31 août 2008

Tu te souviendras de la neige (bis)

En reprise, avec quelques corrections.




Pourquoi c'est faire, tabarnac!
ce grand détour au bord de la crise de narfes?

Ça devait bien finir par chauffer
ta sale brûlure,
ton cas de chevreuil perdu en ville, dans la sloche
ton spasme de vivre
comme un calvaire égorgé?

Tu te ronges au sang
chaque fois qu’une sirène retentit dans la rue?

Hiver de pattes décousues, trouées,
jusque dans tes tatoues...

Vieux schnoque pus de poche!
Ton regard est moche, tes yeux se dévident.
J’ai envie de t’arracher les bras, câlice!
Tu meurs!

OK. Tu n’as pas le sida!
En tous cas, pas aux dernières nouvelles.
Tu te tiens où là? Avec les chômeurs de la Maison de la Plaie?
Maudit! Et pis c'te tas de dope qui traîne?
De la petite poudrerie pour garnir tes moments creux?
Pauvre petit garçon!

T’as volé la vieille Clark. Encore une fois. Elle le sait.
Tout le monde le sait! Crisse que t’es chien!

«Il aurait fallu cribler de balles l'Ancien Monde ou bien inventer une philosophie avec des ventilateurs, des séchoirs, des hélices, des battants d’ailes dedans pour couvrir le bruit du réel. Inventer une nouvelle carte pour fureter à pied, la nuit, le long de tes pensées aux lignes de fruits, aux crêtes d'exil, aux arômes d'espoir... »

Ça, tu disais ça il y a bien des Noëls!
Quand tes caleçons étaient encore blancs!

Il aurait fallu avoir à proximité du crâne une belle speakerine éolienne
juste pour toé, jour et nuite! Une petite puce qui t’entortille, qui ne te pousse pas dans le dos, qui te sussure des mots de source d'alouette à la radio : va, va, ma petite Jeannette, va, va, le beau temps reviendra...

C’est extraordinairement tout croche chez toi!
C’est rideaux nicotine tourmentée aux brûlures de toasteur,
c’est prélart invisible noir, miettes partout, de la bière sur tes disques, cimetière échevelé... Tu dors où? Avec tes manteaux, tes journaux, ta batterie défuntisée sur le lit? J’hais ça venir icitte! Please, appelle moé pus à quatre heures du matin! D’accord, ta lasagne était bonne. Madame Clark, hein? J’ai tout bouffé quasiment... Pendant que ton squelette s’énerve, spine, creuse,
pendant que tu pompes, que tu crosses l'air, baptême! pour l’alambic fissuré de ton cerveau égaré sur une autre planète,
qui n’est même pas une planète,
juste une ostie de lubie qui croque des billes à flash à grandeur de journée...

C’est ta malade de guerre, mon pote,
mon cher gringalet déshabité, immobile, testament à ciel ouvert...
C’est le temps texturé mauve sucé longtemps
dans ta cage de vieux garçon qui pue.

Excuse-moi!
Mais je t’en veux de ne plus être là, excepté ta merde!

C'est même pas la poudre qui te cause tes plus grands dégâts!
Je l'ai lu encore hier soir.

Nous excavons la nuit mon ostie de parti
dans le puits j'sais pas trop où!
Reste tes vers à chou avec qui parler?
C’est ben intéressant!

C’est comme ton St-Artaud de bambiboche, ton athanor
avec sa manie de parler à ses petits pois...

Dans le fond mon twisteux,
penses-tu que je m’en crisse pas cent milles à l’heure?

Vive le jazz, ciboire! Tiens! Là, tu bouges un doigt au moins...
Eux autres, ils se tiennent debout! Font pas juste se shooter : ils tirent!

«Josée Yvon aussi », que tu dis?
Last call Jojo! La grande Maniaque des nuits déviargées
de putes collées au Rococo bar...

Tu me roules une cigarette?

...

Je suis entré par le côté. Ton garage ressemble à un abattoir!
Viarge! Depuis combien de temps qu’ils sont morts tes chiots?
Faut les crisser aux poubelles! Anyway, je l’ai faite!

Être crotté de partout. Sans exception! R'garde-toé!

« Ne plus voir la peine, ne plus sentir la pluie ni la solitude dans la béance sans dieux.
Ne plus se souvenir qu’on est seul comme un bardeau parti au vent
et qu’on pleure sec comme une fontaine qui n’a plus de lèvres. »

Kiss que t'écrivais bien, mon Pit!

Vlà que tu traverses la ville sans tes livres!
Roches encombrantes, dis-tu. Tu dépatines.
Tu ne penses qu’à nourrir le feu dans tes veines extrêmes.
Urgence mathématique. Je sais. Je sais.
Déjouer les cordes du diable en se garrochant dans l’enfer.
Gros soleil noir d'acier dans les filets raides du jour sans jambes.
Il faut marcher pourtant. C'est lourd ce corps qui ne t'appartient plus.
Midi passé, pigeons inutiles, une gueule de singe enflé, inquiet,
des bœufs partout...

« C’est le darnier, darnier voyage, je te l’jure! »

Fais-moé un garo!

Puis, se dessine enfin la coulisse blanche en plein Marché Jean-Talon.
Délivrance de charbon. Ta seule lumière fixe.
Pas trop de soleil. Pas trop de soleil! Tire les rideaux!

Mais tu ne passeras pas la nuit sans fouet, la jarre est vide à nouveau, et voici que les grands chevaux de l'usurière rebondissent sur le sofa, rentrent leur museau de suces sous les pierres de ta peau, je sais, attends que je t'éponge le front...

On change de track mon smartie?

Je te mets Abbey Lincoln. When you give a dance...

Tout à l’heure, tu vas vomir sur le tapis toute la suie de ton coma laiteux, m'entends-tu?
Avec un triple désert qui se mire dans ta voix fauchée d’enfant irrésolu.

