30 septembre 2007

Dans les pommes






Sûr que c'est un tendre pays rayé de rouge,
de rosacées fruitières avec ses promesses
de gelées croqueuses de souvenirs d'abeilles lointaines
avec des monts de Cortland,
de McIntosh, de Lobo ensoleillées,
de Paulared instantanées

Puis il y a ce cœur de vieux sylvestre
sous les feuilles un brin sauvage
s du pommier
et encore la chair juteuse
de tes jolis yeux songeurs
dans mon verger si bref...


Photo : jd, Rougemont, 30/09/07

29 septembre 2007

Déterrer hash de naguère pour faire face à la vieille musique de demain

«On me croyait mort
mais je fumais du silence.
Charcoal, Charcoal.»
-Richard Desjardins

D'accord, mes racines dans le comté de St-Yaya-de-Bagosse (Béthanie s'y trouve) sont si profondes qu'elles réagissent deux semaines en retard à la partielle ousque le zappartiste V comme Vanasse s'est fait aller le gorgoton et les hormones néo-rhinocéroses, lui qui avait déjà la langue bien pendue dans les eaux brûlantes et purinées de la rivière Yamaska.

Je me reprends donc! Pour la générale fédérale et proverbiale qui s'en vient à grands pas de loups et de bottes où l'on nous serinera que les Réformistes sur le party ont «livré la marchandise»! Dixit Mme Vers Nerf, le Beauceron libertarien, Fort Tillez, le commis de la haute et autres burinés de l'automobile personnelle payée par le peuple mais enfin remise entre les mains de l'entreprise privée de tout, tout cela pour le plus grand bien-être du plus grand nombre le premier de chaque mois sur le calendrier de Toto-Québec...

Je me reprends avec en prime un message du grand Gourdin de la folle politiquincaillerie, j'ai nommé, non, je m'en vais le faire, celui qui est comme le grand prix Con Gourd des cabarets poétiques du Mourial qui n'existe pas, Monsieur tout cru Franc Siouois Gourd lui-même, en vers et pour tout le monde.

Je fais exprès d'en parler maintenant. C'est pour contrecarrer ce que j'ai entendu 20 fois à la radio aujourd'hui et ça me fout le cafard de la grande ligne Des Cantons-Hertel : le Collet Roulé, alias Bon Papa Caillé, vient de se brancher le reste du power en bas, à droite, à droite droite, très très bas comme on dirait ô port tuniste, au chaud sous les urnes appréhendées du grand séducteur réducteur autonomiste personnel et social, celui qui aimerait voir sa stature au parlement à l'égal de Robert mais qui pourrait bien se retrouver dans l'ombre de Maurice, hein, lui qui va tout rafler, les têteux de pouvoir et les miettes qui comptent, les Chats qui callent, même Tit-Jean Garon comme devant, le ministre en tiques du zonage agricole, même le vote des ronfleux... Pas de progrès, pas d'avancement! Pas d'avancement, pas de Friends Froutte dans le Charcoal!

Électeurs, Électrices, Électricité...

Je suis certain que Monsieur Lulu, ça lui démange la broue dans le toupet en titi. Il ne fera jamais le sot en sous-fifre à l'ABCDQ, mais viande à chien lucide que ça doit lui tenter! Il est sans doute à relire Jos Connaissant de Montréal Mort, un quartier innocent de VLB.

Mais qu'ils sautent donc tous dans le pacage pentu de Mario Dumont les beaux villons de droite de la province de Québec dont plusieurs sortent leurs beaux dollars de soie actuellement! Un régime d'au moins 15 ans est envisagé. Pavez, pavez, il restera toujours des bouts de chemin à promettre...

Mario Dumont, premier sinistre du Québec, 2008-2023.

Tabarnak! Laissons pas faire ça nous autres!

En guise d'antidote légère, je suggère aussi de ré-écouter (si cela se peut) L'autre midi à la table d'à côté à Radio-can, l'émission d'aujourd'hui, avec Raoul Duguay et Biz. Écœurant!

Sur le plan artistique, les Loco ne referont jamais plus un «Libérez-nous des libéraux» (dont le modèle était «La Bitt à Tibi») à la sauce de «Libérez-nous des Cons Serves». N'empêche que ça serait dû, autrement, ailleurs, partout ce genre de petites torches allumées ici et là dans ce valeureux et si cher Canada!

Parfois la poésie prend par surprise comme l'exergue du dernier roman de Christian Mistral.

Voilà! Comme disent les Français.

Vas-y pas t'en guerre, cher François!

Et vous, cher petit Christ, ne rongez pas trop votre cheval car la grande bataille reviendra au gallup dès que les sondages de ceux qui opinent du chef auront été compostés par les zamis du parti.

«(...) Il y aura peut-être un rendez-vous électoral bientôt
et vous les sorcières, les elfes, les magiciennes, les adeptes de l'amour
et de la tendresse,
vous êtes encore invitées à joindre vos esprits à cette tentative de
prendre la parole
afin de faire entendre aux autres alliés naturels qu'un nouveau réseau se
tisse.

Les bouffons du maquis lancent dans l'air la mélodie rassembleuse.
Les idiots du village planétaire veulent le retour du sourire sur les
photos de passeports.

