31 janvier 2009

Il se passe quelque chose, en effet













« Yes, Obama administration proposals have had to be nudged in a more progressive direction by allies in Congress and by activist groups, and that will continue to be the case. But let's also appreciate how much change is already beginning to happen. Conservatives are certainly noticing, and if we are not careful to guard and build upon the victories that we are winning, it will not take long for us to be dragged back into much darker times. »
- Isaiah J. Poole

(Photo: Lois Stavsky)

Clic Falaise







Prendre un Moka en passant avec le compositeur et précieux guitariste Bernard Falaise sur son Clic, Ambiance Magnétique (AM 174), prix Opus, disque de l'année 2007-2008.

« (...) cette musique est pratiquement impossible à jouer en concert. Elle a été composée pour un disque. J’aime l’idée que le disque est au cinéma ce que le concert est au théâtre. Filmer une pièce de théâtre ne fait souvent pas un bon film.

Au fil de ce disque, il y a des hommages/clins d’œil (...) aux musiciens suivants: Aksak Maboul, Anthony Braxton, Captain Beefheart, Franco Donatoni, Les Granules, Conlon Nancarrow, Igor Stravinsky, Robert Wyatt. » (Bernard Falaise).

Courage = coeur



L'étymologie du corps
est peut-être ce mélange
de terre et d'ombre cardinale
venu planer au-dessus du jardin
pour transpercer le présent de l'après-midi
jusqu'à la légèreté de l'être prenant l'apéro

cette hypothèse de chat sauvage,
de concombres et de tomates,
de cœur et de courage,
pourrait-elle un seul instant
sauver du fatal
mes amis de naufrage
qui ne savent plus composer leur numéro?

c'est dit en toutes lettres, c'est annoncé,
dans la baignoire où flacotent les radios de notre temps,
ils m'électrocutent!

Mais je ne laisserai pas mes semis tout seuls!


28 janvier 2009

L'hiver de seconde main de Victor-Lévy

Cette note de lecture n'est pas claire et je n'ai plus le bouquin sous les yeux pour vérifier, page 58, s'il s'agit d'une phrase de la main de VLB ou bien d'une citation qu'il fait de Michel Garneau.

Voici quand même la belle phrase courte au seuil de la froidure, à l'avant veille de la Fée Vrillée qui, devant nous, se poudrera de neige «rose comme chair de femme » :

et je garde dans un grand silence ébloui
la lumière de ses cheveux noirs comme l'écho*


BEAULIEU, Victor-Lévy, L'héritage, ** L'hiver, Stanké, 1991, 315p.

* Note : je tiens à présent de première main, de Michel pour ne pas être discret (23/02/2009), qu'il s'agit bien ici d'une citation un peu tronquée des Petits chevals amoureux :

mais tout l’amour n’était cette fois-là
qu’un effleurement dans la brunante
et je garde dans un gros silo de silence ébloui
la lumière de ses cheveux noirs comme l’écho

26 janvier 2009

Brassée de bois


On est tout seul au monde,
Chacun dedans son corps,
Ensemble, chacun son bord.

- Félix Leclerc, Litanies du petit homme

Ce qui nous ramène à cette semelle orale qui nous précède et qui nous suit avec le moindre des mots... Pour avoir si souvent dormi avec...



« Je me creuse à tâtons en chemin d'espérance. L'essentiel est si peu, un tout petit jardin, une fenêtre ouverte, un peu d'eau pour la soif, trois fois rien de silence pour y poser des gammes. Que cherchent-ils les hommes dans ces longs corridors ? (...) Je m'adosse à la moindre lumière, la plus faible surtout, celle de l'aube où la rosée triomphe, la petite flamme de nuit qui rameute les ombres, une lueur de lune qui coule sur le seuil et s'infiltre dans l'âme. L'essentiel est partout, dans le a de l'amour, le y d'un scrabble, un bégaiement de voix, une larme de joie (...). Au même instant, nous sommes des milliers à tenir un crayon, à gribouiller des pages. Chacun dans la chorale apporte ses couleurs, ses mots, sa flûte, son tambour. La même lumière nous rapproche. Même éloigné dans le bois, tenant tête à l'hiver, je n'écris jamais seul. »
- Jean-Marc La Frenière, Le moindre des maux

24 janvier 2009

Mas tenho muito tempo

Marcher sur la grande plage devant nous en jouant sur les mots...
Ne m'en veut pas, Jo!
Ne m'en voulez pas Légion Urbaine!

La tempête qui arrive est de la couleur de tes yeux marrons. Nous nous sommes éloignés de tout. Et tout ce temps perdu comme des grandes flaques innocentes parmi les naufrages d'encrier... Je n'ai pas peur des mots. Je n'ai pas peur du noir, mais laisse à présent la lumière allumée.

***


D'après les textes de :
Joanne Marcotte



Désir

Le vent du sud, celui du désir m’interpelle
Allongée, de tout mon petit long
sur ce quai de bois mouillé
Le grand héron me fait de l’ombre
avec ses ailes

Sourire intérieur,
je plane... grisée... séchée

Désir troublant de ne point arrêter
Tant est magnifique ce moment
cette danse du temps

Le réveil me surprend
hébétée, toujours allongée
Je suis oiseau, soleil, ciel
et rien
Dans cet espace...
m’offrant une place sans fin

Surprise,
je remercie l’ange
passant tout près de mon sein
De parcourir le mystère invisible
et d’en faire mien


Temps foutral

Bruine du temps qui passe
S’écoule sur ce corps céleste
Comme des sillons labourant un champ
Et, subtilement, affecte l’égo terrestre
Du système capillaire américain
Pour projeter une image dénudée...
Mais, délivrée par le chant...


