28 février 2007

Bourrés!





Suites brésiliennes. Sous-titre : mourir n'est pas rien. Dernier mot de Salvador de Bahia.

Il est quatre heures du matin. À l'heure du coq que j'entendais à Recife, je me lève avec quelques dettes dans les poumons. Je (éo) suis venu au Brésil dans l'idée de voir du monde. Pas des souliers accrochés dans les musées. Tiens un gato griffe le silence de la noite. Une espèce de cafard roux traverse la pièce en catimini. Je me réveille après avoir bu. Je me rendormirai. Rita et Claudio ont fait une fête à mon intention. Je veux en dire un mot. Pourrais-je jamais leur rendre la pareille? Bahia a la réputation de faire fête de tout "boit". Je ne le nierai pas. Ils m'ont eu, les vlimeux. Entre autres, j'ai revu Marcilla, architecte, et son chum Mauri, un artiste en arts plastiques pas piqué des vers.

J'ai revu Mario, un homme de radio et de tv éducative, un bollé de la musique brésilienne. J'ai revu Philippe, 19 ans, second fils de Claudio qui a un feu sauvage et la langue boutonneuse. Il a trop embrassé de filles au Carnaval! J'ai revu Lucianus, celui qui me fit conduire son catamaran. J'ai connu avec grand plaisir la dramaturge et poète Calcilda Povoas, auteur de O olhar inventa o mundo (P555, 2002).


À un moment donné, Claudio me dit : "Tu t'es fait des amis."

Touché.

Plus tard, après que Kanasuta de Desjardins (la vidéo) ait été emmêlé à nos échanges bien arrosés et aussi bien boucanés qu'un jambon de Pâques dans un baril, Claudio a dit : "Excuse-nous. Nous sommes tous bourrés". Fais-toi en pas, que je dis. Moé avec.

Je suis venu ici pour voir du monde. J'ai entrevu par centaines ces gens de l'autre Brésil comme ce petit jongleur de cocos qui a des cannes si petites, un t-shirt trop grand. Il se poste au milieu de la rue et fait son numéro, espérant séduire par son adresse un automobiliste pour qu'il lâche un trente sous.

Ce Brésil pauvre inquiète. Parmi des centaines d'évocations possibles, une scène au début du film Central do Brasil, un chef-d'oeuvre, montre un ado qui vole une niaiserie dans un marché public. Deux gros boeufs attelés à la job rattrapent le jeune, le coincent et l'abattent illico comme un rat. "Hélas, cette réalité existe au Brésil, même à Bahia", commentera Claudio.

On peut certes faire un voyage au Brésil dans le confort occidental standard et tenter de se boucher le nez. Mais on serait ainsi coupé de l'imagination de ce peuple de la débrouille qui inspire les mieux nantis de la génération de Claudio. Claudio aurait pu avoir une situation au Québec après ses études doctorales en éthique. Il a préféré rentrer parce qu'il pense pouvoir contribuer à transformer le Brésil.

Voilà le Brésil que j'ai vu. Une bien petite goutte de la réalité d'un grand pays à la fois cruel et profondément amical. La fatigue m'empêche de dire mieux.

26 février 2007

Fragments d'un jour étiré




J'ai marché sept kilomètres hoje, longeant le littoral jusqu'au phare d'Itapuà. Mon genou dérigneché s'encourage même s'il sait qu'il ne fera pas de ski c't'année et qu'il ne lui reste qu'une journée avant de jouer à la sardine dans les avions du long retour au bercail.

Aujourd'hui, par hasard, je suis arrivé à la Place Vinicius De Morales. On a installé le poète assis à une table de café, un stylo et un manuscrit sont posés à ses côtés. Il y a une chaise vide. Les gens viennent s'asseoir et se font prendre en photo. Manque toutefois « le chien en bouteille » : l'inséparable whisky.

J'ai passé la journée sans caméra. Dindon farci craint les farces plates.

Donc, rien sur l'eau, sur l'onde que j'ai vue miroiter vers 15 h comme des milliers de colliers flottant, insistant; rien sur le dos des grosses roches brûlantes où j'ai crié pour l'air du temps : C'EST BEAU! C'EST BEAU! Alors, je triche, je place d'entrée de jeu une photo où il y a des rubis, photo prise vers Barra vendredi dernier.

En fin de journée, balade au Lac Noir qui est frangé de dunes blanches. Je l'ai entrevu, tranquille, à la brunante. Il s'agit d'un endroit qu'affectionne Claudio parce qu'il y a passé son enfance.

J'ai examiné le ciel à cet endroit un peu en retrait des lumières de la ville. J'ai identifié un grand M. Il semble que je sois le seul à l'avoir vu.

L'enfance. Il faut toujours la recommencer. Il y a dans cette maison un petit roi du nom de « Péo" (Pedro) et qui mène le diable. Ce petit bougre de 5 ans est né au Québec. Alors, je l'endure comme un compatriote. Parfois, c'est son plaisir de tenter de me parler en français! Quand même remarquable. Un beau petit bonhomme.
Péo fouillant dans mes affaires. 
Tordre le nez avec plaisir!

Attends rien qu'un peu!
Le roi et son valet « Papoui »
















Aujourd'hui, les choses simples de la vie m'ont comblé malgré le baby blues d'un voyage qui s'achève.

C'est bien connu : si les voyages forment la jeunesse, ils déforment la vieillesse. « Moi qui navigue entre deux âges, je vous adresse à tous un message : le temps ne fait rien à l'affaire... »

Hoje, les choses compliquées comme le regard circonstanciel ne m'ont pas fait regretter les trois grosses bières ingurgitées, puis remises au Bon Dieu à la manière de Bahia . Nous avons dépassé l'équateur ici et il fait chaud, bazouelle!

Aujourd'hui, je n'avais pas de caméra pour faire le perroquet derrière mes pas. Mais pour vous parler, j'aurais souhaité avoir un chevalet dans la bouche, de la peinture après les cils, du foncement dans les pastels.

Aujourd'hui, j'ai gagné à la loterie une citation du peintre brésilien Sergio Fingermann. Dans Fragmentos de um dia extenso, Bet, São Paulo, 2001,
il écrit : « Ce que je vois dans la peinture c'est la possibilité d'une rencontre avec une sensation d'éternité. Ce que la peinture rend possible c'est de voir ce qui existait déjà avant le commencement (...) C'est probablement là que surgit la sensation avec ce Mystère : Nous cherchons le lieu où il ne se trouve pas, où il apparaît comme une possibilité. C'est pour cela que nous insistons. C'est pour cela que nous continuons. Quelquefois nous gardons des fragments d'une journée très longue.»










25 février 2007

Jaquaribe



Enfin la plage sous 31 vrais beaux degrés celsius.

Mes amis brésiliens ne peuvent pas imaginer ce que signifie pour un Québécois faire une sieste dans ça d'épais d'eau en plein mois de février!

L'autobus un bon 20 minutes, puis on arrive à cette merveille : la plage de Jaquaribe. Je n'ai pas amené la caméra de mes amis : dindon plumé craint l'eau salée. Mon genoux blessé ne me permet pas de faire du rodéo à dos de vaques. Mais j'ai pataugé pareil. Une sieste sur le dur à la plage! Avec bières, frango (poulet) embobiné dans une pâte à la farine de maïs, fromage grillé sur bâtonnet... C'est la vie brésilienne zébrée de marchands ambulant qui vous offre le capitalisme à la dolorama sous votre nez . En barguignant, je me suis fait faire un tatouage à l'encre qui s'efface (j'espère) pour 5 re $. Devant une baraqua où je m'étais tiré une chaise longue, le garçon chasseur de gringos m'apporte la Bohemia bien froide que je lui avait commandée puis m'informe que ce sera 15 re $ pour la chaise. Enfant de nénane! Tu peux te la faire fondre ta petite bargain en plastique.