Si nous laissons toute la voie libre aux marchands de canons,
nous laissons piétiner ces jardins que nous avons bâti chacun de notre
coté.
Nous avons cru et nous croyons encore à la possibilité d'un monde
meilleur.
Si nous laissons les forces noires occuper tout le terrain,
chacun des petits cercles magiques pourra être détruit car isolé, donc
plus fragile.

Les seuls discours présents sont de chiffre et de profits,
tandis qu'on saccage la nature et qu'on dénature les humains.

Plein de gros colons sans culture et sans coeur
prennent possession de tout, de l'eau, de la terre, de l\'air.

Trouvez parmi vos amis des gens pour prendre la parole et la répandre.

Avec presque rien,
deux candidats neorhino ont pu faire entendre leur voix dans les grands
réseaux officiels,
plein de gens nous ont remerciés et se sont reconnus dans notre petite
tentative.

Nous voulons abolir le budget militaire
et le transférer à la culture, à la santé et à l'éducation.

Juste cela devrait être suffisant pour nous unir.

Vous possédez des clés que nous n'avons pas
et nous avons la grande folie de vouloir ouvrir plein de portes.

Le grand jeu que nous proposons sera une occasion merveilleuse
de faire entendre nos cœurs à l'univers tout entier.

Alors mes bonnes amies, voulez vous danser avec nous,
voulez-vous chanter avec nous, voulez-vous jouer avec nous???»

Fousoi Gourd, foulosophe, niaisologue, apprenti décepteur,
coyotte, guerrier pacifique et cousin éloigné de Mulla Nasrudin


(Et j'ajouterais libre libre libre comme une chambre à air sans bile omnibus)


28 septembre 2007

Vendredi Soir dans l'Est



Arrivé dégoulinant du boulot trop tard pour le ciné
Arrivé trop mort pour nadiner au Quai des des brumes.
Alors, je mange des beignes,
je bois du thé, j'écoute du blues, 
je pépite tranquille dans la mondanité de l'Est de Montréal,
je me frotte les pieds avec de l'antistatique...
Rien à faire, je ne bougerai pas de la veillée.
J'ai fait un lavage de délicat (mes chemises!)
Ma fille rigole au salon
devant la tivi
j'ai voté sur internet pour mes zartistes favoris
les interprètes de l'année qui sont quasiment tous des auteurs-compositeurs-interprètes! Et bien sûr, ça va être Lapointe de bord en bord. Alors, je n'ai pas voté pour lui parce que c'est flagrant que c'est le roi en ce moment, que tout le monde va se garrocher sur lui. 
Reçu un courriel de Martimots qui fait un show avec ses foutus de bons musiciens.
Reçu un communiqué de Séba qui annonce le lancement du CD de Gatineau le 23 octobre.
Charles m'écrit automatiquement qu'il m'a amicalisé la face dans son Facebook.
J'ai nourri Patch avec un restant de poulet, et ça, c'est le bonheur à poil long sur quatre pattes.
Lavé la cuvette. Ça va être fait pour demain.
Pensé à ma voisine sortant de chez elle ce matin avec son sac de vidanges et à qui j'ai dit : dépêchez-vous, le camion est arrivé! Clap! clap! clap! clap! clap! font les petits talons hauts en accéléré sur le pavé...
Téléphoné à Sylvain, mon comparse de Train de nuit jadis format radio,
pour l'avertir d'une job qui est taillée sur mesure pour lui...
Avons parlé de Rudi Caya, d'Axel Fish, de Ivy,
de Gatineau, de Mathieu Lippé,
de Nadine Samuel, de slam
du cinéma Beaubien
où j'ai raté le lancement d’ Un cri au bonheur,
avons parlé de Soie qu'il ira voir ce soir à la séance de 21 h
au cinéma Beaubien justement,
parlé de Baricco,
raconté l'anecdote de Garba et Richard,
deux collègues en détachement pour faire des projets de coopération
et qui se sont retrouvés par hasard à Kigali
où se tenait un festival de cinéma
et sans savoir ce qui était à l'affiche,
ils ont vu Un dimanche à Kigali
à Kigali!
On a parlé de Roy Dupuis, de Picard
de la ville de Montréal qui est en manque
de techniciens du bâtiment
on a parlé de chicanes sur les chantiers de construction
Là, j'ai dit à Sylvain, excuse-moi un instant...
— Noé?
— Quoi?
— Veux-tu aller voir la soupe sur le poêle, il m'semble que ça sent pas mal!..
[...]
Bon, excuse-moi.
C'est correct.
Oui...
On est revenu dans notre talle habituelle.
On a parlé de Michel Dubeault, de la blonde de Michel,
de Dominique Tremblay, de la blonde de Dominique,
d'Adrien Gagnon, de Robert Charlebois, de Dolorès...

Bon. Je ne sais pas si j'en oublie.
On s'est parlé même pas 15 minutes.
On n'est pas si mémère que ça!


27 septembre 2007

Un cri au bonheur



J'aime la poésie. Si ce n'était pas le cas, ce bloque n'existerait pas ou serait tout autre, comme le serait sans doute aussi une partie de ma vie depuis l'âge de 18 ans.

