30 septembre 2010

Humoir qui louche

Suis allé dans un cinq à sept
avec Ginette
au Bar à lunettes.

On s'est zieuté
jeté des coups d'œil furtifs
à cornée franche
nous étions de belle humeur aqueuse
l'iris en éclat, la pupille allumée

Nos corps ciliaires voguaient
sur des vaisseaux sanguins oculaires

Nos regards croisés évoquaient
les chambres postérieures

Nous étions comme des rétiniens en vacances
sans sourcils circonflexes, baignés de lumière,
le cil léger

Puis on a fini ça
au Verre fumé
à Beloeil

La lune était belle
au-dessus du foyer

On se sentait vraiment
au cœur des quenoeils

Mais là, j'ai beaucoup trop vu!
J'ai les deux yeux dans le même trou ce matin
avec un de ces maux de miroir de l'âme!

27 septembre 2010

Journée de la culture à Béthanie




C'était hier dimanche dans mon village natal.

Comme le redisait un jour Alfred DesRochers recevant un doctorat honorifique de l'Université de Sherbrooke, c'est un rare privilège car nul n'est prophète dans son cher petit village.

J'ai déclaré à l'ordre du jour : « De la culture à l'agriculture, il n'y a qu'un pas... de danse.» Puis j'ai fait trois pas.

Je leur ai lu dépassé la troisième courbe, les fourmis dans les jambes, nous allions tout l'été danser au Pavillon du Détour.

J'ai cité une phrase de mon père. Cela m'a ému.

Il y a eu deux tours de lecture. Des poèmes cannibales. Pendant que les gens mangeaient des cigares au chou et des betteraves du jardin.

Il y a surtout eu l'accompagnement magnifique de Jo & Sylvain. Une première. Les Feuilles mortes au sax, un de mes airs favoris, est venu me chercher.


Mais pas de nostalgie qu'on ramasse à la pelle! Plutôt l'immense plaisir de revoir, entre autres, les sœurs Brin, Louise Noris, Monsieur Laberge, Jacques Blanchette, Jacinthe Demers, Richard, Ti-Noël Favreau, Mireille, Henri Chaput... Ce dernier avait interrompu une partie de golf pour venir me rencontrer! Nous ne nous étions pas revus depuis la fin du secondaire! Touché.

Mes poèmes sont un peu crus. J'espère que ça leur a plu.

Grand merci à Huguette, ma cousine, qui a su tirer le vin et nous couvrir de ses bienveillantes attentions.

Photos : Henri Chaput

25 septembre 2010

« Chibougamau n'existe pas »

De proche en loin, semble-t-il, du Perros et du sable. Cela m'intéresse. La brièveté.

C'est sur ma liste!
David Leblanc, Mon nom est personne, Le Quartanier, 2010.


Manon Toupin, La Nouvelle Union
Christian Desmeules, Le Devoir

24 septembre 2010

Howl, le film

Le co-réalisateur Rob Epstein à Poetry Foundation, 21/09/10 :

«
Ginsberg was already in the habit of translating his work. That’s why, when Allen first presented the poem, he presented it as spoken word. So we thought of the poem as performance. Which was a new idea when it was introduced. The poetry slam and hip-hop poetry all came out of that. »

Poèmes cannibales à Béthanie

Noticias

Prochaine activité publique ce dimanche 26 septembre sur l'heure du midi au Centre communautaire : lecture de quelques Poèmes cannibales loin dans MA campagne dans le cadre de la Journée de la culture au marché public de Béthanie, P.Q.


Musique : Jo & Sylvain Legault.



22 septembre 2010

Registre de sauvaginier

Plus tard ce soir dans le ciel au long cou de Montréal, entre la lune et l'étoile Polaire, volée de bernaches slamant plus de trois minutes hors pagination. Ça fa que si t'as compris, l'heure est venue...



Photo jd. Entre Rosemont et Van Horne, 21/09/10.

21 septembre 2010

« Il était une fois dans l'Off »













C
onférence de presse ce midi au Monument National pour déballer la meilleure idée en ville depuis des lustres, à savoir que l'Off festival de jazz de Montréal déménage en octobre pour sa 11e édition. Vent d'anges d'automne du 15 au 23 octobre! Des concerts disséminés partout en ville : Salla Rosa, Gésu, Chapelle historique du Bon Pasteur... Joyeuse pépinière en vue où les artistes d'ici foisonnent, explorent et s'explosent!


