31 octobre 2011

Chasse d'octobre


C'est quasiment trop.

Emporté encre, carnet, fromage, chaise de plage... Je croque en ce moment dans une duchesse sauvage tombée des vieux pommiers, ancêtres de mon enfance. Aux basses fréquences, les grillons dissimulés ça et là sont aux commandes de leurs amours et le soleil grivois est en train de mettre le feu dans le tas de corneilles en cris au-dessus de ma tête.

Il fait beau! Je suis en culottes courtes, torse nu, bottes à vache qui me collent au gras des jambes. Je me suis installé sur la butte près de la clôture de perches. Ce qui en reste. Ce serait l'heure exquise de la sieste sous la houlette d’un petit vent un tantinet mal élevé. Des moucherons têtus s'infiltrent sur la page de mon cahier. Fille de vieux bled, cette terre d’arrière-pays que j'aimerais décrire me tient les fesses. Elle me les avalera bien un jour!

Comme une plage sans mer qu'on trouve au milieu d’une plaine piquée de grosses roches grises, comment le mil a-t-il pu s’entêter à venir ici année après année?

Dans le pacage fané, pilé, devant moi, il reste des piquants et des croquants, des chardons, des pieds de moutarde, des craquias que les vaches ont exclus de leur pizza.

C’est pourtant dans cette nudité que je me sépare de toutes ces années d’insolences où je n’ai pas dit un mot. Je suis en train de me réparer sous ce sauvageon couvert de verrues et de plumes. Je me libère la tête malgré les rafales de guêpes à demi somnolentes qui revolent, tâtonnent autour, flairent le sucre de mon cœur de pomme.

Et mon cœur à moi?

Je suis comme Job, mais sans cornet, sans testament. Je suis assis dans le champ sur un tas de fantômes labourés de part en part. Je me purge par la vermeille du jour bleu si délicieux... Cela me fait penser à la lignée des Anciens.

Je retire mes bottes. J'enlève mes bas. Sommes-nous vraiment en octobre?

Avec tout cet or qui meurt en valsant, je pense... Je pense à la poésie, à cette bonne vieille chouenne de stridence

Nous sommes de nouveau en octobre et la poésie sur cette terre me brûle encore la langue

La poésie? Pourtant simple méditation traversée d’infini.

Puis, les idées se cassent comme les branches noires dans les boulots courbés devant l’horizon qui tire son monologue. 

L’humilité est de mise
L’hiver viendra après tout ce chahut. La rudesse.
Ton cœur fermé à double tour ma chérie?

J'entends retentir au loin des coups de fusil. Peuvent aussi bien perdre une balle jusqu’ici! Je ne bougerai pas! Je ne pénétrerai pas dans la sucrerie que je touche du regard. La sucrerie que j'aime.

C'est le temps de la chasse alors que je suis nu pieds au soleil! Je me parfume de la lumière des fougères.

Cette saison rouge qui gigote s'épaissit le sang en se dénudant, je ne saurais ni l'écrire, ni la chasser!

Je me laisse éblouir par le luxe du panache sans nom, ce tambourin invisible.

Car, il faut bien le dire, octobre est triste malgré sa splendeur.

La poésie est jeune malgré sa lenteur
Elle s’agrippe parfois aux cheveux. Ce qui en reste.

Je suis venu jusqu’ici avec mon instinct du dimanche parmi le peuple des chevreuils à l'affût de la moindre araignée.

Mais ce pays en désordre ne tient à rien. Voilà la vérité. La toile de fond. La débandade.

Selon toutes les apparences, la prairie pentue qui est devant moi s’éteint. Elle est démaquillée, dépeignée, déconcrissée. Espèce de carte postale hors champ qui saigne la dépossession dans les trous d’eau froide.

Elle sèche sa peau jaunie au soleil distant. Hors cadre. Elle expie sa bonté. 

Rien ne servirait de trop l’aimer.

Cette prairie recompose pourtant à l’envers mes pas dérisoires.

Et quand on la regarde tranquillement 
comme je le fais en ce moment,
avec un œil gourmand par en dessous,
on dirait un char féerique, un cheval de brousse

On dirait un poème qui résiste!

Même reléguée au pacage, la prairie sera là bien après moi.

Voilà ma pierre tombale.

Elle sera le déluge bouleversé par le retour des voyageurs ailés, par la semence des beaux jours parmi les brindilles de la profusion, par le secret des lièvres et le tambour des perdrix

Elle reconnaîtra les messages à coucher dehors que j'ai cachés jadis dans les tas de roches.  Elle boira la liqueur magique que j'ai inventée avec mes yeux.

Mais l’ivresse qui s’évanouit dans la crainte du jour gris essoré donne tout autant à penser. Viendra une fois pour toutes une profonde récolte de marguerites avec des picots éparpillés entre les lignes de la main.... m'aimera, m'aimera pas, elle m'aimera et nous aurons quatorze enfants! 

Viendra une sieste qui aura valu la peine
Rêver qu'il y a un balancier dans les os

Mon pays est cette prairie même qui se mouille d'étincelles dans les herbes finies avec des souvenirs irréversibles couverts de paille oubliée par le vent.
  
