29 juillet 2008

Summertime fruits


A Page in Your Name


Your name can be bitten like an apple.
It smells like Manila mango and mandarin orange.
It leaves my tongue purple like chagalapolin
and the escobilla.
I crush it and breathe mint.
As I separate it a pomegranate explodes.
It grows to the height of a sugarcane flower, it's the vine
that climbs the fence or reaches to the edge of the patio,
persecutor of coral snakes, watermelons, and verdolagas.
If I shake it, I hear the water that fills it.
If I give it to the mad man of the house, he will return to the top
of the hill and make it a flute.
To free me from darkness I keep it in a jar.
With the light it makes it illuminates this page.


- Francisco Hernández
Trad. par Marlon L. Fick
Prairie Schooner
Volume 76, Number 2, Summer 2002

- Autres infos : prix Valarde 2008

Pâté chinois

Cosmologie chinoise (taoïsme)
univers vivant - organique
Au centre : Le Souffle - ternaire =
Yin, Yang, Vide-médian

Variante de Confucius :
Ciel-Terre-Homme
ciel = yang
terre=yin
homme = capable de régulation = vide-médian

Cf. CHENG, François, Le Dialogue, Desclée de Brouwer, 2002,95 pages.

Variante de la petite vie (ou bien recette en usage dans cette maison?) :
Steak - Blé d'inde - Patates.

Mais dans un sens, ça ne marche pas!
Je trouve que, c'est pas pour chialer du smog ou bien des droits de l'Homme, là,
c'est juste en passant, mais je constate qu'il manque un peu de régulation,
de résistance des matériaux en ce qui concerne la composition de ces mille et un petits objets domestiques si banals, voire bancals, de la vie courante...

Photo : Réjean Bertrand, Beijing, nov. 2007.

Proposons un simple trio n'incluant pas la poutine :
allumettes - épingles à linge - collant à mouches.

J'ai acheté hier des collants à mouches pour la cambrousse.
J'ai deviné juste à l'œil qu'ils n'étaient pas comme avant :
se déroulent mal, ne font pas un beau boudin frisé,
semblent avoir été trempés dans une mélasse de sauterelles jaunes, anémiques,
sont a moitié moins longs et, cerise sur le sunday,
la punaise n'est même plus intégrée,
je n'ai pas la patience de vous expliquer comment l'on fait!

Très liminaire pour une si vaste culture! Je n'ai pas pu constater, toutefois, si les mouches aimaient à se faire coller par cet artéfact qui démontre que tout se peut. Et il n'est pas nécessaire de se garocher dans les Dollorama : on ne trouve QUE ces chinoiseries dans toutes les bonnes quincailleries!

Que fera-t-on lorsque nos ski-doo, l'hiver, seront vraiment jaunes?

25 juillet 2008

Vitres pétées

«Et c'est de toutes mes partances
Le plus heureux flash de ma vie!»
Claude Gauthier, Le plus beau voyage


Lire à tous les jours
du vivant, de l'inédit
c'est un privilège,
je trouve

À l'Autel Novella, passé au feu récemment,
on était reçu comme des gourmands raffinés,
mais hier un peu plus encore,
on trouvait un texte succulent
sur le pays de l'enfance, magnifique
je vous dis
Pétard mouillés
pays qui nous ressemble
jusqu'aux moindres détails des câbles
de grand'fourche
qui pendent dans les tasseries
et tous ces jeux abracadabrants
magiques, avec e rien,
avec toutt
même les maringouins
ou les mouches, les roches!

Aucune nostalgie dans ce texte boule de neige
qui se passe en été, en partie sous la pluie,
jusqu'aux premières flambées des corps,
jusqu'aux premières brosses à l'hôtel
tout y est, la virulence qui fait plaisir,
les clopes en cachette...
rien n'est à l'épreuve
du pays de l'enfance
qui pointe ses cornes
vers le temps présent

«espérance de vie qui se promène encore aujourd'hui...»