J'ai marché jusqu'à un bref interlude là où l'on ne trouve plus de baraqua, ni système de son tonitruant. Une jeune famille vient s'installer à côté de mon petit tas de linge alors que j'étais dans l'eau. Trois garçons font des allers-retours à la mer, la jeune madame, les yeux en amande, est enceinte, le papa à l'air d'un adolescent aux aguets. Forcément, les vendeurs se pointent. À deux reprises, il achètera des liqueurs glacées aux enfants.

Rita trouve la plage de Jaquaribe bien moyenne. Pour ma part, je trouve que c'est une merveille. C'est vaste, c'est vert bouteille, c't'écoeurant. Surtout, voici enfin une plage de Bahia qui n'est pas déviargée par la pollution.

24 février 2007

Charles Darwin à Bahia



Salvador, 24 février 2007


Mon temps est compté. L'oiseau de nuit en moi se fait vampire avec déjà une trace de sel sur la langue. Je traîne dans un café du Pelourinho . Tous les vices me passent par la tête. Nina Simone coule rugueuse dans l'ambiance du café et j'ai mal à mon âme de nègre blanc d'Amérique.

Mais vera cruxe que je suis bien!

J'ai clopiné dans les rues pentues en pavé désuni (quasiment des chemins de vaches en roches). J'ai visité la maison de Jorge Amado.

Sur la place, un jeune gars noir habillé en fille danse, provoque, quête.

Le vieux Bahia à lui tout seul, malgré tous les commerces, vaut le détour. De la Place du Palais avec vue sur la basse-ville et sur le port, on pouvait suivre au temps jadis de la colonie le commerce des esclaves, le traitement de la marchandise... Que d'atrocités entre les murs des pierres importées du vieux Portugal!

Vers 1860, Charles Robert Darwin lui-même vint faire son tour à Bahia. Il note dans son carnet de voyage l'extrême rudesse avec laquelle on traitait les esclaves. Il relève aussi l'odeur de l'urine se manifestant ici et là. Sur ce dernier point, à la suite de Darwin, je persiste et signe : les Bahianais pissent comme ça leur chante.

Je viens de piquer une jase avec deux jeunes Anglais. L'un deux vient de la ville de Jamie Cullins. Ils m'ont demandé si tous les Canadiens parlaient français et anglais...

J'ai soupé à l'étage au O Coliseu. Buffet à 30 re. Salade variée, riz, caruru, valalpà, feijào (fèves) fradinhno, beló de camarõ, moqueirba de peixe dourado, camarão no morango (crevettes servies dans une citrouille), acarajé... Minios de vin du Brésil qui était pas pire (17 re). Fruits avec coco râpé. L'ananas était bouleversant.

En tout, avec pourboire : 23,00$.

J'ai vu parmi les photos des personnalités ayant fréquenté ce resto-bar un cliché montrant Lula... On ne sort pas n'importe où!

On y présente des spectacles folkloriques (négros). Celui que j'ai vu, en répétition puis en début de représentation, m'a tout simplement émerveillé. Très très haut calibre.

Depuis que j'ai vu Caetano Veloso à Montréal, je ne cesse de me persuader que les grands showman de la planète ne sont pas à Hollywood, ils sont au Brésil.

23 février 2007

Au pays de Lula

Salvador, 23février 2007



Salvador de Bahia est une presqu'île où vivent autant d'âmes qu'à Montréal. Le métro est en construction mais ne sera pas étrenné avant plusieurs années. Donc, Salvador est une grande ville accrochée à ses autobus.

Parmi les autobus, ll s'en trouve un super de luxe, climatisé, 4 re au lieu de 2 re. Nous montons dans la cadillac, Claudio et moi, pour nous rendre de Pituba à la Place du Palais, là où se trouve un ascenseur très réputé qui pour 0.05 re (deux cents!) nous dépose sans que rien n'y paraisse dans la basse ville, joli quartier "underground", comme dit Claudio dont plusieurs vieilles maisons ont résisté au massacre des tours appartement .

Sur le dos d'un siège de l'autobus, il y a un graffiti qui parle de Lula. Claudio me traduit. C'est hostile. En gros, ça dit que Lula est là pour s'en mettre plein les poches. Corruption

Après avoir fait quelques achats au grand marché d'artisanat, on se retrouve dans un corridor à l'entrée où s'animent plusieurs petits bars-comptoirs ultra sympa. On peut bouffer de la "ficelle", petits poissons frits de la grosseur d'un éperlan et de la soupe à la pieuvre, un délice. C'est dans cette ambiance populaire que je rencontre le serveur au t-shirt Lula qui travaille au bar. De mes conversations avec un chauffeur de taxi à São Paulo, avec mes amis Claudio et Rita et les personnes de leur réseau, de façon très nette, la ré-élection récente de "Louis" est fortement appuyée, d'autant que l'État de Bahia vient de passer à gauche...

Dans l'autobus pour la classe moyenne, c'était 0% Lula. Dans la place d'un marché populaire, c'est sans équivoque.

Photo : Caudio.

22 février 2007

Recife - Olinda - 100 ans de fièvre



Não, de jeito nenhum
Não, eu não me arrependo de nada
Nem o bem que me fizeram, nem o mal
Tudo me parece igual
Não, de jeito nenhum
Não, eu não me arrependo de nada

Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien!

Cette chanson de Charles Dumont cousue-main pour la Piaf passe dans l'auto qui nous amène à Recife par la voix d'une chanteuse brésilienne inconnue de moi et qui me harponne de haut en bas : Cassià Eller (1962-2001). Son interprétation en français avec cette cave masculine dans la voix me remue comme un madrier oublié dans la cour. Il n'y a parfois que les larmes subites pour vous ramener à l'enfance de l'art.

Je ne suis pas en condition avec mon genoux pour toffer ce long voyage sur les routes casse-gueules et tape-cul, avec les interminables traversées des villes. Mais la campagne brésilienne est belle, collines fertiles, vastes plantations de cocos, de cannes à sucre... Les pieds engourdis (mauvais signe), vlà les grattes-ciel de Recife à vue... Mais non, rien de rien, je ne regrette rien...
Rita et Claudio me passent leur appareil photo. Comme je ne le connais pas et qu'il me faut au moins une bad luck par jour, je réussirai à scraper la centaine de photos que j'avais prises en cette première journée de carnaval! J'en pisse dans mes culottes.

J'étais alors assez bien déguisé en Sandinos, bandeau rouge, barbe au mascara... Mais personne ne semble m'avoir identifié...

Voici quelques clichés pêle-mêle tirés subséquemment :

Du monde...









Rita se grichant la perruque




























L'étranger monte, descend, mas pour que?










Claudio le schérif et Jambe de bois

Mauri

Carnaval de Recife - gagne de malade!

Le fevro, espèce de gigue du sud dansée tout en tas sur fond de fanfare jazzée suante depuis 100 ans.









































J'ai trouvé mes infirmières!

16 février 2007

Une ciboire de déferlante!