Il commence justement à faire cru tout à coup.
Derrière mon dos, une odeur de fer limé s'échappe du tapis de feuilles mortes.

À travers la ligne de la forêt,
le Nord craque sous la terre
et les chevreuils sont effarouchés

Les chasseurs et les grillons se sont tus.

Et moi, j’écris mon dernier mot qui n'est ni éclair, ni tonnerre, ni brasier.

Je referme mon cahier, je ramasse mon barda.

J'écris dans ma tête que je t’aime moi aussi.

J'écris : poésie du fond de mes jours, appelle-moi donc à l’amour!




(Version renouvelée d'un texte publié sur le Train en oct. 2007)




29 octobre 2011

28 octobre 2011

Carnets pelés 36 - Sortir du trou


Montréal, 18 décembre

Bonsoir Mi. 

Je réinvente ta lettre. Pour mon plaisir. Je suis gâté. Je te savoure.

C’est bien comme tu veux. Tu peux m’envoyer ad libitum tes textes. Je vais te lire en amateur toutefois, sans prétention. Je suis doué pour la critique. Ce n’est cependant pas un rôle que j'entends jouer.

En arts comme dans la vie, je crois véritablement que tous les marcheurs sont égaux. Même si chacun marche et marchera à son propre rythme.

Richard Desjardins, jeune, a roulé sa bosse sur le pouce en Amérique du Sud. Il rapporte avoir été étonné du naturel des gens qui là-bas s'adonnent sans complexes à l'écriture. Il a découvert des clubs de poésie partout sur son chemin. Alors qu’ici, pour des raisons qui remontent sans doute à très loin en dessous de nos matelas historiques, nous sommes souvent guindés, empesés, interdits, cérémonieux dès qu'il s'agit d'écrire. C’est un écueil à surmonter.

Le désir d'écrire est pourtant en lui-même une expérience vitale de l’être au monde et ce réflexe, plus fort que soi selon des degrés divers, devrait nous mobiliser sans gêne, nous aiguillonner au-delà de tout modèle, morale, convenance, obligation...

Nous pouvons bien entendu apprendre de quelques modèles qui nous tirent par en avant. Ne pas avoir peur de monter sur les épaules des géants. Michel Garneau, un autodidacte heureux et généreux, un poète que j'admire au plus haut point, nous apprend à être de bonne humeur en voyageant nue tête dans le langage. Il donne envie surtout de poser, exposer, déposer, transposer, entreposer et reposer encore sa propre gerbe, sa voix dans les mots. Les mots appartiennent à tous. Mais voudra-t-on apprendre à ne pas vivre par procuration? Chercher avec son petit paquet d’allumettes à préférer faire sonner les mots dans l’espace de sa propre vie? 

Sur un autre registre, celui qui m'a le plus influencé en écriture est le philosophe Georges Leroux. Magnifique Leroux! Un savant sur ma route. Dans un atelier d'écriture, il nous incitait à recopier en entier les livres que nous aimions. « Comme les peintres copient les maîtres pour apprendre », expliquait-il. L'écriture en effet entre par la main. L'écriture est un métier difficile.

Apprenti, il m'arrive encore souvent de copier au stylo des passages qui me font vibrer. Par exemple, en ce moment je copie des pages de La barque silencieuse de Pascal Quignard. La musique des écrivains est parfois si grandiose! Ici, l’écriture d’Anne Hébert dans Les fous de bassans. Qu'il en reste qu'une seule virgule après avoir copié, qu’une seule tournure, peu importe! L’écriture entre par la main. À voix basse.

Changement d'ambiance. Cet autre professeur avait une bouille semblable au frère Toc dans Robin des bois. Affublé d’une voix claire comme mon oncle Ulric, le barbier de Roxton; comme une bouteille qui tinte au vent. C’était assez intense quand il haussait le ton en classe. Il était rond et dodu, un brin obséquieux, le regard oblique, à peine cinq pieds deux sur pattes, les cheveux abondants, noirs et très drus; il se vantait d'avoir toutes ses dents malgré son grand âge. Dans le cours Philosophie de l'art, il répétait sans cesse avec insistance ce mot d’ordre : « Devant une œuvre, TAISEZ-VOUS! »; Les étudiants roulaient des épaules... Reste que c’est le genre d’effet rhétorique qui vous rentre dans le coco.

Tel est mon souvenir du père Benoît Pruche, un dominicain d’origine française avec un peu de sel existentialiste pour se rappeler qu’il fut jeune malgré les ordres. C’est sûr qu’il portait un béret. Il avait bourlingué en Afrique comme enseignant dans les classes des universités naissantes des indépendances avant de poursuivre sa carrière à la catholique Université de Sherbrooke ainsi qu'à Ottawa.

