31 mars 2013

Amour, de Jo

Voici un autre superbe texte lu le soir de ma fête le 9 mars dernier au Bistro-resto Sur la rivière.  Merci Jo, amour.

Photo J.H. Atkins.



Amour bleu

Tu es comme le Ciel de Wajdi Mouawad
Mystérieux, rêveur et poétique
Cette pièce de théâtre de l’été 2010
Où notre aventure terrestre
Amoureuse, culturelle et pleine de Jeunesse
Pris son envol avec nos saisons de couleurs si différentes

Mais nos teintes subtiles se sont aimantées, enlacées, embrassées
Et depuis nous nous jouons la vie, littéraire, théâtrale, musicale
Tendre, sensuelle, généreuse

Tu es jazzé de festivals
Et quand ton corps ondule comme le ressac de la mer tendre
Et serpente à travers les notes le rythme originel et charnel de ta naissance
Je craque

Tu es l’oiseau de nuit
Qui s’envole, à travers les mille étoiles vers le pays inconnu de l’imaginaire
Où les mots explosent, se bousculent, s’éclatent
Et ta plume en feu
Dessine ces paroles sur tes carnets inachevés de la vie

Tu es Dylan, Cohen, Ducharme, Miron, Garneau,
Et combien d’autres
En état de grâce, tu respires leur présence vibrante
Agenouillé, heureux de leur rencontre, tu pries et tu chantes :
Alléluia

Tu es cette terre aux 60 vies
Tu es le lièvre, vif d’esprit, où entre les pierres surgit tout à coup le persifleur, le blagueur, le rieur

Tu es jardin d’été
Insectement fidèle
Tu es tournesol dévisageant le soleil, la lumière
Tu es arbre après arbre
Enraciné
Digne, fier, sensible

Tu es politique
Gauche, tu laisses tes traces partout en ville, clés, portefeuille, foulard, 
Tu les retrouves toujours
Incroyablement vrai

Tu ne perds plus le nord
J’y habite

Tu es « Cannibale »
Chasseur de mots, de livres poétisés sous toutes ses formes
Le soir tu vagues et divagues entre les pages
Et avec leur couverture tu réchauffes ton âme
Pour une sonate onirique d’allégresse

Aujourd’hui
Tu avances, à pas de loup, sur un nouveau sentier
Tu hurles à la lune
Attendez!
Il me reste beaucoup d’eau d’érable à couler
En noble chevalier, tu n’as pas encore enlevé ton armure
Et l’épée n’est point tombée
Sur ton aura en feuillure

Philosophe
C’est avec sagesse et connaissance
Que « l’ici maintenant »
Prend tout son sens

Pas besoin de langage scientifique ni de docteur-at
Pour voir tout l’amour qui t’entoure
Ici, ce soir

- Ton Soleil, Jo

Lettre de ma Cambrousse

Au début de ce mois, j'ai été fêté, mais pas à peu près, au beau petit bistro-resto Sur la rivière près de l'Usine C.  Surprise totale! Beaucoup d'amour, ma blonde, mes filles, ma marraine, mes amis... De la musique et des chansons!  Magnifique soirée.  

Par les bons soins de Huguette Desmarais, ma cousine plus que germaine avec qui j'ai grandi, il y a eu, entre autres, la lecture de cette lettre de ma Cambrousse qui m'a beaucoup ému. J'ose partager à qui le voudra ces bons mots, oubliant un instant que c'est de moi qu'il s'agit, n'oubliant pas que c'est surtout mon univers le plus grouillant de racines qui est ici, en toute simplicité, si bien évoqué.        



Naissance d’un poète
Cher Coco,

Le six mars 1953 était une journée spéciale à Béthanie, car elle a vu naître un petit bonhomme qui deviendrait un philosophe, un poète, un papa et bonheur suprême, un adorable grand-papa!

Jacques, tu qualifies Béthanie, petite municipalité des Cantons de l’Est, de cambrousse.
Tu ne parles pas à travers ton chapeau puisque tu as grandi sur une de ses terres rocailleuses, mais productive grâce au laborieux travail de ton père Doloré.
La cambrousse n’a aucun secret pour toi, tu l’as explorée de fond en comble. Elle comprend l’érablière, les champs, les tas de roches, l’allée des vaches, les cerisiers, les vieux pommiers, les talles de framboises et de gadelles sans oublier le magique étang des grenouilles et le ténébreux petit cimetière.
Huguette, auteure de la Lettre de la Cambrousse. Photo J.A. Atkins

Le rituel des saisons te ramène à tes racines. Je t’entends bardasser pour entailler tes érables et semer ton jardin. Je te vois te pencher sur un brin d’herbe ou tendre l’oreille pour identifier un oiseau. J’envie le regard que tu poses sur tes pivoines parfumées, sur tes pensées veloutées ou sur de simples craquias. Quand tu en as la chance, tu contemples les couchers de soleil et la danse des mouches à feu à la tombée de la nuit. Toi-même bel oiseau de nuit, tu as apprivoisé ces heures où la quiétude s’installe pour laisser aller ton imagination toujours fertile.

