31 décembre 2009

Retour à Wajdi : juste prétendre que la beauté est en marche








« Créer, c'est crier. »
Jean-Paul Damaggio / la foule.

« Art as experience »
John Dewey

« Toute proposition littéraire est fondée sur des malhonnêtetés intermédiaires : la mémoire, la culture, le désir, le langage. »
Manuel Vazquez Montalban


Vers l'art des Amériques

La sonnette en bas n'est toujours pas réparée. La chinoiserie à piles qui en tient lieu est scrap. J'ai racheté une autre chinoiserie, je n'ai pas le choix des fabricants, qui me semble plus fiable. Il fait désormais trop frette pour que je me les gèle avec l'installation. C'est dans la pile des jobs du printemps!

Ça a ses bons côtés une porte flambante nue. Cela méduse les colle-porteurs et les Témoins qui ne savent pas. En campagne, généralement, mon Dieu, y a pas de sonnette. On défonce même les portes ouvertes puisque tout le monde se connaît. De loin. D'ailleurs, chez moi en cambrousse, je me suis fait amicalement volé pour au moins 1500 piastres de stock!

En ville, les gens ont perdu le réflexe de cogner. À la porte, s'entend. Car il y a bien quelques rixes qui chambardent les familles jusqu'à la Petite Italie. Mes copro de voisins ont quant à eux une sonnette électrique super de luxe. Par chance, car c'est la seconde fois en décembre que le bon facteur leur confie à mon attention des colis venant de France.

J'ai donc bien reçu comme cadeau du Jour de l'An cinq exemplaires du dernier livre de Jean-Paul Damaggio. Du moins, je crois que c'est son plus récent, car ce mec est une véritable machine éditoriale. J'ai enfin entre les mains Au carrefour Wajdi Mouawad, paru aux Éditions de La Brochure.


Damaggio, ne cherchez pas, est un inclassable qui a produit à ce jour une centaine d'ouvrages, des petits, des gros, des brochures, des briques, du surprenant tantôt très localisé dans son Tarn-et-Garonne; tous sont innervés par sa passion de l'histoire et par son engagement politique que je qualifierais d'effilé, de profondément humaniste.

Cet ami que je connais depuis 1974 a une force de pensée hors du commun. Plutôt réservé et introverti, à corps défendant, je dirais, avec ses côtés raboteux et truffés de pseudonymes pour ne pas braquer la lumière sur le je, ses écrits sont constamment en appétit vers la lumière imaginée des arts comme source du devenir de sa propre vie, et vers l'horizon collectif, d'autre part, bien campé, terrain des vaches, détail de la mémoire, contexte enraciné, déplié, avec une ligne de fuite, perspective oblige, et un jugement exercé avec finesse.

Ses mots ne quittent jamais, jamais, le mouvement du devenir.

L'ouvrage que j'ai à peine eu le temps de glaner, j'en parle à la superficie seulement, me renvoie néanmoins tout de go aux coulisses de cet Avignon 2009 que nous avons traversées ensemble avec sa compagne Marie-France. Je dis coulisses et mine de rien, car pendant que nous festivalions en mode de survie tant l'affiche des spectacles est gargantuesque et pantagruelante dans cette ville, J.P., lui, creusait ses questions et ramonait ses intuitions. Sur le Québec, notamment. Sur Wajdi en particulier qui est à lui seul un aimanteur de carrefours, peut-être plus américain qu'il ne le croit, arborant des chemises à gros imprimés et dont la dramaturgie, extrêmement émouvante, laisse émerger un Québec qui ne se contente plus de se regarder dans le miroir, mais qui crie au monde ses histoires d'égalité parmi les peuples.

Oui, je sais, le sol se dérobe sous nos pieds...

Sur le blogue des Éditions de la Brochure Jean-Paul écrit ceci à propos de sa rencontre avec Wajdi :

« Cette année, le Festival d‘Avignon l‘installa parmi les plus grands et malgré son jeune âge c‘est en effet un géant. Dans les faits il vit à Toulouse presque incognito, sauf au Théâtre de la Cité qui en ce début d’hiver l’a installé au sommet de sa programmation. Wajdi Mouawad est un phénomène au carrefour de beaucoup de continents. Sa passion pour les mathématiques et particulièrement le Théorème de Thalès explique la construction du livre qui est proposé, un livre qui n’est ni un essai, ni un livre de critique artistique, ni une fiction, ni un récit, ni une fable. L’auteur aurait voulu en faire un conte mais tristesse, ce n’est même pas un conte.»






Ayant confirmé ma présence en France dès la fin de l'hiver 2009, j'ai bien entendu pesé sur le gaz pour que nous ne rations pas pour tout l'or du monde la trilogie de Mouawad Incendies, Littoral, Forêts , qui fut sans contredit l'évènement retentissant de cette 63e édition du festival d'Avignon.








Photo : J.P. Damaggio. Marie-France et votre humble serviteur
quelques minutes avant l'ouverture de la trilogie au Palais des papes le 10 juillet 2009.



Je suis sorti ébloui de cette nuit de théâtre sous les étoiles. Je n'ai pas de mots pour rationaliser cette expérience. Je n'avais surtout pas envie de me coucher alors que le soleil levant donnait des ailes.

Bien sûr, la nuit fut éprouvante physiquement, émotionnellement et spirituellement, le tout étant de toute façon lié comme sur un ruban de Möbius. N'empêche qu'au sortir, dans le haut de mon high, j'avais noté un décalage critique avec mes amis à partir surtout des pôles individus peuples théâtre populaire. De plus, la posture éthique d'un Wajdi poète et croyant dans Incendies, cette mise en scène inouïe de la réconciliation ultime voulue par Naoual, la mère du bourreau et la mère des enfants du bourreau, vue comme une condition pour que cesse la répétition inexorable de la guerre, de la violence et des blessures d'une génération à l'autre, du moins c'est ce que je pige, pose un dilemme radical, radical au sens d'aller à la racine des phénomènes, en regard des assassins de ce monde. Fils ou père, comment, en effet, assumer qu'un Pinochet demeure impuni pour ses crimes ?

