Soirée Folie et Sacré au Lion d'Or paqueté aux as, samedi soir, animée par le rectum de la Folle Uniersité (sic), le Dr. François LebiGourd, un VIP (Véritable Idiot Professionnel). Gourd en pleines formes, bien dodu, de retour d'un voyage made in China, très très très drôle et pertinent, plus drôle que la fois où je suis allé le voir dans son bureau en haut des Fouf, désirant participer à un show de poésie, y m'avait dit : tu performes-tu? Drôle et fou et ingénieusement provocateur. Il ne craint pas d'utiliser au besoin pour sa cause, qui est l'excentricité politique, ses propres maladresses de ti-cloune, ou bien son corps qui devient accessoire de scène, sa bédaine blanche claironnante par exemple ou même, à peine voilé sous un costume en rideau transparent vert lime chinois, un tout p'tit zizi pas nerveux pour deux sous!
Gourd est un Emci sorti de chez Emmaüs qui change d'accoutrement à chacune des présentations des artistes à venir. Ses apparitions sont hilarantes. Cabotin de haut vol, cabaretier, contrebandier du rire, il m'est apparu hier soir être le roi québécois du vaudeville impossible.
S'il tenait cabaret à tous les mois, comme ce fut le cas il y a une dizaine d'années, en réunissant sur la scène une brochetterie d'artistes de la variété du lys ômérique, nous serions plusieurs à suivre la partie en direct.
Hier, parmi les artistes quasi bénévoles, j'ai particulièrement apprécié Guy Sioui Durand qui a fait un monologue-performance sur «l'essence de l'être». D'entrée de jeu, il déroute, distance le jeu de la scène puis dérange l'habitude fine des spectateurs. Il demande : y a-t-il une différence entre le spectacle et le spectaculaire? Une craquelure par où le spectacle ne servirait pas à contrôler? Vieille question de Debord. O.K. d'abord. Le monsieur l'Indien avait été accueilli sur scène par quelques hou hou hou typiques de notre registre de sauvageries. Il s'adresse d'abord à nous a capela. Il a apporté un bidon d'essence et plusieurs petits bateaux en papier (je ne me souviens plus comment on fait cela). Va-t-il les faire flamber sur la scène? Quand il se penche vers le bidon, en fait vers le bec jaune en l'air, le son du micro est là soudain! Respirer l'essence de l'être. Il y a aussi à sa droite un poster où est écrit le nom d'Albi, ville près de Toulouse. C'est là en vieille Europe où l'on aurait commencé à instituer une «réserve» de la folie en envoyant les fous se faire foutre sur des nefs, sur des petits bateaux d'où s'échappaient les cris... C'est en tous les cas ce que j'ai pigé. Comment changer le monde, demande l'artiste ? Il hume devant nous l'essence et pointe une référence obligée à Davis Inlet, parle des gens qui n'ont pas nécessairement 20$ pour entrer dans l'enveloppe feutrée du Lion d'Or... Référence à mille suces, à comment il se fait que des populations s'auto-exterminent, des jeunes surtout sniffant des vapeurs d'essence... La conclusion de Sioui Durand me rejoint comme un coup de frère car je dis la même chose dans un court texte, sans doute avec beaucoup moins de force : la poésie change le monde parce qu'elle porte la voix qui reste en réserve, une voix trempée dans les cris et qui s'écrit avec un je qui a l'accent foule de moyens rage.