Insomnie

Crachons du feu terni
Pour allumer la flamme
(...)
Crie ta tendresse pour une fois
Sans oublier les caresses d’automne
Du tout puissant carbone
Qui jaillit au-dessus du nid de coucou

Mars -déc. 2008

***


Old friends

















Pour Kathleen, à nouveau.

« Deux tondeuses de Byzance qu'il aurait fallu falsifier
avortèrent douze parterres en proie à l'été...
Les insectes de l'endroit, très peu friands de l'affaire,
se plaignirent de la dérive dans le désert des partouzes
et au matin du onzième jour le fer blanc de la colère
manœuvrait l'horizon dans le maquis des pelouzes...
Les deux tondeuses s'enfuirent, vomissant couteaux blessés. »
- Michael Thomas Gurrie, 2/02/1979

***

Time it was and what a time it was it was,
A time of innocence a time of confidences.
Long ago it must be, i have a photograph
Preserve your memories, they're all that's left you

- Simon & Garfunkel, Bookends Theme




Slam et slamille, encore du slam à Montréal!




Noticias


Il y a un slam libre au Quai des Brumes, ce dimanche 25 janvier.

Invités : David Goudreault, Frank Poule et Sophie Jeukens de Sherbrooke.

Animation : Paolo


Gratos, à compter de 21 h 00.

De la belle visite de Sherbrooke, donc, ville championne en titre du grand slam 2008de la LIQS, et c'est là, dans la Reine, à ce qu'il me semble, que le courant s'élargit c't'année, que le slam slamille et fourmille avec des étoiles d'amitié, avec « l'espoir de voir jaillir des évènements sans frontières dans l'univers du slam francophone d'ici peu. Nous travaillerons à ça à Sherbrooke...» (Frank Poule).

Mais ce n'est pas tout.
Le slamontréal officiel de la LIQS reprendra à l'O Patro Vys le 9 février...

Animation :
IVY
DJ : Paolo
5$
ouverture des portes : 19 h 30


- 30 -


Photos : Smith & Jack (Nina, 2007)
Paolo (jd).


Simone & le boxeur

« Être continuellement prêt à admettre qu'un autre est tout autre que ce qu'on lit en lui. Chaque être crie en silence pour être lu
autrement.
»
- Simone Weil




Simone, c'est connu, est aux Hommes.

Dans Le Devoir de ce w-e (24-25 janvier 2009), Georges Leroux annonce ce qui suit :

« Un grand anniversaire marquera l'année 2009, celui de Simone Weil. Les publications seront nombreuses. Signalons déjà le recueil d'études et de témoignages préparé par Florence de Lussy (Simone Weil, Raison et démesure, Bayard), ainsi que la biographie spirituelle de Simone Rancé (Simone Weil. Le courage de l'impossible, Seuil). Philosophe, militante d'extrême gauche partie travailler en usine, combattante lors de la guerre civile espagnole, Simone Weil appartient à la famille des grands mystiques comme François d'Assise ou Jean de la Croix. »

« Don't expect friendship. Friendship is a miracle »

Simone & Simone &

Le boxeur masqué & gentleman

22 janvier 2009

Le train en retard de 9 ans!


Paul, un gars de mon âge, un indépendantiste, entre autres, on l'a tout suite apprécié, mais apprécié en tarbarnouche quand il nous a fait le coup en bottines et turluttes, en 1976, d'un premier long jeu qui fit long feu avec cette question cruciale :


À qui appartient le beau temps
?

On n'était pas surpris de le voir représenter sur la scène internationale, haut la guitare, la jeunesse québécoise du temps à Cuba en 1977 ou 78... Du fin fond de la rue Champlain à Sherbooke, on aurait bien souhaité être du voyage... Pas assez « rouge », peut-être...

Me semblait l'avoir suivi ça et là, croisé une fois au Carré St-Louis, fait jouer en masse son intégrale double cassettes, envoyé ses disques aux zamis en France. Mais j'avoue que Le Voyage de 1999 m'échappe.

C'est là, je crois, à sa hauteur, qu'il fit descendre sa voix d'une octave, en tout cas, d'une mèche, que ses textes devinrent des pierres encore plus polies mais non moins graves et polissonnes au détour des pleins et des pesants.

Tous cas, c'est le constat que j'ai fait dimanche dernier en entendant pour la première fois à vie, à Beaulieu pour la musique, la chanson Le Train (voir à la rubrique « Artistes » l'entrée Paul Piché - Discographie).

Sur le coup, j'étais certain qu'il s'agissait d'une nouveauté! Ça m'a fait chercher sur la Gogoune...

Si j'en parle, ce n'est pas pour faire cute ou pour agencer avec la cravate et les bas de ce blogue! En train d'éplucher les patates ce soir-là, j'ai aimé spontanément la longue intro de la toune avec ses percussions (piano, balais de batterie...) qui se pogne instantanément à l'harmonica, me suis-je dis, n'ayant pas abandonné ma besogne du moment pour tester mon intuition.