J’étais et je me considère toujours un analphabète en arts pour parler comme madame Fernande St-Martin. Il me semble au moins avoir profité de deux ou trois choses essentielles du père Pruche qui fut entre autres animé par le Spirituel dans l’art de Kandinsky. « On aime les artistes parce qu'ils sont fraternels », aimait-il à répéter également. Cela, je l’ai bien retenu, éprouvé et reconnu des centaines de fois dans ma vie.

Dans l'idéal du grand baril de poudre, les artistes, cela est banal peut-être, échangent entre eux leurs trouvailles. Tissent ici et là des filaments de la toile d’art-raignée, comme disait jadis Françoise Berd à Radio-Québec. Ici et là. Chacun marchant à son rythme. Ils s’interpellent, partagent, cheminent, créent collectivement. Ils s’enterrent, s’empilent, se séduisent les uns les autres. C’est comme cela qu’ils avancent. Même les plus nombrilistes savent qu’ils ne sont pas seuls sur une île.

J'ai longtemps admiré cette camaraderie tangible. Les camarades. Mais à part moi-même, je me disais que l'écriture est un geste si radicalement intime et solitaire. Dans son coin. Comment échanger ses accords comme le font gratis les musiciens?

Ce sentiment est bien réel. Mais justement, la particularité de l'art en écriture se trouverait en partie dans ses strates de silence. Ainsi, pour un Julien Gracq — il fut un grand lecteur qui avouait cependant avoir très peu fréquenté les autres écrivains —, tout se trouve dans les textes, disait-il. On a qu'à lire les textes. Ce qui s’appelle lire.

Pour avoir la forme, la garder surtout, la lecture est cent fois plus importante que l’écriture. Me semble. L'écriture est définitivement un métier difficile.

À une bien humble échelle et avec un nombre restreint de personnes dont certaines sont décédées, d'autres sont d’illustres inconnus, peu importe, la conversation même fictive se poursuit en toute souveraineté et j'entretiens comme un jardin ce drôle de dialogue multiple qui n'a rien de technique. Cela se fait de texte à texte, mais dans une espèce de région où l’impression est vive et goûte un peu à l’âme, j’oserais dire. Avec ce qui en découle. 

Cela se passe avant tout dans le silence de la réception. C'est-à-dire parfois dans l’étonnement, parfois l’agacement, parfois l’admiration pure, parfois rien pantoute. De lecteur à lecteur. D'étonnement en émotion, en apprivoisement, si cela peut se dire.

Il s’agit là pour moi d’une expérience inouïe et fondamentale. C'est une conversation à la énième puissance.

La littérature est certes quelque chose d'intime, mais en même temps, c’est une pratique  vivante et collective malgré la limite des lettres elles-mêmes, la domestication sous-jacente, l'effet miroir du langage, les classes dans les langues, les feuilles mortes, les blessures, la surdité, l’inutile. Malgré la paresse, le manque de temps, l'aliénation, l’air du temps, malgré la médiocrité des radios publiques qui ont fermé la porte à la voix des écrivains.

Tout comme le langage est de part en part social, je postule à mon tour qu’il se trouve aussi une grande part du collectif dans l'émotion même. Or l'intimité dont on parle n'a donc rien à voir avec la préciosité d'un « je » petit roi. Je la définirais plutôt comme faisant partie de la réserve vitale de sensibilité où les êtres humains vont chercher leur souffle lorsqu’ils marchent vers la lumière, lorsqu’ils forgent leur devenir soi ensemble. Les rayons passent entre les craques.

C’est dire que nous parlons de liberté.  De sortir du trou.  « Deviens ce que tu es. »

Je ne sais pas pourquoi je te parle de tout ça.

Félix Leclerc, un autre autodidacte rural qui a manqué sa carrière puisqu'il souhaitait être un dramaturge, dit somewhere en dehors de la sommellerie : « Ne demandez jamais aux au-
tres ce que valent vos créations ». Je ne crois pas qu'il disait cela par orgueil ou par avarice. Sans doute était-il animé par le souci de ne pas leurrer les autres. Il avait le sens de la dignité.  Il y a notamment eu Raymond Lévesque, c'est lui-même qui nous le raconte, qui dans ses an-
nées d’apprentissage à Paris a pu demander l’avis au chantre déjà haut perché à propos de ses incertaines compositions...

Je pense en effet que c'est soi-même qui sait.

Sache en tout cas que je te lirai avec joie et avec beaucoup de curiosité. 

Fraternellement, 

X

25 octobre 2011

Mes souliers percés au cœur de Montréal


Montréal a un cœur. Un centre. J'y travaille. C'est banal. Tout vaque. 

J'ai bossé toute l'heure du midi hier et vers les 13 heures, j'ai eu envie de prendre l'air. J'avais une lettre déjà plutôt chiffonnée à poster; elle traînait dans mon sac à dos depuis plusieurs jours. Je me suis dit : c't'aujourd'hui que ça part! 

Je suis allé à la rencontre de la boîte aux lettres sur la Gauchetière, celle qui est jouxtée à la Place Bonaventure, juste vis-à-vis de la Gare Centrale, en bas des marches où se tiennent les grilleurs de nico. C'est mon territoire familier, journalier. Tout vaque tout seul.  

