21 mars 2015

Changement climatique et capitalisme « avancé »

Suppléments

Sur le site de Ricochet du 16 mars 2015, Hervé Kempf publie un entretien avec Naomi Klein autour de son essai Capitalisme et changements climatique (Lux / Actes Sud*, 2015).

Extrait :

« Dans votre livre, vous écrivez que face au changement climatique, le capitalisme pourrait recourir à la stratégie du choc. Quelle forme prendrait-elle ?
Elle a déjà commencé de diverses façons, par l’accaparement des terres en Amérique latine ou en Afrique par des multinationales, par la fermeture toujours plus rigoureuse des frontières, si bien que les personnes les plus vulnérables au changement climatique sont coincées là où elles sont. Et puis aussi privatiser tout ce qui peut faire protection – on l’a vu au moment de la tempête Sandy à New York, quand les magasins de luxe faisaient de la publicité pour dire qu’ils avaient des générateurs et des équipements pour se protéger des ouragans. Le luxe suprême devient la protection contre le changement climatique, et ne plus avoir à dépendre de l’État pour cela : c’est pour les 1 % des 1 %. Un exemple de cet égoïsme peut s’observer en Chine, où l’air est si pollué que les riches envoient leurs enfants dans des écoles privées où ils jouent sous des dômes, parce que c’est le seul moyen d’éviter de porter des masques anti-pollution. Ce n’est pas l’avenir, ça se passe maintenant. »

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* Actes Sud a lancé le livre de Naomi Klein en France le 18 mars 2015.  Sur le site de l'éditeur on trouve la bande-annonce suivante :



20 mars 2015

Danser parmi les mots adéquats



Ex-citation :

Dehors
à la fin de ce sombre hiver
il voyait des fumées bleues, des eaux vertes
comme jamais il n’en avait vu
cela lui suffisait
un corbeau affairé sur une branche
le faisait rire aux éclats
la forme de la moindre feuille
excitait son esprit
son intelligence
dansait parmi des mots adéquats
— Kenneth White, Le méditant – Les rives du silence

(Cité par Stéphane Bigeard, Dictionnaire de géopoétique ). 



14 mars 2015

Naomi Klein à Montréal : question de climat


À propos de l'argumentaire de Klein, la sortie obligatoire du capitalisme versus le désastre écologique, c'est plus raboteux et nébuleux, pense le philosophe Jocelyn Maclure. l'Allemagne, fleuron du capitalisme avancé, citée par l'auteure comme exemple de création de richesses en environnement est contradictoire, ajoute-t-il. 

Mais justement, ne sommes-nous pas en totale contradiction, surtout dans le déni empoisonné, savamment entretenu par ailleurs? Dans un essai précédent (The Shock Doctrine), Klein a souligné au crayon rouge-alerte, faits à l’appui, comment les « forces » du marché tiraient profit des cataclysmes « naturels » comme l'ouragan katrina à la Nouvelle-Orléans. Dans Tout peut changer (en « surtitre » Capitalisme et changement climatique) dont je viens d’entamer la lecture, Naomi Klein s’attarde patiemment et avec beaucoup de rigueur à mettre le doigt sur le lien de cause à effet entre le marché et le réchauffement climatique, puis redit à sa façon pour crever l'amnésie que seules une solution collective et une action de masse peuvent permettre la nécessaire révolution.  Question de stricte survie!

Photo Jacques Desmarais, affiche dans la vitrine de la Librairie Jasmin à l'UQÀM.

L'épais brouillard et la fonte des calottes glaciaires tout autour n'empêchent pas le capitalisme mondialisé de s'adapter. On peut toujours chercher une solution dans la colonisation de l'espace comme le disait en 2010 le physicien Stephen Hawking, mais sur le terrain des vaches, les compagnies d'assurance jaugent déjà au peigne fin les « risques environnementaux » et accumulent depuis belle lurette des milliards! Est-ce que la prochaine Conférence de Paris à l'automne 2015 va trancher avec les trente dernières années de palabres décevantes et irresponsables? L'âge d'or surprenant et « anormal » du capitalisme (1947-1973), qui reste en grande partie inexpliqué selon l'historien Eric J. Hobsbawn (cf.  L'Âge des extrêmes, Éditions Complexe, 1994, pp. 27 et suiv. ) est bel et bien passé au tordeur en cette ère des catastrophes! Mais comme dit le député et médecin Amir Khadir, ce n'est pas parce qu'on n'a pas encore résolu le traitement des cancers qu'il faut arrêter de faire des recherches!