Salvador, 16 février 2007

J'ai le zizi plein de sable comme un petit gateau roulé dans le sucre. Je reviens en claudinant de la plage de Pituba. Pourquoi ne sommes-nous pas en route vers Recife? Et pourquoi je claudine comme Bobinette?

Tous les bagages étaient fins prêts. Mais j'ai rappelé à Claudio qu'il fallait que je passe au poste de police avant de quitter suite au vol de ma caméra. Tout s'est bien passé avec l'agent qui était affable. Claudio, l'interprète, a été essentiel.

De retour à l'appartement, rue Mato Grosso, une bien mauvaise nouvelle nous attendait : la belle-soeur de Rita, enceinte de 19 semaines, a perdu son bébé. Dans les circonstances, Rita et Claudio tenaient à rester auprès de la famille. Le départ pour Recife est reporté au lendemain.

S'ouvrait donc à moi l'éventail free d'un samedi après-midi inattendu, lourd verdâtre comme un truck plein de cocos tamisé par le soleil, humide à en grignoter sur place le dessous des sandales. J'avais l'intention de prendre ça cool et alcool.

Je découvre par la fenêtre qu'un bureau de poste se trouve à proximité, dans la suite de la rue de commerces qui à l'air d'une grosse ruelle et qui mène à l'avenue longeant la mer. La mer ici se marie avec la ville. Le ciel n'est pas cocu pour autant.

Je décide de poster ma demi-douzaine de cartes postales. Le bureau de poste reste en tout temps verrouillé! Un employé vous ouvre la porte pour entrer et sortir. J'apprends qu'on n'y vend pas de timbres. Je supplie un peu. Cartes postales et timbres jolis, ça va emsemble, non? Non. On passe la pièce au timbreur. C'est moins ambassadeur mais c'est comme ça.

Je retourne à l'appartement ramasser mes cartes et j'en achète deux autres chemin faisant dans un stand à journaux; il en pleut ici, avec tout ce qui est petits cooler de ci, de ça, bière, eau, grille à hot dog, bar à coco (côco, et non cocô, prononcé à la française, car cocô= caca en brésilien, õo).
Le petit commerce brésilien grouille partout tout le temps.

À deux pas de la poste se trouve un petit resto qui n'est pas du genre en chemise blanche et essuie-vaisselle brodée de luxe. Plutôt prolo hobo à casquette qui a vu pleuvoir, cambuis comme lotion pour la barbe, grosse face bouillante d'alcool rouge souffrance, grosses farces sur le sexe avec les animaux - c'est ça que j'ai compris, j'pas fou, le type a répété sa phrase trois fois en riant vulgairement, taraudant les quatre ou cinq qui étaient à sa table... En dedans, l'odeur de la cuisine n'est pas desagréable et laisse deviner encore d'autres plats inconnus du Nord-Américain. (Le Brésil a une culture culinaire qui lui est propre. Vive les Amériques!)

La tv surélevée trône à l'entrée comme si on était dans une taverne rue Onta Rio... La poignée de clients regardent le carnaval mur-à-mur. Je demande une carafa de bière. Au Brésil, il faut choisir son clan : à défaut de la Bohemia qui est ma préférée, je suis Skoll. Comme Claudio!

Je m'installe à une table de la "terrasse" à l'extérieur qui est adjacente à un garagem. Une pile de pneus m'accompagne l'autre bord de la table. Je ne suis pas mal à l'aise dans ce lieu : je suis même très heureux d'être ici. Personne ne me regarde de travers même si j'écris mes petites cartes postales, que je me peinture dans le coin du touriste et que parfois je cogne des clous tellement il fait pesant. Je suis heureux parce que j'ai l'impression d'être dans une scène de film international typique vue et revue de la Sicile à Marrakech, du dernier petit trou de Paris au bar mélasse de New York. Comprenez? J'étais dans une espèce de Gaz Bar Blues, version Bahia.

Une fois tout cela accompli, j'ai repris mes claques et mes guenilles et m'en suis allé à la plage. Pas du côté où un petit voyou est venu détrousser ma caméra dissimulée sous mon t-shirt!

Il faut marcher un bon trois kilométres avant d'atteindre mon spot. Je prends une pause chemin faisant en m'arrêtant à un bar à côcos, à l'orée d'un parc où il y a petit terrain de foot et un carré pour le skate. Le "cocoman" taillarde le haut puis le bas du fruit à coups de machette parfaitement calculés. Pose une paille au centre. Hvouiite! Hvouiiite! Et autres onomatopées indescriptibles. Désaltérant et "natural". Mais un côco par-ci par-là me suffira.

Une piste cyclable borde le parc. Denrée rarissime ici, car ville de collines et de colère au volant, dangers sur quatre roues, chauffeurs speedés, taule qui dégueule et hurle : tasse-toé crapaud! En fait, personne ne hurle ici, on écrase.

Il y avait deux pêcheurs absents des longues lignes plantées comme des piquets dans le sable. C'était peut-être un pêcheur en deux lignes. On ne sait jamais à quel saint se vouer. J'ai marché plus loin pour ne pas confondre l'âme son.

Je me suis installé en vérifiant tous les horizons. Dindon volé craint le vole au vent . Puis je me suis lancé trois ou quatre orteils à la mer. Un pas à la fois. Je suis un froussard de l'eau et je n'ai pas encore trouvé le psychanalyste capable d'expurger de mon nain conscient les craintes ataviques que m'a mère m'a transmises en même temps que ses gènes (merci pour mes beaux cheveux, moman.)

Donc, pas le genre à aller loin de la rive. S'il y avait une corde pour se tenir au rivage, se serait chouette. J'exagère. En tk, dans la scène violente que va suivre, une corde n'aurait pas été de trop...

Oui, bon, une autre affaire. Je vous raconte sans rien précipiter mais rapidement. Car tout s'est déroulé très vite. C'est quasiment niaiseux, mais ça c'est passé de même. Je n'étais pas si loin de la rive. Juste assez pour faire pipi sans que les deux seuls baigneurs à vue, plus les deux pêcheurs absents ne puisse se douter que je faisais pipi... Je sais, je sais, le pipi attire les requins, mais pas de sanitoros un mille à la ronde comme dirait Jean Leloup. Dans la vie, il faut parfois des solutions, pas juste des envies... Puis, là, je suis bien, je suis léger. J'adore la praia. Mais j'avoue que ces vagues sont fortes en titi. Ça fait une couple de fois qu'elles me plaquent littéralement dans le sable amoncelé, prés de la grève. J'ai des éraflures à la poitrine. Faut les prendre d'aguet les vagues qui zèbrent. Une autre vient de me plaquer. Plac! Faudrait que j'entre plus profondément, juste avant que les vagues cassent. Mais certaines sont déjà assez bonnes jusqu'à moi, se dit le froussard. Tarbarnouche qu'elles sont fortes! Le reflux, pas mieux, vous coupe les pieds. Difficile de rester en selle. Je ne blaque pas! Je n'exagère pas même si c'est un trait de caractère brésilien qui pourrait se mouler à moi qui suis si influençable.

Mais revenons à nos moutons de vagues qui sont plutôt des canons à oh! Je venais tout juste d'en prendre une solide. Je me dévire en me frottant les yeux. Je suis en position parallèle et là : slaque! AYÔILLE! TA... Eil! Calice.........!!! J'ai littéralement vu mon genoux gauche faire un aller-retour et j'ai pensé sur le coup que j'avais la jambe cassée! Ça a fait mal.