Parce que c'est bien l'enfance qui recrée le pays

À chaque fois, partout, tout le temps...

Oui, mon Raoul!

La preuve en est
qu'il nous faut bien rejaillir
à tous les matins du monde,
ces matins qu'il nous reste,
à se ressouder
non pas dans le lointain folklorique de nos huit-dix ans
faisant ceci, cela, câtinant ou «ronnant» le genoux droit
embarqué dans les petites voitures de bois
transformées en Plymouth de l'année,
- chimères essentielles -,
mais elles jouent certainement comme source
inépuisable et radicale
dans la trame de notre imagination
The courage to create
Se souvenir telle une devise
que nous sommes vivants
comme dans
«Québec mort ou vivant».

Comme dirait le maréchal Jacques de Chabannes,
marquis de La Palice :
tant que l'espérance de vie nous aiguillonne, tous les espoirs sont permis...
HA!

Merci Elquidam! Magnifique!

23 juillet 2008

Avec le tonnerre à ma fenêtre

Rêver coûte plus cher qu'on pense, mais sait-on, en effet, ce qu'est penser, pour reprendre les terrains mous d'Heidegger?

Mais tel n'est pas mon propos. Je voulais me rendre en vélo à l'Ex-Centris, à la séance de 21h30, pour voir La lumière silencieuse. Heureusement, je redoutais le nuage gris foncé tout dépeigné qui rôdait au-dessus des toits; à présent, il tonne et il pleut; Lucky, le chien, tremble comme une feuille en ces temps-là; il est à mes pieds, penaud, tandis qu'une Belle Gueule, à défaut de St-Ambroise, est à portée de main. Je suis bien entouré.

Alors, j'ai lu et qui a lu lira. Je repasse aussi mes textes persos, récits à mon avis plus que poèmes, afin d'un tirer une publication, si l'Ange des livres le veut.

Comme une large part de ces barbots nourrissaient les archives et les gencives de Train de nuit depuis deux ans, le temps est venu de les mettre entre parenthèses et de voir s'ils peuvent emprunter des routes nouvelles, autrement. C'est la raison pour laquelle la rubrique «Poésie maison à la main» n'a plus de pots ni de fleurs sur ses étagères pour le moment. Je ne crois pas que cela dérangera beaucoup de monde.

Mais la tentation est toujours vive de laisser à lire... C't'une maladie qui est en dedans.

Remaniant tous ces gratte-coeur, il en est un que j'aime beaucoup et je songe même à l'utiliser d'entrée de jeu dans un éventuel recueil. Pour ouvrir le chemin. Nina Louve m'a reparlé de ce texte dernièrement. Michel Garneau, qui m'a fait l'honneur de le créer à la radio, en aimait beaucoup le début. Il y a aussi Caroline Legault qui en a fait une version enregistrée. Et rêver, même si cela coûte les yeux de la tête, et bien oui, je rêve d'interpréter ce texte un jour avec un Bernard Falaise à la guitare...

En reprise, donc : L'Hôtel Cody.


HÔTEL CODY

Au sud de la province textile,
par-delà les chemins tordus que je croyais secrets,
le vent ébouriffait à l’envi les images de chameaux d’or
qui pétillent
dans la neige turluttante

C’était beau et fret.

Mais comme un faux-monnayeur de voyage
mal équipé, givré, en panne,
je devais m’arrêter

à l’hôtel Cody

Ça sentait le miteux, le tonneau de bière,
la fripouille, le cow-boy local, le tapis imbibé
et quelques filles à bras le corps

J'ignorais tout de l'alcool
et du dernier quartier d'hiver

La toile était baissée

Planqué comme un orphelin des steppes
parmi les pimbinas, les bûcherons, les révoltés

Peut-être que je te cherchais, mon ivrogne?
Pour déclamer cette soirée saoule autobiographique
qui s’infiltre en zigzags comme une couleuvre
entre les heures bourrées de caféine
Avec des voix de cornet en-travers de la tête...

