour sur le ouèbe pour rafraîchir ma mémoire, et ce, avant que je me ressouvienne avoir publié déjà dans le Train une photo me montrant en train (que de répétitions compliquées!) de parcourir le Livre du constant désir !  Mon billet de 2007 s'intitulait : Un après midi à Montréal... !


Or la première occurrence sur la Gogoune renvoie à Un après-midi avec Michel Garneau.


Il s'agit ici d'une rencontre de Dominic Tardif avec Michel Garneau chez lui à Magog publiée l'an dernier dans La Tribune. Ce texte m'avait échappé. Comme à l'accoutumée, ce n'est que bon vin et lumière chez ce poète. Oui, Michel Garneau est un monument des lettres québécoises.



Extraits : 

«Je commence généralement ma journée avec un poème, parce que je suis abonné à deux sites américains qui t'en envoient chaque matin par courriel. Tu ouvres ton ordinateur et tu es sûr de partir ta journée avec un poème. J'ai besoin quotidiennement de regarder le monde à travers ce prisme-là. Parfois, tu as des révélations, tu lis des choses qui te disent vraiment comment tu te sens ce jour-là ou comment tu devrais te sentir ou qu'est-ce que tu pourrais faire pour avoir une bonne journée. [...] Tu peux lire des poètes dans leur entièreté et ne jamais savoir ce qu'ils faisaient dans la vie à part penser des choses sublimes, mais c'est de la marde ça! Toute la grande poésie témoigne du réel, et de toutes sortes de façon. La poésie n'exclut à peu près rien, c'est très inclusif cette affaire-là. [...]»

« Un bon poème, c'est une petite machine qui va fonctionner si tu lui donnes ton énergie. C'est pour ça que la poésie n'est pas populaire. La poésie exclut la passivité. C'est fatal, un poème. Si quelqu'un le lit en disant "Heille poème, émerveille-moi", ça ne marche pas. Ce n'est pas un art de satisfaction, d'assouvissement. C'est un art de connaissance, de participation au monde. Un bon poème, c'est un véhicule d'émotions, de pensées, d'idées, de plaisir. Parce que si on n'a pas de fun à lire, c'est patate intégral.[...] Il n'y a qu'une chose que je demande à un poème, qu'il ait deux mille ans ou deux semaines: c'est tu vrai cette affaire-là?»  

Dans un autre entretient, celui dans le Voir cité plus haut à propos de Poèmes du traducteur, Garneau précisait : « J’écris pour être lu, et j’écris à partir de ce que je connais. L’imagination, c’est ce qui nous fait voir le réel qu’on a sous les yeux. Ma poésie s’organise autour de deux critères. Premièrement, c’est-tu vrai?  Deuxièmement, il ne faut pas qu’il y ait de poème derrière le poème. » 

Façon de dire, selon mon interprétation, qu'il faut d'abord parler avec sa propre voix!

11 mai 2015

Thé et pays ketchup aux fruits

Voix d’outre-tombe

en fugue

Histoires à coucher dehors
du pays d’en bas

Courte pointe zigzag
de poings qui cognent
« Personne ne fermera la gueule à un homme libre […] »
— Yves Boisvert

Du vent
de la pluie
la nuit
la glotte
le réveil
les corneilles

Ça fume pareil en crime
au P’tit Canot de Stukeley,
au Tourbillon des Étoiles rouges,
au grill de Warden,
au National de Waterloo,
au Continental,
au Pavillon du détour…

Trip de verre tendre
au village de Racine

Échardes au coeur
batailles à l’Avenir

Poiriers en fleurs d’amour libre
à Saint-Joachin

Cristal boker et mouches à feu d’or ford
à Bonsecours

Les us et coutumes des Cantons
avec le barda éclaté des abattoirs

Vieux garage à South Durham

Paquets d’os qui boucanent
au-dessus des vals courts

Cordée de bois vert
qui déboule aux rebords
d'un ruban de Möbius
où souffle par avance
la dispersion des ski-doo

« C’est trop climatique, voyons donc!
dans tout ce qui reste de rivière Noire
aux creux des allégories »

Calvette défoncée
à l’autre bout de la ligne électrique

Le gaz de schiste partout
Melbourne,
les cowboys naturels de Roxton,
la jolie roze mémoire d’Ely, les chevreuils
la beurrerie, Barbotte, Verrier, DesRochers,
les moulins à scie de Béthel

La Mousse d’Acton

Les traces de mairie
du Loup Saintonge
qui parle fort
dans le casseau
de mon élevage de terre
à bois deboutte

Et surtout
à me défendre
sur le perron
du courage
avec en mémoire 
ses hommes engagés :
mémère Evélina.