J'ai croisé Guy plus tard sur le chemin des bécosses. Je n'ai prononcé aucun mot, c'était un charivari dans ma tête et trois pintes de rousse, mais j'avais un grand smile, je lui ai fait un signe avec le pouce et je lui ai serré très fort la pince. Il n'a rien dit lui non plus. On se comprenait parfaitement, profondément. Je me suis souvenu alors qu'il en avait été de même en 1999, à Roxton Pond, où se tenait un colloque national sur l'art et la ruralité. Nous étions aussi en pleine contestation de la ligne des Cantons-Hertel, d'où ma présence. Nous avions échangé quelques mots sur le parterre entourant la cabane à sucre des Pontbriand. Un peu plus tôt, Michael La Chance l'avait rencontré au Marché Bonsecours pour un interview à Radio-Canada. L'artiste sociologue avait alors livré un manifeste engagé si vivant, si émouvant. J'ai la cassette en quelque part de cet entretien, mais où donc? Sioui Durand est un artiste magnifique du faire, un poète. Il faut le faire, m'avait-il dit à propos d'un projet de contestation que je mijotais. De la même façon, l'autre soir au Lion D'Or, il a réussi à faire bouger. Nous devions inventer un sacre, un cri forgé de tout ce qui fait rage et à son signal, lorsqu'il jetterait sur la scène le dernier petit bateau de sa collection, il fallait changer de place avec quelqu'un d'autre, puis hurler, hurler notre sacre. Grosse commande! L'atmosphère était indécise. Qui oserait? Francine Grimaldi, assise à la table devant moi, fut bien celle qui lâcha son wak la première, ce qui créa une belle étincelle dans la salle. Pas besoin de répandre l'essence pour exister. Pas besoin de juste applaudir pour réussir son show. Pour «rêver plus».
Guy Sioui Durand, La cervelle renversée, performance au Brésil en mars 2005.
Aimé beaucoup beaucoup Karen Young, en fait j'étais hypnotisé par cette voix lointaine, avec cette chanson en je ne sais trop quelle langue arabisante, je m'étais rapproché de la scène pour mieux la voir sous le spot jaune qui faisait que ses cheveux blond gris étaient aux anges. Et moi avec.
Été surpris par Michel Vézina qui a fait une espèce de lounge poème state frite Elvis juste un tit peu long (le slam 3 minutes max m'influence).
Beaucoup apprécié les farces de moines de Stéphane Crête - quelle bonne voix d'acteur - malgré les chutes parfois trop rapides, malgré aussi le fait que ma blonde m'a fait comprendre qu'il n'était pas l'auteur des textes alors que je le pensais... En fait, Stéphane épinglait à sa manière les perles de sagesse de d'Osho.
Pis, je suis toujours en amour avec Lou Babin. Mon coup de foudre remonte au Party, film de Falardeau dans lequel elle interprète si majestueusement Le coeur est un oiseau de Desjardins. Je l'ai croisée aussi, près de l'escalier de la coulisse, elle m'a regardé, ça été trop vite pour que je lui dise que je l'aime.
Croisé Armand Vaillancourt parmi tous ces feufolets, ces fous, ces folles, ces suceurs cuivrés en voie de disparition qui rigoleraient sur l'heure de minuit, 1er avril, poisons poissons au son de la fanfare Pourpour, orchestre métaphorique qui est notre espèce de Jazz Liberation Orchestra.
Photos : affiche du symfolium 2007
affiche du film L'avis d'un fou
1/4/07 00:40
Gourd est un Emci sorti de chez Emmaüs qui change d'accoutrement à chacune des présentations des artistes à venir. Ses apparitions sont hilarantes. Cabotin de haut vol, cabaretier, contrebandier du rire, il m'est apparu hier soir être le roi québécois du vaudeville impossible.
S'il tenait cabaret à tous les mois, comme ce fut le cas il y a une dizaine d'années, en réunissant sur la scène une brochetterie d'artistes de la variété du lys ômérique, nous serions plusieurs à suivre la partie en direct.