La radio pisse du vinaigre de bêtes
pleurniche par le trou du vide
de la chambre vert pomme et gin,
avec des rouleaux de vieux verbes
et de la météo mentale.

Je suis gelé comme une balle
et il y a des halos de boucane impromptus
qui tapissent les murs de mes anciennes vies de fou.

Comme une mère prise dans son silence de morse,
la lampe éteinte m’offre ses condoléances

Je voudrais pourtant juste dormir!
sans tambour ni trompette

Mourir peut-être aussi...

Deviner une dernière fois
les idées qui s’enroulent,
les désirs qui s’embrouillent
en plongeant dans le roi désert
de mon cerveau enfariné,
de plus en plus écorché
par le sprint du solo de guitare électrique
qu’on entend venir du grill encore ouvert...

Descendre au bar incognito,
fripé au max comme un brouillon,
l’air de sortir d’une crevasse de la lune
avec une barbe de quatre jours
comme une défaite morale?

Ben...
Je n’ai pas le choix!
J’ai des coliques comme des guenilles dans le ventre,
des spasmes...

Je ne suis pas dans mon assiette!

J’ignorais tout de l’alcool
et du smashe qui pète au fret.

Et voici tout de go
dans le décor de bouleaux blancs et d’étoiles bleues,
une blondine sans dentier ni frontières
qui dégage du vieux spray net de star déchue,
assise sur le bout du tabouret noir à pitons,
tout près de moi...
Elle commence à couiner sérieusement
dans sa roue de bicycle de fièvre

Elle s’intéresse à moi, pauvre cloche!
me zieute, me dépiaute,
me contamine,
m’absorbe!

Elle me caresse la joue
tellement que je suis fin!

Mais qu’est-ce qu’elle me dit?!

Au milieu de la poudrerie et du vent qui écornifle,
les vitres jaunes et rouges de l’alcôve
sont en rut

Je suis ligoté ben raide
dans le lasso de lumière
de cette indienne à voile
qui m’emporte
avec ses histoires de gironde
à coucher dehors

à l’hôtel Cody...

Elle me tricote une tribu de femmes invisibles
des mortes, des vivantes, des grimpantes...
qui capturent par télépathie
l’éternité à gros grains

Puis, interlude dans la prière de ses yeux...

«Tu es de mon peuple!»,
me dit-elle soudain.

«Préfères-tu les filles ou les garçons?»

Maudit torieu de baptême!
J’aimerais ça des fois
être un gros taupin, un dur,
un sans coeur
un bélier
un remmancheur d’os indépendant
qui couraille comme il le veut
entre le tempo des mots épelés...

Hein, ma belle?

Faut pas partir en peur!
Faut pas charrier non plus!

Je ne suis qu’un pauvre camionneur.
Un camionneur... en réparation
à l’hôtel Cody.

***

20 juillet 2008

Fin d'après midi, l'été

Putain de juillet qui picosse! Empoisonné. Il ne fallait plus abandonner nos certitudes emprisonnées dans nos corps. Cela ne vaut pas la peine. Manger le foin noir, s’il le faut! Alors que nous avions jeté la moissonneuse-batteuse au vent des grandes risées de millet.


C'est le collier aux fines graines que tu portes dans tes pensées comme grelots de glaciers en larmes... Mais est-ce vrai? Est-ce utile à la préparation des adieux sur pans de plumes cerclées et de bec entonnoir? Il y a, tu le sais bien, une pénurie de mots au fond du baril.

La pluie qui jacasse sur le toit de tolle est bien fille du soleil, mère des jardins fleuris. Puis, elle s'en retournera vers l’invisible, traçant de ses doigts les chemins de l’oubli alors que nous avions été, toi et moi, de gré à gré, musique jusqu’à l’os.


19 juillet 2008

Sauts de kangourou

Il faut bien que jeunesse se (dé)passe...



















Photo: autoportrait; belle gagne de sautés en position «double hook»; à droite :Martin, Noé & amis Français; sur une plage en Australie, 2008.