Les mots et même l’écume ne veulent plus rien savoir de ton cinérama
d’écrivain givré, frostré à l’os.

Une apparence de petit oiseau à gogo
sur une branche morte. Voilà ta main qui tremble.

Alors tu craches du carnaval dans ton âme avec des morceaux de glaciers venus de l’enfouissement de l'oubli de toi-même
sous les neiges coupe-gorges d’une langue sans mots...

Quoi? Le feu?
...



Tu veux un pamplemousse rosé?
T’es malade, mon Capitaine!

(De la cuisine)

T’as pu de cuillers propres...

Je me prends une bière avec, OK?

Est-ce qu’il te reste de l’eau de javel pour ton médicament?

Montréal, oct. 2003.


Photo du haut : Francis

30 août 2008

Slam fait plaisir de la Belle Gigue

J'avais été le contact « courriel » pour préparer ce voyage à Montréal, en mai dernier, de ces deux jeunes slameurs de Bruxelles. Il ne fut pas, hélas, possible que l'on se rencontre : j'étais très pris et ils ne m'ont pas téléphoné.

L'un deux, yuns, fait suivre un Ton Tube autour de ce périple qui compte aussi un saut à New York. En intro, on entend un extrait slamé de Mario Cholette. Pas d'erreur : nous sommes de plain pied à Montréal, au Quai des Brumes.

Slam' fait très très plaisir de découvrir la binette furtive de ces lascars sympas qui rehaussent ici leurs propos sur des rythmes arabisants des plus trippants.

29 août 2008

Primeur


« Pourquoi niaiser devant ce beau parterre »
- Louise Forestier










Voilà. Depuis une semaine, c'était la vue de l'oiseau de nuit mur à mur, imbibée d’expresso, une St-Ambroise par-ci, par-là. J'ai mangé une contravention par la tête ayant omis de changer de côté.
Quel quadrille! Le chien, patient, attaché (à moi) ronfle de travers. On se promène quand on se promène. N'appelez pas la SPA. Je lui ai tout de même administré son traitement antipuce. J'ai des ampoules d'Antidote aux yeux. Mais c'est fini! J'enverrai mon manuscrit comme prévu lundi. S'il n'y a pas de bâtons cachés dans les sacs à surprises de madame la vie, mes Poèmes cannibales devraient paraître en bleu blanc rouge vers le 5 octobre. Oui.

Je ne sais plus rien à part cela.

Surtout pas si c'est bon.

En primeur, aux couleurs de l'été pâlissant,
en voici un petit remis à neuf, quatre vitesses au plancher.

Part ça, j'ai hâte d'aller sur mes bloques préférés juste pour respirer les mots des autres. J'ai hâte de prendre un drambuies à la terrasse de l'hôtel Belley, de marcher dans les rues de La Havane, de m'asseoir à la belle étoile à Béthanie.


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CHEVAL À CLEF
Malgré les trous d’eau dans les poumons
La rouille dans la voix des essieux
Le silence à traire,
La joie de se savoir tiré
Par une récolte plus haute que soi
Exige que l’on puisse tenir
Son sujet herbu par la bride
Avec au moins quelques traits d’ermite
Bien placés sur la croupe vivante
Comme un fer qui s’enlace
Autour du piquet de bois
À petites lampées, puisées au fond des fossés,
À l’ombre du maquis des fourmis millénaires,
Le soleil galopant se chargera de la rosée du matin
Faisant bruire, main dans la main
Promesses et jeunesse échevelée,
Ces brouillons de passage aux allures de l’été
Qui ondulent dans la prairie luisante de fleurs de moutarde,
Encerclés de faim de cannibales
En attendant que se décharge la grande faulx évidente,
Et que s’ensuivent en zigzags
Le chant des cigales, le feu des grillons
L’adieu dans les mots mordorés.

Photo : jd



27 août 2008

La fumée d'un trait (extrait««««««««««««)

LA FUMÉE D’UN TRAIT

Et nous chanterions pour l'encre au noir
et ses miracles redoutés
qui tarabustent
la verte et vaine campagne,
la ville mal léchée
comme le coule en sa demeure
le père Jabès
ou comme dans l'Orient-Express...

Pour multiplier les balançoires,
les labours circonstanciels,
les embryons d'éternité
l'entre-rail vermoulu de l'été
si affamé de sol brûlé
qu'il pense vagabond
au gala des gouttelettes
argentées d'athéisme.

Pour François Villon
qui claque de la vielle
comme mackinaw au vent
dans le labo des comptines,
luxe qu'il n'a pas légué
aux filles d'Argentine
car le tissu là-bas,
fougères ou malouines,
n'a plus de gendarme
pas d'origine...

Pour les sonorités d'Akulivik,
les sensations vernaculaires

Pour la grande Dame de profil
qu'on appelle Kébec,
qui regarde vers le Japon
et qui m'a donné la vie
en échange de ma mort

Pour la poivrière du coyote
affabulée de canetons
métrolisés, métronomisés...

Pour Alfred DesRochers,
ce fils déchu d'aïeule indienne
qui a le front bas, la barbe rare
tout comme moi
(...)

23 août 2008

Carnets pelés 23 - banquets




17 décembre 1990

C'est le souper de philo au Poulet Doré. J. Lumières s'est remoulée comme une pigeonne quand je lui ai fait la bise. Mais ni elle ni Bern n'ont fait vieux os en face de moi. Ils sont allés rejoindre Georges Leroux. Bern. portait à l'oreille gauche un pendentif gros comme une sauterelle.

*

Georges, mon directeur de thèse, a téléphoné hier : il me pensait KO suite à mon séminaire so so devant jury il y a une semaine. Je le suis, mais chaos juste naïvement.