C'est un beat « train », tranquille, en trait continu. On est en voiture avec un texte normal d'un gars qui observe au loin... destinée, liberté, qui devient celui qu'il est.

De fait, à part d'écrire des suppositoires algébricolages-probabilitatoires, que devient Mon Joe, le chansonnier, le grand-frère des Frinquants?


Le train

qu'est-ce que j'aime dans ce train
il se pose sur mon chemin
il ressemble à l'espoir
il accroche mon regard
les wagons les marchandises
n'ont d'autre choix que de suivre
ont lié leur destinée
au chemin déjà tracé

attention il va passer
et peut-être tard ce soir
il s'arrêtera quelque part

on voudrait le retenir
il nous dirait l'avenir
mais rien ne saurait l'arrêter
trop de gens l'attendent sur les quais
(...)
- Paul Piché

21 janvier 2009

Fix


Elle est partie, elle est revenue

Elle repartira,

la Nina...

faire sa Belle Gigue

une médaille de St-Hubert au cou

Elle appelle parfois le soir

avec son châle sur les épaules

Elle veut avoir de belles images
pour dormir,

la Nina.




Alors, peau chère de poésie... On s'exécute!
Au hasard de la nécessité de l'inédit, même si cela ne se peut pas.

Elle s'en foudroie, la Nina.

Allô? Tu es là? Désolé, je me suis enfargé dans le fil du troudephone. Tu veux vraiment que je te lise de quoi? (...) Attends, j'suis dans la cuisine, là....

Bon. J'suis revenu. J't'improvise. J'ignore ce que je vais te lire... D'accord?

Mais je t'avertis, je vais tricher. Je vais lire autrement...

Béthanie, 7 juin 1997

Cahier de babiche et de coupures. Aussi bien dire tout de go aux grandes oreilles de la psychanalyse que c'est le plus tard possible, avec des yeux enivrés de fatigue et un corps qui veut jouer du blues, oui, c'est à la dernière, dernière minute, après tout ce travail éreintant, ces trente-trois voyages de terre à la brouette, avec ce soleil lent et vieilli, avec toutes ces punitions sur le dos, c'est avec le poids de la pauvreté que j'arrive à l'écriture.


(...)


Photo : jd, oct. 2008.

20 janvier 2009

Liberation day




« Truthout is declaring today "Liberation Day." We are issuing a call to duty for all those who can share something special about Obama's liberation of the White House, our house. Help the world to understand what a beautiful and historic day this is. »


Des wéseaux en masse...

« A time to gain, a time to lose
A time to rend, a time to sew
A time of love, a time of hate
A time for peace, I swear its not too late »
- Pete Seeger (musique), Turn Turn Turn

Peace and...

19 janvier 2009

This land is... Guthrie


Samedi, 19 janvier 2009, sur le « perron » de la Maison Blanche... I saw a sign there,
this land is also woody...
Yes!

This Land Is Your Land

Paroles et musique de Woody Guthrie


Chorus:
This land is your land, this land is my land
From California, to the New York Island
From the redwood forest, to the gulf stream waters
This land was made for you and me

As I was walking a ribbon of highway
I saw above me an endless skyway
I saw below me a golden valley
This land was made for you and me

Chorus

I've roamed and rambled and I've followed my footsteps
To the sparkling sands of her diamond deserts
And all around me a voice was sounding
This land was made for you and me

Chorus

The sun comes shining as I was strolling
The wheat fields waving and the dust clouds rolling
The fog was lifting a voice come chanting
This land was made for you and me

Chorus

As I was walkin' - I saw a sign there
And that sign said - no tress passin'
But on the other side .... it didn't say nothin!
Now that side was made for you and me!

Chorus

In the squares of the city - In the shadow of the steeple
Near the relief office - I see my people
And some are grumblin' and some are wonderin'
If this land's still made for you and me.

Chorus (2x)

Photo : Pete Seeger et Woody Guthrie, 1940.


17 janvier 2009

Ma Martha : Whither Must I Wander

Ad libitum

Pôles



Les deux pôles de la pensée. Je dis cela pour voir.

- le Nord : la découpe objective, tranchée, mathématic, le pas mesuré de la survie dans la froidure, cet enfer blanc que l'on traverse par attraction. Phoque sur la banquise qui fond à vue d'œil, il n'a «que du sud à penser ».

Adios, Mr. le Président!

- le Sud : baiser brûlant qui s'entrepose entre nous avec ses fantasmes d'ours à gant en voie d'extinction de voix. Le sol allongé sur le sol. Le soleil qui ne dort pas beaucoup. Oui, mais la solitude qui frimasse sur la chair aimantée. La « poévie »!

C'est Ça !

