31 juillet 2012

Souvenir d'Avignon 2009 : Anna Prucnal


Vu ce concert en juillet 2009 avec mes amis Marie-France et Jean-Paul.  Ai baisé la main d'Anna, l'Insoumise, à sa sortie de scène.  Ai regretté ne pas avoir acheté sur place un recueil de son complice, Jean Mailland.



Le Petit Louvre Salle Van GOGH
concert
Tout public

Anna Prucnal en concert / nouveau spectacle

Jean Mailland
du 8 au 31 juillet [2009]
Interprète(s) : Anna Prucnal, Jean Mailland, Antoine-Marie Millet
Mise en scène : Jean Mailland

Court  résumé de carrière


26 juillet 2012

Over the hill





Once you were a young man,
But now you are old - you're over the hill.
And you can't cross the palm of time's hand
With silver and gold to make him stand still.
Who could have possibly thought
It would go so fast, but it certainly did.
And now you find yourself caught
With less future than past - you're no longer a kid.
Once, as a boy, time weighed heavy on your hands -
You couldn't wait to be a man.
Now you cry - oh, it's so hard to laugh,
And you can't understand why you can't turn time around.
Your hourglass once had a top half
That was filled full of sand, but it's all trickled down.

Le tot'aime des Poèmes cannibales


Dans ma cambrousse, le tot'aime* caméléon tient bon!


Jacques Desmarais,, 25 juillet 2012.



De la soue au Grand Chateau dans la cave du Bistro à Champlain, février 2012. 


* Le tot'aime, adossé bien caméléon au mur de façade de la vieille soue,  est un tronc  renversé d'un pommier sauvageon de Duchesses, qui a servi à illustrer la jaquette du recueil Poèmes cannibales, Loin dans ma campagne, Éd. de La Brochure, 2008. 

23 juillet 2012

Trois-Tristoles : solidaire avec VLB!

Je n'ai pas la possibilité de passer par les Trois-Pistoles, mais suis entièrement solidaire avec Victor-Lévy Beaulieu qui se tient debout chez eux!

18 juillet 2012

Dors, Canada, dors!


« [...] Canada, immense palais de froid, ô Canada, vide château de soleil, ô toi qui dors dans tes fôrets comme l'ours dort dans sa fourrure, t'es-tu seulement réveillé quand ils t'ont dit que tu étais vaincu, que tu es passé sous la domination anglaise? T'en aperçois-tu seulement quand ils passent sur ton corps, assis dans leurs automobiles chromées, quand ils tombent sur ton dos, du haut de leurs aéroplanes explosés?  Dors, Canada, dors : je dors avec toi. Restons couchés, Canada, jusqu'à ce qu'un soleil qui en vaille la peine se lève. »
- Réjean Ducharme, Le nez qui voque, Gallimard, 1967, p. 148

15 juillet 2012

Printemps érable et mobilisation mondiale (2)

Deuxième partie de deux — Topo des plus éclairants tiré d'une plénière organisée le 13 juin 2012 par les chargés de cours de l'Université de Montréal.

Marcos Ancelovici, spécialiste des mouvements sociaux qui situe la lutte québécoise dans le contexte mondial de mobilisation.

Ancelovici signale le phénomène des mouvements sociaux qui s'alimentent les uns les autres en marge du politique. Y perçoit l'horizon d'un thème fédérateur de toutes ces luttes, soit le combat pour le bien commun. Mais il ne faudrait pas penser que la mobiliation commune va se faire en criant ciseau.


 

13 juillet 2012

Fleurs de terre

Fleurs de pomme de terre.

Pois vert en fleur.

Boutons d'haricot.

La belle coriandre qui sent bon.

Photos Jacques Desmarais, Béthanie, 12 juillet 2012.

11 juillet 2012

Souvenir des Décrocheurs : le plaisir des mots

Les Décrocheurs d'étoiles, ex-Chaîne culturelle, Radio-Canada, 8 janvier 1999.