*

Entendu cet après-midi à la radio Robert Lalonde. En cours d'interview - il s'agissait davantage d'un témoignage sous forme d'un soliloque assez libre teinté de l'esprit du Temps des Fêtes -, le comédien, l'auteur de Le fou du père cite une lecture qui fut marquante pour lui dans son affirmation en tant qu'artiste : The Courage to create.


J'ai noté sur un calepin cette piste qui me sembla digne d'intérêt et même beaucoup plus.

*

Après le bureau, je me suis dirigé tout de go vers le Poulet Doré sur la Catherine. Je croyais que le rendez-vous était à 17 h. C'était une erreur. J'aurais dû plutôt noter 19 h. C'est Gilles Rhéaume, croisé par hasard sur mon chemin, qui m'en informa. J'avais donc deux heures à tuer.

Rhéaume se rendait au séminaire de Sylvain portant sur l'anarchisme. Je suis venu tout près de l'accompagner. Mais j'étais encore sonné suite à mon récent corps à corps avec l'institution où je me suis fait dire par un des membres du jury ne prisant pas la philosophie américaine «que je manquais de goût». Je travaille le concept de vérité chez Dewey et Rorty.

Que ma présentation fut criblée de fuites et de mièvreries, je veux bien. Qu'on ait pu se gausser de mon titre, La pensée comme navire, j'en mesure toute la naïveté. Quoique. Mais mon erreur la plus grande, je l'ai reconnue, fut de présenter un texte beaucoup trop collé sur Comment nous pensons, un essai de vulgarisation de l'auteur de Démocratie et éducation.

Je m'en suis tiré avec B.

C'est autre chose qui m'a blessé, une attitude, une atmosphère, très certainement cette petite vipèrerie de bas étage de cette doctoresse assise en face de moi, rien à voir avec mon travail, elle se délectant de la dénotation des signes à la sauce japonaise de Roland Barthes...

C'est ainsi qu'elle a pris la peine de faire remarquer au jury qu'elle s'était habillée pour la circonstance en prolétaire, exprès pour moi!

Comment réagir à une telle niaiserie? J'aurais pu penser en moi-même qu'elle faisait dur, avait l'air d'une soeur grise, d'une soeur grise à moustache. Or je ne pensais rien de tout cela, car j'étais sur la sellette, jugé, éprouvé pour mériter mon grade de philosophe!

«Pour philosopher apprenez
Qu'il faut d'abord la permission
Des signatures et des raisons
Un diplôme d'au moins un maison spécialisée...»
Félix Leclerc - Contumace

Même travaillant à temps plein, je me considère comme un étudiant à la maîtrise, point! Prolétaire?! Même étant un travailleur, je suis indécrotablement un paysan. M'ayant mieux «analysé», aurait-elle eu l'outrecuidance de porter un overall?

Plus tôt, ce boute-en-train du séminaire s'était interrogé sur la pertinence de l'une de mes références, soit l'Empire du moderne de Laurent Michel Vacher. «Qui est-il au juste? Il est professeur au CEGEP, n'est-ce pas? Il ne doit pas être dans des conditions propices pour penser...». Péteuse!

*

Auparavant, le séminaire de Colette m'avait semblé être sous le mode de la noyade ininterrompue; celui de Bern. fut une affaire très intelligente, mais tournant autour de sa queue (de cheval, tressée). Non, je n'irais pas me payer un autre calvaire de banquet.

Je gagne plutôt la bibliothèque centrale. J'en profite pour lancer à l'écran The Courage to Create, puis je glane d'autres titres de Rollo May, l'auteur. J'ai imprimé ma recherche bibliographique. L'exemplaire de Courage est obscurément égaré!

*

Après, j'ai marché vers l'est sur la Catherine avec une attaque massive de neige lourde sur la tuque, une neige presque pluie. C'est bordeline sur l'Île. Mes yeux fixent le trottoir tellement on est transcrit en regardant droit devant. Mais l'ange des livres se tient au chaud. Sur ma poitrine d'enfant sage. Il me fait signe de lever la tête juste au bon moment. On ne me croira pas, mais c'est pourtant lui qui me fait rencontrer, devant la Place Dupuis, Robert Lalonde lui-même!

C'est trop cocasse. Je l'aborde en lui disant l'avoir entendu à la radio tout à l'heure. J'aime le personnage depuis plusieurs années et j'ai souvent pensé lui écrire. Quel hasard!

Nous nous entretenons un bon 15 minutes, entre autres de la crise d'Oka (Lalonde y est né), de la pièce de Gauvreau, La charge de L'orignal épormyable, dans laquelle il tient le premier rôle à la suite de Godin que j'ai vu au Quat'-Sous. Il semble ravi que je lui donne l'imprimé de ma recherche à la bibliothèque autour de May faite directement sous son impulsion. Je lui refile aussi La fumée d'un trait. Lalonde griffonne mon adresse et me promet un commentaire. Je ne compte pas là-dessus.

*

Au Poulet Doré, je revois Colette avec plaisir. Luc Faucher, un étudiant que j'aime bien, vient s'asseoir en face de moi. Il me raconte une histoire drôle ayant pour sujet son amour pour les poules. Il en a vu des superbes en Provence. Sachant qu'il vient de Drummondville, je le relance avec une histoire sur Oscar Thiffaut (cf. Le rapide blanc). Décidément, j'aime les prolétaires! D'ailleurs, Luc a l'habitude de transporter son barda d'étudiant dans une boîte à lunch «de shop» en fer blanc...

Une fois, lors d'une pose au milieu d'un cours, il est venu me voir, attiré par un livre qui était sur ma table. Il s'agissait de À l'Ombre de l'Orford d'Alfred DesRochers. Il semblait touché. Il a lu le poème que j'ai écrit à la plume sur la première page du recueil, une version préliminaire de La fumée, le tout à l'intention de Michael Thomas Gurrie. Luc m'a alors révélé être le petit-fils d'Alfred. Cela a fait ma soirée. En tout cas, c'est ce que j'ai compris.