Sauf que là, je suis arrivé nez à nez avec une vache, une grosse Holstein en plastique dans un simili chariot, une espèce de waguine! Devant, un camion de TVA était garé. Plus loin, face à la rue, un gars jouait de la grosse caisse pendant qu'une madame blonde scandait au milieu d'un petit attroupement : Bou-Clair!  Bou-Clair! On n'en veut pas!  

J'avais entendu plus tôt au bulletin de nouvelles de radio-canne que des Madelinots s’étaient rendus au centre-ville pour manifester leur opposition aux visées de l'industrie pétrolière. Mais j'ignorais où cela pouvait bien être. Je me suis ramassé tout de go parmi eux! C'était en fait les derniers milles de la manif. J'ai compris que Lucien Bouchard, peut-être aussi Boisclair, même combat ces deux frères, se trouvait tout juste derrière nous dans une salle de l'hôtel de la place Bonaventure, au milieu de ses nouveaux potes de l'industrie gazière réunis en colloque, en train de soliloquer. Ces valeureux qui savent, eux, prendre « des risques songés ». Le Québec n'est pas si peureux que cela, martèlera plus tard Lulu le Toupet avec sa mine habituelle de tragédien devant les caméras du téléjournal du soir! « Il faut prendre des risques! Songés! »


La présence d'une vache? C'était peut-être un rappel métaphorique d'une déclaration hautement scientifique de la très regrettée ex-ministre Normandeau, une perte certaine pour le bras politique de l'industrie avec sa flopée de libéraux notoires qui y grenouillent.

Quelques journalistes étaient en train de remballer leur attirail. Jean-René Dufort devisait dans un coin et il était bien entendu accoutré d'une cravate flamboyante. Ça allait bien avec la vache.  

Sur le trottoir, Françoise David était en train de donner une entrevue à je ne sais quel média. C'est drôle, parce que la lettre que je venais de déposer dans la boîte a pour destinataire QS! 

Cette ville a un cœur. Tout vaque tout seul. Sans penser.  Cette ville a parfois effectivement un cœur qui bat plus fort certains jours.

Mais voici ce qui a fait ma journée : de vive voix j'ai pu dire bravo à Dominic Champagne qui se trouvait au cœur de ce rassemblement. Je désirais lui dire bravo, merci pour Tout ça m’assassine… Cela s'est fait en un clin d'oeil.

Après, j'ai eu dans la tête cette déclaration récente d'Hubert Reeves selon qui l'exploitation des gaz de schiste est « un très mauvais choix ».  On pourrait-tu souffler, câlice! 

La suite de ce lundi s'est déroulée normalement avec sa part de nœuds à dénouer.  

Vers les 18 heures, après la job, je suis retourné humer l'air à « la Place du peuple ». Tout était bien calme au campement, Monsieur le Président. On devinait dans la pénombre agissante que les occupants s'occupaient penauds dans la chaleur relative de leurs abris alors que tombait une petite pluie froide de fin de journée d'octobre. Plus loin, dépassé la statue, dans un corridor assez étroit bordé de tables et de pancartes, on se croirait dans un souk, c'était aussi l'heure du souper et ça grouillait un peu autour des chaudrons populaires protégés par des toiles.

Perso, sous mon petit makinaw, n'ayant pas de parapluie avec moi, je n'ai pas  insisté. J'ai repris l'escalier du métro tout près. À cause surtout des pieds mouillés. Car mes souliers de semaine sont percés — ce n'est pas encore apparent! — au niveau des talons. Pas grave.

Voilà. Je le redis. Montréal a un cœur. Avec des humains dedans qui cherchent la lumière.  

23 octobre 2011

De la slamille à Laval

Photo J. Desmarais. Frank Poule, Mael et Sophie tenant la petite caisse au théâtre Marcelin-Champagnat, Laval P.Q,22/10/11 


Revu avec grand plaisir l'ami Frank, fiston Mael qui grandit et Sophie au concert du Grand corps malade, hier soir dans le vieux Saint-Vincent-de-Paul à Laval, à deux pas des murs du Vieux-Pen.  C'était le dernier spectacle de la tournée québécoise du très gentil et populaire GCM.  Le trio de David Goudreault a assuré la première partie de cette tournée. D'où la présence de Frank et Sophie, piliers de l'équipe qui entoure David.     


20 octobre 2011

Let's go!

The times they are a-changing (...) Come writers and critics Who prophesize with your pen And keep your eyes wide The chance won't come again And don't speak too soon For the wheel's still in spin And there's no tellin' who That it's namin' For the loser now Will be later to win For the times they are a-changin'. - Bob Dylan

C'est écrit dans le ciel

Photo Jacques Desmarais,Béthane, 7 oct. 2011.

Montréal itout!

« (...) le capital est du travail accumulé... »
- Karl Marx, Manuscrits de 1844


Passé aujourd'hui au Square Victoria.  Ça sent le renouveau de l'expression à la « Place du peuple ». Set in impressionnant, bien organisé!  De la bouffe, des bouquins, de la bonne tenue. C'est réjouissant. 