C'est au Cégep, en effet, par les bons soins d'Émile Roberge, mon professeur de poésie, que me sont parvenus en pleine face les poèmes de la Nuit de la poésie (théâtre Gesù, le 27 mars 1970). Ce fut pour moi la révélation que la parole pouvait transcender la parole banale, enfermée, encrassée, gênée. Mise en scène de «l'or alité» qui galope naturellement en joual, proclamation démontrant la force effrontée du langage, sa séduction déclamatoire, son pouvoir de fracasser l'indignation, de multiplier l'émotion et les lumières. Je ne me le disais pas en ces termes-là, mais j'ai clairement éprouvé une joie profonde à l'écoute des poètes d'ici. Avant cette magistrale «leçon» de poésie, je n'aurais jamais imaginé que cela fut possible.

Trop jeune ou trop loin de Montréal pour y avoir participé en chair et en os, c'est par le cinéma (O.N.F., J. C. Labrecque/ Jean-Pierre Masse) que sont venus à moi ces Gauvreau, Lalonde, Duguay, Miron, Garneau, D'or, Godin, Julien, Lévesque...

C'est réjouissant de constater que l'alliage cinéma-poésie se poursuit de temps à autre. On lancera demain, le 28 septembre, au cinéma Beaubien et au cinéma Parallèle de L'Ex-Centris, Un cri au bonheur, collectif de 11 cinéastes (dont Michel Brault) qui ont transposé à l'écran 21 poèmes sur le thème du bonheur, entre autres ceux de Danny Plourde, Claude Beausoleil, André Roy, Pierre Morency...

Ça va sans doute faire mon bonheur.

26 septembre 2007

Ça riopelle dans le ciel!

Leur sang doit bien bouillir par le temps extraordinairement chaud qu'il fait en ce moment. Néanmoins, elles cacardent dans le ciel les outardes au beau nom de Bernaches du Canada. Elles s'appareillent comme de coutume. Je n'ai pas encore vu leurs volières fendre l'espace vers le sud. Ça fait quand même deux soirées qu'elles m'arrachent l'oreille. Il n'y a pas complainte d'échardes plus rugueuse et plus belle au monde que cet encouragement de la palmure au voyage en grand V irrégulier. Ça rit avec des grosses pelles en couleur, ka-lunk, ka-lunk dans le ciel montréalais. Présage. Demain, l'hiver...


N.B. : L'an dernier, ça retournait la nuit dès le 20/09/06

Qui dort Nadine...



Au Quai des Brumes, nous avons nos assises : des personnages de Superk qui jazzent et fument et projettent des plans d'amour et longent les murs lambrissés, un chien jaune qui donne la patte et pleure lorsque vous pleurez, puis il y a Nadine Samuel, peintre et chanteuse, à l'affiche cette semaine...

25 septembre 2007

Réponse à Linge sale



«… des vêtements ! Le symbole que je fus. Le symbole contre les regards. Et j’avainçais parmi les éternités diverses. Les moins chères comme les autres.»
- Orlando

Cache misère

Avant que je ne change d'idée comme de chemise,
avant que le bon roi Dagobert ne me fasse parler à l'envers,
avant de me boutonner en jaloux, puis de me mettre sur mon 36
avec mes guenilles rapiécées, patchées, pleines de trous,
de me tirer du jeu à quatre épingles, d'avoir mal à ma laine, d'avoir toujours la fringue gale
et l'obligation de me javelliser les plates coutures,
d'être mal culotté avec des pensées de poches percées,
avant d'avoir la braguette bâillante...
je veux dire que j'ai bien aimé enfiler ce paletot de mots qui est vôtre
et qui est comme un machinaw qui claque au vent, avec un casque,
une tuque attachée avec de la broche, évidemment,
qui fut jadis, c'est vrai, comme le puits de votre tête.
Mais qui donc aujourd'hui étendra son linge toutes voiles dehors
sur une corde raide traversant les igloos de l'éternité pressée?

«J'avais des habits taillés aux nuages
J'avais des cheveux comme des drapeaux
Et flottait au vent ma crinière sage
Or j'ai tout perdu, reste que la peau (...)»
- Léo Ferré




21 septembre 2007

Tous les vieux jazz sur le vif soliloquent


Je remonterais volontiers la filière prolifique de ce promeneur des rues de Montréal en parlant d'un essai antérieur :

GERBER, Alain, Portraits en jazz,
Renaudot et Cie, 1990.

Dans mes boules à mythes, il y a bien, en effet, quelques pages qui se gerboisent encore au pays du jazz entre le chiendent et les signes dans le ciel.

Ici, on trouve d'abord une belle préface de Gilles Anquetil qui fait claquer d'entrée de jeu la passion de vivre, d'écrire, de faire circuler les histoires de jazz.

Quand le jazz est là, la pensée ne s'en va pas... C'est là aussi le propos. Jazzmen et philosophes. C'est vide ou plein? Violet ou carreauté? Le populaire et le savant comme aiment à le pratiquer les Italiens? On pense aussi à ce qu'un Boris Vian a pu risquer si magnifiquement dans les années 50.