Photo : Fafoue

14 janvier 2009

Entrefaites







Haut la main nue
les voyageurs de la nuit
ont passé
leur examen de mascaret
sous le piano des chimères
qui dégoulinent
par touches noires et blanches
se dépouillant de leurs jardins fleuris

un oiseau pour la mie
s'est levé de terre

sillons dans l’herbe

une roue pour la rime

un respir
parmi les rides
de ce vieux jour de demain
cet inconnu qui picore
sur la balance du silence
cette enfance,
à travers les branches
et les flaques d'eau,
qui remue

l'onde et ses jets dans la ville
lignes en décolletées dans les gradins
qui scintillent à l'horizon

comme un regard posé sur l'éclat
une mémoire de fontaine
creuse la mine
ascenseur pour Miles
une pile de livres...

exit

un cahier d'écolier
avec des étoiles
avec un ange même
à la 7e page

un quadrille de chemins épars
puis une valse
qui repasse les pas dans sa tête

pour achever le plat
une chaise
une fenêtre
un store vénitien

une trompette
qui engerbe encore

chemise imagée
pour Job

du mercurochrome
un briquet
pour l'aveugle de la bouche
qui rassemble néanmoins

Désormais
le temps libre en ressaut
comme une valise ouverte sur le lit :
avalanche de rêves...
for ever you.

Photo : jd, murale Club Soda, rue Ste-Catherine...

13 janvier 2009

Liaison



Ce qui n'est pas moindre
contre la muraille

c'est ce qui recommence

la page blanche et ses ombres

telle une belle bordée de neige,
malgré son voile de froidure
un peu beaucoup dans les limbes,
ce silence de fjord vantard
venu du fond des âges

elle aura toujours ce côté frondaison
offrant aux voyageurs qui le souhaitent
la plus subtile des aventures
en bordure des saisons

comme une attraction de flanc
au cœur même où passent les âmes

On pourrait dire en filigrane
que c'est un beau séjour.


Photo : jd.

12 janvier 2009

Archaic Poet... Ça sent la bière!


Learning to keep silent is a difficult
task. To place Art anonymously at
the Earth's altar, then to scurry away
like a wounded animal, is the most cruel
test-piece. A proud maker, I have waited at
the temple doors for praise and argument.
- Dealalus , The Maker

Thomas McCarthy est un poète de ma génération, an Irish, man. En regard de la « vocation du poète », que cela soit dit avec des pincettes, Thomas mentionne quelque chose qui me frappe, ce qui est normal venant d'un Irlandais : "people have dreams and fantasies about the literary life, but in the end of the day it is, actually, an incredibly personal and private triumph".

À cette jouissance intime se tresse un autre brin de pensée lui-même plus entremêlé, peut-être traîne-t-il dans la berlue des émotions de la tribu ? Reste qu'il faut bien délimiter. Cela rejoint aussi, à mon sens, la douce et belle Madeleine Monette lorsqu'elle affirme par une autre voie que l'écrivain se définit tel dans la mesure où son écriture se place dans un rapport public.

Du côté de la poésie, on comprendra par ailleurs que cela ne se traduit pas souvent par des cotes faramineuses et des feux d'art éternels style Rimbaud. Thomas pense que les poètes doivent accepter que leur travail demeure plus ou moins confidentiel, "but you can't stop. You must keep doing it (...) You can't fabricate responses to your work, all you can do is do your work and hope for a response. You can't be your own public relations agency as well as a writer. You have to let the work find its own reader and it will eventually find a few constant readers."

Irish.com, 12 janv. 2009.


Maker : Archaic A poet.

Miron : « Et toi, archaïque Miron...»


***





L'hiver a chassé l'hirondelle





Changement de registre. C'est bien pour dire : un visiteur est monté dans le Train en cherchant « Noëlla Therrien », chanteuse, compagne de Marcel Martel, et donc, mère de Renée.

Ayant déjà cité le nom de Mme Therrien dans un billet précédent, il est compréhensible que l'internaute soit blogosterri ici.









Cette visite a piqué ma curiosité, assez pour remonter le fil de la recherche sur la Gogoune. Et voilà que j'aboutis d'emblée au site Poste d'écoute (auquel je suis abonné), puis j'arrive face à face avec le disque que ma grande sœur et marraine m'avait offert en cadeau pour le Noël de mes 10 ans!

La pochette a été modifiée lors de la réimpression en format CD. La pochette du vinyle, que j'ai sans doute encore (en campagne), a l'air de ceci :


En suivant le lien, on peut faire jouer L'hiver a chassé l'hirondelle. C'était une de mes préférées!

« Nous n'irons plus madone
dans nos sentiers fleuris
(...)
Et vous, charmants baucages
Nous vous disons adieu... »

Fait à noter : Renée chante sur à cet album avec ses parents sur la chanson Par la cheminée. Au moment où le disque fut gravé, elle avait 8 ans! Mon amour pour la Cow-girl dorée remonte à loin!

Je n'ai repéré sur la Gogoune aucune photo de Noëlla.

11 janvier 2009

Ingres à Montréal? Non! À Québec, peuchère!























Œdipe et le Sphinx (1864)




Texte de Jean-PaulDamaggio


Les Poèmes cannibales permirent de construire un pont public entre Montauban et Montréal. Je n’imaginais pas que six mois après un nouveau pont autrement géant allait relier à nouveau les deux villes. Il s’agit d’une exposition sur le peintre Ingres qui doit débuter en février au Musée des Beaux Arts de Montréal et qui se retrouvera cet été à Montauban. Pour présenter le sujet, j’ai tenu à écrire ce texte pour éviter les confusions.