Entendu un policier (ils étaient six, des gradés avec frange et épaulettes, tous très cool) dire que le bourgeonnement impromptu de tentes en plein centre-ville lui faisait penser à... Port-au-Prince.


Ne pas prêter oreille attentive à ce mouvement et à cette sensibilité des jeunes et des bigarrés, c'est être sourd et aveugle.  The times they are a-changing!  J'y retournerai demain pour rapporter des images.

*****

Discussions à Occupons Montréal (vidéo de Voir)
« Ils sont peut-être en train de devenir des bénévoles du rêve et de l’indignation. »
- Simon Jodoin


Les indignés de Montréal (papier du journal Métro)

L'occupant Frans Ben Callado :
« [...]Ni vol ni violence à date : c’est une société festive, elle est autrement équilibrée que les planchers boursiers. Dès qu’il n’y a plus de chef, chacun est soucieux de partager le meilleur comportement possible. C’est rassurant de trouver de tout ici, de tous âges, habits et acabits (pas trop de yos, ce sont des vendus généralement), sans idéologie précise, sans arrière-goût stalinien, tous en se parlant, en se remerciant, en écoutant. C’est le temps de faire toutes les rencontres, partir tous les projets, lancer toutes les idées que leurs muselières sociales avaient avortées.
C’est clairement une société qui donne une place prépondérante aux activités artistiques, où le partage est spontané, où la poésie et la musique existent et importent, où les gens écoutent, plus que dans la fausse vie, ce que les autres ont à dire. Énergétiquement, c’est plus efficace qu’une bombe, et ça fait naître plutôt que mourir. (...) »


*****


Pendant ce temps aux États, justement, il y a un dénommé Remy qui pastiche le bon vieux Robert Bob.

17 octobre 2011

Pierre mauve


Puisque la craie crisse 
en dessous du noir de l'air du temps
et par-dessus l'attente qui coule
sur les bidonvilles hurlants de ce monde
je tiens ta main volcanique
j'entends ton coeur
qui agrafe dans le vide
des mots grafignés qui sifflent 
sur la peau triste de la foule, 
mais ça murmure aussi, ça confiture
ça chante, ça sacre en sacrement!  
J'ai oublié ton vieux chandail 
et mon jacket bleu sur un banc
à New York, aujourd'hui.

16 octobre 2011

Pierre mauve



Crisse la craie  
en dessous du noir
de l'air du temps
et par-dessus l'attente
qui coule
sur les bidonvilles hurlants
du monde
je tiens ta main
je tiens ta main
volcanique
j'entends
ton coeur
qui s'agrafe
aux mots qui sifflent 
sur la peau triste
de la foule 
ça murmure aussi, ça confiture
ça chante, ça sacre en sacrement!  

J'ai oublié ton vieux chandail 
et mon jacket bleu sur un banc
à New York, aujourd'hui.

_________________________

Note : Remétissage d'un texte.  Les commentaires de Nina et Super K n'ont rien à voir.  Mais je ne peux pas les effacer.  Je les garde.







12 octobre 2011

Pôles à peu près


Les deux pôles de la pensée. Je dis cela pour voir.

— le Nord : la découpe objective, tranchée, mathématique, le pas mesuré de la survie dans la friture, cet enfer blanc que l'on traverse. Avoir un plan pour le phoque sur la banquise qui fond à vue d'œil. Il n'a « que du Sud à penser ». Et le monde, lui? Le monde de Picard? Le monde adios qui brode des poils de castor et qui s'échauffe dans le vide cru de l'inondation à venir. Et le Saint-Ours?

Monsieur le Président libéral! Je ne vous écris pas cette lettre!

— le Sud : baiser de l'esprit remuant, s'entreposant entre nous avec ses fantasmes de lumières qui se déflaquent sur le sol, le dos allongé sur le sol en guise de. Brûlure. Symbole incomplet, le soleil ne dort pas beaucoup. Il sent le prisonnier. Le moteur. Cela advient tout droit à minuit au Nunavut entre les épinettes noires et les os de torture de la poésie! Oui, mais la solitude qui frimasse sur la chair! Oui, mais les étoiles toutes nues qui ont trop d'ouvrage!

On y va! Tu suite! S'abandonner sur le grand lit.




06 octobre 2011

Eeyou Istchee


En ce jour d'hui, à Waskaganish, patrie de Neil Diamond.

La rivière Rupert est demeurée tranquille sous un ciel haut avec passages nuageux de front de baie en après-midi.
 Un enfant solitaire jouait près de la grève.
Monsieur Monroe et son compagnon :
Vous allez pêcher?
Non, on s'en va chasser!
Chasser?
Oui!
Des outardes.

Aux abords d'une touffe d'épinettes noires, vu pour la première fois de ma vie une belle plante rosée à quatre feuilles.  Le silence se respire ici.

De retour vers Dorval, un saut à Val d'Or qui dura quasiment deux heures au bar en raison du trafic sur les pistes à PET.
L'attente a valu des points en prime : l'anagramme vue du ciel a fait exploser en trois minutes un coucher de soleil aux couleurs de manque du Nord.