Michel Garneau s'entretient avec le poète André Velter de passage à Montréal. À un moment donné, il lui répète ce qu'il m'a déjà dit dans un autre contexte à propos de la poésie : « Parfois, je comprends tout et ça ne me saisit pas. D'autres fois, je ne comprends pas tout à fait, mais ça me saisit! »

Citant le nom d'André Spire (Plaisir poétique et plaisir musculaire, Corti, 1949), Michel ajoute qu'on est capable de sentir les mots, de se laisser traverser par un « plaisir gustatif ».



Dans la même veine de pensée, quelques années plus tard, Michel n'en dira pas autrement en parlant de son « goût pour la manducation de la parole » dans le Mot qui m'était destiné en guise de liminaire lors de la parution de mes Poèmes cannibales (2008).  Yes!


Poèmes cannibales, Éditions de La Brochure (2008), p. 5.

10 juillet 2012

Brume en habits sales


Perigrini Moustique
mangeant son pain quotidien
avala sa main gercée, 
car elle tremblait trop 
la ciboire!

«À quoi bon refaire son lit?»,
pensa-t-il.

Preuves de l’évanouissement perpétuel
de l’inconscient collectif
individualisé
dans le sexe à piles déchargées de chacun :
ses satanés poumons se traînent les pieds;
sa bouche est pleine de kystes, de débris,
ne supporte plus les poèmes aqueduc 
d’Alphonse Piché;
les démangeaisons la nuit, ouille! ouille!
comme une rage de feu au cul!

Et la queue décravatée, bordel!
Pourquoi agit-elle de cette façon, la nonoune?
Ne gronde plus au petit matin
avant la rosée, finira ses dernières cartouches
parmi les vieux pneus
sur le tas de roches de cochonneries
en égrainant le chapelet des vieux dictons

Ah! si jeunesse savait!
Alouette! Alouette!
(...)

Parfois
se levant tôt
la barbe acide
il veut donc,
il veut en citron!

Ah! 

« Si seulement mon clown
croisé souterrain
voulait danser! »

Gros phoque usé rempli de nicotine
qui s’avance comme une poche de moulée 
avec sa boîte à sandwich de tôle noire pour attendre l’autobus
comme un inconnu
figurant au cinéma
sur les ponts de la Seine

« Qu’on jette l’évadé sincère
dans les trous de l’évidence! »,
se dit-il,
« avec une éponge de Pilate...»
délavant à jamais
le mur du temps perdu qui picosse
dans la mémoire du fouillis 
du tas de ferraille
où est enfoui 
le moule de la dictée 
des cocos cuits durs
qui ravalent leur crachat
jusqu'au grenier de l'impuissance :
« Personne ne m’aime dedans ma coque! »

Bis, bis, bis...

(Orgue B3 qui finit de jouer, brume en habits sales, tirer les rideaux!)

Le Nez qui voque

Je ne suis pas seul en train de lire Le nez qui voque. Rendu à la page 75.  Hostie de comique!

Excavation


Entre les rêts de l'occupation 
sous la porte close des maisons 
la nuit océanne viendra se glisser
dans son moïse 
pour copuler
comme une lionne qui danse
par le dedans de ses lèvres
sauvages

avec les plis de poussière
et les fils d'ombre
comme des cercles de salive
qui coulent sur les murs
de la chambre  
par les fuseaux furtifs
importés des montagnes 
et des rivières

La boulangère 
aux mains noires
viendra sans chaperon
se pendre au bas
de la chemise de l'origine
parmi les étoiles en fuite, 
les souris, les grenouilles bavardes,

sur la terre battue
d'insomnie blues! 

 









09 juillet 2012

Printemps érable et mobilisation mondiale




Première partie de deux — Topo des plus éclairants tiré d'une plénière organisée le 13 juin 2012 par les chargés de cours de l'Université de Montréal.

Commentaires : Marcos Ancelovici, spécialiste des mouvements sociaux qui situe la lutte québécoise dans le contexte mondial de mobilisation. 

En outre, les images de mobilisation partout dans le monde montrent bien que l'enjeu du surendettement de la classe moyenne, et en particulier en regard de l'éducation, est une épine au talon des économies néolibérales en train de se restructurer.  


08 juillet 2012

Des poings effroyables, mon cher Jimmy!

Mot pour James.

Salut, j'espère que le retour à l'Anse s'est fait dans la joie. Tu me donneras des échos du passage de John sur la grande scène du FIJM!

Voici, pour rafraîchir notre mémoire aux mèches blanches :

— Le philosophe évoqué au Fibo était Onfray!

— La chanteuse que nous avons vue tous deux à Montréal, il me semble au Café-Campus, mais quand donc? est Colette Magny. C'était à l'époque où l'on voyait beaucoup ce slogan affiché sur les balcons : Touche pas à la loi 101! Colette Magny avait glané cela et en avait tiré une chanson de laquelle je me souviens seulement de cette image inattendue, un lien de la langue française avec la belle couleur des carottes! C'était drôle et veau! Je veux dire : beau!

Et, oh!-surprise, je constate que l'ami Jean-Paul a portraituré Magny parmi ses 101 femmes dans son bouquin récent dont voici un extrait d'une grande sensibilité :
« Colette Magny (France, Paris, 1926-1997, Villefranche du Rouergue, France)
Pas question d'évoquer dans ce livre toutes les chanteuses du monde qui sont parmi nous. Je retiens ton nom suite à un fait simple. En 1980, j'ai conduit jusque chez toi, ma compagne d'alors. J'ai préféré attendre dans la voiture car, par timidité, je ne suis pas d'un naturel à rencontrer les grandes personnalités. Nous étions alors très souvent à Saint-Antonin, en conséquence, il n'était pas compliqué d'aller jusqu'à Verfeuil-sur-Seye, en Tarn-et-Garonne où tu avais élu domicile. Il s'agissait de t'inviter, à titre gratuit, pour venir chanter quelques chansons à Montauban, à l'invitation du PCF, au cours d'uns soirée en l'honneur des femmes.
L'idée de cette initiative féministe, avait fait suite à quelques comportements machos au sein du PCF si bien que ma compagne qui avait tant fait pour cette soirée refusa ensuite d'y participer. De ce soir-là, je ne me souviens que de toi, de ta voix, de ton art.
Par bonheur tu as un jour quitté ton travail à l'OCDE (Organisation de coopréation et de développement économiques) comme secrétaire bilingue et traductrice pour devenir une forme de Bessie Smith, d'Ella Fitzgerald. Donc, en 1963, tu sors un premier 45 tours, deux reprises de Bessie Smith et deux compositions personnelles. Meloctoton devient un tube, le seul de ta carrière : tu passes en lever de rideau à l'Olympia avant le spectacle de Sylvie Vartan et Claude François.
Ensuite tu vivras des hauts et des bas. Avec Maxime Le Forestier et sa compagne Mara, tu te bats pour le Chili en chantant trois chansons de Violetta Parra et Victor Jara. Tu seras de toutes les luttes, de toutes les insoumissions mais en même temps tu indiques :
"Comment se fait-il qu'en 67, par exemple, j'étais au courant de ce qui se passait dans les pays d'Europe de l'Est mais je ne disais rien : pourquoi ? Je me laissais emporter par le mouvement. Je ne veux plus, moins que jamais, me laisser dicter une conduite".
Tu as été corpulente dès ton enfance traversée par un drame. Quelque part tu as dit : "Je n'ai pas de vie privée. Ma vie privée se confond avec mon métier", une réaction fréquente chez les femmes. Cette déclaration est venue après cet aveu : petite fille de huit ans et demie, tu as été violée par ton oncle !
Une autobiographie avec Sylvie Vadureau : Colette Magny Ciitoyenne-Blues, Les Editions Mutine, 1996 :
"Je pense que la vie de tout le monde peut être intéressante, mais ça dépend comment c'est raconté. Or, je ne suis pas bonne juge de ce qui est anecdotique ou pas. Il ne faut pas tomber dans la biographie chiante. Alors, il y aura différents éléments écrits par différentes personnes, dont un passage d'analyse musicale".
Malgré le faible écho de tes cris et de tes écrits, tu as une postérité :
"Je suis un petit pachyderme de sexe féminin" le titre d'un spectacle de 2009 où, Odja Llorca, à la Maison de la poésie, signe de bouleversantes retrouvailles avec les frissons provoqués par tes chants, avec ton scat à fleur de peau, avec ton swing à faire pleurer de jalousie Bernard Lubat. Inclassable chère Bessie Smith, chère enragée engagée. Ce spectacle est une plongée salutaire dans l'intimité de Simone de Beauvoir qui, pour être l'auteure du Deuxième sexe, ouvrage dont on sait combien il a révolutionné le regard sur le féminisme, bousculé les idées reçues et contribué à l'émancipation de la gent féminine, n'en demeure pas moins une femme éperdument amoureuese de l'écrivain américain Nelson Algren. L'idée de croiser les lettres qu'elle lui envoie consciencieusement; des mois durant, avec des extraits du Deuxième sexe est plus que réussie.
Au même moment une chanteuse belge te croise sur Internet et explique comment elle a repris Meloctoton :
"Axelle Red : Je cherchais la Joan Baez française. C'est une chanson que l'on n'entend plus beaucoup. J'ai été surprise de m'apercevoir que personne ne l'avait reprise. J'ai été heureuse de découvrir cette femme avec cette voix de blues incroyable. Elle était quelqu'un d'engagé, du coup, je me suis beaucoup reconnue dans son personnage. C'est en cherchant sur internet que je suis tombée sur Colette Magny. Pour moi, cela a été une découverte formidable."
Mais revenons à toi. Ta musique n'était pas condidérée comme populaire ! Tu n'as pas cédé, tu as gardé la musique populaire des Noirs des USA ! Tu n'as pas cédé, tu as gardé Artaud comme s'il était tonfrère. Tu as un petit texte de présentation que je me permets de reprendre pour mieux te célébrer :
ANTONIN, mon frère, je t'eus connu, je t'eus tue
Momo, môme chiant, je t'ai aimé à première écoute
Je t'aime encore
Tu as craché, vomi, excrémenté pour tous les enfants du monde
Fruit préféré, tu es mon noyau de cerise
La terre, la garce, a tourné autour de toi
Je suis fière de toi, pépère,
Moi, sur le pèse-nerfs, j'ai cassé la bascule
Un demi-siècle passé à doubler de volume
par grands paquets en plus en moins
Je me suis bousculée le tempérament
Au secours, ma douceur, je me démuraille
On court dans le désert, on court dans la steppe
On est toujours au coin de la rue, misérable
D'espace en espace on pédale, toujours dans la semoule
Je t'aime, Momo, parce que tu as osé basculer dans le manque total
Rien de pire, rien de plus beau ne peut me faire exister
J'en meurs.           (CM.)

Tu étais consciente que le chemin est loin. Tu avais noté que dans ton village du Sud-Ouest, une soirée antinucléaire c'était deux cent cinquante personnes et le moto-cross : quelque mille personnes. "Tant que cette proportion ne sera pas inversée, c'est comme ça qu'ils auront (ou qu'ils se préparent à accepter) la guerre nucléaire".
Un mot pour finir, sur le féminisme. Aussi inclassable que d'habitude. "Il n'y a plus actuellement qu'une catégorie de personnes pour venir m'engueler, ce sont les féministes. elles sont curieuses ; ce sont des féministes qui n'aiment pas les femmes." Pourtant tu es bien sûr une féministe et tu te réjouis des victoires sur l'avortement, la contraception, et tu célèbres leur courage.
Axelle Red se dit également féministe :
"Quand on se promène dans le monde, on s'aperçoit que l'on n'a toujours pas les mêmes droits. Même dans notre culture, quand on voit le nombre de femmes qui subissent la violence dans leur couple. Il y a encore du travail !"  »

Extraits du livre de Jean-Paul Damaggio Portraits de 101 femmes du monde, aux Editions La Brochure", pages 147-150.


Ciao vieux frère et merci encore pour votre présence ensoleillée et la super soirée-bouffe! La prochaine fois, je vous amènerai dire les grâces au St-Urbain.

Pépère Jack
XXX

En supplément, la belle voix blues de Colette Magny sur Les Tuileries, un texte de Victor, pas RCA, Hugo!


Fend d'asthme de l'écriture « Vitvitvit »

« Il y en a tellement qui veulent devenir écrivains célèbres [...]. Ils sont si pressés de devenir écrivains célèbres qu'ils ne peuvent pas se permettre de prendre le temps de tailler une plume, de tremper une plume, de se tacher le dedans des doigts. »
- Réjean Ducharme, Le nez qui voque, coll. Folio, Gallimard, 1967, pp. 41-42

04 juillet 2012

Des élections québécoises avant la fin de l'été?

   
Note : reprise d'un texte sous forme de lettre paru il y a quelques jours dans le blogue des Éditions de la Brochure en France par les bons soins de l'ami Jean Paul Damaggio.  Sans prétendre tout savoir et tout dire, l'idée était de donner de façon un peu ramassée des échos de la situation politique actuelle qui prévaut au Québec.  Les titres et quelques précisions ont été ajoutés par Jean-Paul pour une meilleure compréhension des lecteurs Français.  J'ai à peine retouché le texte dans la présente version, apportant ici et là quelques ajouts et corrections.

***

[...] Jacques Desmarais offre ici un large portrait de la situation politique québécoise un peu difficile à lire face aux schémas en place en France mais l’effort mérite le détour.
 
Dès les premières lignes nous apprenons que le printemps québécois ce n’est pas forcément l’effondrement du système en place…
 
Je précise seulement qu’il ne faut jamais oublier qu’au Québec il y a le phénomène province (avec le gouvernement provincial de Charest) et le phénomène fédéral (avec le gouvernement d’Ottawa). JPD
 
 
Malgré des taux d'insatisfaction records du gouvernement libéral qui en est à la fin de son 3e mandat depuis 2003, l'autoritarisme (lire la répression du mouvement étudiant) et les beaux cheveux blancs de Jean Charest lui ont permis de hausser sa popularité personnelle au cours du présent brasse-camarade de ce printemps québécois dit érable. Une Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur la corruption et la collusion dans l'industrie de la construction, ainsi que les ramifications avec le financement des partis politiques, vient de commencer ses travaux. Après deux ans de refus obstiné, Jean Charest a fini par céder à la pression en instituant cette Commission présidée par une juge respectée du nom de Charbonneau. Les travaux de la Commission Charbonneau ont été ajournés jusqu'en septembre. Mais déjà, il est clair que plusieurs libéraux notoires, organisateurs, souscripteurs, amis personnels du Premier ministre et, en particulier, plusieurs professionnels des grandes firmes d'ingénierie vont défiler à la barre des témoins ou bien risquent d'être éclaboussés. La semaine dernière, à Rio, Charest a déclaré que son parti « était blanc comme neige », mais d'aucuns pensent qu'il est plutôt « blanchi » avec de l'argent sale, ce qui s'ajoute à plusieurs dossiers mis à jour par la presse, l'opposition ou le Vérificateur général dans lesquels il s'est adonné que des contrats, des permis, des places en garderies, alouette, ont été cousus mains au profit des petits amis qui contribuent à la caisse du parti, quand ce n'est pas des membres connus de la mafia qui participent à des soirées-bénéfice, ou encore des ex-ministres qui acceptent des faveurs.
 
Le Parti Libéral (PLQ)
Dans ce contexte, Jean Charest qui est une bête politique et vise à enfiler derrière sa cravate un quatrième mandat électoral, ce qu'aucun autre politicien québécois, même Duplessis lors de son long règne, n'a réussi à faire jusqu'à ce jour, voit qu'il est temps de se présenter devant le peuple. Le vote anglo et multiethnique (italien surtout) — concentré sur l'île de Montréal — assure au PLQ (son parti) plusieurs comtés absolument sûrs. Leur stratégie consistera donc à maintenir le tiers de ses votes chez les francophones qui sont majoritaires dans la ville de Québec et en régions. Malgré leur impopularité et les odeurs de scandales, ce pari n'est pas impossible. D'autant que le printemps érable a polarisé la population, en a effrayé plusieurs surtout à l'extérieur de Montréal.
 
