03 août 2008

Les folies sont finies

Pour une fois, j'aurai goûté un peu aux FrancoFolies qui s'achèvent cette nuit. En sus de Mutantès, voici quelques notes de parcours.

Vu : Philippe B. le taxidermiste, qui est dans mon radar depuis deux ou trois ans. Il fait partie de la bande à Pierre Lapointe, cet essaim de créateurs qui lancent en parallèle leurs propre filets. J'aime la simplicité et la véracité de ce chansonnier-musicien hors pair, oui très capable de vous payer la traite à la guitare. On dirait un chum qui raconte ses histoires de voyage, d'amour... Aucune dissonance entre le gars à barniques sur la scène et celui qu'on imagine dans la vie réelle. À la fois très américain au sens pluriel du terme, au sens de la route dans le corps et des conifères mur à mur, troubadour descendu de l'Abitibi et aimant retrouver la ville, la radio qui capte «la voix des animaux d'Amérique», mais en même temps très préoccupé par l'univers, la chute des corps, le chant des planètes... J'ai nommé Philippe Bergeron qui n'écrit pas ses chansons en vers, mais en tirets, je n'ai jamais vu cela nulle part. J'adore sa Chelsea mon
amour : «Je marche et toi tu cours - Je dors et toi tu rêves - Et on s'aime chacun son tour». Mais la plus belle à mon avis, c'est Les prisonniers du lac Dufault, un bijou suave qui se trouve sur son premier CD.

Photo : jd.

Vu : Yves Desrosiers. Le tricoté intense avec ses Chansons indociles. Je suis très content d'avoir assisté à «son tour de chant». Je l'avais vu déjà dans un court extrait au Lion d'Or avec Mon oncl' Serge : les deux avaient littéralement allumé les planches. L'homme derrière Lhasa et Kanasuta, le collaborateur de Leloup et j'en passe, est l'un des meilleurs guitaristes en ville. Son univers est dramatique avec des roches dans les souliers et des tessons de bouteilles fantômes sur le bord de la route, mais avec par-dessus tout cela une écriture poignante qui éclaire dans la nuit. Ce qui rend particulièrement efficace les protest song russes qu'il reprend de Vladimir Vissotski. Mais «peut-être demain sera le plus fort, ne parlons plus, cachons-nous dans les ports... peut-être demain respirera les chagrins», chante-t-il dans la magnifique intitulée Les métaux noirs. Dans ses inflexions (cf. Circus), la voix emprunte à la fois à Renaud (en plus juste) et à Pierre Flyn pour l'insistance dans les fins de phrases. Ses mélodies sont riches et font de la place au contenu poétique des chansons. Entre autres, l'as accordéonniste Dumoutier l'accompagne. Parmi le public, non loin de moi, se trouvaient deux jeunes hommes d'environ 20 ans, des jumeaux identiques, en pantacourts gris, t-shirt blancs, tous deux les cheveux longs attachés en queue de cheval... Ces deux frères étaient splendidement souriant malgré les gouttelettes de pluie et en constante bonne entente entre eux. Ça se voyait. Mais le plus remarquable est qu'ils chantaient les paroles de plusieurs des chansons de Desrosiers. Cela démontre que Desrosiers peut compter sur un public prêt à le suivre.


Entrevu : Bonjour Brumaire; j'ai aimé sans comprendre la chanson L'insouciance ne s'improvise pas inspirée par Pierre Lapointe. Toutefois, Prunelle est plus indie et incendie.

Entrevu : Danny Placard; j'ai aimé le style direct et rugueux des chansons qui atterrissent tout de go dans l'âme.

Entraperçu : Dumas, au sortir du spectacle de Pierre Lapointe; j'ai entendu les deux dernières tounes très hip de son spectacle aux guitares survoltées.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

FlynN ;-), Dumas, Philippe B., Desrosiers, Lapointe, etc, tout un tour de chant que vous avez fait là, mais y'a tellement de talent par ici que c'est presque devenu facile d'en découvrir des nouveaux. Et votre tour, celui-là lu un étage plus bas: il est encore accroché aux étoiles braconnières de la Nuit blanche et tranquille. Merci pour autant de lumière dans le noir filant.

elquidam

Jack a dit...

Toujours la bienvenue, elquidam.