09 mai 2015

John Coltrane Quartet : Impressions impressionnantes!

Impressions. Je pogne ça en passant. Coltrane, au printemps surtout, c'est toujours l'altitude. Dans cette vidéo (France, 1966), pendant les 9 premières minutes, le bassiste Jimmy Garrison installe d'abord une lente distillerie de l'âme jusqu'à l'archet et les flèches. Après, c'est la liberté libre des oiseaux de nuit de la note bleue jusqu'à la ponctuation finale d'Elvin Jones (que j'ai vu en show à l'ex-Spectrum avec Coltrane fils). Sans oublier McCoy Tyner, l'as au piano que j'ai vu aussi à Montréal en juillet 2006 flanqué notamment de David Liebman. 

À propos,  David Liebman écrit sur sa page FB : « But most of all FOR EVERYONE WHO LOVES JAZZ, this is the SHIT!!--This is why I and surely others went into this music. The commitment, the non-show biz atmosphere, the honesty, intensity and sophisticated musical ideas are top of the line. It doesn't get better! »

08 mai 2015

Khadr libre!

Revenu en fin de soirée de la cambrousse, j'ai cueilli tardivement mon exemplaire du Devoir. À la une - quel titre génial et quel giffle au gouvernement Harper - : « Le Canada libère son enfant-soldat ».

En édito, Josée Boileau : « Libéré sous caution, avec encadrement en bonne et due forme : le triomphe d’une société de droit face à des années d’abus de procédures de la part d’Ottawa.»

Dans La Presse, Audrey Macklin, professeure de droit à l'université de Toronto : « Les conservateurs n’ont pas peur qu’Omar Khadr soit un terroriste. Ils ont peur qu’il n’en soit pas un ». 

07 mai 2015

Comment résister?

Comment résister? de Philippe Collins sur son blogue (28/04/2015), ou comment, en gros, s'organiser en vue de « conserver » jusqu'à la possibilité de la Terre à la face même de la révolution perpétuelle et du présent infini du capitalisme sans frein et sans morale. Ce texte qui souligne entre autres les carcans de l'idéologie du progrès devrait intéresser plusieurs de mes amis philosophes qui ont déjà exploré ces avenues d'un conservatisme (à mille lieues des torys et des néolibéraux qui veulent démanteler tout ce qui est « trop » communautaire, trop coûteux!), avenues à mon humble avis vitales.

Photo Jacques Desmarais, Barcelone, juillet 2009.

06 mai 2015

Poème de crabe

C’est bien certain
dans les ais de la matière
il y a du barbare irredible
de la disparition
la grande claque, mon cœur,
qu’on nous arrête!

Nous sommes des loups crisiaques marqués à l’os
« celui, celle qui est dans un état de crise
dite magnétique »
celui, celle qui ruisselle 
myriades d’étoiles 
brassées à la main
protestations bleu marine
affreux nutriments de gueules ouvertes, protistes,
errer veut dire plancton
et pourtant,
pourtant
je n’aime que toi
lumière qui danse,
photo jeunesse du monde
l’écriture frétille sur la barre du jour 
impression de proustance dans l’air
de l'embrun au loin, 
comme trace souterraine de noisette
un filet orangé dans la chair du rouget...
La résistance des océans nous observe,
mon cœur,
et les petits crabes si peureux, 
couleur sucre à la crème 
dessinent en éclaireurs 
sur la plage ouverte 
des soleils hiéroglyphes
des fleurs de sable éphémères
pays incessants
pour la fraction de seconde 
à venir.


