11 septembre 2017

Réjean Ducharme en vitrine

La vie a Ducharme, un continent en vitrine à la librairie Gallimard, boul. Saint-Laurent à Montréal.

Photo J. Desmarais. Ducharme tout craché, Montréal, 10 septembre 2017.

Georges Leroux, entretiens d'un philosophe engagé

Événement majeur en philosophie québécoise : le lancement en ce dimanche 10 septembre à la Librairie Gallimard de Montréal de Georges Leroux, entretiens, parus chez Boréal. Ces entretiens sont conduits par les bons soins de Christian Nadeau, professeur de philosophie à l'Université de Montréal. 

Photo Jacques Desmarais.
Georges Leroux a enseigné la philosophie à l'Université du Québec à Montréal pendant 40 ans. Parmi les idées phares qui l'animent, sur le plan personnel aussi bien que celui du professeur qui transmet, se trouve l'idéal du scholar, tel que défini notamment au coeur du projet de Richard Rorty, soit « construire et s'élever ». 

 Parlant des étudiants qu'il a côtoyés au cours de toutes ces années, il dit : « J'ai rencontré à l'UQAM toutes les catégories d'étudiants, des plus démunis aux plus nantis, des plus conservateurs aux plus militants. Les projets intellectuels de chacun diffèrent sur beaucoup d'aspects, mais deux choses réunissent tous les étudiants de philosophie : une passion commune pour leur tradition et un souci de la justice. Tous ne souhaitent pas s'engager dans une recherche érudite, mais tous souhaitent s'intégrer dans cette longue histoire qui commence avec Socrate et conduit jusqu'à eux. Comme nous avant eux, ils n'ont qu'un souhait, grimper sur les épaules des géants qui les ont précédés! Or cette histoire est d'abord une histoire au service de la vérité, de la justice, du bien. » (P. 202). 

 Cette référence aux géants est très vive à mon esprit; Georges s'en servait en classe, et sans doute pour atténuer l'effet du transfert, ici fondamentalement amical, mais impressionnant, il disait (je le note de mémoire) : n'hésitez pas à monter sur les épaules des géants quitte à vous débarrasser de l'échelle derrière vous. 

 Pour être plus clair et plus libre, on notera d'entrée de jeu de ces précieux entretiens une citation en exergue de Jean de Salisbury : « Bernard de Chartres affirmait que nous sommes comme des nains juchés sur les épaules des géants, et que si nous pouvons voir plus de choses qu'eux, et plus éloignées, ce n'est pas en raison de l'acuité de notre vue [...], mais bien parce que nous sommes hissés par eux sur des hauteurs et soulevés par la grandeur de ces géants. » 

Bien que la philosophie au Québec ne soit pas une référence première de la culture et que son dynamisme, malgré tout, puisse achaler les « bien pensants » ou les orgueilleux ignorants (la philo est la première discipline que les régimes dictatoriaux proscrivent, rappelle Leroux), il se trouve parmi nous des géants que l'on aime et qui continuent à « nous apprendre ». C'est ce que je tenais à dire de vive voix à Georges Leroux hier après-midi. Tout cela est si vivant!


Le boom de l'agriculture bio au Québec

En attendant la sortie en salle du film de Marc Séguin sur l'entortillement des jeunes agriculteurs québécois pris dans le corset organisationnel des grosses fermes industrialisées, voici un très bon topo de RFI sur la révolution en cours en agriculture maraîchère bio aux quatre coins du Quebec.

Ah! Si j'avions 30 ans! Ou même 45!

http://www.rfi.fr/emission/20170909-le-boom-bio-quebec

Hochelaga, vu par Odile Tremblay

Bien hâte de voir le film de François Girard (Le violon rouge) sur le Montréal des âmes resoudées.

http://www.ledevoir.com/culture/cinema/507669/hochelaga-au-tiff?utm_campaign=Autopost&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#link_time=1505079643

09 septembre 2017

Prière de tout publier! J'veux de l'amour!

Anneaux Nîmes, c'est ainsi que j'ai baptisé l'inconnue discrète qui fidèlement, depuis des lunes, laisse sur Train de nuit, autour de mes humbles petites marques et graphes divers, les mots les plus touchants. Je ne l'a connais pas autrement. 

