22 novembre 2019

L'entrée en matière


L’un dira aimer la pierre,
le cœur du feu arrêté là
dans la demeure familière
où les petits marmots rêvent
comme des oiseaux ébouriffés,
libres comme l’air,
grappillant au fond de la nuit
ce qu’on ne voit pas d'ordinaire
quand il s'agit de construire 
sans cesse son nid
dans le menu grouillement
de la faim millénaire.
Il faut beaucoup d’esprit
pour faire une entrée en matière;
l’inverse est tout aussi nécessaire.

 13.04.15 - 22.11.19

03 novembre 2019

Chants d’écrumes

L’inspirateur fluide, dames!
Le chien aux milles médailles 
Le chant aux mille échos
de l’eau-de-vie qui vit
dans l’autre vie, ho!
Le chien aux mille failles
dans l’allée des mots
du vent pétri
From the West to the East
de l’eau lumière 
qui donne une fois 
À la carafe!
Qui donne soif, une foi
et prend tout court silence
I shall be relaesed
ad vitam tam di li dam!

01 novembre 2019

Le petit joueur de coeur au jardin d’automne

Photo jd., jardin de Cambrousse, Béthanie, 25 octobre 2019.

Punaise perdue dans l’herbe

Les feuilles tombent, inéluctablement, je suis même en retard, je ne suis pas pressé; je n’aime pas toujours ce verbe-là, sa sonorité, bien que ce soit naturel. Comme les chevreuils, le cerfeuil musqué et soi-même. Et les enfants. Ce n’est pas moi qui ai inventé le langage qui creuse. L’heure de tombée. Louis Aragon, le poète de l’Affiche rouge, a écrit : « C’est de la mort que renaît toute chose ». Oui, mais, sans l’aide de personne, il faut déjà tourner la page de l’Octobre et de ses ors que j’aime d’amour. On peut aussi espérer tomber en amour. Tant qu’à avoir mal... Cet automne, les épervières traînent comme des petits soleils qui résistent! Je n’avais jamais réalisé cela auparavant. Les épervières dans ma tête, c’est pour les éperviers au printemps. J’étais parti à la chasse dans le haut côté de ma vieille maison natale abandonnée, avec ma Shopvac, la chasse aux coccinelles asiatiques; dans le brouhaha, une feuille chambranlante d’un livre sur une chaise s’est tout à coup détachée en rasant le mur jusqu’à mes pieds... Il s’agit d’une annonce du volume 2 de Poèmes et Chants de la Résistance insérée, début 70, dans une publication de la série dossiers de Québec-Presse. J’étais abonné. J’étais fan. Mon étonnement fut grand. Assez pour repenser à Carl Gustave Jung. La coïncidence, c’est que, il n’y a pas dix jours, j’ai cité en marge des prisonniers politiques catalans l’existence des Poèmes et Chants dont j’ai vu une représentation à Sherbrooke! Bien! Je me suis contenté. Car il faut faire avec. J’ai décroché le magnifique calendrier des Mordus de la photo de Béthanie qui immortalisent avec brio quelques instants de lumière de mon pays. Et puis, toutes voiles dehors, ajoutant un peu de soie d’Amérique, j’ai fait cette photo. J’ai perdu la punaise dans l’herbe. Ce fut mon poème.