Rouge guédelles

Ça fait 28 ans que je travaille pour cet employeur
jamais
je ne fus capable de partir en vacances sans passer
d'abord par le purgatoire
par le tordeur des soirées interminables de travail jusqu'aux zoreilles
en ligne, sur le spot, temps supplémentaire, ceci, cela,
faire plaisir à Pierre, Jean... 23 heures
passé n'est pas un record
puis il y a toujours la goutte
l'impertinent qui retondit
aujourd'hui, ce fut la sécurité
qui attendait ce 18 juillet depuis dix ans
peut-être plus
pour me signifier que ma cote
ne vaudra plus un clou
si je ne leur rempli pas illico deux formulaires
avec les quantièmes et les adresses de mes beaux-frères!
ce fut M. qui ne vient jamais me voir
elle aurait souhaité que je lui saupoudre par magie
mon savoir, mes ficelles sur les Crics
wow! back! arrié!
on prend quand même 20 minutes de mon déficit
pour expliquer
je la terrorise seulement qu'avec mes yeux
et je m'en veux
alors on reprend doucement
petite photocop,visite à son bureau
trois fois elle me dira merci merci
merci!
la journée finira pu!

Mais là, là, je suis sorti
mes souliers neufs me font mal
n'ai plus de genoux
j'ai frappé un citron, je pense
on passe par-dessus tout ça
on jette par terre les rush maniaques
on pactise, on drogue l' diable à sa patte
je me retrouve comme une balloune lâchée lousse
sur la Catherine mouillée où ça drague à ciel ouvert
avec une canne de sirop d'érable dans mon sac
- plus mon parapluie qui dépasse -
c'est un cadeau d'Ester
qui traînait sur mon bureau depuis des lustres
je traverse d'Ouest en Est
je croise des bandes de gars qui s'en vont aux taitons
j'arrive où il y a nacelles et ouvriers qui s'affairent
la rue du jazz est à nouveau fermée
sur la Place des Arts enrubannée,
les lumières rouge mauve des francos font chic
la grande roue imminente de la chanson est installée
la lune feutrée est de bonne humeur
au Métropolis, une longue queue déborde dans la rue
Just for laugh mélange les langues
dans le cœur de cette ville
et je suis mort mais heureux
de voir ça
tous ces genres qui s'émotionnent...
pourquoi cette visiteuse m'a-t-elle dit
c'est gris c'est laid?!
je me contente
de ce peuple que j'aime
c'est plein d'énergie
si vous voulez savoir
ici, en pleine rue,
c'est un peuple le fun
a déjà dit René Lévesque

Or je suis en vacarme!
Juste une petite semaine,,,,,,
avec les guédelles
mais c'est déjà la douce anarchie
au coeur de la nuit

Je déguédine du bruyant Café Dépôt
où j'ai dévoré un wrap à la dinde
où il y a un party privé
à l'étage
nos fêtes aladines sont plutôt saxonnes
Mais Sir Paul chantera sur les Plaines
Michelle, ma belle
sont des mots qui vont très bien ensemble
très bien ensemble...
And when I touch you I feel happy inside
Ooh I need your love babe,
Guess you know it's true
Je cours prendre le dernier métro........
une belle fille que je pense haïtienne
court aussi sur mes talons
mes souliers neufs font durs
quatre à quatre dans les marches
ses sandales font cla clac claque...
nous déboulons ensemble
jusqu'au quai
elle me sourit...
avec son épaule nue
pourquoi suis-je gêné
au lieu d'embarquer dans ses beaux yeux café?
le train qu'on entendait
était celui de l'autre côté
Ouf!

sinon, je l'aurais ramenée
en taxi...

18 juillet 2008

Irving Layton Ave.