Voici les craintes de Maclure en conclusion de son article :

« Naomi Klein était digne, brillante et respectueuse dans son entrevue à TLMEP, et elle écrit des livres qui éveillent des consciences et invitent à la mobilisation.
Je crains, toutefois, que ses prises de position encouragent la fermeture dogmatique à l’égard de politiques fondées en tout ou en partie sur le marché, ce qui peut aussi ralentir la transition vers une économie plus verte. Si le «fondamentalisme du marché» doit être rejeté, le refus a priori de se servir du marché ou d’incitatifs économiques pour atteindre des objectifs collectifs doit l’être aussi.»

Jocelyn Maclure, l'Actualité, 13 mars 2015

Naomi à TLMEP, Radio-Canada, 8 mars 2015

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13 mars 2015

La conférence de Naomi Klein à l'UQÀM

Capitalisme et changement climatique.

Note : n'ayant pas trouvé le lien pour copier la webdiffusion de la conférence de Naomi Klein, prière d'accéder à ma page Facebook ci-après.

Nous étions plusieurs à être refoulés à la porte de la salle Marie-Gérin-Lajoie, c'était complet. On se reprend ici! Magnifique!

12 mars 2015

Chroniques costaricaines 3 - apprivoiser la lumière de la mer

Photo Jacques Desmarais. Playa Esterillos Este.
Photo Jacques Desmarais. 





















Au loin de l'œil sur la plage quasi déserte d'Esterillos Este, on ne peut que subtiliser hors texte une phrase de Chalandon dans son Quatrième mur pour tenter d'évoquer, ne fut-ce qu'un peu, la danse aérosol des embruns marins qui seraient comme "la soie des mots". La nuit venue, autre délice impalpable, quasi secret, brasser la mer, produire de petites gyres avec les mains, apercevoir pour vrai des myriades d'étoiles qui errent dans leurs gueules furtives de plancton,
toucher ainsi de l'âme, 
qu'on excuse ma naïveté, 
l'ancêtre de toutes les plantes et de tous les animaux. 

Signes de vie.


Photo Jacques Desmarais


Puis, entre les deux moments, « tire les rideaux » comme aime à le dire l'ami June Atkins


Photo Jacques Desmarais.

Photo Jacques Desmarais


Que l'écriture frétille au saut du jour! 

À plus tard au fil du vent. 

Pura vida, disent ici les habitants!

Naomi Klein : Tout peut changer! Mais ça urge!


Naomi Klein en conférence hier soir à la salle Marie-Gérin-Lajoie de l'UQÀM, c'était complet! C'était également l'occasion de se procurer le plus récent livre en traduction française de la journaliste née à Montréal : Capitalisme et changement climatique — Tout peut changer, Actes Sud/Lux Éditeur, mars 2015, 596 pages. 


Photo Jacques Desmarais.


11 mars 2015

Chroniques costaricaines 2 - Portrait d'usage


Pays quelque peu visité et aimé, photographié, humé villes, jungle, montagnes et Pacifique, fait entrer quelques brides de vie dans la mémoire, très bien. Mais comment saisir plus avant le pouls « réel », ou en tout cas plus global du Costa Rica sinon par un petit détour par les « statistiques »?

Photo JD, balade à Puntarenas, février 2015.
En voici quelques-unes tirées de Statistiques mondiales, un site tenu par le Suisse Ludovic Lefort. Classé par continents, le site a la qualité de brosser un portrait succinct de tous les pays du monde selon des critères comparatifs. Les sources semblent fiables (exemple l'ONU).

Il y a un joli mot en géographie pour situer le Costa Rica parmi les Amériques : c'est le terme isthme. Un isthme « est un territoire très étroit entre deux mers ou deux golfes, qui réunit deux grandes étendues de terre. » 

« Le Costa Rica est un pays situé sur l'isthme reliant l'Amérique du Sud à l'Amérique du Nord. Il est entouré au Nord par le Nicaragua (frontière de 309 km) et à l'Est par la Panama (frontière de 330 km). Il est bordé à l'Ouest par l'Océan Pacifique et à l'Est par la mer des Caraïbes. »

La population du Costa Rica en 2014 était de 4 755 234 âmes.


***

On consultera également avec intérêt un autre outil pédagogique plus élaboré (événements, statistiques, cartes...) de l'École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke qui s'appelle Perspective Monde et qui est mis en ligne depuis au moins 2005 par un collectif professeurs-étudiants-collaborateurs divers. L'objectif du site « est de fournir des outils interactifs permettant de trouver facilement de l'information sur la situation mondiale depuis 1945 [...] ». 