J'en glisserai un mot, et même un quintette de mots, dès que je le puis. Mais zallez donc zieuter le programme sur le site du Off jazz ci-haut référencé!

nota bene : un passeport est disponible au coût de 100 $ ( 80 $ pour les zétudiants) donnant droit d'entrée à tous les concerts! Le traditionnel concert jazz/poésie revient à la Maison de la Culture Frontenac avec, entre autres, Marjolaine Beauchamp et Michel X. Côté...

Photos Jacques Desmarais
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Slam Grand Slam québécois 2010




Au lendemain du Grand slam 2010,
du rapido saillant avant un slamorama à venir.







Montréal conserve son titre d'équipe championne de la Ligue québécoise de slam! L'excellent et sympathique David Goudreault de Sherbrooke remporte de façon convaincante la médaille d'or des performances solo.

Dans l'extrait suivant qui date de 2008, on voit David lire un texte qu'il a quelque peu remanié depuis et qu'il slame à présent par cœur avec énormément de cœur. Une étoile à suivre.



Photo Jacques Desmarais.

19 septembre 2010

Tetro


"J'ai trouvé une formule pour faire des films. Je les finance moi-même. Et je choisis un pays dans lequel j'ai envie de passer un an. J'ai écrit Tetro en pensant à l'Argentine. C'est un pays de culture, avec une forte immigration italienne, dans lequel je pouvais transposer mon histoire. Et ils ont des vins…"
Francis Ford Cappola, Le Monde, 15/05/09

J'ai adoré ce film vu en vidéo. Et Jo a pleuré!





Francis Ford Coppola parle de Tetro à Cannes (Mediapart)

Vivre en ce pays





« J'ai écrit cette chanson il y a maintenant 50 ans! Mais si peu de choses ont changé depuis... J'aurais pu l'écrire la semaine dernière. »
- Pierre Calvé, spectacle Les boîtes à chansons, Le Patriote de Ste-Agathe, 17/09/2010.














Photo Jacques Desmarais


Vivre en ce pays
C'est comme vivre aux Etats-Unis
La pollution, les mêmes autos
Les mêmes patrons, les mêmes impôts
Les petits, les gros
Dans un même bateau

Ceux qui sont partis
Pour chercher un ailleurs meilleur
Ont bien compris qu'en d'autres pays
En d'autres Amériques, Espagne ou Marseille
A part le soleil
Que c'est partout pareil

Vivre en ce pays
C'est comme vivre aux Etats-Unis
Les mêmes danses, les mêmes chansons
Le même confort et quand tu es mort
Y a des tas de gens
Qui te jouent à l'argent

Ceux qui sont partis
Pour chercher un ailleurs plus loin
Ont inventé un monde en fumée
D'amour et de paix, un monde nouveau
Partis à zéro
Comme à San Francisco

Vivre en ce pays
C'est comme vivre aux Etats-Unis
C'est la violence, la répression
La loi du plus fort qui l'emporte encore
Sur ceux qui voudraient
Briser les conventions

Ceux qui sont partis
Pour chercher une solution
Qui ont promis un nouveau soleil
Un nouveau pays à qui les suivront
Jurent qu'ils seront des milliers et des millions
Quand ils reviendront
Quand ils reviendront

- Paroles & musique Pierre Calvé.

Extrait

17 septembre 2010

Je ne serai pas candidat aux prochaines zélections fédérales

L'honorable Jacques Ferron disait : « C'est connu, ça. Je ne suis pas pour le statu quo. Je ne suis pas pour ce régime. »

Et voici que le Directeur du Laboratoire des Sciences de la Démocratie et ministre des affaires qui font jaser du parti rhinocéros http://www.neorhino.ca me demande si je veux « toujours » être candidat?

Mon cher Jean-Patrick, yé ne peux pas.

Ah! Tableau! J'aimerais bien, mais je dois décliner à cause de ma job. Me porter candidat m'obligerait à prendre un congé sans solde. Je n'ai pas les moyens de faire cela et comme les NéoRhino ne sont pas dans les Fava des gros contributeurs électrifiant, ce sera peut-être pour une prochaine fois, lorsqu'au temps de la retraite venue sonner sur ma galerie je pourrai enfin me bercer d'illusions, de défaite en défaite... Mais comme le dit le grand poète, pilier et pilulier de talivernes, de verre en verre, nous y arriverons!

Sincèrement,
Jack

Tableau! Oui tableau! Je manque l'occasion rare de me faire tirer le portrait! En effet, le peintre Cedric va exécuter une toile à l'huile de chacun des candidats. Ça va dégouliner! À suivre!