«I now see there is no way for the poet to avoid misunderstanding, even abuse, when he follows his prophetic vocation to lead his fellowmen towards sanity and light. If he offers his hand in friendship and love, he must expect someone will try to chop it off at the shoulder. ... A poet is someone who has a strong sense of self and feels his life to be meaningful»

(Foreword, Collected Poems, 1965)




«The poet is someone who can't help mythologizing his experiences. He exaggerates, distorts, fictionalizes. In him the will-to-power takes the form of investing even the trifling and banal with symbolic significance. But the poet is also someone who makes lucky things happen, for his life is a destiny or a destination.»

(Foreword, The Gucci Bag, 1983)

photo : jd

16 juillet 2008

Stephen Harper est fier d'accueillir les animaux!

Sur la page officielle du Prime Minister du Canada, on trouve, entre autres :

- une invitation à recommander le nom d'un valeureux canadien pour que le Prime puisse, de sa patte même, lui adresser une carte de voeux lors de son anniversaire, fiançailles, noces d'argents, championnat de curling, name it!

-plus loin, tendre comme un biscuit à la mélasse qui a matelassé les narines si travaillantes d'un compatriote de l'Ouest ayant fauché du OGM toute la côline de journée, il y a, dis-je, un espace consacré au sort des «animaux de compagnie en attente d'adoption».

Dans le plus pur style ineffable que l'on connaît, il est textuellement dit qu'«il arrive trop souvent que les animaux domestiques, tels que les chiens et les chats, précise-t-on, se retrouvent dans des abris parce qu’ils ont été abandonnés ou sauvés. La famille Harper est fière de participer au programme préadoption de la Société protectrice des animaux (...)».

On peut même voir la photo des sans-abri et leur pedigree. Sur le site angora du Prime Minister! Sensibilité extrême, on nous prévient même que «le programme accueille des animaux qui ont de légers problèmes de santé ou de comportement...»

Or, on comprendra mon cynisme, surtout ma profonde indignation!

Faut-il rappeler aux navets et aux bouchés par les deux trous de la politique canadienne, si gentils, si compatissants, fins avec les chats tout nus dans'rue, mais si déshonorants en regard des droits humains, qu'Amnesty International à déjà pointé le cas d'Omar Khadr depuis 2004!

Il faut semble-t-il le leur rappeler! Il faut leur rappeler à la suite de la faiblarde opposition libérale. Il faut leur rappeler à la suite du sénateur Roméo Dallaire qui dit l'essentiel en regard de l'argumentaire borné du gouvernement conservateur : aussi grave que puisse avoir été le comportement passé de ce jeune, personne ne laisserait son enfant croupir à l'étranger comme c'est le cas ici depuis 2002! Et s'il s'agissait de l'un des fils de Michael Fortier, est-ce qu'on laisserait libre cours à la très réputée justice militaire américaine sous la houlette d'un Georges W.? J'en doute.

Il faut les achaler avec cette pourriture d'histoire comme l'ont fait il y a peu, à Ottawa, plusieurs dizaines de jeunes de Joliette et de Toronto descendus dans la rue pour réclamer le rapatriement d'Omar. Il faut le faire sur la base du rapport du Comité permanent des Affaires étrangères déposé aux Communes en juin 2008. Il faut écrire, téléphoner, leur mettre sous le nez leur caca diplomatique dénoncé ce matin à la une de la presse.

Pour ma part, à la rubrique des voeux de bonne fête du si brillant Stephen, je vais inscrire la date de fête d'emprisonnement d'Omar Khadr qui a eu le malheur de venir au monde autour d'un 11 septembre (1986). Ça fera quelque chose à faire aux agents X-13 de notre sous-service de renseignements américains, licheux, obséquieux jusqu'à la bêtise.

Cf., entre autres réactions, Manon Cornellier, s'entêter jusqu'à la honte, Le Devoir, 16/07/08;
Michel Seymour et aut., Exigeons le retour de d'Omar Khadr, Le Devoir, 18/07/08.
Également, une variante de mon texte est publiée dans la section Lettres, Le Devoir ,17/07/08.

AI-Canada, section francophone (note : l'adresse courriel sur ce site du Premier ministre ne fonctionne pas. Il faut aller à la section anglophone de AI. pour faire suivre sa pétition).