Ces derniers mois, ses retentissements se sont faits plus rares et me font entendre des impossibilités de santé qui ne sont pas sans m'attrister. Et puis, sa discrétion spontanée d'introvertie est désormais accompagnée d'une prière, d'un impératif : ne pas publier. Les commentaires de sa main s'accumulent donc en coulisse. 

J'ai souvent bien envie de ne pas obtempérer tant ces tournures drues de douces urgences me vont droit au coeur.

Par crainte de faire de la peine, j'écoute cependant. Je me permets toutefois aujourd'hui de paraphraser juste deux petits traits de sa missive la plus récente en date du 25 août 2017. Car au fil du fin fond, il est question du courant humain qui passe — malgré tout — à travers les mailles d'un presque rien de virtualité. Exprimer, imprimer, ça compte à mes yeux de petit artisan. Mais avoir du répondant, ça, c'est enfin sortir de soi et viser l'essentiel de ces passages qui, à défaut de l'aviron, nous mènent (parfois) en haut.

Une autre mention m'a frappé, a fait remonter à la mémoire des écrits et des histoires louisianaises de vive voix de l'ami Jean-Paul Damaggio : elle cite, en effet,une phrase du batteur Bernard Lubat lue dans Libération : « il nous faut une démocratie contributive loin de cette démocratie démagogique ».

Bien entendu, c'est à suivre. 

Et enfin, de quelque manière que ce soit, chère A. Nîmes, merci de me donner des nouvelles! 

***

J'veux de l'amour, paroles de Réjean Ducharme.

Le Grand Carillonneur, bis


Se cacher. Oublier. Ou prendre le maquis de «sad». Je ne saurais pas remettre en son juste contexte et en ses mots mêmes un tout petit grain de phrase qui m’avait interpellé, prononcé un soir en classe, presque silencieusement, par Michaël La Chance, à savoir que nous avons le don, sans doute inconsciemment, de se ménager du jaillissement pour plus tard. Ce n’est même pas au cas où, par prudence ou avarice sur les jambes, mais d’aventure, l’on se surprendra à retomber avec joie sur le disparu. C’est banal tout cela. Comme le dit Chalendon, ça dépend ce que l’on fait avec. Les amis qui ne s’usent pas, qui sonnent de temps en temps à votre mémoire, jouent à cet égard de beaux petits tours. Par les bons soins de l’indomptable archiviste Jean-Paul Damaggio, je suis heureux ce matin de repasser par le Grand Carillonneur.

05 septembre 2017

Vivre de feuille en feuille

Il y a des matins plus cosmiques que d'autres. C'est juste comique. Il m'arrive de regarder dehors aussitôt sur pied, de traverser la porte de la véranda dont il ne reste que le plancher, de regarder simplement le jour, et parfois, ce faisant, il me revient en pensée le bonjour matinal que le Père Lacroix se disait en lui-même à chaque réveil, heureux deo, oui rodéo d'avoir devant soi une nouvelle brassée de lumière. C'était exactement comme ça ce matin. Et voici que là-dessus un pic mineur est venu une seconde et quart battre de l'aile sur le bord du mur de brique. Veut, veut pas, pas de quoi à s'escorer, mais c'est magique pareil! 
Puis, café, etc. J'ai vu, c'est rare ça, un message de Jean-Marc La Frenière demandant de le joindre au téléphone. On vient de se lâcher. Ce n'était pas du tout une mauvaise nouvelle. Il m'invite à son super lancement de L'Âme (si j'ai bien noté) dans ses Bois-Francs, incluant des chansons de lui mises en forme par Loulou, une projection d'un film sur Anne Hébert de Michel Langlois... Bref, la Fête. Il aurait souhaité que je m'exécute à la ruine-babines. Crime! Je ne pourrai pas être là le 13 octobre. 
 Merci Jean-Marc de toutes ces bonnes nouvelles qui font ma journée. 
 C'est c'te gars qui dit : " j'apprends à vivre de feuille à feuille " Il dit aussi, il passe son temps à redire que " Rien ne meurt vraiment. "
-  Jean-Marc La Frenière, L'utérus des étoiles, FB, 14 août 2017.

Photo JD.