Photo JD, au port de Puntarenas, février 2015.
À suivre...










10 mars 2015

Todesfuge lu par Paul Celan


Paul Celan


TODESFUGE

Schwarze Milch der Frühe wir trinken sie abends
wir trinken sie mittags und morgens wir trinken sie nachts
wir trinken und trinken
wir schaufeln ein Grab in den Lüften da liegt man nicht eng
Ein Mann wohnt im Haus der spielt mit den Schlangen der schreibt
der schreibt wenn es dunkelt nach Deutschland dein goldenes Haar Margarete
er schreibt es und tritt vor das Haus und es blitzen die Sterne er pfeift seine Rüden herbei
er pfeift seine Juden hervor läßt schaufeln ein Grab in der Erde
er befiehlt uns spielt auf nun zum Tanz
Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts
wir trinken dich morgens und mittags wir trinken dich abends
wir trinken und trinken
Ein Mann wohnt im Haus der spielt mit den Schlangen der schreibt
der schreibt wenn es dunkelt nach Deutschland dein goldenes Haar Margarete
Dein aschenes Haar Sulamith wir schaufeln ein Grab in den Lüften da liegt man nicht eng
Er ruft stecht tiefer ins Erdreich ihr einen ihr andern singet und spielt
er greift nach dem Eisen im Gurt er schwingts seine Augen sind blau
stecht tiefer die Spaten ihr einen ihr andern spielt weiter zum Tanz auf
Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts
wir trinken dich mittags und morgens wir trinken dich abends
wir trinken und trinken
ein Mann wohnt im Haus dein goldenes Haar Margarete
dein aschenes Haar Sulamith er spielt mit den Schlangen
Er ruft spielt süßer den Tod der Tod ist ein Meister aus Deutschland
er ruft streicht dunkler die Geigen dann steigt ihr als Rauch in die Luft
dann habt ihr ein Grab in den Wolken da liegt man nicht eng
Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts
wir trinken dich mittags der Tod ist ein Meister aus Deutschland
wir trinken dich abends und morgens wir trinken und trinken
der Tod ist ein Meister aus Deutschland sein Auge ist blau
er trifft dich mit bleierner Kugel er trifft dich genau
ein Mann wohnt im Haus dein goldenes Haar Margarete
er hetzt seine Rüden auf uns er schenkt uns ein Grab in der Luft
er spielt mit den Schlangen und träumet der Tod ist ein Meister aus Deutschland
dein goldenes Haar Margarete
dein aschenes Haar Sulamith
Bucarest, 1945.


FUGUE DE MORT
Lait noir du petit jour nous le buvons le soir
nous le buvons midi et matin nous le buvons la nuit
nous buvons et buvons
nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise
Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit
qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or Margarete
il écrit cela et va à sa porte et les étoiles fulminent il siffle pour appeler ses chiens
il siffle pour rappeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre
il nous ordonne jouez maintenant qu’on y danse
Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit
qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or Margarete
Tes cheveux de cendre Sulamith nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise
Il crie creusez plus profond la terre vous les uns et les autres chantez et jouez
il saisit le fer à sa ceinture il le brandit ses yeux sont bleus
creusez plus profond les bêches vous les uns et les autres jouez encore qu’on y danse
Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith il joue avec les serpents
Il crie jouez la mort plus doucement la mort est un maître d’Allemagne
il crie plus sombre les accents des violons et vous montez comme fumée dans les airs
et vous avez une tombe dans les nuages on y couche à son aise
Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi la mort est un maître d’Allemagne
nous te buvons soir et matin nous buvons et buvons
la mort est un maître d’Allemagne ses yeux sont bleus
il te touche avec une balle de plomb il te touche avec précision
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
il lâche ses chiens sur nous et nous offre une tombe dans les airs
il joue avec les serpents il rêve la mort est un maître d’Allemagne
tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith
Bucarest, 1945.
  

« ma pauure maiſon »

Dans la cave des vieilles bouteilles françaises, poème en réverve pour un grand jour : 

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.