Très tôt, j’ai eu l’intuition que ce gamin curieux étendrait ses horizons en gambadant hors de sa maison loin du chemin, pour explorer les relations humaines du nid familial jusqu’à l’infini.

J’épiais de loin tes explorations à pied ou à bicyclette pour aller fraterniser avec tes voisins, avec tes amis et pour résumer, avec tous ceux qui croisaient ta route. Toujours débordant d’énergie, tu trouvais des prétextes pour sonder le cœur et l’âme humaine avec humour et amour. Le 1er avril, tu ressuscitais le légendaire Barbotte. À l’Halloween, tu frappais à la porte des chaumières pour recueillir des brins de jasettes.

Je me rappelle aussi que tu expérimentais l’éthique et les sciences humaines avec les animaux. Sous ton aile, le radet de la portée s’est métamorphosé en cochon savant. Chaque matin, Arnold, ton fidèle compagnon, t’accompagnait jusqu’à l’autobus.

Tu as plusieurs cordes à ton arc. Je sais que la musique te charme à cause d’un gène que ta mère t’a légué. Tu as découvert ton héritage en zieutant Béatrice pousser des airs avec son harmonica et en écoutant les microsillons sur le petit tourne-disque noir. À ton tour, tu joues de l’harmonica, de la ruine-babines et de l’accordéon. Vu ton âme de poète, tu savoures les mots les ritournelles et les gens qui maîtrisent cet art.

J’envie ta mémoire phénoménale. Déjà, de ta chaise haute face à la fenêtre, tu surveillais la venue de ta mémère Favreau qui de loin te saluait de son lumineux sourire. Cette boîte à souvenirs abrite l’essence de tes ancêtres, l’amour de ta famille, la chaleur de tes amis, la solidarité et la connivence de tes collègues ainsi que tous les évènements marquants de ta vie. Il te suffit d’une odeur, d’un son, d’une couleur et vlan! Tu y puises l’émotion ressentie initialement, tu la contemples, tu la cajoles tu y ajoutes les mots de la précieuse langue française brodés avec toute ta passion et tu offres tes créations afin que l’émotion circule dans une longue chaîne humaine remplie de beauté et d’amour.

C’est un immense privilège pour moi la cambrousse de t’avoir vu grandir, de te côtoyer, de partager tes souvenirs, tes projets, tes silences et d’être ton inspiration. Le temps passe tellement vite en ta compagnie.

Bonne fête mon Coco! Je t’embrasse fort!

Ton adorée cambrousse des marais


29 mars 2013

Ayoye! Martha!




Ayoye tu m´fais mal
A mon cœur d´animal
L´immigré de l´intérieur
Tu m´provoques des douleurs
Tu m´fais mal au cœur

Nous ne sommes pas pareils
Et pis pourtant on s´émerveille
Au même printemps
A la même lune
Aux mêmes coutumes
Nous retournerons ensemble
Comme cendres
Au même soleil

Si le vent frappe à ma porte
Pour m´annoncer le réveillon
Je partirai comme marmotte
Au soleil à ses premiers rayons

Parmi les roseaux
Cueillir l´oiseau du paradis
A goût de grelots
A son de whisky
Chanter la toune
Comme papillon qui tourne

Ayoye, tu m´fais mal
A mon cœur d´animal

 - Paroles : André Saint-Denis
   Musique :  Gerry « Marci » Boulet

Jazz pour un bon bout

À 1:07:07 du la première compilation, le bon vieux Blue Train de Coltrane...

27 mars 2013

Même pas blues (2)



Les zizagueuses, les élégantes, les élancées 
les zébresses gantées, les tigresses déjantées 
les celles en décolletés
qui bondissent dans les fleurs
avec des tignasses en feu, 
les doctoresses rousses, 
les timides, les sensibles,
les mal-aimées,
les nombrils zalaires dans la citée,
elles ne me trouveront peut-être pas beau
dans mon costume fripé de Gaspard Mousse Aqui
de petit mené bredouille gêné qui sort de l'hôpital

Les mots tout mous comme de la peluche
dans la grande gueule de la pleine lune
transpirent pour rien ce soir
sur la couche de mes désirs
de grenades en liberté
qui parfument le chemin de la mort

Je ne sais pas l'diable où errerai-je 
pour le reste de mes jours 

Je n’irai plus pêcher c'est certain
sur le pont du hasard
Je n'irai plus au bois ma mignonnette
perdre mon temps à me réchauffer le dedans
comme un écureuil écervelé qui gaspille
les rivets sonnants des casseaux 
du grand cycle ordinaire 

Je n’irai pas ma soeur mon âme
dépenser ma sueur au Casino, 
mes billes, mes roches secrètes
mes bracelets de nuit, mes tableaux
mes timbales extraordinaires
dans les dalots brûlants 
d'une langue imaginaire

À l'ombre de l'échancrure 
du dernier été ciré 
qui passera inexorablement,
je resterai bien lisse 
sage comme un champ de blé
dans le silence des globules blancs

Je prendrai tout de même en catimini 
dans le maquis de l'attente
deux trois-quatre cinq six bocks,
autant qu'il y a de graines
au chapelet du petit Arthur
et de stations de chemins de croix
dans les poèmes en berne 
d'Alphonse Piché

Évangélina, mon enfance, mon arrière Messier métisse, Béatrice, 
mes filles, mes amours, mes étrangères...

Pardonnez-moi 
d'aussi peu de vérité 
entre mes bras,
belles flammes de ma vie!

Je serai numérisé 
avec votre empreinte
et votre souffle, et vos prières,
vos baisers,
avec tout ce que je n'ai plus
dans un autre monde qui mue,
tant pis pour le rock'roll, le roffe,
le fils de bûcheron qui rêve à l'envers
de ses lointaines hantises 

On me ramassera peut-être au Quai des breux
dans le marmottage des ganglions

Je serai alors comme Job le courageux
pensant être assis bien droit
sur le tas d'égratignures magistrales,
mais avec ma portée de wawawa
et ma « gagne de lions » du fin fond 
des indépendances
de Saint-L'Enfant Jésus des Cavernes!

20 mars 2013

21 mars, printemps blanc, journée de la poésie

Prendre la parole sur une ancienne affiche des Néo Rhino.

21 mars, printemps blanc, poésie, poévie, en effet, pour dire comme Langevin et Normand Baillargeon dans son beau texte paru dans le VoirBaillargeon « défend » la poésie et rejoint Michel Garneau sur deux aspects essentiels : la poésie est précision, dit Garneau dans Chant inuit,  puis « [...] chaque pays contient une foule de poètes / de dix-huit ans / et une poignée / au-delà de cinquante ans / car la poésie c'est comme n'importe quoi / où le coeur doit s'allier à la technique / il faut commencer jeune / et travailler énomément / pour atteindre la précision / étudier la question longtemps / pour savoir ce qu'on a à dire » (Une corde de bran de scie, Lanctôt, 2002, p.18). 



















Photo : sur une vielle affiche du parti Néo-Rhino

19 mars 2013

Hein?


nuit chantante
en voie de crachats de chorale  
de cataracte de petite marre, 
de mémoire branlante, 
las, derrière chez nous 
les yeux mordorés des grenouilles
sont en péril, dit-on;
or l'étang blessé est un phare 
pour demain l'éléphant, l'océan, les sillons
les mouches à feu égarées dans le rire des enfants...
mais dis-moi donc Roland des ailleurs
des grands arbres qui marchent
dans la récréation du murmure végétal,
quand est-ce au juste qu'elle va pourrir  
la main sécrétante batarnak du bourreau,
dans quel bureau de saccharose,
sur quel glacier fumant,
avec quels associés gradés des hauts fourneaux
des magasins qui hurlent les grandes ventes sales?  

