26 avril 2007

Un ciel de May


Tiens! Parlant du mois de mai, il y a l'ami SuperK, Monsieur Le Roy K. May qui se fait aller la plume à son tour, in english motarde, pardon me, dans ce collectif des zétats (Portland, Oregon) qui publie ici les nouvelles de 37 auteurs «de par le monde», surtout des USA, mais outre la voix du Québec, on trouve une Londonienne, une Australienne, etc.). Cette bébitte littéraire affiche «littérature alternative» pour lecteurs allumés : «Cutting edge fiction for cutting edge minds». Sous le titre de, vous l'aurez remarquez, Falling from the sky. Lancement le 1er mai.

La publication compte 312 pages et on a tous les détails chez K pour passer une commande.

Good enouph!

25 avril 2007

Slam session, le 1er mai



Le premier mai,
c'est le début du mois de la mari
qui va se planter
bande de bandits!

C'est le début du mois le plus beau
oh! oui, ma chérie

Le premier mai est un jour férié
mais pas en Amérique du Nord!
À Dieu Saco et Vanzetti!

Le premier mai,
c'est quand même plus qu'un parti plis
pour les travailleurs

C'est plus de liberté dans la rue,
plus de coeur dans la gueule de la ville,
avec du muguet à venir...

Il n'y aurait pas de liberté pour vivre
sans la force des ouvriers

Le premier mai c't'année,
à Mon Réal,
il va y avoir de la poésie en soirée
et je ne change pas de sujet!

Il y a une soirée slam
session ouverte un peu comme en jazz,
libres micros, libres paroles
au Vys! Ô hisse!

On Yva!
Merci Ivy!

24 avril 2007

Hey! Mr Tambourine Man!



Mon poète préféré, Robert Bob, reviendra à Montréal sur les planches de la salle Wilfrid-Pelletier, le 4 juillet prochain, dans le cadre du FIJM.

Avant, il sera a l'Aréna Pepsi de Québec, le 3.

De seulement le dire me met de bonne humeur.


 J. Cohen

23 avril 2007

Ciel manqué, terre absente


Je parlerai juste
pour une bine sur un bras,
je parlerai pour hier
car ils vont et viennent
comme un jeu d'osselets
ces poèmes à pierre fendre,
ces coups
d'archet, M. Dunn,
remisés dans le blanc de la cage
un, deux, trois,
testing, testing...
Mais bonne mère de putain de page
que j'aimais bien les stars
de cette terre merde, bordel!
surtout ce «ciel manqué»
à coups de pinceaux décidés
que je dis moins bien maintenant,
juste de mémoire,
comme un oeil coupé dans sa ganse
sur une toile couleur citron
d'Anselm Kiefer

Je dis
moé'si
n'importe quoi sous le dégel
que le vent emportera dans sa sagesse,
dans sa tasse de thé chinois
calfeutrée d'orages verts,
sans eau de missel


Fini le pipi des folies!

Photo, Mirror. Oeuvre de Anselm Kiefer, dans la série des Corps Célestes, «Pluie d'étoiles» (traduction libre), exposition Heaven and Earth, Musée d’Art Contemporain de Montréal, printemps 2006

Lettre du Brésil

Il faut lire la lettre de soleil qui suit en imaginant l'accent brésilien de mon ami Claùdio sur chacune des syllabes. Comme un accent tonique sur le dos des noires et blanches.

(Rita, si tu viens sur le blogue et lis la présente, tu peux passer par-dessus le passage rêvé de la vue par la fenêtre... Fenêtre que je connais, d'ailleurs... Ce n'est que mise en scène d'un gars trop occupé, mais Brésilien néanmoins, c'est-à-dire avec toujours une noce à rattraper.)



Claùdio, toujours busy, même quand on prend un coup! Foto : Jack.


Oi...!
Tudo bom?

Comment ça va mon ami? Ici, nous sommes toujours sous 30 dégrés. Le chaufement de la planète, nous le sentons dans la charme des tropiques. Les étés ne finissent plus jamais .

Excuse-moi de ne réussir pas d'être un ami présent, de ne pas envoyer souvent des messages, etc. Mais, mon gars, je travaille encore plus fort depuis que je suis entré dans la FAC (...) Quand j'arrive à maison, parfois, comme aujourd'hui, je travaille encore deux ou trois heures pour réussir d'accomplir les tâches de consultation pour le gouvernement. Il y a tellement de choses à faire que j'ai peur d'oublier définitivement le restant de ma vie: mon théâtre, ma poésie, mes programmes culturels, mes amis. La tranquillité que j'ai eue au Québec, il semble de plus en plus un souvenir distant, mais je peux sentir toujours le parfum doux et pourri des feuilles des érablières en train de fondre dans le boue joyeuse du printemps. Et je te jure mon ami, ça me manque.

Le 12 mai, je pars vers la Belgique, je vais représenter le Brésil dans une réunion d'experts en éthique de la recherche organisée par le Parlement européen (plutôt par la manque de experts dans le domaine au Brésil que par mes mérites) et la tâche me fait trembler. Le 16 mai je vais à Lisboa, où je parle sur l'éthique de la recherche au Brésil dans l'institut de Médecine Tropicale. Tout ça c'est profondément stimulant du point de vue professionnel, mais ça me fait travailler comme un fou. Et ce n'est pas juste l'Éthique appliquée que j'aime dans la vie. En fait j'aime bien plus avoir le temps pour voir passer à la fenêtre les fesses des femmes brunes de ma terre sans rien à penser, de fumer mon pétard et lire un livre qui n'informe rien, de prendre une batida de gengibre dans le marché populaire pour faire le monde tournoyer.

Rita visite souvent ton blog et me donne tes nouvelles et me lis tes textes. Pedro parfois pose des questions sur toi, ta maison, tes enfants, ta voiture. Moi, je pense aussi souvent à toi, surtout quand je trouve des choses à la rue, lesquelles tes yeux d'enfant et de poète auraient aimer voir.

Toi, tu auras toujours une maison dans cette Amérique si différente de celle du Nord. Quoi faire si nous aimons les deux?

Bye...!

22 avril 2007

Jour de la terre, échange de vers


Je vais remonter à l'envers

un échange de courriels
avec René Merle

qui cadre bien en ce dimanche
qu'on n'oubliera pas complètement d'avance,
du moins, je l'espère.

Vous souvient-il que l'an dernier
le Jour de la terre était aussi marché
pour Orford?

Voici donc à brûle-pourpoint ou, si l'on préfère, on peut commencer par la fin en se rappelant ce vers
d'Aragon : «C'est de la mort que renaît toute chose».

Une p'tite shot de poison à l'uranium avec ça?

22/04/07, 12h33
Pas de soucis (formule envahissante dans le vieux pays) pour les guillemets. Je les avais cadrés. Des fois le Poète parle pour nous, des fois on parle pour Lui, et ça se balance bien mieux que chez les cuistres dérouleurs de citations, oh que j'aime pas ceux qui pensent par procuration. Mais Machado... Total respect, comme disent nos ados anglicisés jusqu'à l'os. Heureusement que la poésie est là pour m'(nous?) empêcher de radoter sur son nombril. Allez, je te livre une dernière citation, pour te dire mon état d'esprit. Tiré d'une vielle copla flamenca. Qui explicite le droit à se cadenasser..., et pourtant l'envie de chanter de soi...
R.
Esto que me está passando
se lo contaré a la tierra
cuando me estén enterrando...

Ce qui est en train de m'arriver
je le raconterai à la terre,
lorsqu'on m'enterrera...



22/04/07, 10h34
Bien dit!
Je me rends compte que les guillemets auraient dû rester bien visibles dans l'envoi précédent où je cite le poème de Machado que je corrige ici :

«Tout passe
et tout demeure
Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer(...)»

22/04/07, 04h53
Celui qui marche sur l'eau
Obstiné
et désinvolte malgré tout
Sait qu'il ne fait pas de miracles
Et l'aileron des requins lisses
Ne lui montre pas le chemin
Amicalement
R.

21/04/07, 23h46
Bom Dia,
Não sei, Amigo
Mas ao horizonte
pássaros, crianças, poètes e da água...
dans la bouche
Antonio Machado / Richard Desjardins :
«Caminante, no hay camino, se hace camino al andar.»
«Chemineur, il n'y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant.»
J.

Tout passe
et tout demeure
Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer
Voyageur, le chemin
C'est les traces
de tes pas
C'est tout ; voyageur,
il n'y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant
Le chemin se fait en marchant
Et quand tu regardes en arrière
Tu vois le sentier
Que jamais
Tu ne dois à nouveau fouler
Voyageur! Il n'y a pas de chemins
Rien que des sillages sur la mer

11/04/07, 12h03
Bom Dia,
Obrigado para o barulho PQ, ADQ, PLQ ...
Queria saber o caminho para esquerda, sempre a direita ? Havemos de
chegar a tempo ?
Até logo
R.



Antonio Machado Ruiz, poète, 1875-1939.
Victime du franquisme.

Photo tirée de Remue.net, site français de création littéraire et de critique, «fondé par François Bon et animé à présent par un collectif». L'adresse Web est difficile d'accès.

Photo du dessin, en haut de la page : Danny Barthélémy, Regards croisés

17 avril 2007

Damien, Nina, Urbain et moi...



Photo Nina Louve. Damien Robitaille, moi et Urbain Desbois.
Damien Robitaille, le jeune flôt de Lafontaine, Ontario, qui se tracasse pour que ça clique dans la vie, fait sa rentrée montréalaise demain, 18 avril, au Club Soda. Ça va fracasser, mon chum!

Le hasard a voulu que l'on se croise l'autre samedi à l'enregistrement en direct de l'émission Je l'ai vu à la radio de Radio-Can, au bar Tap Room. Damien était l'un des chansonniers invités.

Sous les bons soins de l'écrivain Jean Barbe qui a lancé toute l'affaire à la suite de Paul Auster, qui fit la même chose à New York, on y lançait notamment un recueil composé des meilleurs textes soumis par des auditeurs de l'émission au cours de la dernière année... L'amie, la poétesse, l'envoûtante, l'essentielle Nina Nouve participait à ce lancement en tant qu'auteure. Histoires de..., chez Leméac.


Ceci étant entendu, à un moment donné nous sommes allés jouer dehors, rue Rachel, qui pour une clope, qui pour jaser, qui pour croquer les beaux moments improvisés...

Photo Jacques Desmarais


Urbain Desbois, il prépare la sortie éminente d'un quatrième album, était aussi dans les parages...
De bonne humeur. Que de verbes et que de rires, que de théories convainquantes sur le parler nasillard des zamériques...

Aussi bien dire qu'on était tombé dans une belle talle de jeunes artistes vivants comme un printemps. C'est dit. À Mon Réal. Au mois d'avril 2007.

Pour Damien, L'homme qui me ressemble (aut. 2006), voir aussi chez Audiogram, entre autres, le clip sur le clip (making up ) de Je tombe. Puis, le vidéoclip comme tel relayé chez Grafika.


13 avril 2007

Slam, slam, slamontréal, 4e rencontre...



Photo-slama, 4e rencontre de la LIQS, le 11 avril, au Patro Vys.
Toutes les photos sont signées CHARLES MARSAN.
Un gros gros merci!

Je reviendrai plus tard ajouter des légendes et gosser un peu la disposition....
























































Photos par ordre d'apparition, de gauche à droite :
- Rebelle Tranquille;
- Mario Cholette en bonne compagnie et heureux;
- Un spectateur photographe qui n'est pas Charles Marsan;
- Ivy et Toffu, le M.C., dans le bunker, en plein travail;
- Jacques Léger (frère de Pierrot Léger le Fou) et Marianne;
- Violaine Forest, la poétesse sacrifiée;
- Danny Plourde, Polo et autres...;
- Marie-Paule et Francine Grimaldi;
- Marco Calliari, soleil sur deux pattes, noceur anti-fachiste;
- Marianne, Marc-André Delorme, Jacques Desmarais;
- juges exerçant leur jugeotte;
- Marie-Paule Grimaldi, slameuse et éclairagiste;
- Mathieu Lippé et Ivy;
- Polo, pour le peuple des plumes;
- Mikalle, comme un vent frais du Nord;
- Mathieu Arsenault, au rayon X des jouets, troisième position.
- Spectateurs;
- Jaquette du plus récent recueil de Danny Plourde, éd. de l'Hexagone;
- Danny Plourde, poète baromètre de St-Jean, slameur bouleversant, primé au 2e rang;
- Mathieu Lippé, beaucoup d'humanité, comme un Petit Prince, grand vin-coeur de la rencontre.
- Soirée fortement appréciée...


09 avril 2007

Salmigondis









C'est l'heure où le chien pleure.
Il fait toujours ça quand il a bien mangé. C'est son trip.







J'hésite en chien à publier un nouveau morceau
parce que ce faisant,
je vais envoyer Sarah et Noémie aux archives.

J'aimais ça les voir trinquer dans un bar à Cuba avec leurs beaux yeux de jeunes fleurs au soleil

mon éternité

J'me reprendrai. Je les publierai de nouveau. Papa oblige.

Je n'ai rien fait de bon aujourd'hui, lundi de Pâques.

Je devais aller au bureau pour assurer mes lendemains, j'ai niaisé en pyjamas jusqu'à quatre heure de l'après-midi.

J'ai fait de l'anglais toutefois.
J'ai écouté CKUT.
Je suis sujet britannique, le saviez-vous?
Et je ne suis jamais assez bon pour Sa Majesté
qui me teste de temps en temps
How do you do?
I sluff off...

J'ai lu 3 pages de Richard Rorty, Truth and Progress, Cambridge University Press, 1998, et j'ai pensé à Onassis.

J'ai lavé mon parka d'hiver. J'ai laissé mes clés de char dans mes poches. Elles n'ont pas apprécié se faire assouplir à l'odeur de lavande. Démarreur à distance caput.

J'ai fait cuire un poulet dans le vin blanc avec champignons, oignons, carottes, coriandre, thym citronné, poivre, basilic... Au départ, j'avais vainement tenté de le flamber à la cachaça. Beaucoup d'alcool brésilien, pas de flamme. Pas grave. Ça m'a fait repenser à Josette, une amie Française rencontrée en Louisiane et avec qui, jadis, j'ai vu de mes yeux vus flamber.

C't'ait bon! Nous sortons de table. J'ai envie de hurler comme le chien.

Aujourd'hui, qu'est-ce j'ai fait?

J'ai fait deux commentaires sur des bloques amis. Que c'est doux à mes oreilles dire : amis.

C'est ce que j'ai fait de mieux aujourd'hui.

Il y a d'abord eu un mot cochon chez Caroline. Ses Carolinades sont populaires, plusieurs centaines de lecteurs s'arrêtent chez elle chaque semaine. Elle achève un long séjour en la douce France, là où les mimosas éclaboussent l'oeil des passants avant que l'hiver ne tire à sa fin! Ce matin, elle disait :«Il est vrai que plusieurs doivent se promener à vélo aujourd’hui. Au Québec je ne sais pas mais ici, il fait si beau. J’y étais ce matin justement.»

Ce à quoi j'ai répondu :

avril 9, 2007 à 10:30 am

«Lundi de Pâques, reste un peu de paille, moins de cocorico dans le fond des paniers. Ici, mon Kanuk se balance au vent sur la corde à linge. Y était pu rouge vin, y était nouère gommé d’hiver cerné. Il se balance avec des glaçons au bout des manches. C’est beau ici, mais fret, venteux pour le vélo. Carol (celle qui partage ma vie) revient d’une marche et dit : «C’est très froid! C't'encore l’hiver. Le soleil est trompeur.» Par contre, vois comme le monde est bien fait : je suis sûr que ce «moins quatre plus un» provoque, aguiche mes quatre boquettes, en cambrousse, accrochées aux chalumeaux qui sont plantés dans l’écorce des érables aux orifices mouillés, et qui continuent de recevoir une à une, goutte à goutte, la visite rarissime de la sève venue des racines fragiles. Pourvu que ça gèle la nuit en avril et que ça grimpe au-dessus de zéro pendant le jour. Je ne suis pas sur place pour boire goulûment et l’eau va fatalement déborder, inonder, sucrer les plaques de neige qui restent autour, mais ça me réjouis pareil d’y penser. Ça titille mon nain conscient. M’en vas juste aller sur la galerie voir si mon parka est sec en me faisant peut-être dans la tête une image un peu cochonne du printemps, en rapprochant très très près l’un de l’autre EVE et SEVE... Karo, bon vélo! Profite du beau temps qui passe…»

Karo m'a répondu par courriel : joie! joie! dit-elle.

Plus tard, fait un saut chez le jeune T-Rex qui fête ses 23 printemps et qui a le nez dans ses livres. Talentueux comme 50 . On trouve dans ses pages des clichés de Françoise Sullivan, une photo du trou de la mine de Black Lake, puis une référence à Armand Vaillancourt.

C'est long, c'est long, mon commentaire, je radote, la vitre baissée, mon blogue n'est pas pour les excités de la farce courte en mini-jupe.

Qui m'aime me suive :

«Black trou d'Armand, ce n'est pas North Hartley! Je l'aime beaucoup celui-là. J'ai pas d'éducation en arts, suis analphabète, mais je tiens de Vaillancourt quelques lumières pédagogiques qui restent toujours allumées. Son goût pour les vaches m'a rejoint tout de go à cause de ma lignée et du fait que moi aussi, jeune, j'ai roupillé le matin sur les flancs chauds noir et blanc alors que je tirais mécaniquement les trayons de la patiente bête. Je ne me suis jamais planté un clou rouillé dans le pied, par exemple. Ses voyages sur le pouce partout aux États m'ont aussi enthousiasmé. Il visitait des usines pour voir comment on fait. Poësis. ποιεῖν.

Pendant une décennie peut-être, je me suis accoté en toutes saisons pour lire, dormir, écrire... contre Samothrace (1967), une oeuvre d'acier massif (trois tonnes) peint noir, boulonné, torché au chalumeau dans le haut. C'était une des plus belles sculptures publiques à Montréal sise dans le jardin du Complexe Guy-Favreau, où je travaillais avant. Pas moi qui l'invente, je l'ai lu dans un livre spécialisé. Un jour, j'ai su qu'on l'enlèverait définitivement lors d'un réaménagement majeur. J'ai fait une crise. On a inventé un paquet de menteries : l'oeuvre était réclamée dans l'Ouest, ou bien avait besoin de restauration; une autre fois, c'était parce que l'artiste désirait la racheter. Ça a adonné que sur l'entrefaite je croise Armand lors d'une manif (guerre en Irak) devant Guy-Favreau. Il a carrément démenti. En fait, c'était, je crois, bêtement une question de piastres : on ne voulait plus payer le loyer pour mon amie very strong. Je me suis vraiment ennuyé de cette grande proue noire où les araignées tissaient des toiles reluisant au soleil alors que le quartier chinois, qui sent le sucré, comptait ses heures à l'envers. J'ai fait ma petite enquête et j'ai su de première main que l'oeuvre avait été «rapatriée» à Ottawa. Et j'avais honte, ostie! Quelque temps après, je me suis rendu a Hull pour ma job. Mon hôtel était juste de biais avec le Musée des Civilisations. De ma fenêtre, j'ai cru entrevoir de loin le cadrage si familier du tic tac toc dans les airs, à la fois ancre et croix... Je me suis déplacé tout de go. Ben oui, sur l'esplanade avant du Musée, Samothrace, qui fait neuf pieds de hauteur, trône durant l'été parmi une douzaine d'oeuvres canadiennes «modernes», métalliques... Mais c'est elle qui a le plus de gueule avec un peu d'usure grise au bas de la poutre centrale venue du frottement de mon dos! Je suis content pour Vaillancourt parce qu'il a beaucoup plus «d'exposure» que dans le jardin assez intime de Guy-Favreau. Mais je m'en ennuis pareil et c'est une perte pour Mon Réal.

Une fois, j'ai vu Vaillancourt à la t.v. jouer de l'harmonica pour Michel Chartrand. Si je ne fabule pas, il y avait aussi Gaston Miron. C'est pas mal mes idoles, ces gars-la. Avec Bourgault, Lévesque, Vigneault, Leclerc. J'aurai pas assez d'une vie pour arriver à la cheville de ces géants qui ont tous en commun une ligne, un mot : liberté.

Sullovan, Françoise, je comprends qu'elle t'insuffle des folies. Son travail est méconnu. Ses pas inspirés ont ouvert des bouts de chemins libres dans le ciel automatiste des peintres, des musiciens et des écrivains... Ce bon vieux bleu Ciel de Québec... Déjà, faut-il se souvenir de nos plus belles fables? C'est la question que je poserais au narquois Docteur Ferron s'il était encore là. Je ne me relis pas.»

Fin de journée. Saut au IGA du coin pour Carol qui me donne 20 $ et sa liste. J'oublie mon portefeuille. J'ai juste le 20 $ dans les poches. Items à coucher dehors en France! Carol pense avoir une inflammation de la vessie. Elle me demande avec des astérisques après chaque item :

Eau de Vittel!!!
Tisane à la basserolle ou (une chance que j'ai le choix)
aubier de tilleul...
Chlorophyle liquide ou en comprimés (veux-tu que je fasse rire de moi, Carol?)
Oignons blancs juteux (s'ils ne sont pas juteux, je les prends quand même?)
bouillon d'oignon
Jus de canneberge

J'ai ramené ce que j'ai pu! Oignons blancs, tisane au tilleul et au citron, canneberge... Ça m'a coûté 19,99$!

J'ai reçu un courriel de Ivy rappelant que ce mercredi, c'est soirée slam au Vys. Les portes ouvrent à 19h30. Je me demande si la Louve va réussir encore une fois à passer par la cheminée des V.I.P.?

Voilà. Je n'écrirai pas avant un mois.

Photo de la peinture (que j'aime beaucoup) en haut de la page : Nicolas Dunn-Plante, alias T-Rex, série Poèemes à la main (blogue discontinué).

Photo (pas très bonne) de Samothrace : Conseil des arts du Canada

08 avril 2007

He's Back!


