02 décembre 2009

Petite trotte à Québec : le retour à Montréal


Photorama à venir de ma petite trotte à Québec, en commençant, si cela ne vous dérange pas, par la fin, i.e. par la faim.

Cela veut dire que mon histoire commence lorsque je reviens de Québec.

En descendant au terminus d'autobus, je n'ai pas le goût de m'engouffrer tout de go dans le métro. De fait, dehors il fait doux, je veux marcher un peu, sac au dos.

Mais avant de piquer par le parc Émélie-Gamelin, reculons encore d'un petit iota dans le trajet à rebours afin d'évoquer une scène qui m'a plu. Les voyageurs accoutumés savent que l'autocar en provenance de Québec et Ste-Foy fait d'abord un croche à Longueuil avant de gagner la destination finale rue Berri, à Montréal. C'est dire que de Longueuil, on embarque sur le pont Jacques Cartier, et la ville est à nos pieds.

Ce faisant, j'ai eu l'impression de survoler Montréal dans sa version noctus ambulare. J'ai alors pu embrasser d'un seul regard ce triangle géographique qualifié « d'extra dry » dans un texte des Poèmes cannibales (Petite trotte sous le pont, justement), le tout étant délimité entre les enseignes de TVA, celle de la Radio du Canada, puis celle enfin qui arbore des lettres tantôt bleues, tantôt rouges de la brasserie Molson. J'ai surtout cherché à vérifier s'il était plausible que l'enseigne de Molson puisse se mirer dans le courant du fleuve.

Cela se pourrait si tous les côtés de l'enseigne - entre autres le grand M sur le flanc Est - étaient fonctionnels. Ce n'est pas le cas. Reste que mon image est parlante et je la garde. De toute façon, je n'ai pas le choix et le texte en question en est un de fiction. J'ai simplement voulu qu'il soit enraciné sans pour autant répudier l'imagination ou encore l'esprit critique en évoquant ce lieu de Montréal pas toujours très gai.

Je trouve que l'ouverture de ce poème, tout au moins, est pas mal, avec un petit clin d'œil à Georges D'Or, d'autant qu'on lui avait reproché une rime facile :

La lune de plumes à moitié forgée
guide les filles iridescentes aux bras nus,
le nombril à l'air, clopes au bec,
dans les rue sales de Montréal

Un avion clignote au-dessus
comme une étoile qui hoquète
avec une haleine de New York
(...)

J'ai apprécié traverser ce point de vue du voyageur qui revient dans sa ville, mais part aussitôt dans la nuit drapée par la cape des lettres que l'on souhaite précises, hautes, pas nécessairement paroles d'Évangile.

L'Évangile, si tant est qu'il s'agit d'aider son prochain, il m'a sauté dans la figure aussitôt que j'ai mis les pieds en dehors du bus. Il y avait des tentes partout, de l'animation, un écran géant, une exposition de photos, des chansons brésiliennes chantées live sous le grand chapiteau, du slam à venir... Il y avait du spaghetti servi gratuitement et beaucoup de monde, et ça sentait la solidarité. Qu'est-ce qui se passe en ville?

J'étais tombé dans l'État d'urgence de l'Art terroriste socialement acceptable qui organise depuis plusieurs années un « mani-festival » où l'art est dans la rue et la rue est dans l'art, la solidarité concrète.



Photos : Jacques Desmarais

Aucun commentaire: