14 mars 2015

Naomi Klein à Montréal : question de climat


À propos de l'argumentaire de Klein, la sortie obligatoire du capitalisme versus le désastre écologique, c'est plus raboteux et nébuleux, pense le philosophe Jocelyn Maclure. l'Allemagne, fleuron du capitalisme avancé, citée par l'auteure comme exemple de création de richesses en environnement est contradictoire, ajoute-t-il. 

Mais justement, ne sommes-nous pas en totale contradiction, surtout dans le déni empoisonné, savamment entretenu par ailleurs? Dans un essai précédent (The Shock Doctrine), Klein a souligné au crayon rouge-alerte, faits à l’appui, comment les « forces » du marché tiraient profit des cataclysmes « naturels » comme l'ouragan katrina à la Nouvelle-Orléans. Dans Tout peut changer (en « surtitre » Capitalisme et changement climatique) dont je viens d’entamer la lecture, Naomi Klein s’attarde patiemment et avec beaucoup de rigueur à mettre le doigt sur le lien de cause à effet entre le marché et le réchauffement climatique, puis redit à sa façon pour crever l'amnésie que seules une solution collective et une action de masse peuvent permettre la nécessaire révolution.  Question de stricte survie!

Photo Jacques Desmarais, affiche dans la vitrine de la Librairie Jasmin à l'UQÀM.

L'épais brouillard et la fonte des calottes glaciaires tout autour n'empêchent pas le capitalisme mondialisé de s'adapter. On peut toujours chercher une solution dans la colonisation de l'espace comme le disait en 2010 le physicien Stephen Hawking, mais sur le terrain des vaches, les compagnies d'assurance jaugent déjà au peigne fin les « risques environnementaux » et accumulent depuis belle lurette des milliards! Est-ce que la prochaine Conférence de Paris à l'automne 2015 va trancher avec les trente dernières années de palabres décevantes et irresponsables? L'âge d'or surprenant et « anormal » du capitalisme (1947-1973), qui reste en grande partie inexpliqué selon l'historien Eric J. Hobsbawn (cf.  L'Âge des extrêmes, Éditions Complexe, 1994, pp. 27 et suiv. ) est bel et bien passé au tordeur en cette ère des catastrophes! Mais comme dit le député et médecin Amir Khadir, ce n'est pas parce qu'on n'a pas encore résolu le traitement des cancers qu'il faut arrêter de faire des recherches!

Voici les craintes de Maclure en conclusion de son article :

« Naomi Klein était digne, brillante et respectueuse dans son entrevue à TLMEP, et elle écrit des livres qui éveillent des consciences et invitent à la mobilisation.
Je crains, toutefois, que ses prises de position encouragent la fermeture dogmatique à l’égard de politiques fondées en tout ou en partie sur le marché, ce qui peut aussi ralentir la transition vers une économie plus verte. Si le «fondamentalisme du marché» doit être rejeté, le refus a priori de se servir du marché ou d’incitatifs économiques pour atteindre des objectifs collectifs doit l’être aussi.»

Jocelyn Maclure, l'Actualité, 13 mars 2015

Naomi à TLMEP, Radio-Canada, 8 mars 2015

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