Matin et soir, pendant une quinzaine d'années, j'ai passé avec admiration, sans jamais me tanner, devant la belle murale lumineuse, chatoyante de Frédérik Back (L'histoire de la musique à Montréal, 1967) qui nous conduit par les yeux de la station de métro à la Place des Arts, et vice-versa. Puis, j'ignore comment mon cerveau a pu enregistrer la certitude que le cinéaste d'animation deux fois oscarisé, planteur d'images, était décédé. Sans doute avais-je entendu dire qu'il fut très malade. Mais voici qu'en ce matin de Pâques, j'entends à la radio avec De Bigot la voix tranquille mais toujours intense de M. Back qui fête aujourd'hui ses 83 ans! Cela a fait ma journée, si vous voulez savoir.

Pas trop loin dans le temps, j'ai repêché ces propos du peintre, muraliste, réalisateur, illustrateur, décorateur, je dirais avant tout artiste engagé... sur le site de Eau Secours :

«(...) Je continue de dénoncer la violence avec laquelle on manipule tous les éléments de la planète. Les torts causés aux arbres, aux cours d'eau, aux cultures et aux animaux ont fini par mettre la vie de l'homme en danger : toutes ces allergies qui se multiplient sont des symptômes qui ne mentent pas. On permet tous les empoisonnements, il ne faut donc pas s'étonner que les cancers prolifèrent. Presque tous les gens que je connais ont été atteints d'un cancer, et beaucoup de mes compagnons de travail en sont morts. C'est par miracle que l'on m'a sauvé la vie. (...) Je suis honoré de devenir membre d’Eau Secours!, de rejoindre un regroupement de personnes clairvoyantes, dévouées à la préservation des valeurs essentielles que sont la qualité de vie, de bonheur et de beauté terrestres. Je souhaite que la détermination d’Eau Secours! soit un élément décisif pour instituer des politiques prévoyantes, à long terme, qui soient des modèles inspirants pour tous les gouvernements de cette planète bleue, vivant, et unique au monde»

Frédéric Back
(2003)

Oeuvre en haut de la page : Rhapsody in blue

Dessin (2002) : coup de pouce à l'action Boréale


















05 avril 2007

Malemer comme eau retenue





J'ai loupé encore une fois. En ce moment même, à la Grande Bibliothèque, se déploie un hommage à feu Risna Lasnier et Jean-Guy Pilon. Je n'ai rien à dire sinon que la vie est carottée et nous fait rentrer bien trop tard. Alors, je vais prendre un coup de pâmasses à la maison. Je vais déplier mon journal du soir et me saouler l'dedans de vers apprivoisés.

«Je descendrai jusque sous la malemer où la nuit jouxte la nuit jusqu'au creuset où la mer forme elle-même son malheur... sous cette amnésique nuit de la mer qui ne se souvient plus de l'étreinte de la terre... toute salive refoulée de silence je regoûterai aux eaux condamnées de ma naissance... maternité mystérieuse de la chair asile ouvert aux portes du premier cri, et la mort plus maternelle encore» -Rina Laslier, La malemer. Mémoire sans jours, 1960.
«Tendres, doux et pleins, tous les mots pour elle, Mon ardente inquiétude. Chaque jour, figure renouvelée, corps plus beau que la veille. Je dis beau. J’aime cette ville, j’aime cette femme. Toute saison embellit la maison de nos amours. Neige ou soleil, printemps insaisissable, automne de paresse. Je ne saurai jamais assez son corps, je n’aimerai jamais assez son cœur. J’enlève chaque jour ses vêtements magnifiques pour m’allonger près d’elle dans le délire. - Jean-Guy Pilon, Montréal, Comme eau retenue, Typo, 1985
«Je suis d'un pays qui est comme une tache sous le pôle, comme un fait divers, comme un film sans images. Comment réussir à dompter les espaces et les saisons, la forêt et le froid ? Comment y reconnaître mon visage ?
Ce pays n'a pas de maîtresse : il s'est improvisé. Tout pourrait y naître ; tout peut y mourir.»
Jean-Guy Pilon, Le recours au pays, Hexagone, 1961

«Laisse le nénuphar au lac, laisse le poète à sa solitude;
le nénuphar n'a pas dédaigné le pré ou le jardin, le poète n'a pas choisi de chanter; même s'ils baignent dans l'eau pure de la beauté, ils restent mêlés à la boue de la terre par toutes leurs racines.»
Rina, Beauté.

02 avril 2007

Carnets pelés 9b : écrire à 21 ans



Parfois lorsque je me relis, je suis obligé de sous-titrer mon écriture.