**


23 août 2008

J'ai fini de travailler à minuit passé. J'ai loupé le vernissage des frères Dunn. J'entame la nuit comme un oiseau insolvable. Je n'ai pas mangé depuis des heures. L'auto est revenue au bercail et est à ma disposition. J'ai le goût de m'asseoir et de manger dret là. Pas la moindre envie de cuisiner. Même pas une toast. Il n'y a pas grand-chose d'ouvert 24 heures dans mon coin. Il y a McDo. À cette heure-là, les trois quarts des allées sont fermés. On est donc tous concentrés près du comptoir. C'est fou comme il y a beaucoup de jeunes. Certains sont très bruyants, rient, bavent, laissent derrière eux sur les tables un mélange de frites, de salade, de cartons... Je me fais un coin. Rien ne m'énerve ni ne me surprend. Pas même cette fille en mini-jupe qui sacre fort. Mais je préfère les gens, tous âges confondus, qui sont soucieux des autres.

Je remonte dans l'auto. La radio du Canada s'apprête à dire les nouvelles. «Il est quatre heures», dit l'annonceur. L'oiseau insolvable ne peut pas s'empêcher de trouver que ça sonne très bien : quatre heures.
*

Il est à présent quatre heures de l'après-midi. N. vient de retentir en larmes. Dans une bretelle menant au tunnel, il y a eu un ralentissement soudain et le conducteur qui la suivait n'a pas pigé le mouvement : il lui est rentré dedans avec son truck. N. n'a rien. Le coffre ne ferme plus, les lumières pendouillent de chaque côté. Par mesure de prudence, on se dirige à l'urgence de Maisonneuve-Rosemont.

N. est sur le point d'interrompre la radio en insérant dans le lecteur le CD d'Arcade Fire. Je dis : non! non! C'est Pauline! En fait, à la radio, c'est... Robert Lalonde qui présente un spécial sur Pauline Julien.

Au fait, ceux qui pensent que Lalonde est toujours à la radio se trompent : c'est une rareté. Un apéro qui ouvre la voie.

***

Photo : jd

22 août 2008

Slam Québec - les finalistes sont ...





Des nouvelles de premières mains de Leroy K. May.

Les finales de SlamCap avaient lieu lundi dernier à Québec.

Les quatre gagnants furent :
- Annie Beaulac
- Paul Dallaire
- Jean Désy
- LeRoy K. May

Frédérick Carrier sera le coach/remplaçant.

Tout cela en vue du grand slam à Montréal en septembre.

Wow! SuperK!

18 août 2008

L'après slam-cadeaux, scène de rue...

En tout cas, c'est passant et c'est mon sentiment de penser qu'à l'angle des rues St-Denis et Mont-Royal, on se trouve au cœur du cœur le plus palpitant de la ville dans son expression française.

Je me trouvais donc après le slam chez Azir avec les belles d'Oka.

jd et Mély à l'angle... Photo : Nina Louve

Après, on a devisé sur le trottoir alors que les échos d'un groupe de la Louisiane nous parvenaient de la porte voisine du Quai des Brumes.

Je leur racontais mes espoirs. Puis, comme je le disais déjà, voilà que ça cogne dans mon dos. Je me vire de bord. C'est Carmen Guérard qui apparaît! Je ne l'avais pas revue depuis sans doute une Grande Rencontre de jadis.

jd et Carmen. Photo : Nina Louve.

Carmen est mon ancienne prof d'accordéon diatonique, «à pitons». C'est Danièle Martineau qui nous avait présentés. Élève de Philippe Bruneau et de Jean-Claude Bélanger, Carmen a maintes fois représenté le Québec à l'étranger. Ses doigts de fée brodent des airs de feu selon une vitesse d'exécution que je suis bien incapable de saisir.

Un jour, j'ai vu un accordéoniste hollandais en show à Montréal. Un as accompagné d'un ange au violoncelle. Son nom m'échappe. Il intégrait à son jeu quelques pièces du répertoire québécois en remerciant haut et fort Carmen Guérard de les lui avoir enseignées.

Pour ma part, j'ai été un piètre élève et n'ai jamais dépassé plus de cinq pièces, dont le reel du cultivateur. Mais j'ai aussi appris et retenu de Carmen le pas de base du tapage de pied. Des fois, quand je suis énervé au bureau, pour passer l'énergie ailleurs, je me fais une séance de 1-2 /1 (pied droit 1=pointe, 2=talon /1 (pied gauche à plat) = ta-ta Ta ta-ta Ta.................................

Un samedi matin alors que j'étais chez Carmen, le téléphone interrompit la leçon. C'était son amoureux de France qui lui annonçait que tout était réglo et qu'il pouvait enfin venir s'établir au Québec. Je vis monter sur son visage une telle luminosité, un vrai moment de grâce. Reprendre l'accordéon était gênant. À l'automne, il y eut des noces quelque peu bretonnes dans un appartement de l'Ouest avec des membres de Ad vieille que pourra...

Depuis toutes ces années, Carmen poursuit son engagement profond pour la promotion de la danse populaire au sein de la SPDTQ, accompagne les danseurs aux Veillées du Plateau (cf. interview de Carmen à CIBL, oct. 2006) et, suite à un séjour en France, elle me mentionne avoir ces derniers temps beaucoup travaillé la flûte à bec.

Carmen sur CD, dans le catalogue de Trente sous zéro : TB-206-CD, La gigue du Plateau
(La gique du Plateau Mont-Royal à Carmen Guérard).