18 mars 2013

Les sacres du printemps québécois

En ce beau lundi, jour de la lune qui rase la cime des érables, miss Météo annonce 25 centimètres de gracieuse neige à l'avant-veille du printemps québécois. Cette joyeuse bordée risque donc d'engendrer une myriade, une ribambelle, une cascade de sacres du printemps. Mais il faut aimer son pays en tout temps, l'aimer en Hérode! Et pour ne pas être à court de mots d'amour, pourquoi ne pas puiser dans la gibecière de sacres édulcorés aux accents sénégalais de mon biologiste favori, j'ai nommé Boucar Diouf. Lors de la Fête nationale en 2009, de son éternel sourire d'enfant, Boucar déclarait aimer notre parlure (et pourquoi pas nos sentiers classels de neige) :

 « En crime, câlique, câline, tabarnouche, en carrosse, calvasse, calvince, tabarouette, en maudit, mautadit, mosusse, tabaslak. En torieu, torvis, verrat, torpinouche, en batêche, batinse, bonyenne, jériboire, en cristal, cristi, christophe, câliboire, en caltor, bozwell, viargette, joual vert, en saint-crême, saint-croche, simonak, viande à chien... »










L'historien Howard Zinn à Montréal en 2008


Conférence d'Howard Zinn à  l'UQAM le 19 novembre 2008 autour de l'élection présidentielle d'Obama.

Voir aussi cette entrée dans les archives de Train de nuit en date du 31 janvier 2010.

15 mars 2013

« En désespoir de Rose »


Humble esquisse de rien, historiette, brindille. Tristesse comme un lac un peu noir entre soi, la fin du jour et le monde. L'annonce de la mort de Paul Rose m'a fait spontanément ressortir, et je ne suis pas le seul, La constellation du lynx de Louis Hamelin (Boréal, 2010). Bonyenne, qu'un cinéaste se saisisse de ce roman!

C'est comme un réflexe pour conjurer un sentiment diffus sur le tragique de cette histoire écartelée entre le tabou des autorités qui savaient et celui d'une gauche revendiquant le patriotisme d'une débarque. Scandale politique d'une part, sombre dérapage d'autre part.

Pour chercher surtout à mieux comprendre pourquoi cette misère à voir plus clair? Il y a encore beaucoup de matière qui nous échappe de cette histoire-là, soutient Hamelin.  

Il faudrait aussi repérer La vigile du Québec de Fernand Dumont que j'ai lu, bien trop à bonne heure, à l'âge de 18 ans, au lendemain de la Crise.

J'aimerais tout aussi bien avoir sous la main mon exemplaire de l'Amélanchier (1970) de Jacques Ferron que j'ai donné à un ami, mieux lire dans ses écrits divers la fulgurante intuition de la politique secrète du Ciel de Québec. 

Par son coup de patin littéraire, Hamelin est bien dans la suite de ceux qui prennent le taureau par les cornes. Celui du piège. L'histoire officielle et ses ficelles. Il a estampé dans « ma » mémoire collective, si cela peut se dire, le sacrifié humanisé, spectre et ange, ce revenant entre les deux rives d'un fleuve qui s'agrandit et qui va toujours revenir dans la nuit québécoise, même en plein bois d'arrière-pays de l'Abitibi, au milieu des flammes de la maison qui brûle et qui hurle. De Léon Portanqueu au Chevalier Branlequeue, de Ferron, Vallières, Miron, de Roman Li'Magination, de la collusion du jour au bon vieux financement ramifié des partis politiques dans les clubs select et mafieux des années 1969... 

Mais enfin, comment faire pour en venir aux faits, pour prendre la mesure entre eux et soi-même, et je ne parle pas ici du « je » qui achalait Rose et dont le point de vue sur l'indépendance du Québec pour tous, riches et pauvres, reste un des plus cohérents qui soient, et sans non plus pour autant mettre à la porte des idées qui nous interpellent comme ceci de l'auteur de L'homme révolté : la violence ne se justifie pas moralement?

Car là où je rejoins Hamelin, c'est l'incapacité de ne pas tenir compte du tragique de l'histoire : la mort de Pierre Laporte non racontée par les historiens. Je ne me suis jamais permis d'oublier, dira Hamelin, qu'il s'agit finalement de la mort d'un homme et « que le vrai héros de la crise d'octobre, c'est Pierre Laporte. »

Mais entre la chair et l'os, malgré moi, malgré moi... la colère... Car le tragique, c'est aussi l'histoire occultée, la difficulté à faire des liens.  « Ce qui est important au-delà d'octobre, a dit Paul Rose, c'est le changement social. »




Sur la surface tangible, documentée et éclairée de nos archives nationales, que trouverons-nous demain pour mieux nous aimer?