L'auteur présente son récit comme une tentative de conte qui n'en est pas un. Empruntant une forme parfois dialoguée avec Wajdi, parfois non, c'est une « proposition » qui nous est suggérée; un essai sans la prétention de tirer une démonstration, je dirais qu'il s'agit d'un essai avec un personnage qui accompagne le narrateur, Salsa Spectateur, avec des fondus, de gros plans sur quelques mots amérindiens choisis pour cadastrer la géographie sans cathédrales des arts dans les Amériques. Du Jean-Paul tout craché, usant de courts chapitres, avec des sous-titres à chaque deux pages, une écriture efficace et pédagogique (même à la retraite notre homme est déformé par sa carrière d'enseignant) et plusieurs chemins de traverse hors de l'autoroute des bien pensants, fussent-ils rebelles professionnels. Vraiment inclassable.

Le tout est dédié à tous les tatous des Amériques au sens continental du terme. Comme j'ai déjà vu un tatou écrasé sur le bord d'un chemin de terre en Louisiane, cette dédicace me touche sincèrement.

Pendant que nous ramions d'un show à l'autre dans les rues si chargées de mots qui battent au vent d'Avignon, une histoire couvait sur les braises de l'émotion et, si j'ose dire, sous la casquette noire vénézuélienne de J.P. qu'il égara d'ailleurs dans un théâtre de poche de cette province de Mistral. Je devrais plutôt dire Provence et Côtes du Rhône...

Reprenant un énoncé de Jacques Rancière - que nous avons justement vu en conférence publique en Avignon -, l'auteur écrit :
« L'art, par le partage du sensible qu'il provoque en toute société (...) depuis que l'homme fait l'hypothèse que sa vie pourrait être autre (...) est un des outils majeurs pour discerner, dans les ombres souterraines de la construction des empires, les poutres maîtresse des édifices. »

La lutte des âges, la lutte des arts dans la vie et les créations vitales des peuples, l'histoire, et donc la lutte des classes en mouvement dont on ne parle plus guère comme « moteur » puisque de toute façon le capitalisme, comme chacun a pu le noter en 2009, se fait zen, crachote et s'effouère comme un gâteau mort-né qu'on ne partagera jamais. Donc, lucidement, disent les lucides, il faut créer de la richesse!

La lutte des classes : « inutile de s'effrayer avant le spectacle ! Nous sommes à la préhistoire de son étude (...)», affirme l'auteur. Ce qui me fait penser que le point de vue de l'historien que l'on voit en filigrane ici ne me semble pas être de l'ordre de la justification philosophique de la violence (la lutte...). Ceci étant dit, l'Empire qui ressemble aux précédents, mais en pire, ajoute-t-il narquoisement, il est pas pire côté civilisation de la violence diabolique...

Au demeurant, comme il l'a écrit ailleurs, y a pas photo : les luttes de religions camouflent également une lutte des classes.

Chemin faisant, je revivrai aussi dans ces pages le voyage émouvant que nous avons fait tous deux à Port-Bou sous le soleil franc d'Espagne, à l'endroit même où s'arrêta l'exil dramatique du philosophe WalterBenjamin.

Or voici entraperçu tout l'art fin limier de celui qui a beaucoup fréquenté l'écrivain Manuel Vasquez Mountalban : il appert que Mouawad cite Walter Benjamin qui n'est pourtant pas un philosophe très fréquenté. Piste à suivre, retient l'auteur.

Il en est de même avec le personnage dans Incendies, « la femme qui chantait»; né de la personne réelle de la Libanaise Soha Bechara, communiste, emprisonnée huit années à Khiam pour avoir tiré sur le chef de l'Armée du Liban-Sud, Wajdi l'a rencontrée à Paris. Quel sens le croisement de ce personnage « politique » revêt-il dans l'art du dramaturge, se demande Jean-Paul ?

Je ne conclus pas pour l'instant. Je poursuivrai ma lecture avec en toile de fond 35 ans d'amitié avec Damaggio. Je tâcherai de réfléchir du mieux que je le peux à cette nouvelle proposition qui consacre une passion désenclavée pour la culture du Québec « caméléon », humble culture, mais qui participe néanmoins à « la marche à
l'amour », à la rencontre des hommes et des femmes qui deviennent libres.

Il se passe quelque chose, en effet.

P.S. : avis aux intéressés, le bouquin est 14 $. Me faire signe.


29 décembre 2009

« Pour que cette année soit la bonne »

« Quand on a un micro, c'est un devoir d'être pertinent »
- Biz

« Croyez en vos rêves de jeunesse, ce sont les seuls. »
- Pierre Bourgault

« Gagner! On veut plus que participer, nous, on veut gagner
Gagner! À soir on fonce sur la patinoire pour
Gagner! Si on se défonce pour la victoire, on va
Gagner! On va gagner! On va gagner!
»
- Le but, Loco Locass

Pendant que le givre frimasse dans les vieilles vitres de l'appart et que je garde mes combines, je pense aux préparatifs de la veille du Jour de l'An et au ménage éléphantesque devant moi comme une grosse côte, à la bouffe d'apprenti à organiser d'abord dans ma tête, au plaisir de recevoir ma petite famille, pendant que je ne vais pas au cinéma voir Étreintes brisées, pendant que l'oiseau de nuit s'est réveillé libre puisque je suis en vacances jusqu'au 4 janvier, pendant que je pompe le café comme du pétrole et que je n'ai pas le goût de soigner le chat, ni de penser au cash, pendant que je manque un autre soir Le Parrain, que je lis Le rapport Brodeck à cinq milles à l'heure comme un lecteur débutant, pendant que je suis seul et que les bateaux font l'amour, il neige dans ma cour de l'admiration sans bornes pour les gars à tuques atypiques à beaux casques de Loco Locass qu'on passe ou repasse au moment même où j'écris ces phrases à MuSIMax.