Pour aller aux sources de la musique québécoise, fortement enrubannée d'Irlande, mais rebrassée vive par le swing québécois plus jazzé - présent chez la famille Soucy jusqu'à la Bottine -, on aimera entendre Jean-Claude Bélanger dans le bref interview qu'on trouve à la Phonothèque du son : Avènement de la spécificité de la musique traditionnelle québécoise avec la famille Soucy.

17 août 2008

Slam- cadeaux, prise off : passeur de mots

Nous ne nous étions jamais vus, seulement écrits. Nous nous sommes dit nos noms respectifs au premier regard : Daniel? Jacques. Nous devions monter au Vys. Mais Daniel Guimond ne pouvait plus assister au slam. Il avait quand même pris le temps de m'attendre là, en bas, pour me donner le cadeau qu'il me destinait.

La destinée... «Rien ne vient de rien, rien ne retourne à rien», écrivit Lucrèce et tel que cité par Guimond lui-même. Je l'ai dit souvent ici : j'aime beaucoup les textes de Guimond. Si bien qu'un jour pas si lointain, je lui ai demandé de me préparer un paquet, je lui achèterais tous ses recueils (cf. bibliographie plus bas). Or, dans le cas de figure «auteur», je dois dire que sa réponse fut imprévisible. Il me répondit ceci :

«Je te les offrirais volontiers, mon cher Jacques, mais je ne les possède même pas pour moi-même. Par contre si quelqu'un en a c'est le CHERCHEUR DE TRÉSORS, rue Ontario. Le libraire de Denis Vanier, Denis habitait juste au-dessus, et moi j'ai vécu entre les deux, la dinde de la sandwich, pour une courte période, c'était en 1995, l'année où je suis revenu de Vancouver. À force de voyager comme je l'ai fait, on se désattache aux choses, et j'en suis rendu à ne plus ramasser de livres, pas même les miens...»

Et c'est là-dessus que le cadeau s'est annoncé :

«Ha oui, j'ai (...) deux cadeaux cool pour toi, il me reste une copie de SCRAP, la première revue Xerox au qc, que j'éditais cicrca 1979, où Beausoleil, Daoust, Francoeur, Kantor, etc. se côtoient. (...) Je viens de déménager et je suis tombé sur des vieux Hobo-Québec de 78-79 avec des textes de Vanier et Josée Yvon qui ne sont pas repris dans leurs livres, je vais te préparer un petit paquet. Cela sera un honneur...»

C'est avec ces hobo que je suis monté au slam. Je les ai déposés sur la table basse, devant les banquettes. Un jeune spectateur tout près est venu les feuilleter. Il m'a demandé si ça slamait «dans ce temps-là».





J'ai à peine eu le temps de feuilleter moi-même ces revues. Je prends le soin de les dénicotiniser un peu avant. Je les ai mises à l'air, mais bien à l'abri. Je sais qu'il y a là-dedans de quoi m'intéresser, des filons à déterrer, de très belles photos comme celle de Vanier avec Bourgault.

J'ai passé mes 20 ans en dehors de Montréal et selon mes antennes, la revue Mainmise fut plus visible que hoboquébec. C'est un très beau cadeau. Guimond!

Dans le numéro double 38-39 (aut. 1979), il me semble que je repère sa photo de jeune «performeur». Dans la lignée de Vanier et Josée Yvon. «Rien ne vient de rien, rien ne retourne à rien»
























hoboquébec # 38-39, 1979, tiré de Guimond


Aux Écrits des Forges
Les Alentours, 1997
Continuum, 1991
Ne Jamais Rien Dire, 1989

Faim Plastique, Éditions Cul-Q. 1978. Montréal.
Pourquoi cela n’arrive qu’à moi ?
Éditions Balzac-Le Griot. 1999. Montréal, Paris.

À Paraître
Les Amours de Traverse, Poésie
Une Réponse au Monde Inquiet. Roman
Le Journal d’Amanda. Roman

Photos : Nina Louve

15 août 2008

Slam cadeau, prise 3 : dans la slameur des mots

Photos de quelques slameurs présents.


La profonde Marie-Paule Grimaldi.

Jocelyn Thouin, poète sacrifé; l'art de faire des slams aiguisés qui retroussent des enjeux collectifs.

Carl «Alexandrins»Bessette : le souci de la tradition poétique, l'audace de la continuité.

Queen KA, la reine de la soirée, a pris le risque de faire un slam dérangeant.

L'intarissable Ivy qui ne se lasse jamais d'expliquer avant, pendant, après, c'est quoi le slam.


Photos : jd

Slam cadeaux, prise 2 : Jouer avec les mots



C'est l'intermission.

Les fumeux descendent en bas
et s'agglutinent sur le trottoir de l'avenue Mont-Royal.

O PATRO VYS en tchèque signifie, en effet,
«Au niveau supérieur».

Le Vys est au fait un organisme à but non lucratif dont la mission consiste à diffuser et promouvoir «les créations artistiques locales issues de milieux diversifiés».

Dans cette petite salle le fun, moins chère qu'à bien des places, on a l'heureuse habitude d'accueillir «un artiste du mois» qui vient y accrocher ses œuvres. Par voie de conséquence, l'ambiance est toujours surprenante et renouvelée.

Puisque je ne fume pas, à l'intermission j'ai fait le tour rapide des oeuvres de Nathalie Boivin regroupées sous le titre Jouer avec les mots.

Si on balaie du regard l'ensemble des toiles longitulignes ayant des supports divers, un effet d'ensemble de similarité se dégage avec des dominantes en mauve, violet et jaune. Mais dès que l'on plonge dans l'une de ces œuvres, alors apparaissent la complexité, le raffinement palimpseste des lignes et des masses de couleurs très urbaines. À chaque station, des espèces de cadavres exquis provoquent la lecture. Un très beau parcours qu'on souhaiterait égrener plus attentivement.

