Je me suis retrouvé sur le flanc dans l'eau et l'hostie de reflux ne m'aidait pas pantoute. J'ai vite saisi que je ne serais pas en mesure de me sortir de là tout seul si jamais le courant m'entrainait. J'ai regardé les deux baigneurs, ils ne pouvaient pas m'entendre, et auraient-ils compris : HELP! Peut-être qu'ils ne connaissent pas les Beatles! J'ai rampé avec la chienne qui est allée se coucher quand elle vu que le vieux rafiot n'avait pas coulé.

J'étais debout, capable de marcher. Mais j'avais vu mon genoux et senti le coup de fusil. Je savais que je venais d'en manger une maudite. Que j'étais au début de quelque chose!

J'ai repris mes claques. J'aurais aimé avoir un bâton. Je me suis posé la question et j'ai répondu : prends donc un taxi. Pour cela, aurait fallu que je gagne l'avenue qui borde l'océan, une trotte, j'avais tout juste 10 re$ sur moi (dindon volé craint les mains dans les poches). Mais surtout, j'étais trempé de bord en bord et je risquais de me faire refuser l'accès au taxi, cela m'est arrivé déjà avec Rita ici même à Salvador.

J'ai marché. Au parc, des gens donnaient des massages. Je pensais au début que c'était des infirmières! En parlant avec elles, en tentant de leur mimer mes malheurs, je me suis rendu compte que j'avais oublié de pendre ma montre à la plage! Crétin! Pourquoi l'as-tu enlevée? Elle est aquatique, ta montre qui sonne à midi et 20h00 tapantes. Deux heures plus tard dans les provinces brésiliennes. J'suis retourné. Mon spot est assez désert, que je me disais, que j'espérais... De loin, j'ai vu mon bracelet noir gigoter dans le sable. Mon horoscope est bien pourri, que m'a dit ma femme avant de partir en voyage. Mais là, au moins, j'ai déjoué une fois les astres! C'était écrit dans le ciel de Jacques le fataliste que je scorerais au moins une petite fois dans ma journée.

J'ai repris ma route, mais pas en chantonnant. J'ai marché ben, ben tranquillement. En claudicant. Trois kilomètres de long. Bottine boiteuse. Avec une poche de sable dans les oreilles et un gateau roulé là où vous savez.

La noirceur tombe ici rye throught! Je suis arrêté à la pharmacie acheter un bandage, une gelée...

Rita était inquiète. Ils venaient de passer un après-midi siphonnant. J'arrive comme une cerise sur le saturday. Ils me surprotègent comme un bébé surtout depuis le vol de la caméra, et je leur arrive à chaque jour avec un nouvel épisode de roman-savon (la télé savonne ici s't'effrayant) pour les énerver. Ce n'est pas de ma faute, c'est mon horoscope!

Claudio chausse pour moi ses patins de médecin - non, je ne m'ennuie pas des Canadiens, surtout pas de Stephen Harper, mais, dites-moi, est-ce que la rondelle roule pour eux? Il me fait mettre de la glace. Glace. Glace. "C'est ça ta vie pour le moment", dit-il de sa voix de Doc. Il suppute, mais pas autant que moi, mes chances d'aller au carnaval de Recife...

Vers 22h00, mon genoux est gros comme un ballon de soccer (football pour les intimes) et ne passera pas la nuit (blague). Ça fa que, appelle ici, appelle là, je me retrouve dans une clinique (privée) où l'on me fera une ponction (Yiiiii!) (deux seringues de sang), on me posera une attelle, bandage de pirate, piqûre dans la fesse pour rachever le plat... La ponction me fait instantanément du bien...

C'est emmanché de même que je prendrais la route (900 kilomètres) le dimanche matin pour Recife.

(Je ne me relis pas. On excusera les fautes)

15 février 2007

Carnaval de Bahia!!!


Je reviens d'une saucette avec Claudio au Carnaval de Bahia. Sous la pluie chaude. Le Carnaval est sous la pluie et c'est tant mieux pour tous ces corps qui flambent, qui dansent. Le jeune vieux peuple de cette ville s'entasse, marche derrière les scènes mobiles flashantes, impressionnantes et monoxydées en masse, tirées par des dix roues, le peuple bouscule, pisse là où ça ne se peut pas. Bien sûr, il y a de jolies filles qui se font aller le papotin...

Il est presque deux heures du matin. Nous quitterons demain pour Reciffe, un trajet d'une dizaine d'heures. Là aussi, la fête fait rage et serait plus authentique aux dires de plusieurs. Mais pour l'heure, ce que j'ai vu est bien à l'image du peuple de Bahia : traînée de poudre dans la rue, rassemblement grandiose, enjoué, spontané et traditionnel tout à la fois (chacun connaît par coeur les standards, leurs Carnaval, Mardi Gras, Carnaval, multipliés par cent en nombre et en rythme), fête enracinée mais sans gouvernail, fascinante et choquante à la fois.

La danse est bien la reine de Bahia. Le spectacle, il est dans la rue trempée de la sueur de tout un chacun. Et la place minuscule que l'on occupe sur ses deux pieds est sans cesse remise en question. Oubliez la civilité des grandes occasions dégoulinantes de monde du Festival International de Montréal. Ici, c'est au plus fort la poche.

D'ailleurs, comme me le faisait remarquer Claudio, le système de cordes ou de blocs (les gens doivent payer pour faire partie d'un cercle protégé qui occupe presque toute la rue et qui suit le Trio, le gros truck sur lequel on crache un spectacle live, de la pub, des filles qui lancent des colliers, des mouchoirs au peuple...) fait en sorte que les strates sociales brésiliennes se trouvent reproduites en pleine fête. Comme me le soulignait Claudio, il y a ceux qui peuvent payer et qui sont au centre, à eux l'espace pour danser, faire les fous en arborant les couleurs du clan choisi, un stricte cordon de sécurité tient les câbles, puis les autres, confinés, marginalisés dans les couloirs à peine plus larges que les trottoirs, eux-mêmes littéralement occupés par les vendeurs de bières, de maïs, etc. C'est le free for all et les petits garçons plongent pour ramasser l'or des cannettes vides qui roule dans la rue.

Cet esprit-là est difficile à saisir pour l'étranger de passage, en l'occurrence moi. De la sorte, la fête me semble de beaucoup amoindrie, se trouve sous tension à cause de ce système très money money. Les payeurs dans les cercles défraient les spectacles "gratos" mettant en vedette les artistes de Bahia. Le mouvement de la foule, toutefois, s'en trouve scindé. Le tout est placidement encadré par la milice militaire. Les petits évènements comportementaux ne manquent pas!

Claudio qui prend bien soin de moi me faisait tenir à l'ombre de ces soldats. "Parfois, Ça chauffe", dit-il. "Ici, rien n'arrivera. Claudio m'avait fait mémoriser son numéro de cellulaire...

Reste que lorsqu'on peut se retrouver dans la rue parmi des groupes libres (nous en avons trouvé un pour un bout de chemin animé par un band style fanfare jazz 1940 ), c'est assez unique comme expérience.


Sinon, simplement observer les jeunes danser est déjà une aventure que j'oserais qualifier d'ethnographique. Au détour de la spontanéité de la danse qui est l'âme même de Bahia, on retrouve dans le "blender" de la foule tantôt une tresse de l'Afrique toute crue et souriante qui a sauté les générations et les continents, tantôt la fraîcheur d'une forêt inconsciente comme avec une plume agile sous les pas des danseurs ou ailleurs, une espéce d'écho bourru á large biceps venue d'un Moyen-Âge ibérique, toffe, rugueux et fragile à la fois, qui a tout à perdre mais ne le sait pas encore.