- Regrets, Joachin du Bellay (1522-1560)

09 mars 2015

Louis-Pierre Bougie, peintre, graveur dans la morsure des mots

Le poète et philosophe Michaël La Chance signalait récemment sur sa page FB une entrée sur Wikipédia autour de Louis-Pierre Bougie, graveur, peintre.... Une vidéo de La Fabrique culturelle (Télé-Québec, mars 2014) est une brève, mais saprée belle rencontre lors d'une exposition rassemblant les livres d'artiste, des poètes essentiellement, créés à ce jour par Bougie. Chemins croisés pas si fréquentés de la poésie et des arts visuels : « [...] moi quand j'aime la poésie, c'est parce qu'à crie [...] », dit l’artiste originaire des Trois-Rivières.

Bon! On n'est pas sortis du bois!

Richard Desjardins, La faute à Napoléon, Le rapport Coulombe 10 ans plus tard, Journal de Montréal, 8 mars 2015

Espions Fontaine

Espions Fontaine
Calvaire de houle de fond de cale
sur un bateau drambuie à Sept-Îles,
vire et lente et ciboire de brosse
à lancer par-dessus bord
tous nos signes vitaux
et le vitrail de nos secrets
tournaillés en coups d’épée
tant et tant de prénoms
lichés par les chiens!
Camarade sans gouvernail,
il aurait fallu fendre
leur crousse de bagne
pendant que nous étions encore chauds,
baveux, écervelés, tout croches,
saouls morts sans orgueil!
pendant que nos mères insomniaques,
buveuses anonymes de thé,
traversèrent les nuits généalogiques de la frousse
sans jamais jamais jamais
rincer leur tasse d'exacte solitude.

C'est pas les gros chars ici dedans!


Jean-François Nadeau, toujours alerte et bien capable d'entendre siffler, relève ce matin dans son billet du lundi au Devoir une belle contradiction : les Québécois via leur bas de laine collectif viennent de se payer 40 % de la propriété de l'Eurostar, mais le transport par train dans notre beau patelin, c'est une autre paire de manches!  Ne restera-t-il donc que le Train de nuit imaginaire en ce pays qui n'est pas un pays?

02 mars 2015

Chroniques costaricaines 1 — Coup d'oeil, coup de foudre


Je le confesse, mis à part quelques noms de joueurs de baseball ou de soccer, je ne connaissais pas grand-chose de la « Côte riche » et je confondais plus ou moins « Costa Rica » avec « Porto Rico », assimilé sans nuances aux puissants intérêts économiques et militaires (entre autres d'United Fruit à Chiquita Brands)

Photo JD.  Le drapeau du Costa Rica dans le jardin du Bleu Azul.
 Tout comme c'est le cas pour le Canada, les É.-U. sont le principal partenaire économique du Costa Rica). Le « pied-à-terre » stratégique de l'Empire voisin a fait l'objet de remises en question politiques en 2010 dans le petit pays de près de 5 millions d'habitants.

Les présentes chroniques n'ont pas d'autres prétentions que de partager quelques impressions à la suite d'un récent séjour. Aussi, c'est ce que je souhaite, au-delà des informations de base et atomisées d'un Lonely Planet qu'on place dans son sac à dos du touriste, ce sera l'occasion pour moi d'approfondir et de cerner d'un peu plus près la réalité de ce luxuriant petit pays que j'aime maintenant d'amour.

***

Photo JD. Le Bleu Azul vu de la plage.
De fil en aiguille pour ne pas dire de bouche à oreille, c'est par l'entremise de connaissances croisées de ma compagne, dont le garagiste de son village, que nous avons choisi la destination du Bleu Azul chez Christine Michelin à Esterillos Este, au sud du pays dans la province de Puntenaras. Cette Québécoise établie au pays depuis six ans partage avec affection une grande casa au bord de la plage qui offre en location quatre studios à l'étage. La plupart des voyageurs qui y séjournent sont aussi des Québécois. 

Ce n'est pas un superlatif aguicheur d'affirmer que nous avons été enchantés d'atterrir dans ce coin de paradis, bercés jour et nuit par la patiente musique des vagues chaudes du Pacifique. Repos et décrochage!

Photo JD.  Playa Esterillos Este.

Mais nous avons bougé aussi! Nous avons essaimé la côte en autobus (efficace et peu coûteux) jusqu'à Porto Quepos, visité le parc national Manuel-Antonio, pris le traversier de Puntarenas à Paquera avec Jocelyn Villeneuve et Caro — des voisins de studio vraiment aimables avec qui nous nous sommes liés d'amitié et partagé les frais de location (astronomiques ici à cause des assurances!) d'un véhicule utilitaire —. C'est en leur compagnie que nous avons été littéralement barouettés sur les routes défoncées de la péninsule de Nicoya, de Montezuma jusqu'à Mal Païs. Nous avons notamment été émerveillés par la beauté de Playa Carmen et Santa Teresa, haut lieu des jeunes surfeurs.  J'y reviendrai.