Le Parti québécois (PQ) l’obédience souverainiste
Du côté du PQ, il y a à peine six mois, les divisions internes sont venues à un cheveu de faire imploser ce parti, à tout le moins, de faire rouler la tête de la Chef, Pauline Marois, à la suite de plusieurs démissions de gros canons comme Louise Beaudoin — que tu as citée Jean-Paul dans un texte récent autour du conflit étudiant —, Pierre Curzi, Lizette Lapointe (épouse de l'ancien Premier ministre Jacques Parizeau) et qui est députée de ma circonscription (Crémazie), le député Assant qui a fondé l'Option nationale... La contestation a été déclenchée par une prise de position a priori assez banale et très locale, soit l’appui à cent mille à l'heure de la garde rapprochée de la Chef, au projet d'amphithéâtre de la Ville de Québec. Une loi spéciale — proposée par le PQ —, était jugée nécessaire afin de repousser toute contestation, et ce, afin que soit conclu le financement en partie privé du projet par Pierre Karl Péladeau (Québecor, Journal de Montréal, Journal de Québec, TVA, Sun TV, câble Videotron, un empire des communications et du spectacle, certes moins puissant que celui des Desmarais, mais avec cette particularité : Péladeau fils, comme l'était son père, est d'obédience souverainiste...) Le maire de la ville de Québec, un populiste qui rêve de ramener dans sa ville une équipe de hockey de la Ligue nationale, d'où le « besoin » d'un amphithéâtre, était soutenu par la députée péquiste Maltais qui représente un comté au cœur de la Ville de Québec. Une belle patente à gosses, comme on dit ici. (Et tu te rappelleras que « gosses » ne signifie pas au Québec mômes!) Une emmanchure du PQ purement électoraliste, mais qui laisse aussi dépasser le jupon des intérêts d'une certaine frange de la bourgeoisie d'affaire qui rêve d'un pays... Les députés démissionnaires n'ont pas digéré la ligne de parti qui les obligeait à voter pour un projet de loi inacceptable à leurs yeux.
 
 La tempête est passée et Pauline — surnommée depuis la « dame de béton » — a pu consolider son leadership. Le PQ vient de ravir lors d'une partielle le comté d'Argenteuil qui était détenu depuis 42 ans par le PLQ. Néanmoins, et encore une fois malgré des taux d'insatisfaction du gouvernement en place qui frisent les 70 %, les intentions de vote en faveur du parti souverainiste stagnent autour des 32 %. La crise du printemps n'a pas permis à Marois d'affirmer des positions claires et originales. D'autre part, parce qu'elle a porté le carré rouge à l'Assemblée nationale et participé à une manif de casseroles, Charest tape sur elle comme sur un seul clou et l'associe aux désordres de la rue, alors que lui s'exhibe comme un Chef responsable qui respecte les lois et les institutions démocratiques.
 
La coalition Avenir Québec (CAQ)
À droite (avec la prétention d'être ni de gauche, ni de droite, mais « en avant »!) la Coalition Avenir Québec (d'où le très gracieux nom de la CAQ), est un nouveau parti fondé en avril 2012 par un ancien ministre du PQ, François Legault, et un dénommé Charles Sirois, homme d'affaire jusque-là dans le sillage libéral. La CAQ a d'abord réussi à avaler la moribonde ADQ, parti de droite qui avait 8 députés et un transfuge du PQ a rejoint le groupe. Avant même sa fondation, la CAQ trônait à la tête des sondages. Depuis, il dégringole. Sa présence au prochain scrutin risque néanmoins de diviser le vote francophone en pigeant surtout dans l'électorat péquiste. Puisque nous sommes dans un système uninominal (un seul tour), c'est la majorité des votes obtenus dans une circonscription donnée qui fait élire un député, le plus grand nombre de députés d'un parti qui lui confère le pouvoir. En passant, Denise Bombardier que tu as vue à la télé française et largement commentée dans ton blogue parle en des termes élogieux de ce système archaïque hérité de la Couronne britannique !
 
Le calcul du PLQ
Bref, en tout et partout, donc, les libéraux ont besoin que du tiers du vote francophone et le tiers des députés à l'extérieur de Montréal pour espérer former à nouveau le prochain gouvernement !
 