Photo Jacques Desmarais., Esterillos Este, 1er février 2015.

Soutient à Raif Badawi


Un jour, Raif Badawi va revenir à l'aéroport de Montréal, et il prendra la 10 pour gagner Sherbrooke et retrouver sa famille. Je le souhaite. Je le pleure par avance.
Demain le 7 mai, à midi, devant le Complexe Guy-Favreau à Montréal, se tiendra une vigile de soutient.

La rivière Noire en blues

L'autre soir, la belle rivière Noire était blues.


Photo JD, Roxton Falls, 30 avril 2015.
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L'ineffable ministre de l'Éducation ou le philosophe-roi au pouvoir

À mon humble avis, très bon texte de Guy Rocher dans Le Devoir du 6 mai. Premièrement, il est un des rares à faire entendre que les revendications étudiantes de ce printemps 2015 sont justes et nécessaires au débat politique en regard du bulldozage méprisant (« Nous, on prend des décisions, vous nous jugerez quand ça sera le temps... ») et des coupures dévastatrices en éducation du gouvernement Couillard. La revendication d'un investissement massif en éducation est pourtant la clef de l'avenir du Québec. Mais surtout, le professeur émérite qui a déjà défini l'éthique et le droit en terme de régulation des comportements, vise avec justesse le philosophe-ministre Blais qui de toute évidence n'a pas eu connaissance en philosophie du tournant linguistique qui a transformé le sens du langage dans les relations humaines harmonieuses, et pas davantage la révolution culturelle qui depuis l'après-guerre fait en sorte que les ordres de commandement ne fonctionnent plus de haut en bas comme lettre à la poste! Bien sûr, si on y met juges et policiers qui vargent... Le ministre Blais incarne effectivement une conception de l'autorité dépassée qui ne marche pas, à mille lieues d'un dialogue réel, ouvert, comme fleuve de racines pour faire jaillir plus grand que soi. C’est un philosophe Jos Connaissant qui déçoit. Ni la jeunesse, ni les professeurs, ni le vieux Québec auquel j'appartiens à présent ne méritent une nouvelle tête de Turc au ministère de l'Éducation. Bravo à Guy Rocher de prendre la plume!

***

Quelle philosophie inspire le ministre Blais?

6 mai 2015 | Guy Rocher - Professeur émérite de sociologie à l'Université de Montréal | Québec
Une culture de l’autoritarisme bureaucratique s’est installée au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur — comme au ministère de la Santé.
Photo: Jacques Nadeau Le DevoirUne culture de l’autoritarisme bureaucratique s’est installée au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur — comme au ministère de la Santé.
Le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur François Blais se plaît à s’adresser aux médias. Il aime « professer » devant eux.
 
Abordant le thème des grèves étudiantes (et celles des professeurs) dans Le Devoir du vendredi 1er mai (Journée des travailleurs), il se porte à la défense des « étudiants les plus faibles », qui sont à ses yeux les victimes des grèves. Cela lui vaut le titre de champion du droit à l’éducation. Pourtant, le ministre ignore ou feint d’ignorer une autre réalité : les contestations de toute forme ont aussi pour objectif d’aider les « étudiants les plus faibles ». Pas uniquement ceux d’aujourd’hui, mais également tous ceux de demain et d’après demain, donc les générations à venir. Ce sont là les nombreuses victimes à venir des politiques d’austérité d’aujourd’hui, dont on sait déjà qu’elles accroîtront les inégalités au lieu de les réduire. La perspective temporelle des contestataires est largement plus étendue, et plus réaliste, que celle adoptée par le ministre.
 
Dans un gouvernement, le ministre de l’Éducation doit avoir une vision à long terme. Plus que tout autre, il porte la responsabilité de l’avenir. Le ministre Blais devrait à cet égard s’inspirer des contestataires.
 
Je constate plutôt que l’attitude hautaine et négative dont il fait preuve à l’endroit des actions du mouvement étudiant, et de la démocratie étudiante, lui obstrue la vue sur le message qu’elles portent. Le ministre (et le gouvernement Couillard) se situe dans la droite ligne du même aveuglement qui a caractérisé le gouvernement Charest dans ses relations avec les jeunes qui entraîna, comme on le sait, sa perte.
 