Je veux dire que si des fois ce blogue a quelque pertinence de fin fond des bois dans les derniers râlements de l'année, entrelacer la poésie dans le ciel de Montréal signifie jouer en équipe, mais seul au bat, et certainement faire une place d'honneur à ce joyeux trio de qui-vive planté sur la montagne royale de nos troubles mots d'ours endormis, poumon de nos calvaires associés...

Allez! Allez! Montréal!

C'est dit souverainement. Avec soultes fleurs.


Art Poétik (Batlam)

« Je veux être à fleur de peau Fleurer la fleur, être la fine fleur de ma poésie Je veux être à fleur de peau comme la fleur de farine qui se pose dans les ravines Des miches de ma mie Et que ma narine souffle, et vie, fait poudrer Ô vie poudroie sur moi, sur ma peau terre Ma poterie, mon vase égyptien Je veux être à fleur de peau Être beau avant d'être tien Je veux être à fleur de mot Avoir l'eau à la bouche Cœur cartouche, sang d'encre et gerbe de sens Je veux être à fleur de mot Comme un chat guetter l'oiseau-mot qui bat la chamade en moi Cha-cha-cha Je veux être à fleur de mot Tendre la peau des mots-tambours De cet appeau t'appeler, ma leurreuse amour et ne plus parler Bla-bla-bla (...)

Je veux être à fleur de peau Que mes mots dans mes veines deviennent des bélougas blancs Pêchés à même la mer du temps '' Pour la suite du monde '' »

Le but

« Icitte au Québec y fait pas froid, y fait frette
C'est de même parce que c'est de même pis c'est ben correct
On a de la place en masse
Et nos face-à-face on les fait sur la glace
Alors, on lace nos patins pis nos casques
Et comme Maurice, on glisse dans l'arène avec la haine de la défaite
Et le feu dans les yeux
En fait, quand on veut, on peut

Gagner!

En des temps si lointains que les francos s'appelaient Canadiens
À une époque où les pucks étaient faites de crottin
On a réuni des hommes dont le destin commun et comme un film sans fin
En Technicolor et tricolore
Bleu comme le Saint-Laurent
Blanc comme l'hiver
Rouge comme le sang qui nous coule à travers
Le corps de l'équipe c'est le cœur de la nation
Et chaque année faut clore avec une célébration
(...)



Symphonie Locass (ONF)

27 décembre 2009

Perrault : comme un grand silence d'oiseau migrateur


En ce lendemain de Noël Radio-can a repris l'excellente série consacrée à Pierre Perrault qui fut d'abord présentée en quatre épisodes en mai 2009 à l'émission Vous êtes ici.

Je suis un grand admirateur de Perrault qui est de roche et de poussière, un poète navigateur-chasseur de Venise-en-Québec avec beaucoup d'amis parmi les hommes et les bêtes.

Un soir à l'UQAM, à une Nuit de la poésie, je me suis retrouvé assis dans le siège voisin du sien et celui de Yolande Simard-Perrault, sa compagne. J'étais bien trop gêné pour lui dire quoi que ce soit. Mais je le regrette. À cette époque, je venais tout juste de présenter un de ses films dans le cadre d'une activité sociale au bureau. J'aurais souhaité au moins le lui mentionner.

Une de ses dernières présences radio me semble avoir été aux Décrocheurs d'étoiles avec Michel Garneau vers 1997.

Incidemment, on retrouve la belle voix de Garneau qui narre le dernier documentaire de Perrault en 1994, et c'est la rencontre de la poésie et de l'image, de la neige sur ses grands chevaux dans Cornouailles où l'oeil est amené dans le « cloître étroit des survivances » parmi les rares herbes incarcérées et les grand orgues funéraires des glaciers. Là, souverain, le bœuf musqué, symbole vivant du peu de sang pour un pays à naître, est harcelé de gélivures par le polaire.

Ce récit est né du recueil Gélivures paru à l'Hexagone en 1977. C'est une voix immense qui nous serre les bras.

La série m'a appris beaucoup de choses que j'ignorais concernant son travail radio des années 50. En fait, c'est cette expérience de la parole chassée, captée, décryptée avec soin, puis diffusée telle quelle pour sa beauté et sa vérité qui l'a conduit au cinéma.



Sur le site de Vous êtes ici signalé plus haut, on peut écouter cette série.

On trouve aussi beaucoup d'infos dans une chronique d'Olivier Bitoun avec des photos superbes, dont celles reproduites ci-contre, tirées des trois films du poète sur l'île-aux-Coudres. C'est publié sur le site dvdClassic.

Pour revoir les films, cf. la sélection de l'ONF.

Je comprends le sans bon sens de ce pays vu par Perrault comme un grand blues qui malgré tout cogite de la pensée et du courage. Et de la poésie au goût sauvage.

24 décembre 2009

Jwaïeu Nouel !


Entendu ce soir à la radio de Radio-Canada : « Un milliard de personnes sur la Terre ne mange pas à sa faim. »

Sans déférence pour le Sauveur qui n'en finit pas de naître (sinon, quand est-ce qu'on aurait nos cadeaux?), on peut hélas penser qu'un miracle « économique » ne changera pas le monde d'une seule claque, ni une sympathique guignolée super géante à la grandeur du globe.

D'un autre côté, on peut présumer que l'on va arroser ça à Noël, mais pas à peu près, dans les chaumières des banquiers américains tels que JP Morgan, Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, Morgan Stanley... Tous ces pauvres diables ont frôlé la faillite l'année passée. Effondrement radical du capital appréhendé.

Alors, puisque c'est Noël, comment on partage?

Parallèlement à la charité de l'État venu à la rescousse des institutions financières, on note des augmentations record de salaire de l'ordre de 20 % en regard de l'année 2008.