Aussi, traçant l'évolution de cette passion de jeunesse et des cavaliers dont Gerber est le héros, on voit bien que son parcours fut galvanisé par les débats des années 1965-1980 où l'on associât toutes les frénésies.

Le télescopage idéologico-esthétique dont il est question ici fut bien représenté à Montréal par un Bison Ravi qui chinait du am stram gram dans sa bouche de picoleux : Marx, Deleuze, Lacan avec Coltrane et nicotine extrême...

Puis Gerber se fait plus littéraire... Il a depuis 2001 entamé une série de romans-jazz (pas encore lus) avec Chet, Charlie et Lady Day qui passent eux-mêmes à l'état de personnages...

J'aime bien enfin quand il est dit que le jazz est une école de la complicité. Du coup, je retrouve Serge Truffaut qui, à l'aube du Festival International de Jazz de Montréal de 1992, écrivait à peu près ceci dans son Devoir natal : dans cette galère, il s'agit d'être complice.

Complices : n'ayons point peur de perpétrer!

19 septembre 2007

Victoire de Montréal au premier Grand Slam de la LISQ


Jean-Sébastien Larouche, slameur de l'année et Queen-Ka en 2e position

Photo Jacques Desmarais


Le Lion d'or des grands soirs brillait de tous ses lustres, hier, et c'était rempli pour le premier Grand Slam national opposant Québec et Montréal. La rencontre fut serrée et plusieurs étaient ravis de découvrir les slameurs de SlamCap, soit Fred Carrier, Hélène Matte, Renaud Pilotte, Pierre Dallaire et André Marceau (entraîneur).

Renaud Pilotte, un petit rigolo qui met de la phrase sur ses mots


Le Grand Slam, comme l'explique Ivy, poète et père du slam au Québec, «c’est l’événement le plus couru du monde du slam : il s’agit du festival annuel qui réunit les vainqueurs des slams réglementaires tenus dans l’année, sur un territoire donné. Actuellement, il n'existe que deux équipes dans la LIGUE QUÉBÉCOISE DE SLAM, organisme très efficace quoique tout nouveau que j'ai fondé pour encadrer les équipes (...). Pour le moment, seulement deux villes sont représentées : Québec (SlamCap) et Montréal (Slamontréal). Mais ici et là, on sent l'envie de faire de même à Trois-Rivières, notamment, en Outaouais et dans Charlevoix.»

En solo, la palme du grand slameur de l'année revient à l'excellent Jean-Sébastien Larouche, un maître-mots qui possède un crochet de gauche solide pour déjouer le temps de l'écriture et nous faire saisir en peinture le temps présent. Sébastien fera la tournée des médias, de plus en plus intéressés au slam, et il représentera le Québec à la prochaine coupe du monde de slam en France.

D'ailleurs, le bon bougre Pilote Le Hot de France était dans les parages de même que le fondateur mythique du slam, Marc Smith en personne qui a ouvert la soirée.

Amoureux de la poésie en son Chicago natal, l'idée du slam a germé dans l'esprit de Marc après qu'il se soit buté aux portes fermées de l'establishment littéraire. Pour lui, la poésie doit être vivante et populaire. C'est précisément ce mouvement ouvert que Ivy et son équipe ont réussi à enclencher au Québec. Je donne 9.9 !

Bravo!


Marc Smith et jd (photo Nina Louve

Tous les dimanches soir à 19h00, Marc est fidèle au Green Mill's de Chicago, berceau du slam, où il anime depuis des lunes les Uptown Poetry Slam.

Marc dans son «moulin vert » (photo in Art for God's sake )


Sieur Le Hot, de son côté, est considéré comme le principal défricheur-activiste du slam en France. Si Hot que ça lui brûle le bout des doigts... Poète sacrifié en début de seconde partie, Hot a fait claquer son Dieu est mort : « Pendant qu’la bite dans ma tête/ Pendant qu’la chatte dans ton cœur/ Font what mill’fois l’tour d’la planête/ Pour tenter de niquer l’âme sœur». Ce lascar brûle les planches du slam parisien depuis l'avant veille comme au Club Club de Pigalle dès 1995, plus tard aux Lucioles ou à Ménil'muche. Il est l'auteur de d'Amours, Poésies et Pâtes fraîches, Culture rapide et La mère Noël / Jihad sexuel (2004). Il est membre du comité exécutif de la Fédaration Française de Slam Poésie.


Pilote Le Hot et Jack. (Auto-photo Le Hot)













«La vedette du slam, c'est le public!» (Ivy)
Mi Amor et Nina Louve










Mark (So What), Ivy, Bernard Laverdure

Mathieu Arsenault, le romancier slameur traînant quelque part au rayon des jouets
(Photo : C. Marsan)










Renaud (3e position, ex-aequo avec Mathieu Arsenault) et la toujours belle Nina










Photos : jd

17 septembre 2007

Slamontréal : la finale 2006-2007!



Ça s'est passé au Lion d'Or hier soir devant un vrai public, un public de finale:
Queen-Ka, Jocelyn Thouin, Jean-Sébastien Larouche et Mathieu Arsenault sont les finalistes de la première saison slamontréal. Félicitations!