 




Photos Jacques Desmarais

03 octobre 2011

Train de nuit qui va toujours le même chemin...


En reprise. 

«train de nuit qui va toujours le même chemin et qui me traîne par les cheveux j'ai quitté mon village tranquille avec les lampes par la fenêtre et le sommeil clair des berceuses de rotin train de nuit des malles coffres de larmes et les yeux de la gare dans mon front ils dorment ceux qui voyagent marchent en dormant il y a celui de la tête dans les bras l'autre a mis ses pieds contre la vitre du paysage vertigineux les exils des abandons dans les arrêts prolongés et tous ceux de nos liens avec leur bagage et ce coeur qui prend toute la place que nous n'avons pas pris»

Paul Marie Lapointe, Le Vierge Incendié (1948)

***

L'auteur avait 19 ans quand il lança sa grenade retentissante jusque dans les encriers du refus global. Maudite jeunesse. Emparez-vous!

*

Je suspendrai la clé des chants 
et le faiseur de ménage
Je cracherai dans mes lunettes
Je ménagerai mes St-Ambroise
J'ai à lire, à lire... 

- Novembre 2006



Photo : Gabor Szilasi

02 octobre 2011

Soupe à l'alphabet sur l'ardoise avec des petits creux

Gribouillage jd, dans la série des Couche-tard

Spir, amitié, danse et transe en dance...










Une fois n'est pas coutume : un peu de philo.

En pensant à Jean-François Malherbe et à la Fantôme.

Définitions de départ : religion, éthique, spiritualité.





Religion
: ensemble de croyances, de rites et de préceptes qui relient l’univers de l’homme à la dimension du sacré, à ce qui le dépasse. Par exemple, dans les religions chrétiennes, on trouve le récit de la création de l’univers, la notion de l’immortalité de l’âme, la vie bonne et ce qu’il faut faire sur le plan moral pour assurer la vie éternelle.

Spiritualité : regard personnel et intime sur le monde où l’invisible ouvre un espace de significations inédit qui rehausse l’expérience propre aussi bien que la communication aux autres.

Éthique : l’éthique est ce domaine critique de l’actualisation des valeurs qui animent les personnes dans leur vie individuelle aussi bien que collective afin de se réaliser. Cela implique la mobilisation des ressources pour solutionner les problèmes du vivre ensemble et notamment l’apprentissage du dialogue entre les interlocutaires afin de co-construire la signification de l’action et justifier ce qu’il convient de faire pour le mieux dans les circonstances données.

Parmi les appréhensions de départ, j’ai mentionné que le terme transcendance n’allait pas de soi à mes yeux. D’autre part, j’ai esquissé un rapprochement entre l’expérience poétique et l’expérience spirituelle. Comme si la question de la spiritualité pouvait s’apprivoiser par l’intermédiaire de l’expérience poétique dans son éclosion de lumière, sa vivacité, sa fulgurance qui rejaillit sur le langage et la sensibilité.


Points de repères


Où en suis-je? Qu’est-ce qui s’est déplacé? Pour fins de comparaison, reprenons tout d’abord les termes de départ à la lumière cette fois des définitions (très abrégées ici) données par Malherbe.

Religion : médiation, intermédiaire entre l’humain et le divin.

Spiritualité : Rapport qu’un sujet s’autorise à la surprenance.

Éthique : travail que l‘on consent à faire avec d’autres sur le terrain pour réduire autant que faire se peut l’inévitable écart entre nos pratiques et nos affiches.


Transcendance


Dans ma compréhension, la transcendance était comme soufflée par un esprit lointain. J’avoue avoir souvent éprouvé une incapacité à suivre les enjeux philosophiques potentiels reliés à la question. Non pas que je prétende avoir traité la question de façon fouillée. Mais j’ai en tête quelques auteurs : Niestzche, Michel Onfray, un débat entre Ferry et Sponville probablement dans Une sagesse pour les modernes, où Sponville, athée, refuse toute transcendance, alors que Luc Ferry postule un «humanisme transcendantal», c’est-à-dire qu’il voit du divin en l’homme. Si ma position spontanée penchait du côté du matérialisme, à vrai dire, j’alternais d’un argument à l’autre avec une bonne dose de méfiance à gauche et à droite.

Or, il me semble aujourd’hui être en mesure d’envisager la question sous un jour complètement renouvelé.

Débarrassé de la gangue théorique aussi bien que du poids de la tradition, c’est comme si j’avais fait l’apprentissage d’un nouveau jeu de langage. En associant la transcendance à la notion de «surprenance», on fait entrer le mot de plain-pied dans l’expérience commune et intime. La transcendance n’est plus désincarnée.


Devenir soi

Partant, on comprend mieux comment le mouvement du devenir soi porte en lui ce que Malherbe désigne comme le fondement de l’éthique. Ce trait se comprend ainsi : l’objet est immanent à lui-même alors que le sujet s’échappe à lui-même. Mais plus encore, le sujet devient sujet «quand il renonce à toute appropriation possessive de sa propre transcendance». Ce jeu du sujet renvoie à l’accueil de la transcendance «comme une amie».