En se basant sur le Wall Street Journal, « le total des rémunérations perçues par les salariés américains des 23 grandes institutions financières américaines devrait dépasser les 140 milliards de dollars (...) au titre de l'année 2009. Le dernier record datait de 2007, avec 130 milliards de dollars versés, montant retombé à 117 milliards en 2008. (...) Les employés concernés devraient toucher 2 000 dollars de plus qu'en 2007, avec une moyenne de 143 400 dollards par tête de pipe. » Source : Les mots ont un sens.

Cette statistique ne fait pas voir la réelle contradiction du système, soit les primes et les bonis astronomiques versés aux cadres et aux courtiers. Pour avoir une idée de la pointe de l'iceberg, lire l'article de la Presse canadienne repris dans Le Devoir du 12 décembre 2009, Primes bancaires : les E.-U. ne prévoient pas de taxe spéciale.

En complément, voir également dans Les mots ont un sens : Etats-Unis : 30 milliards de dollars de bonus pour... trois banques. Champagne !

À ce propos, les pratiques au Canada sont collées sur celles des États. Gérard Filion écrit dans son Carnet du 11 décembre 2009 : «(...) les primes aux banquiers dans les six grandes institutions bancaires du Canada atteindront cette année 8,3 milliards de dollars, selon le Globe and Mail. C'est 18 % de plus qu'en 2008 et 4 % supérieur au niveau record de 2007.

Oui, il va y avoir de bien beaux cadeaux. Chez certains.



Nous aurons

Nous aurons des corbeilles pleines
De roses noires pour tuer la haine
Des territoires coulés dans nos veines
Et des amours qui valent la peine

Nous aurons tout ce qui nous manque
Des feux d'argent aux portes des banques
Des abattoirs de millionnaires
Des réservoirs d'années-lumière

Nous aurons des corbeilles pleines
De roses noires pour tuer la haine
Des territoires coulés dans nos veines
Et des amours qui valent la peine

Nous aurons tout ce qui nous manque
Des feux d'argent aux portes des banques
Des abattoirs de millionnaires
Des réservoirs d'années-lumière

Et s'il n'y a pas de lune
Nous en ferons une.

- Richard Desjardins

Photo : jd

22 décembre 2009

Tout cela révèle l'essentiel lecteur

« L'artisan des architectures limpides
se cache partout où rodent mes yeux
et se bousculent mes émerveillements »
- Émile Roberge, Sagrès, L'aube d'un siècle.




Les Poèmes cannibales (Éd. La Brochure, nouvelle édition mars 2009), toujours en appétit, se sentent bien confortés sur les rayons de la Coop entre Stéphane Despatie et Louise Desjardins.

Oups! Louise a trouvé preneur. Le voisin de droite est donc à présent Refermez avant d'allumer de Pierre Demers, un fier bleuet poète.

En tout cas, on remarquera qu'il y a du désordre dans l'alphabet du minuscule recoin poésie, mais cela n'est pas très grave. On se retrouve!

À la mesure de mes moyens artisanaux, ce fut une très bonne semaine pour les Poèmes cannibales - Loin dans ma campagne.

Il y a d'abord Jean-Luc de Granby qui me confirme s'être procuré un exemplaire à la librairie des Galeries. Merci!

De Sept-Îles, dans les beignes et les tourtières jusqu'au cou avec sa compagne, parmi quelques autres lectures en guise de souhaits dont un bout de Vautour de Christian Mistral, Gaétan me fait l'honneur de lire sur son site un passage de La coulée des angevins. C'est très très fin de sa part.



Dans ses Envapements du jour, il y a la charmante qui range les Cannibales avec les anges, les oiseaux, les fleurs de Lyse et les Hauteurs de son cœur de lectrice au cours de la dernière décennie! Merci!


Enfin, samedi dernier j'ai reçu un commentaire sous forme de
« critique littéraire » du poète Émile Roberge qui fut aussi jadis mon prof de poésie au Cégep. Comme dans la photo de L ci-haut, il y a de quoi pavoiser! Pour celles et ceux que ça intéresse, je copie-colle ce commentaire d'Émile. C'est évident que cela a fait ma journée, voire mon année au complet ! Et ce non pas uniquement parce je suis très bien reçu. Cette lecture me révèle en effet des
« pattes-d'oie » dans l'organisation de mon recueil qui dormaient dans l'ombre.Dans le sens du dépassement, c'est le genre de lecture coup de pouce qui amène plus loin.

J'espère également que cela puisse communiquer le goût à d'éventuels nouveaux lecteurs de monter dans le Train.

Merci Émile!


Poèmes cannibales
: une poésie habitée
Émile Roberge, 19 décembre 2009

J’ai lu deux fois et avec un plaisir grandissant le recueil Poèmes cannibales de Jacques Desmarais, l’un de mes talentueux étudiants, au Cégep de Granby, il y a quelques lunes.

Rien de banal, d’habituel, d’arrangé, de fignolé, de traditionnel dans ce recueil. Le lecteur doit allonger le pas et suivre hors des sentiers balisés un marcheur parfois pressé, parfois titubant, parfois sarcastique et même en colère, parfois aussi plein d’humour et de tendresse. Et ce lecteur peut s’égarer. Il y a des montées, des descentes, des falaises, des gouffres, des impasses et surtout des pattes-d’oie. On est constamment interpellé par l’imagination débridée de l’auteur. Une véritable et passionnante aventure !

« Ou bien, on se carapatera
Au pays des papillons chauffeurs de rimes
Le pied dansant pour chercher des coquillages
Ou pour cueillir les baisers des roselins
Dans nos rêves en calimaçon… »

L’écriture abonde de surprises, de spontanéités, de brisures, de désinvoltures. De pleines « chaudières de phrases
perdues » ! Les mots jouent, courent et se butent de façon inattendue. L’auteur a « le courage de twister les mots ». Exemples : « Elle écureuille Lauretteville / murs murs peinturlurés / éclisses » et « Il jéopardise / du sel de psaumes / broutés au cœur des pierres».