Une étoile à chacun venue des projections d’ATTIC VISUAL

Un petit montage photos est en préparation. On va se transporter au Lion d'Or petit à petit, le temps me manquant pour faire d'un trait. À +
**




Bertrand Laverdure, moyenneur de slams

Marie-Paule Grimaldi, éclairagiste et slameuse à ses heures (photo Charles Marsan au Patro Vys, le 11/04/0





Le public nombreux, plus nerveux qu'à l'habitude...











Lorraine Alarie, auteur-compositeur-interprète, nouvellement
comédienne : «Au slam, je suis comme en vacances»

Séba avant de monter sur scène avec le nouveau cd de Gatineau dans les poches...














René Robitaille,prof. de littérature au Collège de St-Jean




Un baiser pour apaiser le trac, Jocelyn?













Et maintemant, place aux slameurs qui ont travaillé fort dans les coins pour donner la claque à cette finalle!


















Séba... J'écoutais de si près son slam (chanté à la fin), que j'ai passé tout droit de la photo sur scène. Alors, je retourne au Patro Vys, le 15 janvier 2007, faisait fret et je tire le portrait suivant :

















Mario de son prénom, des slams en traîne sauvage


















Enfin, voici brièvement en chair et en os les finalistes slameurs à qui j'offre des fleurs de rimailles qui rameront, je l'espère, jusqu'à vos éblouissements les plus mérités...




Photos et mini-clip : jd

15 septembre 2007

Vers la pourriture automnale et le feu des génitoires



Prologue de La Raison gourmande, Philosophie du goût, de Michel Onfray (Bernard Grasset 1995).

J'adore l'entrée en matière qui est autobiographique :

«Mon père travaillait une pièce de terre dont son patron lui avait laissé la jouissance pour qu'il en fasse un potager à son usage. Le précédent avait été englouti dans je ne sais quel remembrement à la dimension de la surface allouée : tout avait disparu, arraché, pillé, ravagé, enfoui dans le fouillis d'une terre en friche. Racines et feuilles cuites, fanes et ramures brûlées par la pourriture automnale, tout retournait à la terre qui digérait les reliefs de fruits et de légumes. Béances d'humus, tour de glèbe, végétaux butés, la pièce me semblait retournée comme pour un immense cimetière. Et la pluie, encore et toujours la pluie normande qui pénètre jusqu'à la moelle.» (p. 13)

Par ailleurs, ce Onfray à la tête dure dit de bonnes choses au sujet de l'ivreté. Dans l'ivreté, dit-il, il y a «de quoi prendre des leçons de philosophie» car l'alcool est le travail de la mort, «la vie continuée par d'autres moyens.»

Dieu a inventé l'eau, le vin est un cadeau de l'homme.

On se souviendra que c'est le père Noé, le premier déménageur de tous les clans, qui est l'inventeur du vin.

Noé a inventé «(...) le moyen de se faire léger, de danser, de conjurer un peu de la douleur qui nous afflige.» (p.85)

Onfray ajoute : «La pratique du vin, et des autres breuvages magiques, comprend le goût pour la marge, la limite, la frange au-delà de laquelle on sait qu'il n'y a pas de retour." (p.86)


Photos : jd, jardin Béthanie 2007.

Tout à toué

Petite pose Ève Cournoyer. Dame que j'aime. J'y suis abonné. Surtout pour ses couleurs d'âmerindienne.

13 septembre 2007

Trintignant et son Renard à Montréal : « Un oiseau s'est jeté par la fenêtre »



Si les mots de Renard n'avaient pas été fins, je me serais ridé ce soir avec Trintignant, Jean-Louis Bérard, Hélène Fillière et Manuel Durand. Je me serais dérusé et serais devenu méchant dans le poulailler aux cent oreillers.

Dès les premiers répliques ou aphorismes plutôt, on se déride au contraire. Excepté peut-être les têtes blanches n'ayant jamais eu par la figure de second début. D'ailleurs, c'est ainsi : il s'en trouve des si vieux que « tout ce qui sort de leur bouche, ce sont des paroles historiques »!

La méchanceté naturaliste de Jules Renard est si drôle, en particulier envers les morts et ceux qui sont censés l'être, qu'on peut, en effet, mourir de rire.

Mettons que j'exagère. Car ce n'est pas ici de l'humour plié en deux qui vise le bas de la ceinture et le fond du tiroir-caisse. Ce sont des mots d'escrime qui en se déloussant par la fenêtre de l'esprit provoquent un rire qui ravigote entre les branches de l'absurdité.

En fait, bien avant le pied de la lettre volée de Freud, il me semble qu'on a ici un inconscient qui a établi un rapport avec le mot d'esprit.

On trouve aussi chez lui quelques traits de vaches bien vifs, des images de semeurs aux gestes augustes, quelques lunes aux poils de carotte qu'on fait mirer dans un seau pour ainsi n'avoir qu'à se pencher pour les ramasser.

*

Sans blague, c'est si drôle et cynique cette lecture de fin renard que je me demande bien comment le Jules de Juste pour frire a bien pu laisser échapper dans les mailles du petit FIL un si bon show.