14 juillet 2008

Variante d'arcanson

Le ciel capote dans le jour gris
comme un crabe replié dans la phrase
qui ne sort pas de la bouche
et qui barbote dans le sable
de la nuit excavée

Y a-t-il encore coups de griffes et de plumes
sur mon front qui siffle de chagrin?

Ce soir, la lune revêtira sa peau de Chinoise.
Tout se confondra. Se mordillera. S’annulera.
Sa chevelure de Tsigane aux reflets orangés
plantera des étoiles dans le chant des perdrix

Pour me raccorder, à mes risques et périls,
je prendrai à nouveau le chemin des Sauvages
en travers de nos bagarres rangées
et des roches étourdies qui luisent
jusqu'au fond de la gorge.

10 juillet 2008

Le party de la 7e

Bien oui, en ce temps-là, la 7e année existait et pour notre party de fin de primaire, Mme Ménard, la maîtresse, nous avait invités chez elle à Ste-Christine.

J'avais osé lui demander si nous pourrions danser des slow! En tous cas, j'étais le dj, donc le boss de la bécote avec mon pick up portatif dont j'étais si fier - je l'ai encore en campagne -, piqueté de brillants bleus sur les deux haut-parleurs détachables.

Le boutte du boutte pour moi à cette époque de rock de guitare, côté énarvaillage en dansant, c'était les Ventures! J'avais - je les ai toujours - trois vinyles de ce groupe dont Batman!


The Ventures se produisaient à Québec cette semaine. Ça m'a fait tout un «come back» de les savoir toujours vivants, comme un percolateur dans ma tête.

Pour rester dans le flot de rivière des cordes piquées, en ce qui concerne les jolies ballades, il y avait à l'époque, entre toutes, Mer Morte, ce slow un peu triste tout en crescendo, pièce originale des Jaguards.

Puis, des vites pas trop vites comme Blue jeans sur la plage des Hou Lops (mes préférés que j'allais voir au lac à Roxton Pond), La poupée qui fait non non non non non non, version des Sultans, et j'en passe des meilleures comme Let's spend the night together des Pierres Roulantes ou Turn! Turn! Turn! des Birds, my baby does a Hanky Panky, mais surtout, surtout, surtout, jour de trip dans le sous-marin jaune, en attendant le soleil, les cheveux comme un drapeau : All you need is Beatles.

De nos jours, nous avons la poupée dans le cœur de M. Guimond. Mais au temps de la 7e année, indiciblement, nous eûmes abouti à La poupée qui wouïir de Jimmy Hendrix!

Alors, en mode imberbe sur fond à venir de Voodoo Child, sans que nous le sachions, on peut dire que le party était au beau fixe et que nous avions bien raison de vouloir danser collés.



Il était d'âne

Il était d’âne
dans la grande ville
où l’on s’opiniâtre
Cela s’origine
comme dans un petit goulag
pas de cou,
image péjorée qui rue
parmi les reflets iridescents
et quelques mots glanés qui s'égosillent...
Un jour, ils ne décoléreront plus.


09 juillet 2008

Kébec à nouveau




«Juste avant que la prochaine tempête n’arrive, partir en voyage autour du fleuve de la nuit…pour rencontrer Kébek à nouveau, pour lui dire quelques mots, pour l’embrasser et la suivre, jusqu’au plus profond de ma dérive…

Dans la nuit dégelée, parmi ses odeurs de fraises, de savons, de beurre ou de bois, humer celles de son cœur braisé mille fois. Goûter à son humeur irlandaise, savourer son sourire anglais, rallumer son flambeau français, guérir le bout de son âme brûlée (…
)
»

L.L., L'Ardoise


Photo : l'Hôtel Belley, P. Donovan

05 juillet 2008

Psaume Larivière pour Nina



Je croyais cette vidéo évaporée ou bourrée d'accidents. Je tombe dessus, et ça tombe bien puisqu'il s'agit d'une brève visite au petit cimetière perdu de mon patelin, de confession baptiste selon mon sentiment et parce que le toponyme original Bethany (repris en 1962 sous le nom de Béthanie en remplacement de Saint-l'Enfant-Jésus d'Ely) aurait un lien avec les missionnaires baptistes installés dans les parages fin XVIIe siècle.