Avec ces considérations à coucher dehors, mieux vaut prendre congé! Allez, au pieux le vieux!

Les photos, dont celle de Gilberto Gil, immense artiste, ministre de la culture, enfant de Bahia qui est au rendez-vous du Carnaval, "un des meilleurs ministres de Lula", me dit Claudio, sont tirées du site du carnaval de Bahia et du portail UOL.

Ça ne pourrait pas être une photo originale puisque je me suis fait voler mon appareil (et trois cent photos!) ce midi sur la plage. Monnaie courante ici. Ouais, la poisse.

14 février 2007

La brésilianitude



Salvador, 14 février 2007

J'ai demandé à Rita si elle voulait m'apprendre une chanson que j'ai attrapée au vol, sous-titrée en français, dans le document majeur, fouillé, émouvant et passionnant de Darcy Ribeiro (1913-1997), O povo Brasileiro (2000). Cette chanson, connue par Rita, elle s'insénue parfaitement bien dans les moindres plis de l'esprit de mon juke-box du moment :

"Souriant
j'ai l'intention de vivre ma vie
Car pleurant
j'a vu ma jeunesse se perdre
Finie la tempête
Le soleil viendra
Finira ma tristesse
et j'aurai un nouvel amour
Souriant
j'ai l'intention de vivre ma vie (...)

J'ai dit, veux-tu Rita?
Elle a dit :"Transmettre ma culture est un plaisir".

Ribeiro, anthropologue, ethnologue, sociologue, politicien et donc un peu philosophe, tisse dans ce document la thèse de l'inédit du peuple brésilien. Il pose au départ une question bien québécoise : Que sommes-nous donc, Brésiliens? Avec rigueur et lentement, chacune des tresses du peuple (amérindienne, portuguaise, africaine) sera passée au peigne fin sur fond d'archives d'une profonde pertinence. C'est le document à visionner pour commencer à comprendre ce grand pays grouilleux, métissé et original.

Dans un de ses vers, le poète bahianais Caimi utilise une rime trilingue :
Abeeté (rivière au sable blanc en tupi)
Betucajé (mot africain d'origine bentou)
Quizé (mot portuguais.)

"Nous, Brésiliens, somme la chair des nègres et des indiens suppliciés. Nous, Brésiliens, sommes également la main possédée qui les a suppliciés. La plus tendre douceur et la plus atroce cruauté se sont mariées pour faire de nous l'être froissé et patient que nous sommes et l'être insensible et brutal que nous sommes aussi."

Voici résumée en quatre lignes graves cette terre de douleur dont me parlait Claudio dans ses lettres avant que je vienne, terre de douleur qui enfante l'impossible bonheur, en tous cas, elle donne le goût de vivre.

Souriant,
j'ai l'intention de vivre ma vie.

13 février 2007

Le vicieux Vinicius De Moraes sans morale!

Salvador, 13 février 2007
On s'est fait pogné pas à peu près par la pluie Rita et moi, en fin d'aprés-midi. Rita avait une réunion au Théâtre Castro Alves (cf. la localisation satellite en gros plan), la plus grande salle de spectacle à Salvador où Rita a déjà joué comme comédienne.

Pendant ce temps, j'ai arpenté les rues avoisinant l'avenue de Sète. Ribambelle de petits commerces, de bars exigus et tonitrunants, d'hôtels un peu dépeinturés comme le Santiago. J'ai acheté ici et là des petits gâteaux très sucrés, un sac de fèves (sorte de bines plus brunettes que les nôtres, j'adore), une livre de figues en pain enveloppée comme la jaquette d'un livre avec des feuilles de bananier, selon Rita. On dirait de la paille pressée. C'est "natural" m'a dit le marchand. Rita n'aime pas les figues. J'vas en avoir ben trop! Mais ça devrait faire un peu "rexlaxx" à mon système. Excusez-moi pour la confidence.

J'ai des photos de toutes ces périgrinations. Mais le câble de Claudio n'est pas compatible avec mon appareil. Faudra que je m'en trouve un avant de déborder.

Autre parenthèse perso. J'ai aussi acheté des aspirines dans une pharmacie. J'en ai avalé 4 ou 5 sur 12 au cours de la journée. J'ignore ce qu'il se passe. J'ai les deux pieds enflés comme des raquettes! Pourtant la neige ne me manque pas! C'est la première fois de ma vie que j'ai cela. Habituellement, c'est ma tête qui enfle. Conséquence du long trajet en avion? Stress d'avoir conduit le catamaran alors que je forçais autant des jambes que du bras? Si cela persiste, je vais montrer cela à Claudio qui est médecin lorsqu'il reviendra. En attendant, là, maintenant, j'écris les pieds dans un plat. D'eau.

J'ai demandé à un quatuor de poissonniers en train de zigouiller dehors, sur le bord de la rue, des petits et des moyens poissons gris bleu, si je pouvais "tira photo"? Ils disent comme nous : tirer le portrait. Je le demande presque toujours. Je suis un touriste respectueux. Jusqu'à maintenant, tout le monde m'a dit oui avec le sourire et un grain de fierté. C'est arrivé même à trois reprises que des personnes me demandent de se faire photographier! Les arrangeurs de poissons eux m'ont dit un gros non avec des couteaux dans les yeux et dans les mains! Ou plutôt si, mais à la condition que je leur donne des dollars. Mais comme le monsieur prononçait "dora", j'avais compris sans comprendre. Parle-t-il de doré? J'ai dit que je venais du Canada (le mot Québec ici, c'est compliqué) pour me démêler d'un étatsunien. Le leader du groupe s'en foutait comme de son dernier agrès de pèche rouillé. C'était beau pourtant cette scène en pleine rue de quatre bonhommes coupaillant du poisson sur une table noirâtre imbibée de jus depuis des milliers de marées. J'ai poursuivi mon chemin sans rien dire, quasiment jusqu'au bout de la rue. J'étais un peu en maudit et sonné par l'agressivité inattendue que j'avais déclenchée. Pis là, au lieu de comprendre que ces gars-là travaillent dur, sont peu fortunés , comme m'a dit Rita, et qu'ils peuvent être rébarbatifs à l'idée de poser pour les millers de touristes qui déferlent ici, au lieu de rester un touriste cool, de loin, j'ai pris un cliché dans la direction de mes amis. Or, il me semble avoir entendu une grosse voix crier : Dora! Dora!!

Ce ne serait pas ma seule niaiserie de la journée. Mais avant d'y venir, à la nonounerie et au déluge qui l'a provoquée, je complète mon tour de quartier en disant deux petites choses. D'abord, nous sommes à l'avant-veille du Carnaval. Cela veut dire que partout des ouvriers s'affairent à mettre la main finale à la contruction des infrastructures. Il y a de grandes estrades qui bordent toutes les avenues où passeront les "Mardis-Gras". C'est très impressionnant. Pour quiconque a vu ériger le site du Festival de Jazz de Montréal, il faut multiplier contre-plaqués, clous, échafaudages d'acier, etc., par au moins 200. Big et un tantinet épeurant!

Parlant de biggerie, j'ai aussi marché dans un parc où j'ai vu, à côté d'un palmier africain assez haut merci, le plus immense arbre jamais vu de toute ma vie. Je chercherai le nom de cet arbre puisque je j'ignore. Je l'avais aperçu déjà de l'autobus quand nous sommes arrivés. Rita ne sait pas non plus. Mais j'ai des photos. L'auguste gros arbre m'avait donné la permission!