C’est ainsi que le ministre s’inquiète de ce qu’il appelle le « dérapage démocratique »du mouvement étudiant et de ses nombreuses « apories ». Mais le ministre ne semble pas conscient de ses propres contradictions. D’un côté, il se porte à la défense des étudiants plus faibles victimes des grèves, mais de l’autre il endosse sans état d’âme les politiques d’austérité du gouvernement, dont on constate déjà qu’elles touchent et toucheront les plus faibles, que ce soit en augmentant le nombre d’élèves par classe, en coupant dans les services, en réduisant les budgets des cégeps et des universités. Et comble d’incongruité, ces politiques d’austérité, ici comme ailleurs où on a instauré une politique d’austérité, défavorisent les femmes sur le marché du travail. La longue et lente marche des femmes vers l’égalité fait en ce moment des pas à reculons.
 
Et puis, autre « aporie » du ministre. Il appuie joyeusement, et utilise lui-même, les recours répétés aux tribunaux, à l’encontre de décisions collectives prises démocratiquement. S’il y a quelque part un « dérapage démocratique », c’est bien celui-là. Ces recours aux tribunaux menacent gravement l’avenir de la démocratie étudiante.
 
Le ministre Blais est un philosophe, professeur de philosophie. Au fil de ses déclarations et de ses comportements, sa philosophie politique se révèle. Elle est essentiellement inspirée par une conception autoritariste et punitive du pouvoir politique. On voit bien qu’il conçoit l’autorité à la manière ancienne, descendant du haut — où règne la vérité — vers le bas — où doit se trouver l’obéissance—, et en exigeant des échelons intermédiaires du pouvoir (recteurs, directeurs de cégep, commissions scolaires) le même autoritarisme. Une culture de l’autoritarisme bureaucratique s’est installée au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur — comme au ministère de la Santé. Et l’esprit qui anime cette culture est vivement punitif : « exclure deux ou trois étudiants par jour », punir les étudiants grévistes, punir les professeurs grévistes, punir les commissions scolaires.
 
Il faut prendre acte du fait que c’est cette philosophie politique qui sévit au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, avec laquelle il faudra vivre et si possible négocier, et dont il faudra subir les conséquences.

Siri,la rabote sur la tablette

Que les marguilliers de la philosophie en satin noir
ne me lancent point de roches même si je suis dans les pommes
J'ai demandé à Siri : « Grève étudiante 2015 »
Mais la rebote a pigé ceci de singulier :
« J'ai rêvé que tu diantres 2015 »!
Avec pour résultats des courses sur le ouèbe :
— J'ai rêvé que tu m'aimais;
— La passion des poèmes : j'ai rêvé que tu m'aspirais;
— J'ai rêvé la classe de Luccia...
Alors, je me suis réchauffé les mandibules,
j'ai tâché d’articuler de mon mieux, je ne jappais pas,
je le jure, j'ai demandé :
« Grè-ve é-tu-di-an-te qué-bé-coi-se »
Réponse de la voix : « Je suis désolée. »
...
OK d'abord :
« Grève UQAM »
— « Désolée, je ne suis pas autorisée à faire cela pour vous. »

Surveillance massive



Le journal Le Devoir révélait dans son édition du 5 mai 2015 que des mouchards installés sur les systèmes informatiques des hôpitaux de Montréal recueillent et tripotent sur le marché les informations personnelles des visiteurs, et cela, semble-t-il, à l'insu même des gestionnaires responsables des réseaux informatiques.

Jérémie Zimmerman, coauteur de Menaces sur nos libertés (2013) que je crois avoir déjà cité dans ce blogue est interviewé par dans la revue française Philosophie magazine.  

On n'en finit pas d'être sassé comme un objet. Comment se protéger? Nous sommes pour la plupart des analphabètes du numérique où s'emmêlent communications, vie quotidienne, naïveté, flicaille et nouveaux numériches!

Et voici que la loi C-51 dite antiterroriste vient d'être adoptée à la Chambres des Communes.