Quoi qu'il en soit, la communauté de fidèles était d'ascendance anglicane ou protestante épiscopale selon mes recherches plus récentes fondées sur les sources bibliques du psaume que je citerai plus loin.

Ce lieu de sépulture à l'ombre des pins majestueux est de nos jours abandonné. Mon cousin Aldège, qui vient de décéder, l'a entretenu, l'été, pendant des années. Le petit carré de foin précédant les pierres tombales n'en valait pas la peine. Il fut laissé à lui-même jusqu'au jour où l'on installa une barrière neuve avec une inscription. Tout cela a fini par être à nouveau avalé par le temps et la nature.

L'an dernier, parce que j'avais mémoire de son existence, j'ai repéré puis relevé à grand peine la lourde barrière de métal en treillis littéralement entortillée et recouverte par les hautes herbes de l'entrée.

En somme, très peu de personnes, même dans le voisinage immédiat, connaissent l'existence de ce minuscule cimetière «anglais« typique des Cantons-de-l'Est, non visible du chemin, camouflé par des arbres matures, denses, rois et maîtres.

Pour ma part, je connais cet oasis depuis toujours puisqu'il fait une brève parenthèse entre ma terre et celle de mon voisin, au sud, vers le village. C'est un lieu d'enfance chargé de mystères et de tranquillité, de bébés morts-nés, de cerisiers surtout, d'où pendent des grappes rouge noire qui rendent la bouche pâteuse et les dents sales, à peine un peu de chair autour des noyaux qu'on mitraille ensuite par terre.

L'œil averti pourra apercevoir les vestiges d'un tracé rectangulaire de pierres, bien droit, sur lequel était érigée jadis une «mitaine», disparue sans doute depuis les années 1930-1940.

Aujourd'hui, les cerisiers sauvages si éphémères mais si têtus y font encore la noce.

On compte tout au plus une douzaine de monuments. Sur certaines pierres délavées, rendues muettes, les lettres se sont complètement effacées avec le temps. Les lettres meurent aussi. Les écrits restent? Mais voyons : pas chez nous.

La plupart des défunts sont d'origine irlandaise comme les Norris, pour prendre l'exemple le plus typique. Leurs descendants sont toujours parmi nous, nos voisins et amis. Normand, un gars de mon âge, est l'un d'eux. Il exploite la ferme familiale à trois maisons de chez moi. Bien, il ne connaissait pas l'existence du cimetière où se trouvent pourtant ses ancêtres!

Une fois, lors d'une conversation avec Nina, j'avais cité de mémoire un psaume qui est encore très lisible sur une des pierres les plus récentes (1923), celle de M. Larivière. Nina m'avait prié d'en vérifier la teneur exacte. C'est dans cette optique que le 2 septembre 2007, avant de revenir à Montréal, j'avais fait un arrêt en tâchant de récolter les lettres avec ma caméra. Bien que cela ne paraisse pas, j'avais le chien entre les pattes; il m'accompagnait, puisque nous rentrions, et il ne voulait rien savoir! Il avait vraiment la frousse, la queue entre les jambes, c'était la jungle pour lui, je ne sais trop, peut-être voit-il les esprits, tirant sans cesse sur sa laisse pour rebrousser chemin... Craignant que Lucky s'échappe, je me suis donc exécuté à la caméra d'un seul trait, sans reprise. La qualité du document n'est pas très bonne d'autant que j'ai perdu 20 secondes au «montage».