À l’opposé, la transcendance signifiait pour moi la disparition, l’aliénation, un état que je ne saisissais pas. S'esquisse plutôt ici la légèreté de l’être étonné, dansant, comme disait Niestzche.

Ce retournement, ce déverrouillage est heureux. J’éprouve un sentiment semblable au jour où, dans un cours d’épistémologie qui tournait autour de Popper, j’ai compris que le hasard existait, que l’univers n’aurait pas pu advenir sans le hasard et que, partant, le déterminisme qui me pesait tant était circonscrit.

L’éclairage nouveau d’un mot ne fait pas bouger que l’immédiat. Ainsi, à rebours, je peux, me semble-t-il, mieux «utiliser» la culture «spontanée» d’où l’on tire ce qui reste quand on a tout oublié, dirait Gaston Miron. Enfant de la Révolution tranquille, je pense ici aux sédiments de la culture religieuse de mes parents si bien décrite par Pierre Vadeboncoeur dans Les deux royaumes comme «altitude du regard», littéralement oblitérée dans le Québec de la «Grande clarté».

Sur le plan des idées, j’entrevoie aussi autrement l’attachement que j’ai pu avoir, jeune, pour la philosophie et ce combat anti-spiritualiste (les esprits que l’on voit dans sa soupe, disait Marx). Je constate que ce combat ne fut pas le refus de la spiritualité.


Éthique


Si je saisis bien, l’éthique débouche sur l’horizon de la spiritualité entendue comme mouvement du devenir soi «ensemble». Dans cette perspective, au-delà de la convention plus ou moins enracinée, ce mouvement fonde l’horizon même de l’éthique. «Le but de l’éthique est que chaque sujet crée chaque jour son propre sens, sa propre façon de devenir plus humain» (J.-F. Malherbe, Le nomade polyglotte, p.157)

Je me suis senti pris de court d’avoir si peu à dire sur l’éthique après tout de même une longue fréquentation de la matière. Pourquoi tant hésiter? Est-ce parce que ma réflexion et mes études ne sont pas directement en lien avec ma réalité professionnelle?

Pour l’heure, en complément de l’éthique comme apprentissage du dialogue et actualisation des valeurs, j’aime emprunter cette définition où l’éthique est vue comme une discipline critique, systématique parce qu’elle vise tout l’humain, et fondationnelle parce qu’elle donne sens au mouvement universel du devenir soi.


Cheminement

Accueil de la transcendance, pardon en regard des blessures de l’humain, détente, confiance, travail avec les autres, respiration d’un terme à un autre dans un regard plus unifié, déboulonnage du mirage des valeurs affichées, perception de l’existence des jeux de langage comme mise en scène de différentes forme de vie, mouvement universel de l’autopoiësis de l’homme, voilà en quelques mots ce que je retiens de mon contact avec Jean-François Malherbe.


Dieu


Resterait un mot à dire sur la question de Dieu. La religion m’apparaît plus que jamais comme une création littéraire, un récit, une espèce totem (Freud) pour saisir la figure innommable de Dieu. C’est la question même de Dieu qui est importante, avons-nous dit, non la réponse à cette question.

Ce que je retiens pour l’instant tient à cet énoncé : la transcendance ne se dissout pas sur l’horizon de la mort. Les conditions de finitude du voyageur éphémère n’épuisent pas ce que j’appellerais, faute de mieux, les percées éternelles, ces tentatives pour faire entendre «ce qui dépasse l’homme». Suivant Spinoza, ce qui dépasse l’homme n’est pas une entité distincte de l'homme.

A. Dhôtel qui préface le Guide de nulle part et d'ailleurs... (Guadalupi et Manguale), écrit comme en écho : «ce qui compte, ce n'est pas l'existence ou la non-existence, mais le voyage lui-même (...) Voyager, c'est seulement passer et regarder autour de soi, pour saisir dans la profondeur les éclats de l'imaginaire et du réel tour à tour... » Il y aurait là un lointain, un présent autrement esquissé, une manière différente d’envisager la mort.

J’ajouterais ici que l’intuition en regard de la poésie (le faire, l’art) comme figure emblématique du lien à la spiritualité, à cause des éclats justement, me semble tenir debout comme un phare. Que veut-dire un Kandinsky avec son «spirituel dans l’art», sinon qu’il y a du spirituel dans l’Homme? L’art «accompagne ceux qui ne savent pas ce qu’ils sont, c’est parce qu’ils ne savent pas qu’ils créent» (Michaël La Chance, Les penseurs de fer, p. 71).

Se tenir dans la question de Dieu pourrait donc, en un sens, renvoyer à l’apprivoisement de la distance et de l’invisible. L’expérience de l’amitié est parlante à cet égard : passerelles jetées vers l’autre, cet inconnu habité par toutes «ses petites morts successives» mais aussi, par la continuité de son «regard bienveillant», promenades incertaines qui laissent des traces à l’ombre du doute dans les sillons les plus lumineux de notre rapport à la spiritualité.

