26 février 2007

Fragments d'un jour étiré




J'ai marché sept kilomètres hoje, longeant le littoral jusqu'au phare d'Itapuà. Mon genou dérigneché s'encourage même s'il sait qu'il ne fera pas de ski c't'année et qu'il ne lui reste qu'une journée avant de jouer à la sardine dans les avions du long retour au bercail.

Aujourd'hui, par hasard, je suis arrivé à la Place Vinicius De Morales. On a installé le poète assis à une table de café, un stylo et un manuscrit sont posés à ses côtés. Il y a une chaise vide. Les gens viennent s'asseoir et se font prendre en photo. Manque toutefois « le chien en bouteille » : l'inséparable whisky.

J'ai passé la journée sans caméra. Dindon farci craint les farces plates.

Donc, rien sur l'eau, sur l'onde que j'ai vue miroiter vers 15 h comme des milliers de colliers flottant, insistant; rien sur le dos des grosses roches brûlantes où j'ai crié pour l'air du temps : C'EST BEAU! C'EST BEAU! Alors, je triche, je place d'entrée de jeu une photo où il y a des rubis, photo prise vers Barra vendredi dernier.

En fin de journée, balade au Lac Noir qui est frangé de dunes blanches. Je l'ai entrevu, tranquille, à la brunante. Il s'agit d'un endroit qu'affectionne Claudio parce qu'il y a passé son enfance.

J'ai examiné le ciel à cet endroit un peu en retrait des lumières de la ville. J'ai identifié un grand M. Il semble que je sois le seul à l'avoir vu.

L'enfance. Il faut toujours la recommencer. Il y a dans cette maison un petit roi du nom de « Péo" (Pedro) et qui mène le diable. Ce petit bougre de 5 ans est né au Québec. Alors, je l'endure comme un compatriote. Parfois, c'est son plaisir de tenter de me parler en français! Quand même remarquable. Un beau petit bonhomme.
Péo fouillant dans mes affaires. 
Tordre le nez avec plaisir!

Attends rien qu'un peu!
Le roi et son valet « Papoui »
















Aujourd'hui, les choses simples de la vie m'ont comblé malgré le baby blues d'un voyage qui s'achève.

C'est bien connu : si les voyages forment la jeunesse, ils déforment la vieillesse. « Moi qui navigue entre deux âges, je vous adresse à tous un message : le temps ne fait rien à l'affaire... »

Hoje, les choses compliquées comme le regard circonstanciel ne m'ont pas fait regretter les trois grosses bières ingurgitées, puis remises au Bon Dieu à la manière de Bahia . Nous avons dépassé l'équateur ici et il fait chaud, bazouelle!

Aujourd'hui, je n'avais pas de caméra pour faire le perroquet derrière mes pas. Mais pour vous parler, j'aurais souhaité avoir un chevalet dans la bouche, de la peinture après les cils, du foncement dans les pastels.

Aujourd'hui, j'ai gagné à la loterie une citation du peintre brésilien Sergio Fingermann. Dans Fragmentos de um dia extenso, Bet, São Paulo, 2001,
il écrit : « Ce que je vois dans la peinture c'est la possibilité d'une rencontre avec une sensation d'éternité. Ce que la peinture rend possible c'est de voir ce qui existait déjà avant le commencement (...) C'est probablement là que surgit la sensation avec ce Mystère : Nous cherchons le lieu où il ne se trouve pas, où il apparaît comme une possibilité. C'est pour cela que nous insistons. C'est pour cela que nous continuons. Quelquefois nous gardons des fragments d'une journée très longue.»










5 commentaires:

Nina louVe a dit...

"Mais pour vous parler, j'aurais souhaité avoir du chevalet dans la gueule, de la peinture après les cils, du foncement dans les pastels."

c'est bô ça!!

welcHome back Jack !

Anonyme a dit...

J'avais déjà eu cette sensation sur "carnets pelés". Je vous avait parlé de nostalgie ce dont vous vous étiez défendu. A bien y réfléchir c'est tout simplement de poésie dont il s'agit. Une prose poétique bien particulière dont l'esprit n'est pas sans me rappeler "l'usage du monde".

Nina louVe a dit...

Bravo Rimailleur, depuis des mois je ne cesse de lui dire qu'il est poète !! Peut-être que vous, il vous croira. (sourrirres)

Karo Lego a dit...

je craque pour cette poésie d'un dernier jour Brésilien que tu voudrais étirer à l'infini. Tout est en particules de bonheur simple et ça flotte dans l'air et ça nage sur les vagues et ça te chatouille le bout du nez...

je craque particulièrement pour ce passage:
L'enfance. Il faut toujours la recommencer. Il y a dans cette maison un petit roi du nom de "Péo" (Pedro) et qui mène le diable. Ce petit bougre de 5 ans est né au Québec. Alors, je l'endure comme un compatriote. Parfois, c'est son plaisir de tenter de me parler en français! Quand même remarquable. Un beau petit bonhomme.

bon retour pas trop "ensardiné" cher Jack!

Jack a dit...

Louve, Rimailleur, Caro, je cueille vos bons mots de vos belles plumes respectives et je suis ravi, touché d'être lu par des amoureux intenses de la langue qu'il faut tirer, en effet, du mieux qu'on peut. Merci! Ce que vous me dites est très stimulant. J'irai de nouveau chez-vous bientôt.