Nous devions nous revoir à 15h30 à l'avant du théâtre, près de la rue. Je suis arrivé un peu à l'avance. Je ne m'attendais pas à voir Rita si tôt. Je me suis avancé vers la porte d'entrée principale. Cet endroit est surplombé d'un immense triangle inversé qui est tout en béton. Presque aussitôt, il s'est mis à pleuvoir intensément et le vent charriait des rideaux de pluie. Je me suis mis à l'abri sous le gros triangle. J'étais persuadé que Rita sortirait par la grande porte en face de moi. Or sa réunion était ailleurs dans le petit théâtre...

Voyant l'heure passer, je suis allé vérifier deux fois sous la pluie, pas de Rita. Nous nous sommes finalement retrouvé vers 16h15. Rita attendait inquiéte sous un parapet assez haut qui ne l'a mettait pas vraiment à l'abri. Aussi bien dire que nous étions trempés comme des lavettes. J'ai dit : desculpar! J'ai dit : on rentre en taxi. On en trouve un à proximité. Il tombe toujours des cordes. La pluie est chaude ici. Ça interpelle différemment qu'une pluie froide qui rentre dans les os. "Nous ne sommes jamais préparés pour ce genre de pluie", dit Rita. Mais le chauffeur de taxi, les pieds au sec, n'a pas voulu de nous! Trop lavettes à son goût! Nous avons été quittes pour grimper dans un autobus qui fut vitement bondé. Paqueté!

Faut voir tout ce peuple à l'heure de pointe qui attend aux arrêts! Un métro de surface est en construction. Mais ce n'est pas pour demain matin. Un problème de corruption retarde les travaux. Toujours est-il qu'il n'y a pas assez de bus pour fournir et beau temps, mauvais temps,c'est toffe à tous les jours.

Malgré l'attente, les autobus qui passent au nez parce que débordant, la noirceur qui descend en courant avant que sonne 18h00, malgré tout, Rita, je vois dans les filées des gens qui sourient! Rita répond :"Oui, c'est vrai. Les Bahianais travaillent dur mais ils sourrient tout le temps."

Les scènes que j'ai vues ce soir, surtout, ne jamais tenter de les exporter à Montréal à moins de vouloir faire bouillir la rage et l'émeute à tous les jours que le bon Dieu amène.

Mais par contre, ajoute Rita, tu vois, pendant qu'on observe le sourire, la vivacité des gens, la spontanéité, tous les étrangers remarquent cela, il y des problèmes sociaux pesant, des disparités, et une telle violence. Ça ne peut-être que des monstres, qu'on se dit. Mais ils existent. Ici!"

Nous sommes arrivés vers 18h15!

J'insiste pour dire encore un mot sur Vinicius. Un critique lui a déjà fait savoir qu'il niaisait, perdait son temps en pacotilles alors qu'il avait tout pour devenir le plus grand poète brésilien. Ce à quoi il a répondu que la gloriole ne l'intéressait pas. "Composer une jolie chanson, être avec une jolie femme, c'est cela ma poésie."

Ce géant arpenteur de mélodies, de vers et de braises de coeur s'adonnait aussi abondemment à la bouteille. Il a dit : "le whisky est le meilleur ami de l'homme. Le whisky, c'est du chien en bouteille."

J'ai vu ce soir le film (DVD) de Miguel Faria Jr intitulé simplement Vinicius (2005). Ce document important ouvre toute grande la porte de la maison brésilienne moderne. Plus loin ou mieux, avant la musique et la poésie fine, légère et profonde de Moraes, il y a la vie toute crue, les larmes et la mer, le sourire entreprenant, la foi en l'amitié, l'amour aux quatre-vents. Moraes, enfant de bonne famille, diplomate de carrière, est un génie, cela ne fait aucun doute. Mais sa grande force est d'avoir passionnément remué le sol et le soleil du Brésil avec une larme de sucre de la Nouvelle-Orléans, rejoignant ainsi le coeur des peuples métissés de ce pays. Il se disait le plus negro des hommes blancs.

Cette façon d'être, de souffrir en souriant, de vivre avant d'être content, d'aimer profondément, de ne pas laisser tomber ses amis, tous ces traits, je vous le dis, sont reconnaissables dans la rue, chez les gens que je rencontrent ici, surtout quand passe dans les yeux une petite touche de bossa-nova.

12 février 2007

Le petit poète Vinicius De Moraes



Salvador, 12 février 2007

Jour de marche, jour de plage mais sous la prudence bienveillante d'un parasol à la terrasse d'un petit resto-bar car hier,en bateau,j'ai été dardé de soleil.

À la plage, sur l'heure du midi, j'ai dégusté un poisson succulento; j'ai regardé de jeunes ados jouer dans les vagues assez fortes et qui se cassent tout prés de la grève, signe que la mer creuse vite. Claudio m'a indiqué que cet endroit n'était pas le plus indiqué pour la baignade côté salubrité. J'ai bu mes bières, j'en ai écrit une shot pour le futur de mes carnets pelés. Le contentement qui frise le bonheur total.

Il y a des vendeurs ambulant partout, des jeunes, des plus vieux. C'est la débrouille dans la rue. À quelques jours du carnaval, par endroits sur les avenues, il y a un fourmillement de stands de fortune. On commence à vendre les déguisements qui sont fonction des diverses "cordes", espèces de cellules distinctes qui grouillent et forment les grands défilés du carnaval. C'est en tous cas ainsi que je le comprends. ll faut payer jusqu'à 500 re (250$) pour faire partie d'une corde (quatre jours). Les plus fortunés se louent des places dans des estrades (immenses infrastructures) érigées là où le défilé passe. L'une d'elles est jouxtée à un grand hôtel qui offre TOUS les petits à-côté si olé olalala que les grosses bourses peuvent se payer : cocaïne servie sur des plateaux d'argent, boissons, filles, etc. "Les riches peuvent tout avoir ici", dira Claudio. Reste le peuple, hors cordes et hors loges, qui défile en rangs serrés, moins protégé, etc.

Parce qu'ils habitent Salvador depuis toujours, mes amis sont très critiques en regard de la commercialisation galopante du Carnaval de Bahia, originairement expression du peuple.

Mais je digresse. Donc, il y a des ambulants partout. Par exemple, on y offre du fromage salé sur bâtonnet (comme un fudge), grillé au-dessus d'un petit chaudron suspendu à un long fil et où se trouve de la braise sur laquelle souffle le vendeur. On arrose le tout d'un filet de sirop de canne à sucre. Sucré, salé, grillé. J'y ai goûté souvent depuis mon arrivée. Très bon. Mais après un seul, on est bourré.