Que d’images doubles, étincelantes, surprenantes ! L’auteur a le don d’associer des idées qui habituellement se tournent le dos. On est subjugué par ces assemblages hétéroclites, telle cette lune à la « chevelure de Tsigane (qui) plantera des étoiles dans le chant des perdrix », tel celui qui est « saoul comme un cantique irlandais », cet autre qui « prend la noirceur par les cornes » et « cass(e) la gueule à la réalité ».

J’ai savouré l’élan, la vivacité et le cran de l’auteur et aussi son je-m’en-foutisme vis-à-vis des credos littéraires des post-modernistes et des préceptes des bien-pensants, des politiquement corrects et de « la grande bourgeoisie fuckée». Jacques Desmarais « n’a pas la chienne ».

« Et moi, sans fiorutures / Simple voyageur patenteux d’air au hasard / Incognito. »

C’est un poète campagnard que l’on accompagne. Remarquable ce Tour de chant qui est un bel hymne aux vaches. Étant moi-même originaire d’un patelin voisin de celui de l’auteur, je retrouve les mots de chez nous et nos expressions. Peu importe que des linguistes frileux les ignorent. Pour nous ils sont les plus chaleureux au monde. Mais c’est aussi un poète urbain et moderne que l’on suit et son vocabulaire dépeint remarquablement ces deux réalités de sa vie. J’ai cru déceler ici et là que c’était le campagnard qui errait sur les trottoirs de Montréal et qu’ailleurs c’était le citadin qui marchait, à Béthanie, « de la chède à la grange» et humait « la chaleur humide des bêtes ».

Ainsi dans le poème L’oiseau moqueur et le zigonneux, il semble d’abord qu’on est à Montréal : « Je suis en ville / Je suis en jazz », mais le poème oscille entre les «wall(s) de roches » et « les briques qui saignent au nom de toutes les villes » (…).

L’unité du recueil est justement constituée de cette présence constante de l’auteur, de ses deux habitats, et certes aussi de ses attitudes, de sa philosophie, de ses préoccupations sociales… Jacques Desmarais est un «Révolutionnaire tranquille, / mais sans bride / avec de grandes oreilles … ». Il est aussi « le fils acculturé, / le peintre incontinent de ce pays crochu»… «pour comploter nu-tête et rebelle». Dans Le passant, il revendique «… le droit de hennir / en pleine ballade / parmi les moutons verts de la province / avec l’espoir d’un brin d’herbe /qui se rescape /dans la fraîcheur matinale »

Dans la même veine, le magnifique poème La Tirania est un plaidoyer contre les pollueurs, les tricheurs et les tueurs de tout acabit et un appel en faveur d’un monde de paix, de justice. Dans Brume galop il pointe du doigt quelques-uns des fléaux de notre temps : « Mais sauve qui peut / les vandales, les vautours /la traite des jeunes,/ la corrompue, la politique,/ les coups de sabot,/ la drogue, la drague au fric, / la régression vaudou (…) »

Et dans L’angoisse des roches, sa révolte et sa compassion se portent sur la nature profanée :« Montagne sacreuse / dans le comté de Shefford, / transfigurée en désert, /nue de sapins, / elle jappe / en voyant dévaler sur ses flancs / les conservateurs en ski-doo ; / La piste se couche comme un chien battu… »

Parmi les poèmes que j’ai particulièrement aimés je signalerai Fumée d’un trait aux sonorités qui claquent comme des vagues :
«Pour les Piaf qui déparlent
les Places qui pigallent
Pour toutes les cigales
qui brettent et donnent à tout venant
Pour l’école à buissonner »

Puis cet autre, plein d’élan et de rythme, Le passeur

« le froid de cristal qui guette le sangPlus loin que l’ombre des valets inachevés Plus tard que la poussière de ce jour sans date Plus haut que la fumée des épinettes aux plumes d’or…Plus fou que mon cœur allumé par les rames de ton corpsPlus joyeux que le désir papillon du vent crapaud qui stance Plus joli que les traces de blanc en avrilSur les ailerons du Nord… »

C’est tout le poème qu’il faudrait citer.

Et que d’autres m’ont charmé ! la poésie pure de Kayac de mer… « la langue est un oiseau / prêté par la nuit » à moins que ce soit « un oiseau / prêté par la lumière / au bout du tunnel » ; le souffle des poèmes Hôtel Cody et Le King Staïkeul et l’atmosphère de Nova Bossa. Etc.

J’aurais voulu me taire et faire parler davantage les mots des Poèmes cannibales.
En bref, j’ai savouré la poésie de Jacques Desmarais. Je crois n’avoir jamais lu de poésie aussi originale et personnelle que celle de ce recueil. L’auteur ne se dissimule pas derrière des mots gentils, propres, officiels et souvent ternes. Il apparaît partout au grand jour, à travers les mots des siens, les mots de tous les jours.


21 décembre 2009

Jean-François Lessard : BONNE ANNÉE!

C'est l'hiver ma chérie qui commence aujourd'hui et je prie pour qu'un ciel toujours bleu nous sourit, car l'amour bien souvent...

Mais nous n'en resterons pas là! Nous reviendrons à la chaleur de cette soirée bénéfice de Québec Solidaire à la salle La Tulipe, le 8 décembre dernier, où l'on festoyait le premier anniversaire de l'élection d'Amir Khadir comme député de Mercier.

Parmi les artistes qui se sont succédés sur la scène, j'ai beaucoup apprécié revoir Jean-François Lessard. Mon appareil photo faisait des « parties libres » ce soir-là, si bien que je n'ai qu'un court extrait et c'est un peu grouilleux, je m'en excuse. Je n'ai pas non plus le nom de son complice aux claviers. Je vais compléter avec un clip de Belle et Bum (janv. 2008) sur You Tube, question de se préparer tranquillement à la Nouvelle Année!