Pour s'approvisionner en fruits et légumes frais (succulents!), nous avons fréquenté avec joie le petit

marché public de Jaco très tôt les vendredis matin, car plus la matinée avance, plus la chaleur devient trop accablante loin de la fraîcheur de la plage. De toute façon, dépassé midi, les étals se fanent et se vident faute de clients. Nous avons également fréquenté les épiceries de Parrita, une belle petite ville située à 20 kilomètres de chez Christine.

Photo Jd. Marché public de Jaco avec M. Ara Macao rouge.

Le visage le plus quotidien du Costa Rica rural et touristique qui défile sous nos yeux avec ses petites maisons aux toits de taule, les chevaux d'équitation dans des pacages à n'en plus finir, les troupeaux de vaches blanches aux oreilles pendantes qui paissent en solitaire sur le bord des clôtures ou bien s'agglutinent à l'ombre avec parfois parmi elles des aigrettes statufiées à l'affût du grain perdu (ou composté dans le fumier!), parfois un âne, puis, çà et là, poules et coqs bindy en liberté, les chiens placides qui rôdent sur les chemins, ce paysage selon Jocelyn, un familier du Mexique, fait beaucoup penser au grand frère mexicain qui a lui un pied bizarre en Amérique du Nord.

Alors que le mercure creusait des vaques de froid tenace de -30, voire de -40 au Québec fin janvier et tout février, il faisait 30 vendredi matin le 20 février, jour de notre départ. Chaleur de punaises frites pour dire adieu à Christine et à nos amis de la casa, à la mer veilleuse, aux papillons jaunes... 

Photo JD. En taxi, mais lors de notre arrivée le 16 janvier 2015. 
Nous avions demandé au chauffeur de taxi qui nous ramenait d'Esterillos Este à l'aéroport de San José (situé en fait à Alajuela) de faire un bref arrêt sur la route bordant Jaco dans un magasin d'artisanat local que nous avions visité précédemment. Ma compagne regrettait de ne pas y avoir acheté quelques artefacts qui lui tenaient à coeur, notamment un masque sculpté sur bois. Le repérage de l'endroit s'est toutefois avéré un peu compliqué, notre chauffeur ayant mal saisit nos informations télégraphiées en espagnol-français-anglais... Il s'est obstiné à entrer au centre-ville alors qu'il ne fallait pas... Pour se dépatouiller, nous l'avons vu s'adresser à trois ou quatre personnes, un policier sur la rue, un collègue chauffeur de taxi, une vendeuse dans un autre comptoir de souvenirs « typiques » comme il en pleut ici, mais personne ne connaissait l'endroit. Avant de décliner le nom du magasin, le chauffeur disait immanquablement en guise de bonjour : « Pura vida! »  Preuve supplémentaire qui nous fait dire que tout un chacun ici est animé d'une familiarité amicale, bon-enfant, spontanément fraternelle. Là-dessus, je retiens ce mot de Christine au sujet des Ticos : c’est un peuple humble et fier qui ressemble par bien des aspects aux Québécois. L’hiver en moins! 

À suivre. Et moult photos en prime.

***



Revue Europe mars 2015 : Miron


Noticias

Europe
 n° 1031, mars 2015

"Antoine Emaz, Gaston Miron"
 




Extraits du sommmaire : 
Gaston Miron (1928-1996) est à la fois l'une des voix majeures de la poésie du XXe siècle et une figure centrale de la période de foisonnement littéraire qui accompagna la transformation du Québec pendant la Révolution tranquille. 

Jonathan Livernois et Delphine Rumeau, Miron aujourd'hui
Pierre Nepveu, Désir d'être
Xavier Garnier, Pour une écologie du poète Miron
Dominique Combe, Gaston Miron à Paris, la question coloniale
Yvan Lamonde, Une poétique de la décolonisation
Martin Jalbert, La passion politique de L'Homme rapaillé
Delphine Rumeau, Tombeaux de Gaston Miron
Jonathan Livernois, Retour à ce qui commence
Serge Pey, Lettre à Gaston Miron.

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Europe sur Wikipédia

Autour de Livernois

En rappel :
- mon article Gaston Miron, le grand carillonneur in Esprits nomades (2007)
- Le Miron de Pierre Nepveu..., Train de nuit, 7/09/2011