Quelques traces de mémoire, pêle-mêle :
« Le cheval est le seul animal dans lequel on plante des clous ».
« Il a tellement de cheveux blancs, plus que tous ses cheveux. »
« Le fils de Verlaine ressemble-t-il à Rimbaud? »
« Vous avez la peau très blanche. — Oui, mais c'est très salissant ».
« Un borgne est un infirme qui n'a droit qu'à la moitié d'un chien ».
« On dit que l'argent ne fait pas le bonheur. Alors, rendez-le! »

Une pour Gilles Latulipe : Il y a deux ans que je n'ai pas parlé à ma femme.
— Pourquoi?
C'était pour ne pas l'interrompre. (Les guillemets sont de mise, mais je n'insiste pas).

Au demeurant : « N'importe quelle idée nous semble personnelle dès qu'on ne se rappelle plus à qui on l'a empruntée ».

Adaptation à la Pérusse : une fois c't'un gars qui arrive chez eux paqueté aux as. Tout tourne autour de lui. Il reste planté dans le salon. Après un moment, sa femme lui dit : Chéri, viens-tu au lit? Le gars répond : Oui! Oui!.. J'attends qu'il passe...

Une pour ma blonde : « Ronfler, c'est dormir à voix haute ».

Pour les étudiants de philo (s'il en reste) : «Que pensez-vous de Nietzsche? Il a trop de lettres dans son nom ».

***

Le spectacle « Le Journal de Jules Renard » avec Jean-Louis Trintignant créé au Petit Hébertot, à Paris, présenté en première nord-américaine dans le cadre du 13e Festival international de la littérature (FIL).

Du 12 au 16 septembre 2007 à la Cinquième Salle de la Place des Arts

12 septembre 2007

Ces chers Chigago boys!






Changement de registre. Je greffe au wagon de la pensée critique le brûlot incontournable de l'heure, voire la bombe lancée le 4 septembre dernier par Naomi Klein sous le titre The Shock Doctrine - The Rise of Disaster Capitalism (Knopf Canada).

De passage récemment à Montréal, l'auteur déclarait que son essai «ne fait que gratter la surface d'un immense fléau» (Le Devoir, 6/09/07), à savoir que les catastrophes naturelles, les guerres, les coups d'état, la déstabilisation politique et autres gentils petits fléaux s'abattant sur notre terre sont délibérément exploités «par des ''prédateurs capitalistes'' qui profitent de cette dislocation pour favoriser leur propre développement économique» (Lisa-Marie Gervais, Le Devoir, op. cit).

Cette thèse rejoint le bon sens populaire qui me faisait si peur quand j'étais petit : «L'économie va mal. Tu va voir! Ça va leur prendre une bonne guerre pour régler ça!» Naomi Klein me semble aussi proche des penseurs comme Michel Onfray (Politique du rebelle, 1997), pour n'en citer qu'un seul.

Cet essai original, espèce d'histoire parallèle du capitalisme contemporain, savonne notamment la pédagogie de l'école des illluminés de Chigago (années 1970) à laquelle appartenait de cœur avec ses deux couilles la très policée Margaret Thacher, des économistes chiliens travaillant pour Pinochet, des professeurs comme Milton Friedman, etc. C'est une pédagogie très simple puisque ces grands ducs du pouvoir appliquent rigoureusement les mêmes solutions du néo free market, peu importe les problèmes en cause. L'économisme néo-libéral dans ce qqu'il a de plus niaiseux. L'exemple de Katrina à la Nouvelle-Orléans est sidérant : au lendemain du désastre, les boys étaient prêts à privatiser les écoles par exemple, à foutre le bordel dans les droits des travailleurs, à faire en sorte que ce désastre soit une opportunité gagnante. Pour eux!

Mais plus avant encore, rapporte Le Devoir, Naomi Klein établit un lien direct «entre les expériences scientifiques de lavage de cerveaux menées dans les années 50 par l'États-Unien Ewen Cameron, psychiatre de l'université McGill, et les exactions qu'ont subies des prisonniers dans les prisons de Guantánamo et d'Abou Ghraïb. Le Dr Cameron avait été recruté par la CIA pour mener à Montréal des expériences jugées potentiellement trop dangereuses pour être effectuées sur des citoyens américains».

Je n'ai pas encore lu le livre mais j'ai vu le film (Klein/Cuoron) qui montre les archives, scènes d'électrochocs et de torture. Le filon suivi par Klein est sidérant. Selon le New York Times du 10/09/07, ce très bref document «...encapsulates the thesis of a new book of the same title by Ms. Klein: That unconstrained free-market policies go hand in hand with undemocratic political policies».

Oui, c'est effrayant!


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11 septembre 2007

André Major, écrivain majeur




En la belle Louisiane où j'ai demeuré en ma vingtième année, je me souviens bien des pics de plaisirs de lecture que j'éprouvais à fréquenter les Histoires de déserteurs. Plus tard, sans savoir qui pouvait être au coeur de ce travail radio magnifique, dans la suite si vivante des dimanches après-midi, interrompue niaiseusement par le mépris des incultes, de Littératures actuelles à Le Temps perdu, jusqu'aux Paysages littéraires, chacune des minutes possibles des paroles de branches fut hautement appréciée. Or je ne doute pas de la précision de la voix d'André Major qui propose désormais des Carnets taillés à la hache de l'air libre.

