Sur les planches
des petits rôles bâtards
ces silences imposés
dans le collecteur
de la mort
il faut « téter
le doux grave »,
il faut figurer en chien!
Plante,
aies-en soin
de ces boisés
de ces champs
bosquets
ruisseaux
de ces jardins de pierres
à voix
de grand harle
en sorte que
la grâce et les tamias
les pieds nus, ton cœur
les psaumes et les
guitares
ne viennent pas crever
dans les rideaux de
poussière
du fin fond
du ramassage
de la vieille cage
humain
***
Au bord du quai des écritures nomades
on aperçoit flotter au loin
des morceaux de glace vive
qui s'épellent dans le miroir forgé
comme nuit blanche raboteuse
sur la crête intérieure des mots
gelés durs
Espèces de joaillerie de guipure
dans la correspondance échevelée de naguère
qui pourtant nous interpellent encore
sous un ciel de braises
Nos pauvres mains provisoires
trempent dans le cri du brouillard
d'une vieille malle qui rouille
Des emblèmes altiers ajournent
comme des drapeaux
de jeunesse ajourée,
des oiseaux peureux
qui concentrent sur un fil
un maximum de chair
à jets d'encre bleue
entre les interstices
de la mémoire
En ce temps de fissures
rendu tout de travers,
deux chiens justement féroces
de sorcellerie inventée
avec des marques foncées sur le dos
se déverrouillent le museau
avec du maquillage d'acteur
reçu par la poste
Et vogue la chique
au milieu des phrases crues
que l'on croyait perdue
avec les bottes et la gigue
des antiques maîtres-draveurs
Entre les fentes de l’écho plaintif
le vent sifflait déjà « couteaux vomis »
pour quelques voyelles de bave échappées,
pour si peu de voyageurs
de la déparlure
du cœur incendié
Parfois même le soleil
au-dessus des rizières
n'y pourra plus rien,
mais voici le kouac
mal entendu de la corneille
soudain comme un fruit lancé vif
au travers du destin
Sache-en pour la veille et l’oubli
plus de musique
éclisses, ruine-babines,
toujours vers l’Indre au New Spell
où miroite le goût
de se blouser en neuf!
Tirer du fouillis chapeau malin
un seul petit calvaire
de bout de papier
Traverser les lignes ventriloques,
les colonnes d’embruns
Et l'on s'en fout du mal de mer
à l'envers de l'aujourd'hui!
Le charbon de la nuit noire
se consume,
décharge la révolte
qui nous darda
sans avertissement
un soir de pluie
comme une crosse
de carabine
entre les dents!
La foudre, le souffre,
l’amadou
c'est écrit à la dactylo,
on dirait même au couteau de chasse
C'est dit pauvres bêtes
en pacage au bercail
sans boussole ni lumière
sans la noce de Cana
pour sortir par le hublot
des cabines de l'espace
C'est dit que nous irions
payer nos dettes
au poulailler d'Ozias Leduc
pic au loup, dévalant les coteaux
et tralala les épinettes…
Les poches remplies de bracelos,
de sable, de sucre, de crapauds,
de valets de carreau,
de trous de vie
Avec des chaudières d’étoiles coulantes,
un sac de bourgeons, une tige de rêves
abracadabrants
***
Au bord quai des écritures nomades,
il y a ce tas de syllabes indécidables
qui crépitent dans nos yeux d’aveugles,
de la suie incandescente
sur nos doigts amaigris
traçant dans la marge de l'invisible
les signes de la transe en danse
comme le disait la chorégraphe
aux cheveux d'ange
Restera en souffrance sur l'ardoise
quelques voyageries à crédit
dans les filets de nos bateaux
rompus par l'horizon
Et dans la chaux du creux de l’alphabet
nos bonshommes imaginaires,
roches lustrales,
paroles gravées,
je te le jure,
sur le flanc dénudé du Cap-à-Canifs
où nous sommes tous
entre les branches
venus
au monde.
6 commentaires:
***** pour ce texte. C'est pas du champagne pour les pauvres ça, monsieur, c'est un très grand cru, qui fait vraiment plaisir à voir pétiller sur NOTRE langue. Merci.
Oh! Merci Le Seuil dit de la Langl,,. Ce texte disparaîtra bientôt aux fins du plus tard.
Je suis emporté par ce texte. Tu as vraiment une patte d'écriture de plus en plus forte.
Merci l'homme au loup! Aurais aimé te parler plus longtemps l'autre soir au Bistro de Paris. Retour sur le pouce? Joyeux Noël et Bonne Année d'écriture et de voyageries au coeur battant des mots!
Une belle réunion ici, sur le Train de Nuit: vous, moi et le Loup. C'est toujours un plaisir que de côtoyer des hommes de paroles, et de langue, tels que vous deux. Merci pour cette autre belle année passée inter-blogues. En espérant que du mieux pour 2012.
Merci merci! Bonne Année!
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