Photos : jd

13 août 2008

Slam cadeaux, scène 1: lire les mots




















Je travaille encore indûment et je ne peux pas raconter tout du long ce que je voudrais, la soirée slam de lundi dernier par exemple.

Alors, je propose un wagon à la fois, quelques traces impressionnistes dans le ciel montréalais.

C'est qu'en marge du beau slam digne d'une demi-finale (cf. le compte rendu complet de Mario Cholette), les rencontres qui se tissent en pareilles soirées finissent par vous laisser en cadeau dans les poches une espèce de poudre de perlinpinpin.

Commençons par le début que je commenterai à la fin...

Photo : Nina. Numéro rare d'un Hobo, reçu en cadeau de Daniel Guimond.

... pour mieux commenter tout de suite le retour à la maison, après le slam, après le lunch chez Azir avec les belles d'Oka (Mély et Nina), après les éclats du band cajun qui débordaient du Quai des Brumes sur St-Denis et d'où m'est apparue, en cognant dans mon dos, Carmen Guérard, mon ancien prof. d'accordéon; je reviendrai sur tout cela. Mais passons tout de go à Sébastien Boulanger Gagnon.

Il traînait avec Delphes ou Def aux abords du métro Mont-Royal. En me voyant passer, il m'a dit : «Jack, où tu t'en vas?» Dans l'extrême Est, que je réponds. «J'embarque avec toi...»

Sébastien était au slam. Il est même l'un des huit finalistes du chapitre montréalais 2008. Il bidouille aussi de la musique avec qui un ancien Coloc, qui Desjardins fils... Il me parle de Félix Leclerc, de feu Rober Fortin qui était son ami proche... Ce garçon de Rimouski a un je ne sais quoi de maritime dans le regard et dans la voix qui porte. Il adore vous lire ses textes à l'improviste. Nous sommes dans le métro. Il saute sur un passage d'un Hoboquébec que je tiens dans mes mains. Une odeur de poésie s'instale dans le wagon. Il dit : «Arrête». Il sort un carnet. Son écriture est bien posée, fine et droite, rien à voir avec mes barbeaux. Puis il plonge dans sa lecture. Plus rien n'existe. J'ai le réflexe de sortir ma caméra! Je lui mets la main sur l'épaule : «Sébastien, t'es rendu à Joliette...»

12 août 2008

Dans les vieilles lunes de l'amour



Il n'y aurait que cette seule chanson
dans le carnet des «lyrics»
de Robert Bob,
Il n'y aurait que cette intro si belle
à l'harmonica,
que ce serait déjà pur bijou.

Mon Dieu, sérieusement,
faites le vivre celui-là
jusqu'à 150 ans;
que cette voix du premier poète
«dans le petit clocher de nos têtes»
ne soit jamais
prise de court
en dehors
des chemins
familiers
de nos jours
remplis de contentement.

***

I laid-LAY coloque// on a dune I looked at the sky
When the children were babies and played on the beach
You came up behind me, I saw you go by
You were always so close and still within reach.

Sara, Sara
Whatever made you want to change your mind
Sara, Sara
So easy to look at, so hard to define.

I can still see them playing with their pails in the sand
They run to the water their buckets/CUBOS to fill
I can still see the shells// conchas// falling out of their hands
As they follow each other back up the hill.

Sara, Sara
Sweet virgin angel, sweet love of my life
Sara, Sara
Radiant jewel, mystical wife.

Sleeping in the woods by a fire in the night
Drinking white rum in a Portugal bar
Them playing leapfrog and hearing about Snow White
You in the marketplace in Savanna-la-Mar.

Sara, Sara
It's all so clear, I could never forget
Sara, Sara
Loving you is the one thing I'll never regret.

I can still hear the sounds of those Methodist bells
I'd taken the cure and had just gotten through
Staying up for day in the Chelsea Hotel
Writing "Sad-Eyed Lady of the Lowlands" for you.

Sara, Sara
Wherever we travel we're never apart
Sara, Sara
Beautiful lady, so dear to my heart.
How did I meet you ? I don't know
A messenger sent me in a tropical storm
You were there in the winter, moonlight on the snow
And on Lily Pond Lane when the weather was warm.

Sara, Sara
Scorpio Sphinx in a calico dress
Sara, Sara
You must forgive me my unworthiness.

Now the beach is deserted except for some kelp/alga marina
And a piece of an old ship that lies on the shore ORILLA
You always responded when I needed your help
You gimme a map and a key to your door.



Photo Bob & Sara ad usum privatum : Ken Regan / punkhart

09 août 2008

Le chemin Neruda-Sepulveda





«
Relis-nous le livre.
Je l'ai, imprudemment, égaré.
Un colporteur avait, une fois, offert à mon aïeul un livre unique. J'en ai hérité. C'est peut-être le tien?
Ouvre-le. Nous serons vite renseignés.
Pas un mot n'y est écrit. »
E. Jabès, Le soupçon Le désert, Gallimard, 1978, p. 119.

***

Il y a plus de 20 ans de cela, l'ami Jean-Paul Damaggio, écrivain, polémiste, éditeur, homme de gauche, me faisait suivre par la poste ce qui est, sauf erreur, le premier recueil publié par le jeune Pablo Neruda (il a alors tout juste 20 ans), soit ses Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée (traduction en français, Les Éditeurs Français réunis, 1970). Ce recueil est un best-seller de la poésie contemporaine.

Je ne peux pas écrire cette nuit
« Puedo escribir los versos mas tristes esta noche.
Pensar que no la tengo. Sentir que la he perdido. »

***

Plus récemment, le même «pedler» de livres m'a envoyé Le Neveu d'Amérique de cet autre Chilien, l'excellent Luis Sepulveda. Certains passages de ces récits m'ont ému aux larmes, ce qui ne m'arrive pas souvent.