Un ambulant vendant des verres fumés est passé à la terrasse. Des lunettes bien ordinaires, mais je l'ai encouragé puisque je n'en avais pas. 15 re. Du coup, moi qui n'avait pas pris beaucoup d'argent, je me suis mis en mode survie car je n'avais aucune idée du prix de mon repas. Quand j'ai écrit (oui, écrit) et dit à la serveuse "eu comer", ça l'a bien fait sourire. Mais elle n'est pas venue me présenter le menu. Elle m'a présenté un poisson complet sur un plateau qui avait bon oeil. Elle a dit : O.K? J'ai dit :O.K., en tenant le pouce de la main droite en l'air comme faisait Olivier Guimond dans les annonces de la 50. Ce signe du pouce, c'est un passe-partout ici. Vraiment. Et c'est très communicatif. Alors, oui, je m'inquiétais. Je n'ai pas encore une idée de la valeur des choses de la vie courante. Je me disais : maudites lunettes! Sont même pas belles. Je ne voudrais pas me faire une réputation de malandro au Brésil! Je n'ai pas le cul assez solide pour cela. Surtout, je n'ai pas beaucoup de mots pour expliquer les situations problématiques. La jeune serveuse (environ 14 ans) me montre finalement l'addition sur un minuscule papier écrit manuscrit. Je respire! Il me restait 46 re et des poussières. Ça montait à 45,50 re! J'ai laissé mes poussières à la jeune fille. Parfois le pourboire est inclut, parfois non, c'est selon et c'est trés brésilen. Or, j'étais si anxieux de voir le total que je n'ai pas analysé le détail de la facture! Toujours est-il que mes poussières ont fait plaisir à la petite qui m'a dit, je crois, de revenir.

En après-midi, j'ai gardé un bref moment Pedro, le petit de cinq ans. Il aime jouer avec mes harmonicas. On a joué aussi aux dominos.

Claudio est en voyage à Brasilia pour son travail (consultant en éthique médicale, une denrée très rare au Brésil).

On a beaucoup parlé Rita et moi en marchant dans un grand parc où je retournerai faire du vélo. Nous avons discuté de théâtre antique, des jeux de langage, de l'interprétation. Mais aussi, des inégalités sociales, de la santé où il n'y a pas assez d'investissements pour la prévention, de la famille qui éclate ici comme chez-nous...

En soirée, Rita m'a parlé du "petit poète", l'immense Vinicius de Maraes (1913-1980), "le plus grand de tous nos poètes". J'ai à la maison la trame sonore d'Orfeu (1956, en collaboration avec Jobin) qui est un chef-d'oeuvre. J'ai sous les yeux Nova anthologia poética (2003) dans lequel je vais citer un tout petit extrait, alors que dehors, la pluie vient d'éclater avec fracas, tonnerre et tout. Il y a cinq minutes, les vidangeurs ont passé en chantant. Il est trois heures de la nuit ici!

Je n'ai pas sommeil. J'ai fait une longue sieste en fin d'après midi et j'en suis toujours à l'heure du Québec (deux heures en moins).


O DIA DA CRIAÇÃO


Hoje é sábada, amanhã é domingo
A vida vem ondas, coma o mar

(...)

Neste momento há um casamento
Porque hoje é sábado.
Há um divórci e um violamento
Porque hoje é sábado.

Há um homen rico que se mata
Porque hoje é sábado

(...)
(traduction plus que libre)

Aujour'hui c'est samedi, demain c'est dimanche
La vie s'écoule par vagues comme à la mer

En ce moment il y a un mariage
Pourquoi aujourd'hui c'est samedi
Il y a un divorce et là, un viol
Pourquoi aujourd'hui c'est samedi?

Un homme riche vient de se suicider
Pourquoi aujourd'hui c'est samedi?
(...)

Site officiel de Vinicius (en portuguais)
Photo haut de page (Bethania, 11/02/07) : Rita et Pedro

11 février 2007

À Salvador, même les étoiles dansent la samba!

Je jure que cela est la pure vérité! Ce soir, nous sommes revenus au crépuscule d'une longue balade en catamaran avec des amis et des parents de Rita, la compagne de Claudio. Journée absolument délicieuse : plein soleil, visite d'une île au large de Salvador, Illia de Maré, si jolie, peu fréquentée, ambiance familiale avec un resto terrasse super où l'on sert en entrée la populaire acarajé (pâté de fèves frit), des poissons, et de la bière qui coule ici comme de l'eau, elle est très légère, mais bienvenue sous le soleil...

Au retour, Luciano m'a fait tenir la barre pour un bon 10 kilomètres! J'ai eu droit au titre de "Capitaine Jack". Tu vois, même au Brésil, c'est Jack! Mais quand on m'a relevé de mes fonctions pour entamer longtemps d'avance les grandes manoeuvres d'accostage, je me suis plu à regarder le ciel encore pastel fou sous la brûnante. Et je l'ai vu. L'étoile qui danse la samba!

Moi, je ne suis pas fou pastel! Je suis fou comme un balai. Comme si la visite inoubliable du Marché public de Salvador (un film à ciel ouvert!) dont parle Claudio dans le commentaire du texte précédent et le repas fameux chez ses parents, si accueillants, j'en suis encore ému.. Comme si cela ne suffisait pas pour une jounée dans la vie d'un touriste, hier soir j'ai eu mon baptême de la samba O Bahia Café Hall où se produisait la chanteuse Mariene de Castro! Oh! Pendant les trois heures où nous avons sué à grosses gouttes de Sol, personne sur la scène n'a pris une pause! Je n'ai jamais vu cela! Autre film à ciel ouvert! Castro, elle pourrait aventageusement séduire le public du FIJM. J'avais beau savoir, je ne savais rien de la sensualité désarmante de la samba et des figures qui s'y emmêlent, tantôt provocatrices où l'on mime la séduction et les jeux sexuels (héritage des esclaves), ou bon enfant comme des chaînes et des farandoles. Ouf! Ouf! On est pas sorti du bois quand on entre la-dedans!

Ce matin au petit déjeuner, Rita (comédienne, étudiante dans les arts de la scène) m'a dit : "Tu sais, ici, les petites filles naissent avec la samba dans les pieds". Quand aux garçons, disons qu'ils savent le tour de giguer! Claudio (très bon danseur) m'a dit au club : "Ici, les gars dansent avec leurs hanches".

J'écris à pas de tortue sur l'ordinateur à Claudio avec l'environnement en portuguais. Mettre en caractère gras c'est "negrito", etc. J'ai trouvé sur le clavier tous mes accents. Mais je ne me relis pas. De toute façon, soyez indugents avec les fautes et dites-vous qu'ici, on ne peut pas perdre son latin!

Bon voilà! Aussitôt que je le peux, des photos illustreront mieux que mes mots comment, pourquoi les étoiles dansent la samba dans ciel béni du Brésil.

A+

09 février 2007

Train de nuit à Bahia

Allô le monde,

Un mot rapido pour dire qu'il fait chaud ici
qu'on ne rencontre pas beaucoup d'esquimots õ õ
et que j'écris avec un ventilo dans le dos.
Il fait chaud au coeur surtout car on vous accueille ici
tout de go avec des becs avec des yeux en fleurs
car j'ai peu de mot pour carnavaler
mais j'en ai appris au moins un ce soir
sur le bord de la plage où il y avait une fête,
une belle fête de musique, percussions bières, pétards
(pas pour moi),
j'en reparlerai photos à l'appui...
mais oui, j'ai appris le mot pour tout dire l'essentiel
d'un coup :
beleza.

Comment je me sens?
BELEZA!

Bahia, 10 fevereiro 2007

05 février 2007

Métissage mon coeur danse













En attendant de visiter la fondation Jorge Amado (1912-2001), émouvante maison bleu vif,

paraît-il,
au centre historique de Largo do Pelourinho
où on y rassemble «la totalité de l’œuvre du plus célèbre écrivain du Brésil», voici quelques extraits d'interview parus sur le Web Humanité (1993).