***

L'histoire commence au début de l'été. Nous sommes le 29 juin 2005. Le faîte des arbres pétille de mouches à feu. Le ciel est étoilé. J'ai des poèmes dans ma tête qui marchent avec des souliers ferrés. Mais mon attention est diffuse dans la vieille campagne où je suis né. Qu'est-ce qu'écrire au milieu des grenouilles dans la clameur désengagée de ce temps? Il y a de la boue sur les semelles des chansons. Mais nos yeux touchent parfois ce que nos mains ne voient pas. J'ai rêvé l'autre nuit que je n'arrivais pas à analyser un texte de mots éparpillés, jaune-orange, un texte de Félix-Antoine Savard. Était-ce du Menaud? C'était tellement du chinois! Je n'ai pas le goût de ziguer sur les billots dramatiques. Mais que veut dire ce crochet dans la nuit? Est-ce parce que j'ai du fil à retordre avec le puits qui est anormalement bas cette année? Je suis inquiet, mais je ne me sens pas du tout concerné par le draveur et la bave.

Je suis en train de lire L'avalée des avalés. Comment diable peut-on avoir écrit cela à 21 ans?

« Je pense, gravement, à un vaisseau d'étoiles en perdition dans les marais du matin. » (Gallimard, 1966, p. 224).

« Il faut que les pouvoirs de l'imagination soient grands pour que la seule coïncidence de quelques syllabes provoque un accommodement si vif de tout mon être, et un si grand désir. » (p.217)

« Il faut embaumer la braise, saisir le feu dans le vif de son sujet. » (p. 274)


Lac Pearsley, 20 juillet 2005

Ères de vérité. Je me fais libre. En lisant Réjean Ducharme, il me semble arriver à comprendre ce que peut signifier écrire « dans » l'imaginaire. C'est-à-dire écrire de la magie, de la pensée à distance. À pleines portes de grange. Colombe. Lapin. Chimère. Femme coupée. Cailloux réverbères. Télépathie.

« Je suis marécageuse, ravineuse et arboricole. Ma place n'est pas ici parmi ces mammifères. [...] j'ai choisi toutes les fleurs, tous les champs. Je n'ai rien à faire dans ce nid » (p. 362)

01 avril 2007

Chair M. le Rectum


Soirée Folie et Sacré au Lion d'Or paqueté aux as, samedi soir, animée par le rectum de la Folle Uniersité (sic), le Dr. François LebiGourd, un VIP (Véritable Idiot Professionnel). Gourd en pleines formes, bien dodu, de retour d'un voyage made in China, très très très drôle et pertinent, plus drôle que la fois où je suis allé le voir dans son bureau en haut des Fouf, désirant participer à un show de poésie, y m'avait dit : tu performes-tu? Drôle et fou et ingénieusement provocateur. Il ne craint pas d'utiliser au besoin pour sa cause, qui est l'excentricité politique, ses propres maladresses de ti-cloune, ou bien son corps qui devient accessoire de scène, sa bédaine blanche claironnante par exemple ou même, à peine voilé sous un costume en rideau transparent vert lime chinois, un tout p'tit zizi pas nerveux pour deux sous!

Gourd est un Emci sorti de chez Emmaüs qui change d'accoutrement à chacune des présentations des artistes à venir. Ses apparitions sont hilarantes. Cabotin de haut vol, cabaretier, contrebandier du rire, il m'est apparu hier soir être le roi québécois du vaudeville impossible.
S'il tenait cabaret à tous les mois, comme ce fut le cas il y a une dizaine d'années, en réunissant sur la scène une brochetterie d'artistes de la variété du lys ômérique, nous serions plusieurs à suivre la partie en direct.