Oui! Joyeux Noël & BONNE ANNÉE!



Il y a un peu de Vladimir Vissotsky dans la manière Lessard. Très efficace! J'appuie!

19 décembre 2009

Le pavillon du détour

Suivant mes moyens de petites réserves de chinoiseries autochtones,
c'est l'orchestre d'ensemble
que je perçois esquissé chez l'autre
par lueurs vibratoires successives
et quelques traces de poussière
dans les solos migratoires...

c'est ce qui m'interpelle au plus quotidien du creux des après-midis qui nous usent

c'est la poésie qui m'intéresse
même en politique

c'est-à-dire la certitude sans vérité
que nous déplaçons des montagnes
chaque fois que nous prenons soin du cœur des humains
et de la maison commune,
de l'homme qui frissonne.

16 décembre 2009

Copenhague : tabarnaque!

Il faut battre le Harper avant que ça devienne trop chaud!

À tout le moins, d'ici vendredi, parce que nous sommes entrés en période d'intenses négociations à Copenhague et parce que la position canadienne est enrageante, il faut exercer le maximum de pression atmosphérique sur les épaules des zélus conservateurs.

On peut soit signer la pétition Harper trop c'est trop de Avaaz.org

Ou bien envoyer un courriel personnel : Prime Minister/Premier ministre pm@pm.gc.ca

Ou soit encore, comme cette jolie déléguée canadienne l'a fait, on peut lâcher un coup de fil, un petit wâk. Téléphonez au 1 866 599-4999 (une fois la communication établie, demandez la boîte vocale du premier ministre).



Et pour suivre le tout jusqu'à la fin, il y a le site d'Équiterre dont je suis membre.

13 décembre 2009

Anniversaire d'Amir Khadir comme député

Ça a dansé en masse à la salle La Tulipe (même moi), dans le comté de Mercier!, le 8 décembre dernier. On y soulignait l'anniversaire de l'élection d'Amir à l'Assemblée Nationale comme député de QS.

Les Alpha & surtout Rococo étaient pop rock parfaits. D'autres photos et de courts extraits à venir avec Ève Cournoyer et le très bon Jean-François Lessard.

Merci, Noémie, de m'avoir accompagné.

Rococo & Alpha

Même moi, je danse! (Photo Noémie)

Noémie

Yann Perreau


Jean-François Lessard

Photos : Jacques Desmarais

Slam de décembre

Noticias

DERNIER SLAM DE POÉSIE de 2009!!

lundi 14 décembre 2009

ouverture des portes : 19 h 30

à l'O Patro Vys

356, rue Mont-Royal Est

Au programme :

Éric Roger, Sébastien Boulanger Gagnon, Sam Greffe

et plusieurs nouvelles voix!

Animation : Ivy

Chronomaitresse : Marie-Paule Grimaldi


Pour plus d'infos/inscriptions pour les slams de 2010:

info@ivycontact.com

www.slamon

12 décembre 2009

Sous la gagoule et le vernis politique : la torture







V
u ce soir en rediffusion à Télé-Québec le documentaire Sous la cagoule, un voyage au bout de la torture, de Patricio Henríquez (O.N.F., 2008; Jutra du meilleur documentaire 2009).

Je le signale, car c'est un document important. Il nous remet en pleine face les prisons d'Abou Ghraib, Guantánamo, l'Afghanistan (dont les pratiques barbares ont été quelque peu évoquées ces derniers jours à la Chambre des Communes...).

Mais il y a aussi le rappel de la répression massive et institutionnalisée de la Guerre sale, soutenue par les États-Unis, notamment au Guatémala (1966-1996) et en Argentine (1976-1983). Les témoignages sont émouvants et parfois très choquants comme celui de Dianna Ortiz .


Chanson dans le sang

Il y a de grandes flaques de sang sur le monde
où s'en va-t-il tout ce sang répandu
est-ce la terre qui le boit et qui se saoule
[...]

Où s'en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des meurtres... le sang des guerres...
le sang de la misère...
et le sang des hommes torturés dans les prisons...
le sang des enfants torturés tranquillement par leur papa et leur maman...
et le sang des hommes qui saignent de la tête
dans les cabanons...

— Jacques Prévert


L'actualité de « notre » monde dans ses comportements les plus abjects est ainsi contextualisée sur un plan politique et historique plus large. Par exemple, qui se souvient du jugement de l'eau infligé aux femmes accusées de sorcellerie?

On retient que la guerre conduit fatalement à la torture et que la justification d'une « guerre juste » nous éprouve tout autant.


Bande annonce

Biographie de Patricio

Autre source : Craig Murray




10 décembre 2009

Mon pays, ce n'est pas du champagne

« La neige: On est jamais vraiment prêts pour elle mais comme toujours, on renaît après...Quand on regarde La vie heureuse de Léopold Z. on ne peut que l'aimer encore plus, cette pute en dentelle...blanche. ;-) »

En réponse à El.

Nous mourons à petit froid. C'est notre lot et notre putain de poésie. Nous tombons en enfance. Nous glissons. Nous avons le regard amusé, étonné, ahuri, rajeuni à cause de la hauteur des bancs de neige qui s'additionnent avec nos rêves plantés dedans. Nos lapalissades sont des bonbons clairs emmêlés aux sacres du char qui parta pas. Léopold Z et son affreux retard historique. La blonde de Léopold Z toutes voiles dehors.

Nous savons, en effet, que nous renaîtrons après la cloche de verre.

Sous la neige, la réserve, la résurrection. Sur la croûte, les légendes de braises, les bonshommes, le pas des hommes, l'invention des enfants. Nous défonçons. Nous calerons dans la prairie le temps venu en se rapprochant du printemps, en faisant des gageüres aéroportées. Nous respirons la mer blanche. Étale. Étalée de tout son long. Nous patinerons fiers comme des originaux sortant par l'horizon, loin de nos histoires à coucher dehors. Puis, nous resterons couchés au chaud. Nous mélangerons nos sangs.