(Cher J.P., je dois hélas te couper avant de poursuivre. Jean-Auguste Dominique Violon d'Ingres viendra bel et bien cet hiver, mais à pied sec à Québec et non pas à cheval à Montréal... Sur le site du Musée national des beaux arts du Québec on peut lire en effet : Ingres et les modernes Du 5 février au 31 mai 2009. (...) L’exposition, organisée par le Musée national des beaux-arts du Québec, et le musée Ingres avec la collaboration exceptionnelle du musée du Louvre, réunira une centaine d’œuvres (...). Autour de tableaux et de dessins d’Ingres, comme Le Bain turc, Madame de Senonnes et Œdipe et le Sphinx, se greffera une sélection importante d’œuvres modernes ou contemporaines. Ceci étant dit, ce n'est pas grave, let's go, let's snow!)


Ingres
côté « cour »…

Au début du Second Empire, Ingres est alors à Montauban, sa ville natale qu’il aima tant. Jacques Desmarais est obligé de se souvenir du Musée Ingres qui orne la ville. Quand il y arriva , il la traversa à pied et fut donc contraint, en traversant le pont sur le Tarn, d’admirer l’imposant Musée qui était autrefois l’Hôtel de Ville et qui était, avant la Révolution, le Palais des évêques...


(Hum... J.-P., je dois t'interrompre à nouveau. J'ai traversé le Pont Vieux, c'est vrai. Mais, je fus si impressionné par le pont en lui-même, vraiment vieux et génial avec ses arcs se mirant dans le Tarn, je n'ai aucune mémoire du Musée Ingres que j'ai par ailleurs loupé dans mes pérégrinations ultérieures à Montauban, la ville rose, mais pas la plus rose. Je suis un voyageur sans dessein. Par contre, je suis entré à l'église où sont accrochés quelques tableaux du Maître, «Notre Maître à tous», dira Picasso. Next time...)



L’événement donna lieu à un article où on découvre tout le côté «cour» du peintre qui se précipita chaque fois qu’il fallait honorer les grandes personnalités.

« Le 27 janvier 1854 monsieur Ingres acheva, à l’Hôtel de ville de Montauban, la décoration du plafond de la salle dite de l’Empereur. Le sujet est l’apothéose de Napoléon 1er ; le tableau est de forme circulaire et les figures de grandeur naturelle. Au milieu d'un ciel d'azur, on voit Napoléon, vêtu seulement d'une chlamyde, tenant le sceptre de la main droite et étant accompagné de la Renommée. Ce groupe repose sur un char d'or que guide la Victoire, au-dessus de laquelle plane un aigle. Au-dessous de cette scène aérienne apparaît un segment de la terre où se trouve le trône de Napoléon, vide et tendu d'une étoffe de deuil. A droite du trône est la France en deuil également et suivant de l’œil Napoléon vers le ciel, tandis que de l’autre côté Némésis s’élance avec rapidité pour renverser l’anarchie. Enfin, au loin et près de l’horizon marqué pour le nier, on aperçoit le rocher de Sainte Hélène. Ce tableau monumental va donner un nouvel éclat aux belles décorations de l’intérieur de l’Hôtel de ville. »

L’auteur, le jeune Pierre Baragnon (1830-1904), faisait là ses armes de journaliste de province, un journaliste promis à une grande carrière qui dut se régaler à écrire ces quelques lignes lui qui vivra longtemps en Turquie. Il s’installera ensuite à La Ciotat.


Ingres côté jardin

Le bain turc a été une commande du Prince Napoléon, un autre membre de la famille de Napoléon III, mais elle fut finalement achetée par l’ambassadeur de Turquie à Londres, celui qui emporta avec lui l’origine du monde de Courbet. Cette peinture entre dans l’autre face du peintre. On y trouve une abondance de nudités ! C’était l’époque où l’Orient érotique fascinait les artistes français ! Un temps bien surprenant quand on pense à « l’érotique » actuelle du Moyen-Orient. Ce tableau qui surprend, quand on le voit, par sa petitesse, vu tout ce qu’il contient, est comme le testament du peintre, la somme de tous les portraits de femmes qu’il réalisa, sauf que cette fois, il les dénuda. Bien sûr, il ne s’agissait pas d’une peinture destinée à un musée mais à un salon très privé d’un univers toujours très huppé. L’étude de la peinture démontre qu’elle a été construite par étapes successives pour aboutir, après un projet carré, à une peinture en rond, pour accentuer l’érotisme de la scène. Peut-être un rond de serrure !

Elles sont donc vingt-cinq femmes nues assemblées, vingt-cinq femmes de toutes les couleurs, de toutes les conditions et dans toutes les positions. Plis et replis de la chair donnent au tableau une sensualité sans égale !


Les érudits pourraient vous donner le nom de presque toutes les femmes visibles et bien visibles que le peintre, à l’approche de la mort, peut prendre le risque de montrer. Le simple amateur d’art que je suis, a envie de retenir seulement deux points : la femme au cœur du tableau dont on ne voit que le dos, et au premier plan, les outils du peintre qui manifeste ainsi sa présence. Tout est œuvre de sous-entendus. Le peintre est là sans y être et une femme montre l’essentiel, son dos ! Quant au détail il est soigné et tout l’art d’Ingres est sans doute dans cette obsession : surprendre le spectateur par un dessin minutieux et pas toujours orthodoxe, mais à jamais éblouissant.