André Major, L'ESPRIT VAGABOND.
Carnets 1993-1994
Boréal, Montréal, 2007, 328 pages

Voir Entretien - André Major et la mutation de l'écriture de Christian Desmeules et mon commentaire paru dans Le Devoir du 8 et 9 septembre 2007

08 septembre 2007

Slam Paris, slam radio...

Bon, d'accord, le clip qui suit est confus, raboudiné, le son est pourri et tout ce qu'on voudra. Puis je n'ai aucun détail sur le lieu très hip, le Trabendo, où se déroule cette soirée slam dans la Ville Lumière en 2006. Mais pour l'ambiance, les slameurs qui grouillent, pour le Grand Corps Malade qui ouvre le bal... En passant, petite remarque épistolaire : mais quelle influence de ton et de diction il a ce Grand! Jusqu'ici, certains soirs, dans la bouche de quelques slameurs! Je veux bien les explorations guidées, les canaux de reconnaissance, la distinction par l'assimilation. N'empêche que ce genre d'homogénéisation de la poésie me turlupine (un peu) la trampoline de mes tympans. Vive les voix libres et personnelles comme celle de Cholette, pour ne donner qu'un exemple franc. On s'ennuierait si tout le monde roulait ses airs comme Jean Narrache. Voilà, comme disent les Français. C'est dit!






***

Parlant de Mario, il communique sur son blogue une nouvelle importante: à compter de ce soir, autour de 9h00, Macadam Tribus (SRC, 95,1 FM) ouvrira ses micros au slam en invitant chaque mois deux slameurs à «s'affronter» en ondes. À la suite de quoi les auditeurs pourront voter pour leur slam favori. Une finale aura lieu en juin 2008.

Les premiers à prendre le crachoir ce soir sont Mario Cholette et Mathieu Arsenault. Les slams pourront être écoutés par ailleurs sur le site web de radio-can.

Vraiment, une excellente nouvelle!





Photo : Mathieu, Mario, Ivy, site Macadam Tribus

06 septembre 2007

Slamontréal : fin des demi-finales




Misère à poil! Ma cambrousse m'avait tout bouffé dans la tête tant le farniente s'empaillait lentement sous un soleil de miel. C'est là que j'avais mis ma tête. Sur une grosse roche chaude. Pas loin d'un sauvageon de Duchesses croquantes!

Je suis revenu comme saoul, trop tard mardi soir passé pour gagner le Lion d'or où se tenait la seconde partie slam en demi-finale!

J'avais pourtant dit à Queen Ka : si, si, j'y serai. Elle était alors un tantinet inquiète la jolie comédienne puisqu'elle étrennerait deux textes tout neufs et se demandait l'diable s'ils tiendraient la route? «Je n'en doute pas une seconde», que je lui ai dit. Et puis? Et puis merde! Je regrette de ne pas avoir vu Queen Ka se faufiler, slammer jusqu'au premier rang! Et tous les autres aussi bien sûr, cela va de soi.

Félicitations à tous! La première saison slam a été mémorable j'oserais dire sur le plan du partage littéraire (l'écriture, l'imaginaire, les idées, les styles, les performances, le drôle, le cru, la beauté, la finesse...), comme sur celui très riche des rencontres.

Mais ce n'est pas fini tant que ce n'est pas à recommencer. En ligne donc vers la finale montréalaise le 16 septembre, toujours au Lion d'Or!

Je copie-colle à partir du site de Ivy le COMPTE RENDU DES DEMI-FINALES
. Les résultats qui suivent seront reportés à la finale de SLAMONTRÉAL le 16 septembre 2007 :

Queen Ka 54,1

Mario Cholette

53

Rose Élicéry 52,5
Séba 52,4
Monk.e 52,1

Jocelyn Thouin

51,9

Mathieu Arsenault

51,5

JSB Larouche

50,7

moyenne des juges le 28-08-2007 : 51,78

moyenne des juges le 04-09-2007 : 52,78

Note jd : Les juges choisis parmi le public sont au nombre de cinq et évaluent les slams sur 10. Sont retranchées du score la plus haute et la plus basse note. Les slammeurs qui se rendent en finale ont tous été évalués sur deux performances.


Photo : Rachel Biberian.

05 septembre 2007

Jack Kerouac : «Quand je braille, j'braille toujours en français»




Le 5 septembre 1957 paraissait aux Zétats On the road de Jack Kerouac. Le succès ne fut pas instantané et il arriva tard dans la vie débobinée de son auteur. Toutefois, ce roman phare, écrit en 1951, était destiné à devenir un classique qui roule encore à 100 000 exemplaires vendus chaque année!

Malgré tous ses boires et ses déboires, Kerouac était animé d'un feu intérieur : il se savait «bon écrivain», comme il le confia, timide, en fin d'interview à Fernand Séguin au Sel de la Semaine (7/03/1967).

C'est mon ami journaliste et poète, feu Michaël Thomas Gurrie, qui me fit découvrir vers 1975 ce grand frère tannant de la Nouvelle-Angleterre, «le Québec d'en bas». Début 1980, Gurrie participe à un colloque sur Kerouac à Québec. Il n'aimait pas du tout la tendance à assimiler le clochard céleste à la littérature québécoise.