En attendant de renaître, ou pour mieux dire, en attendant que naisse le poème, je crois que nous aimons la neige, au moins la première, au moins au figuré à cause de son éblouissement. On ne peut pas toujours avoir les mains pleines d'huile. Les mains dans l'eau tout le temps, ça n'a pas d'allure. Il est bon que les mouches nous sacrent patience. Que le blizzard nous révèle le mystère de vivre. La bourrasque. La poudrerie.

Comme dirait l'autre, la neige est un dimanche ou un miroir. Mon pays, ce n'est pas un pays...

06 décembre 2009

L'Art Neuf






Ma collègue Geneviève, sage comme un ange avec parfois des éclats de rossignol à la Castafiore, couleur soprano, qui nous réveillent au bureau en plein après-midi, fait partie des 75 choristes qui composent le Choeur de l'Art Neuf.

Carol et moi avons assisté hier soir au magnifique concert intitulé des siècles de noëls à l'église St-Pierre-Apôtre, rue de la Visitation. Nous avons été transportés dans les Noëls d'antan, tantôt graves, tantôt légers comme une brise. Deux oeuvres principales sont au programme : la Messe de minuit pour Noël de Marc-Antoine Charpentier et des extraits du Messie de George-Frederic Handel. Christian Bégin agit comme maître de cérémonie. Six solistes et douze musiciens se joignent aux choristes, sous la direction de Pierre Barrette. C'est impressionnant. Une autre représentation aura lieu aujourd'hui, le 6 décembre à 14 h, (métro Beaudry). Le Chœur accepte les dons pour La Guignolée du Dr. Gilles Julien dont Christian Bégin est le porte-parole.



Fondé par le chef Pierre Barrette, le Choeur de l'Art Neuf célèbrera en 2010 son 20e anniversaire. Cet ensemble d'une très haute qualité s'est maintes fois illustré et il a décroché la médaille d'or, catégorie « Adulte », en plus de recevoir le prix du public lors de la première édition du Concours National de chant choral tenue en juin dernier. Plus tôt en avril, l'Art Neuf soulevait le Centre Bell réunissant 1500 voix et 100 musiciens lors de la soirée d'honneur du 75e de l'OSM et du 100e du Canadien.
En ce jour d'une tristesse son fond où l'on repense aux filles assassinées de Polytechnique et à leur famille, Christian Bégin a su communiquer des mots d'espoir : sur cette planète, dans cette ville, malgré tout, il y a aussi ceux qui chantent, ceux qui créent de la beauté, qui persistent et se donnent, il y a nous tous pour partager.

04 décembre 2009

Québec my love : écorniflage rue St-Paul



Alors donc, ça patinait en grande devant le Palais Montcalm d'où j'ai gagné, plus bas, la rue St-Paul.


Contrairement à mon habitude, je ne suis pas descendu à l'hôtel Belley, mais juste à côté, à l'hôtel des Coutelliers «niché au coeur du Vieux-Québec, à deux pas de la Gare du Palais.»

Passant devant l'hôtel Belley.


Le St-Malo, le seul resto que j'ai trouvé encore ouvert rue St-Paul dépassé 21 h (un soir de semaine); ambiance Vieux-Québec agréable, un peu cher pour du chauffé rapide, mes frites étaient brûlantes, ma salade légèrement amnésique, mais le confit de canard fit mon affaire, j'étais affamé!

Les vitrines... Le dedans... Salmigondis.

J'veux le petit truck jaune pour Noël!


Et dire que VLB écrit sur du papier notaire...


Pour le boulot, j'ai eu affaire à me rendre l'édifice de Parc Canada, au 3, Passage du Chien d'Or. Mes photos du bas-relief du légendaire Chien d'or sur le fronton du porche de l'édifice sont trop sombres. À l'intérieur, on trouve exposées quelques pièces avec un résumé de la dite légende. Ailleurs on peut lire diverses versions comme par exemple celle sur le site des familles Le Gardeur de Repentigny et de Tilly .





Ce roman date de 1884.

Je suis un chien qui ronge lo
En le rongeant je prend mon repos
Un tems viendra qui nest pas venu
Que je morderay qui maura mordu

Au matin, c'était gris, de ma chambre d'hôtel je voyais la galerie d'art contemporain Madeleine Lacerte. Je ne pouvais pas de pas y aller un peu. J'ai vu l'exposition des œuvres récentes de Francine Simonin. J'ai adoré. Mais ce n'est hélas pas pour ma bourse.



Toile de la série Viva Nina, un hommage à Nina Simone.

C'était gris, mais j'avais le coeur alège. La veille, j'avais vu au Grand Théâtre le superbe spectacle des Douze hommes rapaillés en compagnie de Louise. Magnifique et inoubliable rencontre. La poésie québécoise portée à son meilleur.

J'ai terminé ce voyage coup de vent dans la Capitale en passant l'après midi au Musée des civilisations où j'ai vu l'exposition-réflexion sur la pensée intitulée Copyright humain. C'est excellent. On apprend beaucoup sur l'évolution de la pensée en lien avec la posture animale de l'Homme et l'on sort de l'exposition avec le goût de questionner et de suivre les débats actuels sur la pensée. Parfaitement philosophique et très réussi dans la mesure où l'on cultive l'étonnement et l'esprit critique.


Photos : Jacques Desmarais


02 décembre 2009

Petite trotte à Québec : le retour à Montréal


Photorama à venir de ma petite trotte à Québec, en commençant, si cela ne vous dérange pas, par la fin, i.e. par la faim.

Cela veut dire que mon histoire commence lorsque je reviens de Québec.