Ce qui peut, en tout cas, aujourd'hui être lu avec profit, c'est l'excellent texte de Jean-François Nadeau paru dans Le Devoir de ce matin. Texte exemplaire en tous points qui donne à lire le contexte, la toile de fond, la juste part d'un homme « dans la grande chaîne de la vie ». En désespoir de Rose en est le titre. Faute de mieux. En l'absence d'une autre possibilité qui se serait offerte si... Dans les circonstances données de notre histoire. Mais quelle histoire?  Pourquoi, pour qui l'espoir était bloqué en 1970?

Paul Rose en 1980 : « Pourquoi ces voies démocratiques là étaient bloquées, pourquoi? »*

Paul Rose, le solidaire à jamais : « L’indépendance, c’est l’affaire de tous. Des pauvres, comme des riches. Il s’agit d’un projet de société visant le respect des travailleurs et la fin d’une économie froide et inhumaine. »


*Dossier Paul Rose, l'Aut'Journal, transcription d'une entrevue de Paul Rose à Marc Laurendeau, Télémag, Radio-Canada, 30 septembre 1980.


***

Marguerite Cyr, Le retour aux origines : mémoration et imaginaire dans l'Amélanchier de Jacques Ferron, thèse de maîtrise en études littéraire (UQTR,1998)

Julien Paré, (Chronologie) Le Front de libération du Québec, Le bilan du siècle, Univ. de Sherbrooke, 2005

Odile Tremblay, À chacun son Octobre, Le Devoir, 2 octobre 2010,

14 mars 2013

Paul Rose : Depuis l'automne


C'était à l'automne.  C'étair soir de contestation à l'UQAM contre la privatisation de l'eau à Montréal. Il y avait plusieurs artistes, les jumeaux Séguin, Richard Desjardins, Pauline Julien avait salué la foule; c'est ce soir-là où j'ai fait connaissance en chair et en os avec Michel Garneau. Le discret Paul Rose avait inscrit ses coordonnées dans mon carnet. C'est la seule fois où j'ai croisé feu Paul Rose. Depuis l'automne. Depuis toujours la politique au sens de la violence diabolique est à combattre. Depuis l'automne jusqu'au printemps.

Dans son entrée du 27 février 2013, ABEILLE344 récapitule quelques archives de la période sombre d'octobre 1970. C'est grâce à lui si je réécoute autrement, mine de rien, la chanson d'Harmonium.
Il y a beaucoup de non dit dans les paroles de cette chanson.


Une chanson pour ici
Pour nous dire qu'on a r'froidi
Une chanson en souvenir
Du temps qu'on voulait détruire
Un accord qui nous donne
Ce qu'on attend de l'automne
Quand y a p'us rien à personne

Une chanson juste pour toé
Juste pour me dire grouille-toé
Une chanson pour haïr
Parce que j'ai p'us rien à dire
Rien à dire cet automne
Quand y s'rait temps qu'on frissonne
Parce qu'y a p'us rien à personne

On voulait chanter dans la rue
Pour êt' moins perdu
Pis c'est la rue qu'on a perdue

Une chanson par ici
On a besoin ces temps-ci
Une chanson à retenir
Comme on retient nos désirs
Va falloir qu'a soit bonne
Si on veut passer l'automne
Sans que rien manque à personne

Une chanson d'un parti
Qui fait p'us partie d'ici
Une chanson pour repartir
Loin du grand musée de cire
Excuse-moi d'casser ton fun
J'me cherche une rime pour automne
Qui rime à rien ni à personne

Depuis que j'sais qu'ma terre est à moé
L'autre y est en calvaire
Eh! Calvaire on va s'enterrer

Si c't'un rêve, réveille-moé donc
Ça va être not' tour, ça s'ra pas long
Reste par icitte, parce que ça s'en vient ad lib 

- Harmonium

Les Poèmes cannibales au Roncho

De passage au Roncho en février 2013, Cayo Largo, Cuba.

Avec Yammy. Photo Jo.

13 mars 2013

Au Venezuela, ils existent aussi...


Je reproduis ici avec de légères adaptations un texte de mon ami Jean-Paul Damaggio publié en France le 8 mars 2013 sur le blogue des Éditions de la Brochure.  Bien documenté, ce texte donne un aperçu de la vie politique au Venezuela, autrement plus diversifiée et enracinée que le donnent à penser les vomisseurs de peuples.

***


Au Venezuela, il y a un parti communiste 
Au Venezuela, il y a le parti du président (Parti socialiste uni du Venezuela).  Il est membre de la conférence permanente des partis politiques d’Amérique latine avec trois autres partis du Venezuela, dont Podemos, un parti en perdition entre ceux qui soutiennent Chavez et ceux qui lui disent non. Or Podemos est membre de l’Internationale socialiste. Une Internationale où l'on trouve un allié fidèle de Chavez : Le front sandiniste du Nicaragua!