Hier, parmi les artistes quasi bénévoles, j'ai particulièrement apprécié Guy Sioui Durand qui a fait un monologue-performance sur «l'essence de l'être». D'entrée de jeu, il déroute, distance le jeu de la scène puis dérange l'habitude fine des spectateurs. Il demande : y a-t-il une différence entre le spectacle et le spectaculaire? Une craquelure par où le spectacle ne servirait pas à contrôler? Vieille question de Debord. O.K. d'abord. Le monsieur l'Indien avait été accueilli sur scène par quelques hou hou hou typiques de notre registre de sauvageries. Il s'adresse d'abord à nous a capela. Il a apporté un bidon d'essence et plusieurs petits bateaux en papier (je ne me souviens plus comment on fait cela). Va-t-il les faire flamber sur la scène? Quand il se penche vers le bidon, en fait vers le bec jaune en l'air, le son du micro est là soudain! Respirer l'essence de l'être. Il y a aussi à sa droite un poster où est écrit le nom d'Albi, ville près de Toulouse. C'est là en vieille Europe où l'on aurait commencé à instituer une «réserve» de la folie en envoyant les fous se faire foutre sur des nefs, sur des petits bateaux d'où s'échappaient les cris... C'est en tous les cas ce que j'ai pigé. Comment changer le monde, demande l'artiste ? Il hume devant nous l'essence et pointe une référence obligée à Davis Inlet, parle des gens qui n'ont pas nécessairement 20$ pour entrer dans l'enveloppe feutrée du Lion d'Or... Référence à mille suces, à comment il se fait que des populations s'auto-exterminent, des jeunes surtout sniffant des vapeurs d'essence... La conclusion de Sioui Durand me rejoint comme un coup de frère car je dis la même chose dans un court texte, sans doute avec beaucoup moins de force : la poésie change le monde parce qu'elle porte la voix qui reste en réserve, une voix trempée dans les cris et qui s'écrit avec un je qui a l'accent foule de moyens rage.
J'ai croisé Guy plus tard sur le chemin des bécosses. Je n'ai prononcé aucun mot, c'était un charivari dans ma tête et trois pintes de rousse, mais j'avais un grand smile, je lui ai fait un signe avec le pouce et je lui ai serré très fort la pince. Il n'a rien dit lui non plus. On se comprenait parfaitement, profondément. Je me suis souvenu alors qu'il en avait été de même en 1999, à Roxton Pond, où se tenait un colloque national sur l'art et la ruralité. Nous étions aussi en pleine contestation de la ligne des Cantons-Hertel, d'où ma présence. Nous avions échangé quelques mots sur le parterre entourant la cabane à sucre des Pontbriand. Un peu plus tôt, Michael La Chance l'avait rencontré au Marché Bonsecours pour un interview à Radio-Canada. L'artiste sociologue avait alors livré un manifeste engagé si vivant, si émouvant. J'ai la cassette en quelque part de cet entretien, mais où donc? Sioui Durand est un artiste magnifique du faire, un poète. Il faut le faire, m'avait-il dit à propos d'un projet de contestation que je mijotais. De la même façon, l'autre soir au Lion D'Or, il a réussi à faire bouger. Nous devions inventer un sacre, un cri forgé de tout ce qui fait rage et à son signal, lorsqu'il jetterait sur la scène le dernier petit bateau de sa collection, il fallait changer de place avec quelqu'un d'autre, puis hurler, hurler notre sacre. Grosse commande! L'atmosphère était indécise. Qui oserait? Francine Grimaldi, assise à la table devant moi, fut bien celle qui lâcha son wak la première, ce qui créa une belle étincelle dans la salle. Pas besoin de répandre l'essence pour exister. Pas besoin de juste applaudir pour réussir son show. Pour «rêver plus».
Guy Sioui Durand, La cervelle renversée, performance au Brésil en mars 2005.
Aimé beaucoup beaucoup Karen Young, en fait j'étais hypnotisé par cette voix lointaine, avec cette chanson en je ne sais trop quelle langue arabisante, je m'étais rapproché de la scène pour mieux la voir sous le spot jaune qui faisait que ses cheveux blond gris étaient aux anges. Et moi avec.
Été surpris par Michel Vézina qui a fait une espèce de lounge poème state frite Elvis juste un tit peu long (le slam 3 minutes max m'influence).