En descendant au terminus d'autobus, je n'ai pas le goût de m'engouffrer tout de go dans le métro. De fait, dehors il fait doux, je veux marcher un peu, sac au dos.

Mais avant de piquer par le parc Émélie-Gamelin, reculons encore d'un petit iota dans le trajet à rebours afin d'évoquer une scène qui m'a plu. Les voyageurs accoutumés savent que l'autocar en provenance de Québec et Ste-Foy fait d'abord un croche à Longueuil avant de gagner la destination finale rue Berri, à Montréal. C'est dire que de Longueuil, on embarque sur le pont Jacques Cartier, et la ville est à nos pieds.

Ce faisant, j'ai eu l'impression de survoler Montréal dans sa version noctus ambulare. J'ai alors pu embrasser d'un seul regard ce triangle géographique qualifié « d'extra dry » dans un texte des Poèmes cannibales (Petite trotte sous le pont, justement), le tout étant délimité entre les enseignes de TVA, celle de la Radio du Canada, puis celle enfin qui arbore des lettres tantôt bleues, tantôt rouges de la brasserie Molson. J'ai surtout cherché à vérifier s'il était plausible que l'enseigne de Molson puisse se mirer dans le courant du fleuve.

Cela se pourrait si tous les côtés de l'enseigne - entre autres le grand M sur le flanc Est - étaient fonctionnels. Ce n'est pas le cas. Reste que mon image est parlante et je la garde. De toute façon, je n'ai pas le choix et le texte en question en est un de fiction. J'ai simplement voulu qu'il soit enraciné sans pour autant répudier l'imagination ou encore l'esprit critique en évoquant ce lieu de Montréal pas toujours très gai.

Je trouve que l'ouverture de ce poème, tout au moins, est pas mal, avec un petit clin d'œil à Georges D'Or, d'autant qu'on lui avait reproché une rime facile :

La lune de plumes à moitié forgée
guide les filles iridescentes aux bras nus,
le nombril à l'air, clopes au bec,
dans les rue sales de Montréal

Un avion clignote au-dessus
comme une étoile qui hoquète
avec une haleine de New York
(...)

J'ai apprécié traverser ce point de vue du voyageur qui revient dans sa ville, mais part aussitôt dans la nuit drapée par la cape des lettres que l'on souhaite précises, hautes, pas nécessairement paroles d'Évangile.

L'Évangile, si tant est qu'il s'agit d'aider son prochain, il m'a sauté dans la figure aussitôt que j'ai mis les pieds en dehors du bus. Il y avait des tentes partout, de l'animation, un écran géant, une exposition de photos, des chansons brésiliennes chantées live sous le grand chapiteau, du slam à venir... Il y avait du spaghetti servi gratuitement et beaucoup de monde, et ça sentait la solidarité. Qu'est-ce qui se passe en ville?

J'étais tombé dans l'État d'urgence de l'Art terroriste socialement acceptable qui organise depuis plusieurs années un « mani-festival » où l'art est dans la rue et la rue est dans l'art, la solidarité concrète.



Photos : Jacques Desmarais

Le chat du Café des artistes...

En attendant la reprise de Charlotte & Beck sur IRM!

(Une de me tounes préférées lorsque j'avais 16 ans, ici remixée. )




Le chat du Café des Artistes

Quand on est mort c'est qu'on est mort
Quand on ne rit plus c'est qu'on ne vit plus
Quand j'aurai coupé la ficelle
Mettez-moi dans une poubelle
Laissez-moi faisander un mois
Et de là jetez-moi au chat
Qu'il refuse ma rate et mon foie
Mais choisissez l'heure pour qu'il me mange le cœur
Et je reste encore avec vous
Sur vos épaules et vos genoux
Que je sois puisqu'il faut qu'on existe
Le chat du café des artistes

Et si le pain vient à manquer
Je serai là et n'hésitez pas
Brisez-moi les pattes et le cou
Et puis mangez-moi à même le chat

Ce ne sera pas la première fois
Qu'on aura mangé un artiste

[Répétition] :
Quand on est mort c'est qu'on est mort
Quand on ne rit plus, c'est qu'on ne vit plus
Quand il a coupé la f icelle
On l'a mis dans une poubelle

Et puis ils m'ont oublié là
Là là là là là là là là
Comme ils ont oublié le chat
Comme ils oublieront ma tête et mes chansons

Ce ne sera pas la dernière fois
Que l'on oubliera un artiste

[Répétition]

Et puis ils m'ont oublié là
Là là là là là là là là x2

- Jean-Pierre Ferland

À venir au programme : P'tite trotte à Québec



Dans la Capitale, ça patine depuis déjà un mois
devant le Palais Montcalm,
mais quasi à l'année longue au Salon bleu de l'Assemblée Nationale!

(Photo : Jacques Desmarais)

Avis à la vie aux Zin Terressés divers et allumés.


NOTICIAS



Info : QS



Info : Elkahna Talbi
Les Productiions Les Berbères Mémères
514 583-2764




« Poèmes cannibales Loin dans ma campagne, Jacques Desmarais, poésie

138 pages, format A5, 11 euros ISBN : 978-2-917154-31-1

Jacques Desmarais est un Québécois qui travaille sa langue comme son père travaillait sa terre, qui vit entre ville et champs et qui surprend toujours le lecteur par ses vers uniques. »





01 décembre 2009

Brosse de première neige

Début de slam ou de n'importe quoi…pour tromper le couvert de l'après-midi...(D a trouvé ça beau, moi, j'sais pas!)

Je M'EXCUSE!
J'ai mal aux reins, calvaire!
J'suis tire!
J'ai dégobillé hier
un gros paquet de neige
en trois grosses secousses,sploush! splotch!
sur le tapis blanc sucre immaculé
de ma grand'mère adorée.
Une chance, ça paraît pas,
ni sloche, ni rien!
Mais ça SENT l'hiver,
pas les glaïeuls!
OUVREZ LES FENÊTRES!

jack