Au milieu de tous ces enchevêtrements et points d'ombre familiers de la poésie, avec ces aller-retour entre nos pays, avec ces livres, ces lignes, sillons traceurs de vie, labours et parallèles mis en commun, paroles nues, silencieuses, offrandes pour les yeux seuls déterrées par la mémoire et la persistance de dire, voici que Jean-Paul creuse à son tour en proposant une traduction d'un article de Sepulveda à propos de Neruda.

C'est avec émotion que je repasse par cet épisode triste et peu connu de la vie de Neruda, mais c'est avec plaisir que je vous signale tout cela, ces correspondances.
D'autant que très récemment (Le Devoir, 8/07/08), on rapportait avoir découvert au Chili des poèmes inédits du poète à l'encre verte, datant de 1969 et qui sont dédiés à son dernier amour un peu beaucoup secret, Alicia, la nièce de son épouse Matilde Urrutia.

Jean-Paul écrit :

«Suite au compte rendu d’une rencontre publique avec Sepulveda en juin 2007, l’ami poète Jacques Desmarais me rappela que je lui offris voici des années le livre de Neruda (...). Je me suis dit qu’il devait être possible de trouver un pont Sepulveda-Neruda. Voici le texte de Sepulveda dont je vous propose la traduction (sauf pour les vers cités, car j’ai peur d’en trahir la force) et que je dédie à l’ami Jacques. Je le fais après avoir vu à Avignon un spectacle sur le facteur de Néruda.» (15 juillet 2008).

J'ai vu pour ma part au Quat'Sous, à l'automne 2005, la pièce Une Ardente patience adaptée du roman d'Antonio Skarmeta qui a aussi inspiré le film Le Facteur, réalisé par Michael Radford ,
mais que je n'ai toujours pas visionné à ce jour.


traduction dessous la mousse de Jean-Paul Damaggio



08 août 2008

On slame, on zoût!


Ça y est : la 2e ronde de la demi-finale montréalaise 2008 se tiendra ce lundi, 11 zoût, au O Patro Vys, 356 Mont-Royal Est,
mettant dans la gueule du slam :

Carl Bessette, Isabelle Saint-Pierre, Lexie, Marie-Paule Grimaldi, Pierre Boudreau, Daniel Dubé, Mario Cholette et Queen Ka.

Le DJ régulier au Tofu est Paolo, et la soirée est animée par Ivy qui se transforme en maître de cérémonie remarquable, efficace, sensible et enraciné.

J'ai souventes fois eu la chance d'échanger avec la plupart des combattants en liste, poètes et conteurs, faiseurs de fresques langagières; chacun, chacune apporte sa couleur, son brin d'herbe, son «ghut» (A pass through a mountain), son spirit manitou... Tout cela dégage un beau coin du ciel de l'imaginaire.

Je suis certain qu'au bout de la soirée, c'est la poésie qui l'emportera.

Cette fois, je crois bien, j'espère que rien à l'agenda ne m'empêchera d'y aller.

Crédit photo : Danièle Bérard . On reconnait le scintillant Mathieu Lippé, l'un des quatre finalistes de la 1ère ronde.


Prière pour, avec Félix


PRIÈRE BOHÉMIENNE


À tous les Bohémiens, les Bohémiens de ma rue
Qui sont pas musiciens, ni comédiens, ni clowns
Ni danseurs ni chanteurs ni voyageurs ni rien
Qui vont chaque matin, bravement, proprement,
Dans leur petit manteau
Sous leur petit chapeau,
Gagner en employés le pain quotidien;
Qui sourient aux voisins
Sans en avoir envie,
Qui ont pris le parti d'espérer
Sans jamais voir de l'or dans l'aube ou dans leur poche,
Ces braves Bohémiens, sans roulotte ni chien,
Silencieux fonctionnaires aux yeux fatigués.

J'apporte les hommages émus,
Les espoirs des villes inconnues,
L'entrée au paradis perdu
Par des continents jamais vus;
Ce sont eux qui sont les plus forts
Qui emportent tout dans la mort.

Devant ces Bohémiens, ces Bohémiens de ma rue
Qui n'ont plus que la nuit pour partir
Sur les navires bleus de leur jeunesse enfuie.
Glorieux oubliés
Talents abandonnés
Comme des sacs tombés au bord des grands chemins.

Qui se lèvent le main
Cruellement heureux d'avoir à traverser
Des journées
Ensoleillées, usées,
Où rien n'arrivera que d'autres embarras,
Que d'autres déceptions,
Tout au long des saisons,
J'ai le chapeau bas à la main
Devant mes frères Bohémiens.

- Félix Leclerc

07 août 2008

Prunelle collée dans la tête

Je l'ai dit à Bonjour Brumaire dont au moins un de la gang est venu sur Train de nuit, et je le redis : J'ADORE cette chanson. C'est celle qu'il me faut en ce moment... Je joue par-dessus de l'harmonica en A, comme un déchaîné! «Ni les cheveux blancs, ni les chaînes n'auront raison...»

«Hey Jack, comment vas-tu?
Merci encore et effectivement l'harmonica se mêlerait bien avec Prunelle....»

Ode à Lavoisier. Super bon les gars et la fille de BB!

Bonjour Brumaire - Prunelle

06 août 2008

Les vélorutionnaires

Rien de plus banal, je le sais, qu'une balade en vélo.
Mais loin dans SA campagne, en compagnie d'un grand ami, c'est agréablement mémorable.






















Auto-Photo : Marc-André Delorme (à droite) , Béthanie, juillet 2008.

05 août 2008

04 août 2008

Le jour où la pluie ne viendra pas

Je ne peux pas m'en empêcher :
à .