En toile de fond, bien sûr, il y a la crise étudiante qui n'est pas réglée. Les Libéraux vont faire des élections sur le dos des étudiants, s'épargnant ainsi la nécessaire négociation avec le mouvement étudiant. Début septembre, à cause notamment de la loi 78 qui a bouleversé les sessions scolaires des institutions en grève, les étudiants seront encore éparpillés dans leur famille ou bien la tête la première à reprendre en accélérée les sessions scolaires annulées; le vote, historiquement plus faible chez les jeunes, risque donc d'être encore moins concentré. Tout cela fait cogiter les stratèges libéraux.
 
Québec Solidaire, le parti de gauche
Et puis la gauche ? Je renvoie à l'édito de ce matin de Presse à Gauche qui, en des termes certes un peu classiques, n'en brosse pas moins un tableau assez complet. Il faut comprendre que dans le contexte des derniers mois, devant la crainte de voir les Libéraux corrompus se faire réélire, plusieurs voix se sont manifestées sur la place publique — comme celle du dramaturge Dominic Champagne — pour appeler une coalition des indépendantistes et des progressistes, avec en toile de fond, ce constat des plus réalistes : seul le PQ est susceptible de rallier un nombre suffisant de votes pour battre le PLQ.
 
Là-dessus, une question sous-jacente et assez nouvelle se pose sous l'angle de la position du Québec dans le giron canadien : il est vrai de dire que seul le PQ, qui forme actuellement l'Opposition Officielle à l'Assemblée Nationale, est en effet en position de battre le PLQ, parce que c'est un vieux parti avec beaucoup de membres et une base dans toutes les circonscriptions, que l'alternance du pouvoir finit toujours par jouer dans le contexte du parlementarisme britannique typiquement façonné par le bipartisme. Mais le fait politique nouveau dans le Québec actuel est que le PQ n'a plus le monopole du vote indépendantiste : Québec solidaire et l'Option Nationale sont souverainistes, alors que la CAQ, bien qu'elle propose d'enterrer le débat constitutionnel pour les dix prochaines années, sait très bien que si elle prend le pouvoir à Québec, elle devra « se fâcher » avec le gouvernement fédéral... 

La question est donc : seul le PQ pour battre les libéraux, mais le PQ tout seul?
 
Sous l'angle maintenant de l'axe gauche-droite, au fédéral le Québec a voté massivement pour le Nouveau Parti Démocratique lors des dernières élections en mai 2011, propulsant ce parti pour la première fois de son histoire au rang d'Opposition Officielle. Entre autres résultats de ce vote plus à gauche, le parti indépendantiste à Ottawa, le Bloc Québécois, a été pratiquement rayé de la carte électorale. Or, un an après le scrutin, un sondage récent indique que les intentions de vote au Québec en faveur du NPD auraient été encore plus fortes ! Il s'est donc passé quelque chose dans l'expression politique des électeurs québécois : un désir de changement, certes, mais aussi la préférence de politiques nettement orientées vers le bien commun plutôt que toute cette mélasse dominante du néolibéralisme.
 
Toujours est-il que l'union des souverainistes n'est pas synonyme de l'union des progressistes ! Car de ce côté-là de la balance, le PQ n'est pas une gauche bien appétissante! Ses réalisations passées lorsqu'il était au pouvoir, avec un Lucien Bouchard notamment qui est aujourd'hui au service de l'industrie des gaz de schiste, et puis son projet d'un pays toujours un peu dans le flou ou relégué au second plan lorsqu’advient « l'inévitable réalisme » de l'exercice du pouvoir, cette manière langue de bois et fesses serrées de vouloir d'abord être un « bon gouvernement », d'assumer une « gouvernance » souverainiste graduelle, de ne pas effaroucher Pierre Jean Jacques, surtout s'ils sont de bons investisseurs, tout cela est tissé de fils à tendance néolibérale, entremêlés de quelques clignotants à gauche. Un cas classique du « centre » qui nous ramène aux bienfaits du libéralisme sans possibilités tangibles de sortir du pouvoir des banques, de ses turpitudes et de son asservissement pour le plus grand nombre.
 