-La culture nationale brésilienne est effectivement un réel mélange des cultures, indienne - plus pauvre chez nous que les civilisations maya ou aztèque -, de l’Europe savante et d’Afrique. Peut-être que l’Afrique est notre oubli : si vous voyez passer une femme dans la rue, nos danses, si vous écoutez nos chants, les Noirs nous ont sauvés de la mélancolie portugaise. Si vous pensez à l’admirable peuple portugais, la joie est presque un péché, sans doute à cause du catholicisme. Ils sont plus tournés vers la mort que vers la vie. Pour les Noirs, ni le péché ni l’enfer n’existent. Seule compte la vie. Le syncrétisme religieux a également permis aux Noirs de porter leur culture en avant, de conserver leurs valeurs. Les parents de ma femme, Zélia, étaient des émigrés italiens. Culturellement, elle est brésilienne, elle n’est pas européenne. Que ce soit à la maison, à Lisbonne ou en Angola, elle est plus chez elle qu’en Italie.
- Il y a peut-être là une clef pour expliquer pourquoi Jorge Amado est quasi considéré comme un saint à Bahia ?
- Je suis considéré comme une personne. Ici vous dites « maître ». Au Brésil, à Bahia on me dit : « tu », « Jorge » ou même tendrement « Jorgio ». Comme les écrivains ont plus de présence positive que les hommes politiques, ils ne sont pas corrompus. La littérature étant tournée vers les problèmes du peuple, ce dernier les reconnaît. On nous estime. L’an dernier, pour mes quatre-vingts ans, il y a eu une vraie fête populaire, d’amitié, sur la place au centre de la ville. On ne connaît pas encore le respect au sens européen mais l’amitié, l’affection, une complicité entre les écrivains, les artistes et les gens du peuple. Les opinions politiques comptent également. Toute ma vie j’ai été un homme de gauche, membre du Parti communiste durant des années, député à la chambre dans le premier groupe communiste. Même les écrivains qui ne sont pas de gauche mais sont honnêtes bénéficient de cette amitié. Là est la différence entre la culture dans un pays du « troisième monde » et dans un pays du « premier monde » comme chez vous. Ici, elle est une chose solide. Vous marchez dessus, comme sur les pavés de Paris. Là-bas elle est toujours en ébullition.»

04 février 2007

«En février, la neige est rose comme chair de femme»


C'est Félix qui chante cela : «en février, la neige est rose comme chair de femme».

Et c'est vrai! À tous les ans, en février, même si je n'ai pas mon passeport bleu de l'Île d'Orléans, je vois la neige ainsi. Je le répète à la ronde sur mon île à moi et je passe pour un fou, un fouette, n'importe quoi!

Il n'y a rien à faire, j'ai ce vers de neige dans la peau.

Aujourd'hui, faisait gris. J'ai pris des clichés, ils sont gris. La neige est renfrognée. La neige est quand même en train de se boutonner rose chair de femme par en dedans. Cela se sent. Un jour, un oiseau libre viendra donner l'heure qu'il est; un jour, bientôt, les arbres en libido fluo feront des cercles à leur pied pour giguer, la neige sera rose et ça va couler délié dans les rigoles du printemps québécois.

«Ça signifie
L'heure est venue
Si t'as compris»
- Félix Leclerc, Le Tour de l'Île







03 février 2007

Gatineau


J'ai dit un mot sur Séba récemment rencontré entre deux slams au Vys. Il m'a parlé de son groupe Gatineau qui arrive juste sur une gosse dans le tournant de la langue hip hop rap expérimentale...

Séba, alias McBrutalll, est le chanteur du groupe, un quatuor au pied pesant (Keuk, Burne et Dom) et c'est lui qui tire la plume. Au slam, l'autre soir, fallait que je le lui dise : ton texte, il est crissement bien tissé! C'est qu'il n'y a pas seulement dedans l'exhibition de la salive du jeu des rimes et le regarde-moi, j'insiste! comme j'suis capable de te poudrer les zoreilles en te dégelant les orteils pendant que tu cales ta bouteille, au diable les corneilles, eille, toé, j'te parle... Justement, il y a de l'AutChose dans ces sillages et battements qui ne niaisent pas, il y a du Deschamps, du Tremblay, du Dédé et des Brèches dans ces courants de joual ironique aux accents masculins collectifs rebelles qui décapent et décapsulent, grinchent et rassurent à la fois parce que, veut, veut pas, c'est la langue maternelle qui toujours nous parlera le plus, icitte, dans le frette des roches qu'on pitche pour voir venir le temps.

Je pense, entre autres, à la chanson Le gros, canif planté dans le gras des conséquences de l'alcoolisme généralisé des profits, des profiteurs, des profités, des pas fités.

Gatineau se situe humblement dans toute une lignée de baroudeurs qui tiennent la charrue des mots plus haut que les nuages. Musique à tout casser.

De quelques influences :
«Aut'chose / Beastie Boys / TheCure/Beachboys/Ledzepellin/Journey/Genesis/Antipopconsortium/
Why?/Sisters of mercy/The glove/Siouxsie and the banshees/Broadcast/Montag/Ghislain Poirier/Omnikrom/The fall/The smith's/ACDC/Breastfeeders/Le nombre/The hotprings/Malajube/Zébulon/Smashing pumpkin'/Face too face/fugazi/Sonic youth/BDp/Steady B/Stetsasonic/Whodini/Grandmaster flash/Loco locass/C-Drik/Mècheone/Alain Bashung
/Radiohead/Joy division/»

Avec mon grand âge, ça fait bien des croûtes à manger!

Mais reconnaissable sur l'asphalte, dans une poubelle, une chiure, dans le bruit, la révolte, un barbot, la poésie, là où elle est, c'est toujours direct à la bonne place...

On trouve tout ça sur leur site myspaceGatineau
avec quelques extraits de leurs tounes. En attendant un lancement le 24 mars...
C'est là que je pique la photo (de Séba, le dessin est de sa main) ci-haut.
Excusez-moi, les gars.

Voir aussi le Voir.ça du 25/03/07.

Pis je le dis pour mes amis de Lévis et de Québec, Superk et cie : moi je serai au soleil, mais Gatineau sera au Rouje le 9 février.

01 février 2007

Vas-y Joe Pass!


En revenant de l'université, j'en viens tout juste, passait une pièce de Joe Pass au programme de la toujours excellente émission After hours (CBC Radio). C'était WE'LL BE TOGETHER AGAIN sur l'album Virtuoso in New York, étiquette Pablo, composition de Carl Fisher et Stuart Kremsky. Joe assure seul le service. Et quel service royal!

J'en ai perdu quelques lignes en franchissant le Tunnel L-H. N'empêche que Joe, il a le don d'ouvrir la parenthèse pour que l'on ne s'occupe que d'une seule chose essentielle : le temps présent. Le temps présent, il glisse sur de très fines et minuscules gouttelettes qui elles-mêmes se ramassent et coulent dans nos oreilles allumées. Ça fait beau dans le cerveau.

Il est seul, il est génial ce guitariste en-allé que j'ai vu une fois à l'ancien Club-Soda. Je l'ai vu jouer. Je l'ai vu s'asseoir au bar pour commander.

J'ai attendu que la pièce s'égare dans la nuit avant de débarquer du char. Et sans blague, je me disais que s'il avait fallu que ma vie s'effoire dret-là au cours des dernières 00:04:40 qu'a duré la pièce, si j'avais pass away mon Joe, alors je serais sorti par l'horizon, parti dans les limbes ou mieux, je serais mort parfaitement heureux. Léger comme une plume sur un air de guitare.