Dans Le Devoir de ce matin, Gabriel Anctil fait état d'une découverte importante dans les fonds d'archives personnels de Kerouac restés lettres mortes depuis sa mort en 1969 : il se trouve des manuscrits rédigés en franco-américain dont un canevas d'une dizaine de pages de Sur la route.

Selon moi, ces quelques traces sont très importantes, non pas pour nous rendre Kerouac plus familier ou pour l'imaginer autrement qu'il n'a été, mais bien pour entendre ses propres mots maternels nous dire, au plus sensible, ce qu'il en est d'être un «gipsye» au coeur de l'Empire
«de Gaspésie jusqu'en Californie!»




Photo : le manuscrit de On the Road qui mesure 120 pieds de long. À la mort de Kerouac, le «rouleau spontané» valait 100 $. Il a changé plusieurs fois de moins jusqu'à ce qu'il fut acheté en 2001 par un dénommé Irsay pour la modique somme de 2.43 millions $.

Carnets pelés 2 - Sur la route de la Manu

Parlant de Carnets pelés, comme je l'ai fait plus tôt, je rapatrie ici le dernier texte manquant de la série entreprise sur Salmigondis (le blogue).

Il diffère des autres Carnets puisqu'il est écrit d'une seule traite, portant une seule date; c'est quasi un poème-manifeste sans référence à des lectures particulières. Mon petit côté collectionneur m'incite quand même à le libeller dans le Train. Voilà, comme disent les Français.

Salmigondis, mardi 15 août 2006

CARNETS PELÉS - 2. Sur la route de la Manu

J'en appelle à tous les vaillants courts du grand monde :
soudez-moi des samothraces au ras des pâquerettes, entre sol et soleil, vissez-moi des paragraphes, des vers libres au creux des mains, clouez sur les piquets du jour le panache qu'il faut pour franchir les portes de la nuit où se consume à l'horizon une chaîne de lettres mal affranchies.

J'en appelle aux guitares espagnoles,
aux croûtes de peinture sur les cornes du soleil,
aux anges qui gesticulent puis tremblent
comme feuilles de bouleau,
à la comédienne qui respire et claque comme un drapeau.

Je suis pauvre poudrier, simple camaraman...

S'il-vous-plaît, n'abandonnez pas votre ouvrage!
(9/12/2003)

01 septembre 2007

Sur la piste du P'tit train du Nord




Sur le chemin des vacances au pays du curé Labelle, j'ai emprunté la piste du P'tit Train du Nord qui m'a fait passer du village de Nomininque aux sapinages bruissant de chevreuils, aux marécages vert brûlé, à l'étang bordé de chantiers de castors, m'a fait traverser une érablière serrée, plus que pentue, buvant à grands traits la lumière qui glisse vers le Lac Saguay... Salut le Grand Six Pieds!

J'avais des ailes sur mon bicycle à deux roues pour le retour facile de ces 20 kilomètres interrompus seulement pour boire l'eau de source bien froide venue de la colline.

J'ai fait ensuite un long arrêt à la gare de Nominingue, transformée en centre d'information touristique, où plusieurs artisans et artistes offraient leurs oeuvres dans l'ancienne petite salle des pas perdus.

C'est ainsi que j'ai fait la rencontre de BEAUDOIN, Sylvie, qui fait partie du collectif magenta blues, un regroupement de peintres affirmant «que la peinture issue d'une vision poétique parle sans détour».

Venue des métiers d'arts, entre autres la confection de bijoux, Sylvie a exploré au fil des ans la peinture et le dessin privilégiant le tachisme et l'expressionnisme. Mais on sent bien qu'elle aime en tout déborder du cadre.


Plusieurs de ses oeuvres en montre à la gare étaient constituées de collages très prenant faits avec des découpures de revues. Il en ressort une série de visages réinventés à partir de modèles vivant - l'artiste de Val Morin travaille actuellement sur un un projet de 40 portraits de personnages de son village.

Dès que l'on s'arrête sur ces visages-villages très coloriés, on sent d'emblée l'émotion du moment qui anime les modèles. La plupart sont non pas tristes comme je le croyais au premier abord, mais songeurs. Puis, à cause du matériau de base, il n'y a pas que la couleur et les formes. Il y a un alphabet sous-jacent, une profondeur insoupçonnée, des images sorties de leur contexte original, découpées et collées, tissées, traces d'escalier avec un bonhomme qui grimpe sur le bord d'un oeil, anneau dans une ganse accroché au col d'un chandail improvisé. C'est grouillant et vivant. Très réussi et plaisant pour un oeil analphabète comme le mien.

«L’art est pour moi une manière de m’exprimer et de rendre visible ce qui ne l’est pas nécessairement. Mes œuvres sont un monde de découvertes où, chaque jour, de nouvelles possibilités s’ouvrent à moi; je découvre certaines formes, reconnais quelques nouveaux éléments…»



Photo : jd. Sylvie tient l'original de Monsieur Tout Le Monde à qui je trouve quand même des airs de Plume. L'atelier de Sylvie est au 1706, chemin de la Gare, Val Morin.