03 octobre 2011

Train de nuit qui va toujours le même chemin...


En reprise. 

«train de nuit qui va toujours le même chemin et qui me traîne par les cheveux j'ai quitté mon village tranquille avec les lampes par la fenêtre et le sommeil clair des berceuses de rotin train de nuit des malles coffres de larmes et les yeux de la gare dans mon front ils dorment ceux qui voyagent marchent en dormant il y a celui de la tête dans les bras l'autre a mis ses pieds contre la vitre du paysage vertigineux les exils des abandons dans les arrêts prolongés et tous ceux de nos liens avec leur bagage et ce coeur qui prend toute la place que nous n'avons pas pris»

Paul Marie Lapointe, Le Vierge Incendié (1948)

***

L'auteur avait 19 ans quand il lança sa grenade retentissante jusque dans les encriers du refus global. Maudite jeunesse. Emparez-vous!

*

Je suspendrai la clé des chants 
et le faiseur de ménage
Je cracherai dans mes lunettes
Je ménagerai mes St-Ambroise
J'ai à lire, à lire... 

- Novembre 2006



Photo : Gabor Szilasi

5 commentaires:

Christian Roy, aka Leroy a dit...

J'avais jamais remarqué à quel point il ressemble à Félix Leclerc (ou l'inverse).

Christian Roy, aka Leroy a dit...

[...]

«Et cette grande éternité coupée
Par les réverbères de nos larmes
Je la tue des dernières heures de ma journée

Je suis le veuf de la nuit
Mais où mon deuil
Mais où mon seuil
Je suis le veuf d'une invisible terre
La nuit m'a enseigné la cloison de ton visage
Et je voyais dans ses couloirs choisis
Ton oeil comme un feuillage
Toutes les colombes comme ta bouche

Au delà ma main
Ô mon pressentiment
Au delà mon talisman»

[J'arrête j'ai des frissons]

Alain Grandbois in Au delà ces grandes étoiles...

Jack a dit...

Merci SuperK. Très lumineux ce prince de Grandbois, cet amoureux. Très beau et surprenant cet extrait. Paul-Marie et Félix : même sourire espiègle, même chemise carreautée. La Tuque. Lac St-Jean.

Anonyme a dit...

Beau et succulent...
Ça fait du bien de lire de la poésie par les temps qui courent (en mettant leurs pas dieu sait où).
Avec mon frère, quand nous poétisions à deux voix (tu as quelques extraits miens sur mon site, et tu peux lire, puisque c'est traduit
de l'oc en français, mais mon frère écrit seulement en oc et n'a pas de site), nous nous sommes bagarrés pour le retour au lyrisme alors que s'imposait la dictature de la poésie minimaliste, style faux caillou japonais, sans tripes, sans mots qui tiennent chaud...
Longo maï (ce qui en british ferait so long)
René

Jack a dit...

Merci René.

Je suis passé rapidement chez vous. J'y ai repéré la série sur les Radeaux de la méduse, est-ce bien cela? Et j'ai entrevu ces tiroirs qui sont pleins.

J'y retournerai avec plaisir.