Voici donc le texte tiré de l'Ordre de la Sépulture des morts, psaume 90;12 (et non 90;10 comme je crois l'avoir lu sur la pierre tombale), qu'on trouve textuellement dans le du Livre des prières publiques, publié en français, à New York, en 1846, traduction de Book of Common Prayer, la référence centrale et officielle de l'ecclesia anglicana :



Références complémentaires:
- Le Canton d'Ely (Valcourt surtout)
- Quelques repères historiques des Cantons-de-l'Est

03 juillet 2008

Si j'avais les ailes d'un ange...

... j'partirais faire les 400 coups, le cul sur le bord du Cap Diamant,
à... QUÉBEC!


Elle m’avironne
ton ouvrière de chair darde
ta louve langue
orignal,
giboulée grouillante
en des îles
d’air et d’eau danse
gigue juronnante
barde...

Extrait Voisin du bas de Québec, 1976

***
Je souhaite en particulier une belle journée
à Elquidam et Leroy K. May,
ces voix de Québec
que j'apprécie aller-retour.


«Ote ta Capine pis
swing la mandoline ...
Pis fais-y voir que t'es pas mort ...»
- La danse St-Dilon

*



01 juillet 2008

Promenade, petit marais et bois pourri

La marche fut écourtichée; les pacages sont détrempés et boueux, par endroits traîtres; les fossés de prairie débordent. Trop paresseux pour revenir enfiler des bottes à vaches. J'ai longé les murs de pierres tel un pèlerin pénétré de soleil.

Jusqu'à quel âge peut-on sautiller sur la crête des roches sans se casser les écailles de l'orgueil?

Les engoulevents très nombreux dans mes parages et que j'imagine au-dessus de ma tête - je ne les aperçois que furtivement - sont de fameux cyclistes qui cascadent dans le ciel, coup de barre à gauche, zig zag à droite, avec un cri de poignard dans les bancs de maringouins sanguinolents. Cela, on ne peut pas le manquer. Un cri d'engoulevent, c'est théâtral.

Ils ont le don de ravigoter le cerveau, donnent des petits coups de fouet : «Ne pleurez pas, monsieur! Monsieur! Ça n'en vaut pas la peine. Ouîp-pour-ouîl ! Ouîp-pour-ouîl!»



***

En ce 1er juillet, au petit-déjeuner, entendu à la radio en interview à la station NPR-Vermont deux membres du groupe Le Vent du Nord, dont Olivier Demers, le violonneux. Drôle de se faire conter des bouts de tradition en anglais. C'était émouvant, pourtant si simple et surtout très chaleureux. Je l'ai souvent remarqué : la personnalité québécoise est spontanément accueillie telle quelle par nos proches voisins américains. Mon Dieu, être soi-même, à l'aise en visite, en bras de chemise, un premier juillet!


***

J'ai été vérifier si ma talle de guédelles, sous l'ancien gros érable, était toujours au-rendez-vous. Que oui. Les grappettes sont vertes, bien fournies. L'été est pris.

***


De la laitue en feuilles de chênes et des radis du jardin, fricassée aux légumes, fleurs de pomme de terre à vue, odeur de fraises... De l'air sous le soleil de midi. À l'ombre de ce que je crois être un hêtre au coude-à-coude avec la rangée d'érables. Un café. Un gâteau au caramel. Je suis dans Un beau ténébreux. Les mots de Gracq me font flipper. Je sais qu'il y en a qui trouve ça plate. Mais moi j'aime tellement la campagne et une certaine rudesse qui va avec, le suspens du mouvement, les cris, les couleurs, l'entrecroisement de la survie géante et surtout invisible, sans merci, à toutes les heures du jour... Les nuits piquetées d'étoiles. La grâce de vivre et de mourir. Ma bouche cousue de mots n'est pas assez grande pour traduire le passage solennel du monde sous mes yeux. Mes grands troupeaux de silence bleu se désaltèrent en ces pages : « Oui...tout cela... À quoi bon faire des phrases?»

L'écrivain Gracq trace les siennes avec une plume brigande; il nous restitue de la hauteur, une paire d'épaules, tout ce qu'il faut pour escalader en dedans. Fenêtre au vent de la nuit...



Photos : jd