Bien sûr, les deux Ingres n’en forment qu’un seul, mais la postérité qui a retenu « le violon d’Ingres » a surtout retenu le peintre des corps.

Jean-Paul Damaggio - 9-01-2009

***

Photo : Marie-France Durand. Jean-Paul et Jack, Café Cherrier, Montréal en Cannibales, oct. 2008.

Merci, J.P.!

10 janvier 2009

Rita w'al-Bundaqiya et La marche à l'amour





Des marches, il en faut. Pour aimer. Pour dénoncer.
Pour annoncer que l'amour va monter...







La marche à l'amour
, poème et disque de
Gaston Miron.


Rita, Poème de Mahmoud Darwich, chanté par Marcel Khalifa

Rita

Entre Rita et mes yeux : un fusil
Et celui qui connaît Rita se prosterne
Adresse une prière
A la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel

Moi, j’ai embrassé Rita
Quand elle était petite
Je me rappelle comment elle se colla contre moi
Et de sa plus belle tresse couvrit mon bras
Je me rappelle Rita
Ainsi qu’un moineau se rappelle son étang
Ah Rita
Entre nous, mille oiseaux mille images
D’innombrables rendez-vous
Criblés de balles.

Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête
Dans mon sang le corps de Rita était célébration de noces
Deux ans durant, elle a dormi sur mon bras
Nous prêtâmes serment autour du plus beau calice
Et nous brulâmes
Dans le vin des lèvres
Et ressuscitâmes

Ah Rita
Qu’est-ce qui a pu éloigner mes yeux des tiens
Hormis le sommeil
Et les nuages de miel
Avant que ce fusil ne s’interpose entre nous

Il était une fois
Ô silence du crépuscule
Au matin, ma lune a émigré, loin
Dans les yeux couleur de miel
La ville
A balayé tous les aèdes, et Rita
Entre Rita et mes yeux, un fusil.




Source Rita : Kinoks (merci!)
Photo de la manifestation à Montréal : La Presse canadienne.

Hôtel Ambos Mundo

Cuba se love. Je trinque. Avec du rhum à la menthe. À l'Hôtel Ambos Munbo, Habvana.

« Peu m'importe les grands problèmes, mon amour, si toi tu
m'aimes. »





Yoani
se demande quelle révolution peut bien perdurer pendant 50 ans? Pour leur part, avec des yeux d'ici, mes amis NéoRhino vont célébrer et ils font bien. I love Cuba. Je lui souhaite le plus grand bien. Oui, il fallait bien que les jeunes barbus du temps renversent Batista et tout le régime de mafiosos états-uniens qui se remplissaient les poches avec les mains tachées de sang. Mais je ne crois pas entièrement au Cuba rose bonbon qu'on nous décrit aujourd'hui dans les autobus qui transportent les voyageurs à leur hôtel.

Une sacro-sainte révolution menée quelque part en pyjamas. Restrictions. Constipation. Sacrifices. Les ouvertures démocratiques promises en 1998 sont maigrichonnes. Myopie en regard de la conjoncture actuelle avec le voisin, les États-Unis d'Obama, d'où Cuba importe massivement ses denrées alimentaires (Raoul Castro est prêt à rencontrer Obama, mais il n'est pas pressé). Pertes incommensurables des artistes et des intellectuels par pure bêtise politique. Interdiction délibérée de toute association en dehors des cadres officiels. Cela laisse des marques.

Bien sûr, Cuba n'est pas la Corée du Nord. Et évidemment, il est à mille ans de distance de son voisin immédiat, Haïti. Mais est-ce qu'on peut aimer Cuba sans condition, comme on aime ses amis, mais sans tomber non plus dans l'idéologie gaga?

Les jeunes cubains d'aujourd'hui, nés après la révolution, les quelques-uns que j'ai rencontrés en septembre 2008, tiennent généralement aux acquis importants de leur société tels que l'éducation et la santé. Mais ils vous diront en termes prudents que les revenus qu'ils tirent de leur travail ne suffisent jamais à joindre les deux bouts. Survie et débrouille continuelle. À cause du blocus, certes. Mais cela n'explique pas tout. Sur la question économique, on lira avec intérêt le bilan que traçait déjà il y a dix ans Olivier Languepin dans Cuba ; La faillite d'une utopie, Gallimard, 1999. (Voir aussi son bilan en matière alimentaire en ce 50e, pas très habile cependant à cause du fond de son argumentation basée sur la situation économique sous Batista, dans Libération du 8/01/09).

Cuba se love et Ermest Hemingway, tatoué Havane, se manifeste. Dans Le Magazine Littéraire on peut lire :

« Jusqu’ici, il était impossible d’accéder aux milliers de documents, lettres, photographies et ouvrages laissés par Hemingway durant les 21 ans qu’il demeura à Cuba. Ces archives viennent d’être enfin ouvertes à la consultation. Selon la conservatrice du musée Ernest Hemingway, Ada Rosa Alfonso Rosales, ces éléments '' jettent une lumière nouvelle sur cette période très importante et mal connue par ses biographes ''. Parmi ceux-ci, 2000 romans qu’Hemingway aurait copieusement annotés. »

photo :http://www.arte.tv/fr/art-musique/Ernest-Hemingway/Album-Photo/1090830.html


Influencé par Mike Gurrie, il fut un temps où j'ai beaucoup lu Hemingway.