Beaucoup apprécié les farces de moines de Stéphane Crête - quelle bonne voix d'acteur - malgré les chutes parfois trop rapides, malgré aussi le fait que ma blonde m'a fait comprendre qu'il n'était pas l'auteur des textes alors que je le pensais... En fait, Stéphane épinglait à sa manière les perles de sagesse de d'Osho.
Pis, je suis toujours en amour avec Lou Babin. Mon coup de foudre remonte au Party, film de Falardeau dans lequel elle interprète si majestueusement Le coeur est un oiseau de Desjardins. Je l'ai croisée aussi, près de l'escalier de la coulisse, elle m'a regardé, ça été trop vite pour que je lui dise que je l'aime.
Croisé Armand Vaillancourt parmi tous ces feufolets, ces fous, ces folles, ces suceurs cuivrés en voie de disparition qui rigoleraient sur l'heure de minuit, 1er avril, poisons poissons au son de la fanfare Pourpour, orchestre métaphorique qui est notre espèce de Jazz Liberation Orchestra.
Photos : affiche du symfolium 2007
affiche du film L'avis d'un fou
1/4/07 00:40
4 commentaires:
Minute papillon! Le suceur cuivré, Moxostoma hubbsi, est une espèce rare et endémique dans la région de Montréal découverte en 1940. En fait, ne le cherchez pas ailleurs dans le monde. C'est notre vertébré à nous autres. Alors, les suceurs ont une place de choix, me semble, quant il s'agit de courir le premier avril! Et c'est vrai qu'ils sont une espèce menacée, officiellement vrai depuis 1969, je veux dire 1999. Il y a quelques années, j'ai négocié un contrat d'expert-conseil en génie pour l'érection d'une passe migratoire à St-Ours dans le but de faciliter leur sucerie reproductive. La stabulation des mâles est le point névralgique. Je sais aussi que vers 1992, il y a eu de la pêche expérimentale pour déceler sa présence dans la rivière Noire. C'est dans mon bout ça. Je sais ce dont je parle. Mais c't'une façon de parler.
D'où vient le nom de suceur?
Prenez un suceur et attardez-vous au caractère protractile de la bouche. Voyez. Remarquez que cela pourrait convenir à d'autres espèces... Mais le terme suceur renvoie également à son raffinement de détritivore ou de nécrophage : fin gourmet, ce poisson n'a pas besoin d'écouter l'Épicerie pour sélectionner judicieusement ses mollusques préférés.
Bon. Mettons que son nom est à double sens. En fait, les bons curés qui administrent l'âme des animaux ont rebaptisé le suceur en 1998. On devrait désormais l'appeler le «chevalier cuivré». C'est pas mal plus noble pour assurer la survie de ce vulnérable et honorable poisson. Le nouveau nom s'inspire de ses grandes écailles protectrices qui sont comme les armures des Chevaliers. Le chevalier cuivré avec une touche d'errance fait partie de la famille des catostomidés. Une famille qui a plus ou moins bonne réputation. J'ignore si elle va se réunir à la cabane à sucre c't'année avec Ginette Reno comme chanteuse invitée.
very vivant mister Jack
Je suis très excité, très exhibitionniste quand m'arrive des courriel comme celui de Guy Sioui Durand. Alors, tant pis, je le publie :
Kwé, kwé Jacques,
le blogue renouvelle quelque part la pensée critique, surtout quand il est bien écrit. Ce TRAIN DE NUIT y excelle. Assurément ce que je
voulais faire a passé la rampe au Lion d"Or. Et le compte rendu en
saisit "l'essence". Merci. J'en ferai la promotion. Encouragements.
Guy Sioui Durand
Tsie8ei
8enho8en
Dans Le Devoir d'aujourd'hui, 6 avril, Odile Tremblay recense Masturbation libre, la manifeste (Ex-centris,9-10 avril) qu'elle considère comme «Le meilleur film de François Gourd». Elle écrit : «...malgré ce que le titre peut indiquer, le spectacle est assez fin, créatif et pas vulgaire.»
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