Hier, parmi les artistes quasi bénévoles, j'ai particulièrement apprécié Guy Sioui Durand qui a fait un monologue-performance sur «l'essence de l'être». D'entrée de jeu, il déroute, distance le jeu de la scène puis dérange l'habitude fine des spectateurs. Il demande : y a-t-il une différence entre le spectacle et le spectaculaire? Une craquelure par où le spectacle ne servirait pas à contrôler? Vieille question de Debord. O.K. d'abord. Le monsieur l'Indien avait été accueilli sur scène par quelques hou hou hou typiques de notre registre de sauvageries. Il s'adresse d'abord à nous a capela. Il a apporté un bidon d'essence et plusieurs petits bateaux en papier (je ne me souviens plus comment on fait cela). Va-t-il les faire flamber sur la scène? Quand il se penche vers le bidon, en fait vers le bec jaune en l'air, le son du micro est là soudain! Respirer l'essence de l'être. Il y a aussi à sa droite un poster où est écrit le nom d'Albi, ville près de Toulouse. C'est là en vieille Europe où l'on aurait commencé à instituer une «réserve» de la folie en envoyant les fous se faire foutre sur des nefs, sur des petits bateaux d'où s'échappaient les cris... C'est en tous les cas ce que j'ai pigé. Comment changer le monde, demande l'artiste ? Il hume devant nous l'essence et pointe une référence obligée à Davis Inlet, parle des gens qui n'ont pas nécessairement 20$ pour entrer dans l'enveloppe feutrée du Lion d'Or... Référence à mille suces, à comment il se fait que des populations s'auto-exterminent, des jeunes surtout sniffant des vapeurs d'essence... La conclusion de Sioui Durand me rejoint comme un coup de frère car je dis la même chose dans un court texte, sans doute avec beaucoup moins de force : la poésie change le monde parce qu'elle porte la voix qui reste en réserve, une voix trempée dans les cris et qui s'écrit avec un je qui a l'accent foule de moyens rage.

J'ai croisé Guy plus tard sur le chemin des bécosses. Je n'ai prononcé aucun mot, c'était un charivari dans ma tête et trois pintes de rousse, mais j'avais un grand smile, je lui ai fait un signe avec le pouce et je lui ai serré très fort la pince. Il n'a rien dit lui non plus. On se comprenait parfaitement, profondément. Je me suis souvenu alors qu'il en avait été de même en 1999, à Roxton Pond, où se tenait un colloque national sur l'art et la ruralité. Nous étions aussi en pleine contestation de la ligne des Cantons-Hertel, d'où ma présence. Nous avions échangé quelques mots sur le parterre entourant la cabane à sucre des Pontbriand. Un peu plus tôt, Michael La Chance l'avait rencontré au Marché Bonsecours pour un interview à Radio-Canada. L'artiste sociologue avait alors livré un manifeste engagé si vivant, si émouvant. J'ai la cassette en quelque part de cet entretien, mais où donc? Sioui Durand est un artiste magnifique du faire, un poète. Il faut le faire, m'avait-il dit à propos d'un projet de contestation que je mijotais. De la même façon, l'autre soir au Lion D'Or, il a réussi à faire bouger. Nous devions inventer un sacre, un cri forgé de tout ce qui fait rage et à son signal, lorsqu'il jetterait sur la scène le dernier petit bateau de sa collection, il fallait changer de place avec quelqu'un d'autre, puis hurler, hurler notre sacre. Grosse commande! L'atmosphère était indécise. Qui oserait? Francine Grimaldi, assise à la table devant moi, fut bien celle qui lâcha son wak la première, ce qui créa une belle étincelle dans la salle. Pas besoin de répandre l'essence pour exister. Pas besoin de juste applaudir pour réussir son show. Pour «rêver plus».

Guy Sioui Durand, La cervelle renversée, performance au Brésil en mars 2005.

Aimé beaucoup beaucoup Karen Young, en fait j'étais hypnotisé par cette voix lointaine, avec cette chanson en je ne sais trop quelle langue arabisante, je m'étais rapproché de la scène pour mieux la voir sous le spot jaune qui faisait que ses cheveux blond gris étaient aux anges. Et moi avec.

Été surpris par Michel Vézina qui a fait une espèce de lounge poème state frite Elvis juste un tit peu long (le slam 3 minutes max m'influence).

Beaucoup apprécié les farces de moines de Stéphane Crête - quelle bonne voix d'acteur - malgré les chutes parfois trop rapides, malgré aussi le fait que ma blonde m'a fait comprendre qu'il n'était pas l'auteur des textes alors que je le pensais... En fait, Stéphane épinglait à sa manière les perles de sagesse de d'Osho.

Pis, je suis toujours en amour avec Lou Babin. Mon coup de foudre remonte au Party, film de Falardeau dans lequel elle interprète si majestueusement Le coeur est un oiseau de Desjardins. Je l'ai croisée aussi, près de l'escalier de la coulisse, elle m'a regardé, ça été trop vite pour que je lui dise que je l'aime.

Croisé Armand Vaillancourt parmi tous ces feufolets, ces fous, ces folles, ces suceurs cuivrés en voie de disparition qui rigoleraient sur l'heure de minuit, 1er avril, poisons poissons au son de la fanfare Pourpour, orchestre métaphorique qui est notre espèce de Jazz Liberation Orchestra.

Photos : affiche du symfolium 2007
affiche du film L'avis d'un fou

1/4/07 00:40