Il pleut, c'est grisonnant
J'ouvre la radio et Piaf!
Mon Dieu. Non. C'est Catherine
qui ne s'esclaffe pas

Et voici d'autres mots qui coulent
abondamment
dans nos réserves

http://fr.youtube.com/watch?v=L090ldiVfBk&feature=related


Plus loin, en noir et blanc
on ne le voit pas
mais ce sera Demain Zigzag
au-delà de la dam
avec plans et voeux de nègres
en filigrane,
un espoir de tam-tams,
une espèce de couleur
pour le creux de nos mains

Ses doigts posés sur le piano
seront comme une brad
de stupéfiants millénaires,
douce pluie qui s'infiltre
sous la porte des vers
de toutes les chambres
de l'Hôtel des Poètes,
en Aix-En-Provence

Au bout de notre âge
nous aurons pastiché
tous les murs du mois de mai,
nous sortirons ensemble

Par la fenêtre, côté jardin, on aperçoit
une fontaine, puis une fille,
un écriteau posé pieds nus dans l'aube;
le pluie cesse à ce moment précis;
je vois son épaule frêle
et c'est le clair à lire comme arc-en-ciel
dans notre cher Complot du matin,
fidèle ami, Arthur mon ami de certitude,
laisse-nous chuchoter l'invisible :

«Nous partirons seuls, loin
Pendant que nos parents dorment
Nous prendrons le chemin
Nous prendrons notre enfance
Un peu d'eau et de pain
Et beaucoup d'espérance.»

- Félix Leclerc

Nous partirons dans la joie
avec celle qui danse,
portant radios dans nos bras
comme cerfs-volants de remembrance.
________________________________

Radiohead - Exit Music

«Wake... from your sleep
The drying of your tears
Today.. we escape
We escape.

Pack and get dressed
Before your father hears us
Before.. all hell.. breaks loose.

Breathe... keep breathing
Don't lose.. your nerve.
Breathe... keep breathing
I can't do this.. alone.

Sing us a song
A song to keep us warm
There's such a chill
Such a CHILL.

You can laugh
A spineless laugh
We hope your rules and wisdom choke you
Now we are one
In everlasting peace

We hope that you choke.. that you choke
We hope that you choke.. that you choke
We hope that you choke.. that you choke»





03 août 2008

Les folies sont finies

Pour une fois, j'aurai goûté un peu aux FrancoFolies qui s'achèvent cette nuit. En sus de Mutantès, voici quelques notes de parcours.

Vu : Philippe B. le taxidermiste, qui est dans mon radar depuis deux ou trois ans. Il fait partie de la bande à Pierre Lapointe, cet essaim de créateurs qui lancent en parallèle leurs propre filets. J'aime la simplicité et la véracité de ce chansonnier-musicien hors pair, oui très capable de vous payer la traite à la guitare. On dirait un chum qui raconte ses histoires de voyage, d'amour... Aucune dissonance entre le gars à barniques sur la scène et celui qu'on imagine dans la vie réelle. À la fois très américain au sens pluriel du terme, au sens de la route dans le corps et des conifères mur à mur, troubadour descendu de l'Abitibi et aimant retrouver la ville, la radio qui capte «la voix des animaux d'Amérique», mais en même temps très préoccupé par l'univers, la chute des corps, le chant des planètes... J'ai nommé Philippe Bergeron qui n'écrit pas ses chansons en vers, mais en tirets, je n'ai jamais vu cela nulle part. J'adore sa Chelsea mon
amour : «Je marche et toi tu cours - Je dors et toi tu rêves - Et on s'aime chacun son tour». Mais la plus belle à mon avis, c'est Les prisonniers du lac Dufault, un bijou suave qui se trouve sur son premier CD.

Photo : jd.

Vu : Yves Desrosiers. Le tricoté intense avec ses Chansons indociles. Je suis très content d'avoir assisté à «son tour de chant». Je l'avais vu déjà dans un court extrait au Lion d'Or avec Mon oncl' Serge : les deux avaient littéralement allumé les planches. L'homme derrière Lhasa et Kanasuta, le collaborateur de Leloup et j'en passe, est l'un des meilleurs guitaristes en ville. Son univers est dramatique avec des roches dans les souliers et des tessons de bouteilles fantômes sur le bord de la route, mais avec par-dessus tout cela une écriture poignante qui éclaire dans la nuit. Ce qui rend particulièrement efficace les protest song russes qu'il reprend de Vladimir Vissotski. Mais «peut-être demain sera le plus fort, ne parlons plus, cachons-nous dans les ports... peut-être demain respirera les chagrins», chante-t-il dans la magnifique intitulée Les métaux noirs. Dans ses inflexions (cf. Circus), la voix emprunte à la fois à Renaud (en plus juste) et à Pierre Flyn pour l'insistance dans les fins de phrases. Ses mélodies sont riches et font de la place au contenu poétique des chansons. Entre autres, l'as accordéonniste Dumoutier l'accompagne. Parmi le public, non loin de moi, se trouvaient deux jeunes hommes d'environ 20 ans, des jumeaux identiques, en pantacourts gris, t-shirt blancs, tous deux les cheveux longs attachés en queue de cheval... Ces deux frères étaient splendidement souriant malgré les gouttelettes de pluie et en constante bonne entente entre eux. Ça se voyait. Mais le plus remarquable est qu'ils chantaient les paroles de plusieurs des chansons de Desrosiers. Cela démontre que Desrosiers peut compter sur un public prêt à le suivre.


Entrevu : Bonjour Brumaire; j'ai aimé sans comprendre la chanson L'insouciance ne s'improvise pas inspirée par Pierre Lapointe. Toutefois, Prunelle est plus indie et incendie.

Entrevu : Danny Placard; j'ai aimé le style direct et rugueux des chansons qui atterrissent tout de go dans l'âme.

Entraperçu : Dumas, au sortir du spectacle de Pierre Lapointe; j'ai entendu les deux dernières tounes très hip de son spectacle aux guitares survoltées.