Sur ce thème très riche et en guise de mot de la fin, je propose un extrait de l’Amitié de Blanchot. La sévérité joyeuse à l’oeuvre ici me semble jouer comme un accompagnement, comme un accord majeur en rappel de ce qui nous fut livré ici dans ce cours de Malherbe.

Blanchot :

«Nous devons renoncer à connaître ceux à qui nous lie quelque chose d'essentiel. Je veux dire, nous devons les accueillir dans le rapport avec l'inconnu où ils nous accueillent, nous aussi, dans notre éloignement. L'amitié, ce rapport sans dépendance, sans épisode et où entre cependant toute la simplicité de la vie, passe par la reconnaissance de l'étrangeté commune qui ne nous permet pas de parler de nos amis mais seulement de leur parler, non d'en faire un thème de conversations, mais le mouvement de l'entente où, nous parlant, ils réservent, même dans la plus grande familiarité, la distance infinie, cette séparation fondamentale à partir de laquelle ce qui sépare devient rapport. Ici, la discrétion n'est pas dans le simple refus de faire état de confidences - comme il serait grossier même d'y songer, mais elle est l'intervalle, le pur intervalle, qui, de moi à cet autrui qu'est un ami, mesure tout ce qu'il y a entre nous : l'interruption d'être qui ne m'autorise jamais à disposer de lui, ni de mon savoir de lui, fût-ce pour le louer, et qui, loin d'empêcher toute communication, nous rapporte l'un à l'autre dans la différence et parfois le silence de la parole.»


Questions

1) Dans un échange récent avec Michel Garneau autour de son plus récent recueil de poésie, il écrit : «ce que les gens appellent spiritualité, c’est l’instinct, l’instinct qui veut l’être qui veut que l’être soit/ qui veut que les bébés se fassent /et que l’espèce survive nous ne voulons que le plaisir/ mais l’instinct est spiritualité/ ça nous enrage mais l’instinct est spiritualité et ne cherche que le miracle de la naissance... (extraits du Museau de la lune). Le miracle de la naissance nous fait penser à la surprenance. Mais l’instinct? Instinct de vie, instinct de mort, instinct de conservation. Est-ce que la surprenance ne s’en fait pas accroire parfois alors que c’est le museau de l’homme qui tient l’aiguillon?

2 ) Hannah Arendt est contemporaine de notre expérience. Son analyse de la guerre du Vietnam souligne avec force que le totalitarisme n’est pas un épisode condensé, passé. Arendt pose le lien entre l’inaptitude à penser et le problème du mal, relayé par la tromperie, le mensonge. etc. Elle nous pousse dans le dos quand elle déclare que nous n’avons pas encore consenti à être d’authentiques citoyens (p.25). Arendt trace donc la voix d’un engagement philosophique radical et urgent. Peut-on dire que l’éthique contemporaine prend en compte de façon significative la complaisance qui aliène le devenir soi?

3) Il faut que l’esprit devienne aussi visible que la matière et la matière aussi lumineuse que
l’esprit. Appliqué au devenir soi, on parle de «l’assomption de la lumière ». Est-ce que de tels énoncés sur l’esprit sont bel et bien synonymes de la force qui passe à travers moi? Dans ce cas, la lumière est-elle toujours incarnation?

4) Dans un commentaire sur Maître Eckhart, on peut lire que «... la véritable nature de l’humain réside dans cette part de divin qui le vivifie.» (Recueil, p, 88). Si j’ai bien compris l’articulation de la spiritualité avec Dieu, le divin (faute de mieux) est la lumière?

5) Si l’esprit est cette force qui nous traverse, à part d’apprendre à accueillir la surprenance comme une amie, est-il exact de penser que la lecture des philosophes matérialistes en particulier (et Spinoza notamment) constitue un parcours précis pour approfondir son rapport à la spiritualité?

6) Peut-on dire en paraphrasant Wittgenstein que les limites de ma pensée sont les limites de mon rapport à la spiritualité?

Université de Sherbrooke, automne 2006.

Nota bene : je prendrai la précaution oratoire de dire que ce texte, grandement inspiré d'un travail universitaire fait dans le cadre d'un cours de niveau maîtrise à la Chaire d'éthique appliquée de l'Univ. de Sherbrooke, se dissocie radicalement de toute espèce de « politique religieuse » visant à encarcaner et à imposer des comportements prescrits par les corps doctrinaux des religions et tels que gérés par « des intermédiaires » de Dieu, prêtres, imams, rabins, gourous... La croyance est affaire personnelle et le rapport au sacré dont il est question plus haut ne saurait se définir sur le plan des obligations et des convenances, encore moins de l'imposition intégriste qui fait surnoisement rage un peu partout dans le monde d'aujourd'hui. En l'occurrence, presque toutes les religions ayant pignons sur rue ont rapetissé les femmes jusqu'à nier et dénier leur corps . Cela est arriéré mental et est profondément condamnable.


Photo : origine inconnue. Je m'en excuse.