Je double trinque à la révolution et à la pêche et au Vieil homme et à la mer, au cha cha cha et à la liberté d'ex-pression.






Vidéo : jd, Hôtel Ambos Mundo, sept. 2008.

09 janvier 2009

Serveuses demandées


Marie-Christine Poisson, une amie de toujours qui fut ma camarade chauffeuse de volks et de voyageries en Louisiane, fait suivre le communiqué suivant :

« Un petit mot en ce jour d’hiver tout blanc pour vous inviter à venir en grand nombre aux représentations du film Serveuses demandées de Guylaine Dionne, ma chère amie. Vous ne le regrettez pas, Guylaine touche là où les ondes passent, droit au cœur!
Plus nous serons nombreux à assister lors de cette première fin de semaine, plus longtemps le film sera à l’affiche. J'y serai c'est certain!

Faites suivre ce message à vos proches.
Bon cinéma! »

Marie-Christine


Première montréalaise :
Lun. 12 janvier à 19:00, au Cinéma Beaubien

Sortie : 16 janvier au cinéma EX-CENTRIS

Synopsis :
Priscilla (Janaina Suaudeau), une jeune brésilienne, est déterminée de rester à Montréal après que son visa d’étudiante est expiré. Elle décroche un boulot de danseuse exotique à l’Elixir, boîte de nuit du centre-ville et se retrouve entourée d’une quinzaine de jeunes femmes qui, comme elle, résident illégalement au Canada. Parmi les danseuses il y a une Québécoise, la jolie Milagro (Clara Furey), qui rêve de déserter les hivers québécois avec sa fille Chloé, pour un climat plus chaleureux. Pour réussir, elle devra laisser sa mère (Anne Dorval), gardienne de sa fille, et négocier avec un énigmatique inspecteur de la GRC (Colm Feore) afin de quitter le pays. Malgré leurs différences, Priscilla et Milagro connaîtront une amitié qui les transportera au-delà des murs de l’Elixir, une amitié qui pourrait se transformer en amour si leur univers en était un qui pardonne.

Fiche de Guylaine Dionne

La bande-annonce du film sur Cinoche.com .

Pis, ce qui ne gâte rien, la musique est de MA Martha Wainwright
(qu'on peut entendre et voir ici par ailleurs) . É-motions!

Interviews pendant le tournage du film
Entrevue avec Odile Tremblay, Le Devoir, 10 et 11 janv. 2009

08 janvier 2009

Quartier d'hiver

Photo Jacques Desmarais

Le silence est nu
sur la terrasse enneigée

Pas une seule empreinte
dans ce pays de mésanges
si peu habitué
au soleil barbouilleur

Le feu doré au dedans de ta peau
arboricole,
la petite sueur-perle gentille
entre les lignes crasses de ton cou,
l’air que ton rire projette
dans la chambre écartée...

L’odeur de la terre
que tu as foulée
jusqu’à moi


les marges de ton corps
si proche, si loin

ton auréole
dans le petit matin de janvier...

Viens, nous allons déjeuner.

***





07 janvier 2009

Les pierres et les cris!


























Malgré une courte nuit, un sevrage récent et radical de ma drogue préférée, le café, surtout l'expresso allongé d'Ali, le matin, plus les trois-quatre faits maison, plus le corsé du Café Dépôt à 15 h (oesophage au secours!), malgré la reprise du boulot et un fond de jarret lourd comme un vieux cheval qui regimba jadis dans les prés et les vallons (regimber, moi?), j'aurais marché comme ça avec le chien jusqu'à minuit dans c'te belle poudreuse sur les trottoirs moelleux de Tétraultville.

Le petit chien ramait loin derrière dans mes pas. Là, il est couché et il cille. Il est fait.

Tout ça pour dire que je me sens bien dans ce sapré beau neigeux désert. Mais comme le dit le professeur de droit dans Le Liseur (meilleur film à mon court palmarès en 2008 tiré du roman de Bernhard Schlink), ce n'est pas comment nous nous sentons qui importe. Les verbes d'état en recherche qualitative ne valent pas cinq cents. Ce qui compte, c'est ce que nous faisons. Ce que nous décidons.

Nous rejoingnons ici un Georges Auguste Legault, philosophe, éthicien, directeur du CIRÉA (j'en fais partie) qui insiste prioritairement dans ses écrits comme dans son enseignement sur l'action, c'est-à-dire sur la décision que nous prenons.

Nos valeurs, dit-il, c'est ce qui nous mobilise effectivement. D'où la
« posture » du pragmatisme épistémologique en éthique qui pose la question de fond : est-ce que telle décision permet de mieux vivre ? De mieux vivre ensemble ?

Dans le même sens, entendu la semaine dernière à la radio Serge Bouchard dire : au fond, notre langage est cheap, au sens ou il dit peu, il dit tout croche.

Peu ou prou utile, bourré d'accidents, d'émotions, interprété, filtré, le langage demeure tout de même le seul outil que l'humain possède pour faire circuler ses masques (au sens théâtral du terme) ou ses formes de vie (Wittgenstein) dans ses relations avec les autres.

L'agir, donc. Mais, bien entendu, il y a les soucoupes volantes, les ondes, les lavages de cerveau... Pas si simple, le bon sens.