La semaine dernière, Québec Solidaire (QS a un député) a répondu à ces appels de coalition (pas très courante au demeurant dans les mœurs électorales de l'Amérique du Nord) en posant des conditions intéressantes, soit un possible front commun électoral, mais pas au niveau gouvernemental, c'est-à-dire un possible accord pour présenter dans les comtés chauds un seul candidat progressiste, à condition qu'une orientation minimale soit conclue autour de quelques éléments clés d'un programme commun : modification du système électoral, abolition de la loi 78, etc. (cf. réponse de QS ici.)
 
Les dilemmes de la gauche au Québec risquent d'être à court terme moins pesant si la vertu de la patience fait bien entrevoir que construire un État québécois progressiste ne se fera pas en un seul coup et en une seule élection. Définir, proposer et débattre un programme résolument axé vers la construction du bien commun et la répartition réelle de la plus-value en est une autre condition dans une perspective à long terme.


À ce propos, dans l'éditorial de Presse à Gauche on peut lire :


«Québec solidaire doit opposer sa plate-forme comme étant une alternative aux choix de l’oligarchie, y compris, de ses secteurs nationalistes. Notre plate-forme offre des réponses pour assurer une nouvelle répartition de la richesse sociale. Elle propose la gratuité scolaire. Elle oppose une approche démocratique et écologiste de l’organisation de notre économie ; elle avance des revendications démocratiques pour redéfinir le pays comme pays indépendant, de démocratie citoyenne sans parler des revendications démocratiques comme l’abrogation de la loi 78... L’ensemble de ces propositions peuvent s’articuler aux mobilisations sociales... . Au lieu de se fier à un engagement d’un éventuel gouvernement péquiste, il faut plutôt compter sur l’élargissement du mouvement social et la convergence des luttes et y contribuer dans le cadre de cette campagne. »
QS peut espérer faire élire à Montréal trois ou quatre députés cet automne. C'est humble. Mais ce serait déjà une avancée importante afin d'élargir au jour le jour dans le débat public le dialogue et l'adhésion populaire. Malgré ses esclandres et l'acharnement carrément raciste qu'il s'attire, par la voix d'un seul député, celle d'Amir Khadir, QS a fait du chemin. Son programme comporte des politiques capables d'offrir une alternative, de rouvrir à nouveau avec les leviers collectifs le « chantier » qu'entrevoyait dans ses plus beaux jours un René Lévesque.
 
Imaginons un Amir multiplié par cinq !


Jacques Desmarais




P.S :

Parlant de René Lévesque, il y a un document extra qui se promène sur YouTube. On voit d'abord le commentateur Éric Duhaine (Journal de Québec, encore Péladeau, un libertarien échevelé pour ne pas dire écervelé qu'on voit sur toutes les tribunes) invité à l'émission de Mario Dumont (ex-Chef de l'ADQ, recyclé en animateur télé populiste de droite) et qui lui demande d'expliquer le haut taux jugé « anormal » de syndicalisation au Québec. Le tout est entrelacé de réponses de René Lévesque puisées dans un vieux document qui nous rappelle le Lévesque journaliste avec son éternel tableau noir, d'une limpidité et d'un cœur ! Un bijou à voir !

03 juillet 2012

Il faut nationaliser René Lévesque!

Par devers les saintes nitouches et martyrs de la droite québécoise, voici un petit bijou de pédagogie appliquée en référence à un classique du tableau noir.  Capital. Travail.  État. Limpidité et tellement de coeur dans la connaissance et la reconnaissance du collectif!  Comme dirait Dominic Champagne (Tout ça m'assassine), on est toujours sur le point de rené-être!

La Frenière


Que se passe-t-il avec l'ami verbivore, poète des essences dans la coulée des Bois Francs?  Il écrit aujourd'hui :

Ai-je jamais quitter mon patelin d’enfance ? Je le traîne avec moi à défaut d’un pays. 

Jean-Marc publiera en août La matière du monde aux Éditions Trois-Pistoles.