Au Venezuela, il existe un parti de centre gauche (PPP)
Au Venezuela, il existe des journaux comme Ultimas Noticias 
Au Venezuela, il existe des journaux pour la droite tel que Tal Cual 
Au Venezuela, il existe…
Au Venezuela, il existe…

En 1992, Chavez est en prison. Son avocate s’appelle Cilia Flores et elle conduit la campagne pour obtenir l’amnistie de son client. Elle va gagner et ça noue des amitiés, amitiés auxquelles Chavez à tendance à être fidèle. Cilia Flores est à présent procureur général de la République du Venezuela.

Son époux avait un nom inconnu. Conducteur d’engins dans le métro, il n’avait pas eu l’occasion de se distinguer même s'il a été dirigeant syndical. Garde du corps de Pablo Milanès, car 1,90 m ça sert, il ne s’est pas fait remarquer davantage. Mais, ami de Chavez depuis 1992, il est devenu député, président de l’Assemblée nationale, ministre des Affaires étrangères le 7 août 2006, date fondamentale dans sa vie. Chavez a aimé cet homme venu de rien et qui peut tout prouver. Il vient de devenir président du Venezuela! Il s’appelle Nicolas Maduro et il fait au moins un malheureux dans les rangs chavistes : Diosdado Cabello. Mais c’est un militaire, donc il doit s’incliner sans problème.

L’anomalie qui commence à faire le tour du monde, c’est que Maduro a un gourou. Non, ce n’est pas Marx, mais Sri Sathya Sai Baba, de son vrai nom Sathyanarayana Raju (communément appelé Sai Baba), né le 23 novembre 1926 et décédé le 24 avril 2011 à Puttaparthi dans l’état de l'Andhra Pradesh en Inde.


Jean-Paul Damaggio.

Barbeau, Marcel, eau barde sur l'arc

« En tout cas, j'vais continuer à travailler, m'empêcheront pas de travailler! Pis j'vais continuer [...] J'vas faire la plus grande peinture qu'on puisse faire, pis à un moment donné, y vont me reconnaître! » 
- Marcel Barbeau


12 mars 2013

Peut-être que t'aime aussi du Georges Dor




T'as du Mozart à la maison
Du Mozart en microsillon
Et t'as aussi du Beethoven,
Du Ravel et du Debussy
Qu'est-ce qu'on est v'nus faire ici?

Peut-être que t'aimes les Moody Blues
P't'être que t'aimes aussi Charlebois
Ou bien une vieille chanson d'amour
La complainte de la Mauricie
Qu'est-ce qu'on est v'nus faire ici?

Tu peux écouter des chansons,
De la musique symphonique,
Du folklore ou bien du folk song;
Joan Baez ou Jean-Paul Filion,
Léo Ferré, Aragon

P't'être que t'aimes aussi quelque chose
De très vieux et de très ancien;
Quéqu'chose comme du chant grégorien
Qu'on chantait quand t'étais tout p'tit
Qu'est-ce qu'on est v'nus faire ici?

T'as quelques disques de Vigneault
Le nord du Nord, tu trouves ça beau
Mais ce que t'aimes par-dessus tout,
C'est du Bach ou du Vivaldi
Qu'est-ce qu'on est v'nus faire ici?
Paroles: Georges Dor. Musique: Robert Séguin   1972  "Au ralenti"

10 mars 2013

Proserpine au bal du printemps




Proserpina, Proserpina, come home to momma, come home to momma
Proserpina, Proserpina, come home to mother, come home to momma now
I shall punish the Earth, I shall turn down the heat
I shall take away every morsel to eat
I shall turn every field into stone
Where I walk crying alone
Crying for
Proserpina, Proserpina, come home to momma, come home to momma now
Proserpina, Proserpina go home to your mother, go home to Hera
Proserpina, Proserpina go home to your mother, go home to Hera now
She has ṗunished the Earth, she has turn down the heat
She has taken away every morsel stone
Where she walks cry-crying alone
Crying for
Proserpina, Proserpina, come home to momma, come home to momma
Proserpina, Proserpina, come home to momma, come home to momma now
She has turned every field into stone
Where she walks cry-crying alone
Proserpina, Ṗroserpina, come home to momma, come home to momma
Proserpina, Proserpina, come home to momma, come home to momma now

- Paroles de Kate McGarrigle et musique de Martha Wainwright