Marcher. Comme tout à l'heure. Penser simplement (?) en marchant dans les cristaux, sur les eaux gelées... Se faire accroire qu'on est le bonhomme dans la chanson Le Labrador...

Neige et cristaux ? Ha! Ha! Les cristaux : il y a en a qui pense que ça redirige les énergies, que ça protège comme des paratonnerres. Ha! Les pierres et les cris. Les chakras, les auras et les aurathérapies.

Tenez, par exemple, l'améthyste : « Cette pierre est un doux calmant dans les moments agités de votre vie. Elle soulage l'insomnie et donne un sommeil plus régulier. » (Michèle Perras, qui a l'air à connaître l'âme, le corps, l'esprit, la matière et même l'invisible! En revanche, je ne sais pas si elle fréquente les sceptiques ?).

Il m'en faudrait un truck d'améthystes! Tu trouves ça où ?

Wikipedia ajoute, et c'est renversant :

« Jadis, elle était réputée pour combattre l'intoxication alcoolique, stimuler la créativité, la méditation et les rêves prophétiques. Elle permettrait d'annihiler les envoûtements d'un amoureux jaloux, d'éloigner les mauvaises femmes et les vipères. Placée la nuit sous un oreiller elle permettrait de lutter contre l'insomnie. En poudre, elle apaiserait les douleurs gastriques, améliorerait le fonctionnement du foie et guérirait les brûlures. »

Un truck d'améthystes vitrigonaux trapézoïdaux couleur vin coupé d'eau , s.v.p., pour que je puisse me remettre au café! Et dormir sur mes deux oreilles.

À part mon petit nombril, par les temps qui courent, si le langage peut servir à quelque chose, nous glisserions un peu sur la langue comme font les poètes parfois, pis nous commanderions un truck d'armistice, tout de suite, un truck d'armistice, à tout le moins une pelletée de cessez-le-feu pour la bande de Gaza où il se trouve des enfants pris avec des pierres et des cris, mais qui n'ont rien à voir avec la foutue justification politique de la violence. Ça va faire la « légitime » défense!

La violence ne se justifie pas sur le plan philosophique, disait Albert Camus.

Photo : Oeuvre de Serge Lemoyne, Trou noir (1998)

03 janvier 2009

Il faut qu'on se parle de Kevin



























Train de nuit (on va dire) Québec-Montréal.

Je cogne des clous entre Québec et Ste-Foy. Je perds contact tout de suite. Le temps d'une brève mais profonde sieste. Je me réveille un instant étranger à tout ça. Puis, la belle matinée augurale me revient à l'esprit tout à coup : je fus bombardé de soleil dans l'air froid en marchant sur la rue des Remparts.

Le train de nuit chuinte continuellement. C'est sa langue intrinsèque, on dirait. En sourdine, quand on y pense, quand on ajoute les scènes de cinéma qui se passent dans un train la nuit, on distingue très bien une espèce d'imitation de dactylo en marche, un peu mouillée, un corridor parfait pour rêver.

Le type vis-à-vis de mon siège, de l'autre côté de l'allée, reçoit un appel sur son cellulaire. Mes rêveries solitaires se plantent drette là. On ne peut pas ne pas être pris dans le cerceau d'une conversation téléphonique même lorsque c'est banal au cube. Ces actes de parole à ciel ouvert dans les lieux publics sont obscènes, vous font ingurgiter de force l'intimité des gens, bouffent tout l'espace sonore. Bah!

Au bout de trois minutes de ce soliloque, je peux vous raconter la vie de cet individu début trentaine : il quitte son emploi pour rentrer au ministère de l'Éducation jusqu'en 2011 (cela est dit en théorie); aimerait bien se rendre à Toronto pour les Fêtes, mais il est si occupé, ouf!, oui, c'est une semaine de fou... Il en parlera à sa blonde! Il aimerait tellement ça... Oui. Salut, là. Oui, oui. Bye... Oui! C'est certain... Ok!... Vous autres aussi... Ouais, je sais pas comment j'vais m'en sortir.... Mais qu'est-ce que tu veux?... Ha! Ha! C'est ben correct! En tous cas, prend soin de toi, là... Ciao!

Le train continue à cahoter doucement avec nos vies bout à bout, entre parenthèses, dans ses wagons métalliques. Le type au cellulaire a fini par s'assoupir, la bouche entre ouverte, son livre à plat posé sur son ventre. Il a l'air d'un bon diable qui se débat. Un professeur, sans doute. Je m'étire le cou pour lire le titre : Il faut qu'on se parle de Kevin (Shriver). Les premiers à vouloir comprendre la monstruosité de ces garçons déwrinchés, ce sont sans doute les éducateurs. Columbine, Polytechnique... Puis, certains écrivains. Il faut qu'on se parle de Gamil qui, enfant, fut gardé dans mon village avec sa soeur...

Dans quelques minutes nous surprendrons la ville par-derrière en pleine noirceur sans apercevoir le cri des graffitis aux grosses lettres blanches sur les murs défraîchis des bâtiments « industriels ». Elle nous ramènera tout de go dans l'inconnu familier autour de cette montagne qu'on ne visite jamais.


Photo : Fritz Brandtner La ville depuis le train de nuit, n° 2 v. 1947.
Source ad usum privatum : Musée des Beaux Arts du Canada