14 septembre 2010

Slam - Grand Slam 2010 au Lion d'Or


Noticias

Sur le FIL de la poésie...
« Pour la quatrième année consécutive, le FIL accueille l’événement le plus couru du monde slam, soit le Grand Slam de la Ligue Québécoise de Slam. En effet, les 19 et 20 septembre, des slameurs et slameuses issus des slams de poésie mensuels tenus par les équipes de Montréal, Québec, Sherbrooke, Lanaudière, Gatineau et Trois-Rivières affiliées à la Ligue rivaliseront pour le titre de ville Slam de l’année 2010 (...) »




Grand Slam au Lion d’Or

Dimanche 19 septembre, à 20 h (ouverture des portes à 19 h)
Lundi 20 septembre, à 20 h (ouverture des portes à 19 h)
Entrée: 10$ par soir *taxes incluses / 16$ pour les deux soirées
Billets disponibles à la porte seulement
.

Nota bene : j'y serai à titre de poinçonneur de billets. Au plaisir!

11 septembre 2010

Courtepointe


Passé la troisième courbe, les fourmis dans les jambes, nous allions tout l'été danser le ya ya et les Paul Jones au Pavillon du Détour. La terre sous les ongles, la corne aux mains rurales démodées, le temps fixe des récoltes, rien n'empêcha les fleurs dans les oreilles, la survie bohémienne, la naissance amidonnée de la veine du plaisir en décapotable sur le chemin du genou de la taille des beaux grands slows collés. C'était la sueur de l'abondance.


Montage & photos : jd

09 septembre 2010

Broutilles



Juste avant l'or
et les falaises ocre
qui prendront le maquis

L'ombre de soi-même dans l'air
de la grande bouche s'épaissit

Les lambris retentissent
dans la poussière
du fond de la vieille grange

Le soleil retarde sa langue
sur les égrainées éphémères

Les vers barattent encore un coup
sous la lumière épuisée

L'été est retenu par un fil d'araignée

Or mon cœur se languit
toutes voiles dehors
au jardin fleuri

En attendant que le ciel craque

Dans la bravoure des outardes
et des joies blanches infinies.



Photos jd, Béthanie, 3/09/10



06 septembre 2010

Lettre à Victor-Lévy Beaulieu


« Les grandes fêtes portent octave », disait le mon oncle Henri de mon ami Atkins. Ainsi, huit jours avant ou huit jours après, c’est bon.

Je vous ai entendu à Maisonneuve ce midi. Je viens des Chatons-de-l'Est, j'ai toujours eu un rapport fraternel avec les animés. Une fois, une truie est morte en couche. Une belle portée de 11 petits. J'ai réussi à en réchapper un seul. J'avais 13 ans. Pas très original, mais je l'avais appelé Arnold même si c'était une petite fille. Elle me suivait partout, venait au bois lorsque j'allais chercher les vaches, venait me reconduire le matin au bout du chemin pour attendre la Grand'Jaune (l'autobus scolaire). On s'aimait beaucoup et je suis encore triste du sort commun qu'on lui réserva.

Puisqu'il n'était pas possible de garder cette belle bourrue plus de six mois — libre comme l'air, elle labourait les champs, y compris le jardin de la voisine — si seulement j'avais été plus convaincant! Je voulais donner Arnold si intelligente au zoo de Granby...

Le contexte général de cette époque avait brisé ma famille. Mon père est mort quelques années plus tôt et ma mère seule n'y arrivait plus avec la besogne, malchance, accidents, solitude, découragements... Elle a par un jour d'été tout vendu au rabais chevaux, vaches, cochons... Une autre grande blessure pour le garçon que j'étais, celui qui toute sa vie serait assis entre la ville et la campagne, comme un Indien, avec un grand blues qui traîne parfois dans les nuages.

Je vous aime beaucoup, Victor-Lévy. Je tenais à vous le dire au moins une fois.

Bon anniversaire et bonne continuation.

Ma vie avec ces animaux qui guérissent.
Victor-Lévy Beaulieu, Éditions Trois-Pistoles, 2010

05 septembre 2010

Lettre du Haut Aragon avec un timbre français





Abiego, 3 septembre 2010

Bonjour le beau Jacques,

Voilà fort longtemps que je n’ai pas écrit non plus! Je viens de passer quelques moments bien down moi aussi.

Pour l’instant, exit le cyberknife, mon neurochirurgien s’y oppose… donc : beau creux de vague pour moi.

Je me voyais déjà, grimper en haut du prunier, finir de peindre mes murs, relancer le chantier de la Forge à Saint-Antonin, sans compter les possibilités de voyages…
Juin/juillet, méga canicule à Montauban,jusqu’à +40° à l’ombre! Je suis restée dans le noir, volets clos, incapable de bouger, d’éprouver même la moindre envie de projeter quoi que ce soit, tellement tout me semblait inaccessible! J’ai même délaissé l’ordinateur tellement ce que je lui confiais exacerbait la colère/déprime! Stratégie du hérisson! En boule, tous piquants dehors, personne ne m’approche!

Faut dire que du côté social, y’avait rien de réjouissant non plus : pas moyen que les syndicats et les partis de gauche bougent le petit doigt!

La France est un pays de non-droit, déjà sorti de la démocratie, se dirigeant tranquillement vers un néofascisme à devanture civilisée, et les responsables politiques et syndicaux s’en accommodent! Pas de quoi être fière, quand je pense que c’est ma génération qui a produit ça!

Photo jd. Ben & Jojo, Montauban, juillet 2009.

Fin juillet, début août : tout m’est trop insupportable! J’émigre à Abiego et j’y suis depuis!

Effet immédiat : mon corps retrouve de la mobilité, je peux à nouveau sortir, parler aux gens sans avoir envie de mordre dedans, et petit à petit, je me redonne une dynamique, tant physique que morale, tout en étant bien consciente que rien ne change, mais être hors me permet de mettre une distance dont je n’étais plus capable.

Là, tous les miens ont fait leur rentrée. Ben va venir me rejoindre pour la fin de semaine et Guillaume et Anaïs viendront dès lundi : ils ont pris une semaine de congé tellement leurs vacances ont été courtes. Ils n’ont pas d’enfants et ne sont donc pas prioritaires sur les congés « scolaires » (...)

Ici, je découvre que la misère repointe le bout du nez avec son cortège de populisme, de nationalisme. J'ai tout aussi peur qu’en France. L’Espagne a le sens du drame, de la culture du morbide, du mortifère, du jusqu’au bout et elle a montré qu’elle était capable du pire comme du meilleur!


Mon refuge est bien ébranlé! Mes « amis » m’envient notre gouvernement et notre président, approuvent les expulsions d’émigrés, les expéditions punitives de nos cow-boys de flics… Bien sûr, ils désapprouvent leur gouvernement socialiste qui vient pourtant de reconnaître le droit à la nationalité espagnole aux exilés de la guerre civile et à leurs descendants. La plupart d’entre eux ne savaient d’ailleurs pas que Franco les avait destitués de la nationalité espagnole et qu’ils furent longtemps apatrides, ce qui compliquait encore plus leur accès à la nationalité française par exemple…

Bon, il y a un gros travail de mémoire et d’histoire à faire au fin fond de l’Espagne!

Évidemment, pas question de leur expliquer que tout ce que je trouve formidable chez eux, le fait par exemple de chercher des solutions collectives à l’amélioration du cadre de vie, est un héritage direct des trois ans de République et de l’anarcho-syndicalisme qui était fort en Haut Aragon. Ils ne savent pas. Ils ont été scolarisés sous Franco! Aucun parti de gauche depuis lors n’a accompli le travail de mémoire nécessaire au nom de l’unité et de la réconciliation! Je me rends compte au fur et à mesure que je progresse dans la langue et dans ma « pénétration » du village que la réconciliation n’a aucun sens pour eux (...)! C’est aussi qu’ils n’ont aucune connaissance sur la guerre civile et son histoire. Ceux qui ont fait 36 sont morts des deux côtés ou ne sont plus au pays. Leurs enfants ont été élevés dans le tabou.

En Espagne, il était en effet de bon ton de dire et penser que tel frère, ami, cousin était parti pour faire fortune. (...) Quand ils se sont retrouvés après tout ce temps, ils ont « pacifié » cette période de leur histoire pour pouvoir refaire lien.

Bien sûr que ça, au niveau d’un village, d’une famille, je peux le comprendre, mais fallait-il que les responsables politiques,les intellectuels manquent à leur devoir de mémoire? Ou plus exactement, qu'ils effacent 45 ans d’histoire contemporaine au profit d’un projet européen?

Voilà que je m’énerve encore! Je ne suis pas sûre que ceci t’intéresse vraiment!

Je suis toujours enfermée dans ma démarche de vouloir chercher le sens collectif dans l’engagement de la personne et pas le contraire.(...)

Ouille! Il est 9h, je dois aller à Huesca ce matin et je ne suis pas encore habillée! Je m’interromps.

Je ne sais pas si je vais « envoyer » avant de partir ou si je vais attendre d’être de retour.
Bisous.

Me voilà de retour avec Ben.
Il est très tard, je l’ai rejoint à Barbastro et nous avons fait un resto et un paseo.

Alors, bonne nuit, à plus, hasta pronto!

Jojo

Photos carte et le Grand-Duc-d'Europe sur la route de Huesca : site ornitho Aragon