28 décembre 2007

Bonne année 2008



En ces temps d'haïssage, Gil Pressnitzer reste dans ses nomadises un tisserand occupé aux nids de passage,

un agitateur patient, un navigateur hardi parmi la houle sonore et les marées hautes de la beauté.


Ses carnets de Toulouse rassemblent, se remplissent du va-et-vient des voyageurs qui tournent autour du monde avec les pauvres mots raturés qui nous manquent, avec ces palettes de couleurs compliquées qui ne valent pas le chant d'un oiseau, mais «nos bribes de paroles, croit-il, feront chanter le vent».

Passeur matinal, à chaque nouvel an, Gil fait suivre ses vœux. Aujourd'hui, il cite un fil de Claude Esteban. Il aurait pu chanter un air de Claude Nougaro. Je copierais volontiers ces quelques écorces choisies parmi ses trésors. Comme on lance à son tour le filet vers les étoiles qui grouillent au bout du chemin.
Je le citerai autrement parce que l'amitié mérite la différence. Je ferai les deux. Pour souhaiter, à mon tour, en «ces temps étranges de peu de fraternité», poètes, marcheurs silencieux, amis, fées, sensibles amies, loups-garous des lettres et des grands steps, pirates maboule de la nuit bleue,

à tous, je souhaite une très bonne année 2008!
Feliz ano novo, muitas felicidades, muitas realizações, muita paz
e poesia em tua vida!


Esteban :
«La poésie n'a pas d'autre lieu d'existence que cet Ici et Maintenant
d'un peu de terre compromise, mais sous le "bleu adorable" d'un Ailleurs
et d'un Toujours».
L'ordre donné à la nuit
«peut-être que l’espoir
n’est qu’une entaille dans la chair
une étincelle sans futur
dans la mémoire
ne dites pas, quand vous partez, que c’est
le jour qui meurt.»


25 décembre 2007

Here is Goodbye Oscar Peterson!

*

Voici le thème de Night Train que j'affectionne, que nous avons fait jouer des dizaines de fois les dimanches soirs à Radio centre-ville  l'émission Train de nuit!.

Tous les itinéraires bleus be-bop swing nous ramènent au pianiste de St-Henri, à la grâce extrême du grand Oscar Peterson!

Rappelons que la pièce est signée Duke Ellington.




21 décembre 2007

Dans le firmament, la nuit passée



«(...) Les lampes s'éteignent une à une. Un arbre isolé. Passades des brises. Dans l'arbre un oiseau rêve, pépie. Une fenêtre reste éclairée. On tire un rideau rouge à l'intérieur. L'expressif monde nocturne : grillons, chouettes, crapauds; un renard glapit. Rien parfois : le silence, par miracle.»
- René Char, Trois coups sous les arbres,
Œuvres complètes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1983, p. 845.

Train ne nuit s'en va dans le bois et défoncera la nouvelle année loin des cliquetis du clavier. Merci à tous les voyageurs fidèles ou simples passagers qui me font grâce de leur présence ici dedans.

La vie ne serait pas la même sans vous.

Avant de tirer les rideaux, permettez que je raconte une petite histoire de Noël. C'est une vraie histoire, une histoire vraie.

À l'école primaire, beaucoup plus qu'au secondaire où l'usage se perd parce que les ados ont d'autres soucis et parce qu'ils ont tout un carrousel de professeurs sur le dos, il est très courant que les petits apportent un cadeau à leur institutrice au temps de Noël. J'ai moi-même enseigné en Louisiane et j'ai encore dans le garde-robes le support en bois vernis, avec une petite brosse à épousseter à l'une des extrémités, qu'un élève m'avait donné.

C'est en tout cas la pléthore de petits présents dans les écoles de la Petite Italie. Bouteilles de vin, crème anti-rides (!), fromage en grains, lunettes soleil, vrai de vrai, c'est le salmigondis selon la bourse des parents et, parfois, l'ingéniosité des enfants.

Justement, il y a le petit Rajidh qui vit à Parc-Extension, là où se trouve Un coin du ciel des plus cosmopolite, des gens pauvres et isolés, des logis délabrés avec coquerelles fournies et des souris dans la couchette des bébés...

La mère de Rajidh est seule avec sa marmaille. Ne parle probablement ni français, ni anglais.

Rajidh se trouve dans une classe spéciale composée en majorité d'allophones que le jargon pédagogique qualifie de DGA, pour dire élèves en difficultés graves d'apprentissage.

Tous les camarades de Rajidh avaient trouvé le moyen d'amener un petit quelque chose à la maîtresse. Ce pouvait être rien comme un exemplaire de la revue Réveillez-vous! Mais rien n'est jamais rien aux yeux d'un enfant de sept-huit ans.

Rajidh vit dans un milieu d'extrême pauvreté. Celle dont on ne parle pas à Montréal et surtout pas dans le beau Nous Nous québécois.

Rajidh n'avait rien à donner. Quand on dit : rien.

Puis voici qu'advient la fête de Noël à l'école. Il y a une kermesse, des jeux, le Père Noël, le vrai puisqu'il a une vraie barbe... Certains n'y croient plus et bavent un peu, mais à le voir, ça fait tambouriner l'imagination et les émotions.

Puis, la directrice fait le tirage d'un bas de Noël, un pour chaque classe. Des petites babioles, un casse-tête en bois, des smarties, des chaussettes aux couleurs de Noël, des chinoiseries pour faire plaisir, la Petite Italie n'étant pas Westmount.

On y trouvait aussi un petit verre orné de dessins de la saison avec une super-balle insérée dedans.

Le bon tirage au sort a voulu que Rajidh gagne le bas de sa classe! On imagine qu'il est super content! L'enfant déballe son présent et fait le tour de ce qu'il a entre les mains.

Au bout d'un moment, il va trouver son institutrice. Il lui apporte le petit verre de plastique. Voilà son cadeau!

Rajidh qui a si peu s'offre lui aussi le plaisir de donner.


L'institutrice mesure bien qu'elle doit accueillir ce don à sa juste valeur. Elle remercie Rajidh et lui dit : «Comme je suis contente. Dorénavant, tous les matins, je vais boire mon jus d'orange dans ton verre et je vais penser à toi. Merci beaucoup Rajidh.»

Cette petite histoire d'un brave garçon m'émeut beaucoup. Les enfants parmi les plus pauvres nous donnent des leçons de vie.

C'était ma petite histoire de Noël.

Je vous embrasse.

À l'an prochain.

Tchou! Tchou! Tchou! Tchou!

20 décembre 2007

«Rappelle-toi le chien de mer»


«Quand la peine bat

sur ta porte close
donne-lui du feu
pour l'amour de Dieu

Si ta flamme est morte
et que tout repose
Elle s'en ira
Je n'ai pas fait mieux»

15 décembre 2007

Carnets pelés 16 - Sur le chemin des philosophes




«Le rêve est le réveil de l'interminable (...) Celui qui rêve dort, mais celui qui rêve n'est déjà plus celui qui dort, ce n'est pas un autre, une autre personne, c'est le pressentiment de l'autre, ce qui ne peut plus dire moi, ce qui ne se reconnaît ni en soi ni en autrui.» - Maurice Blanchot, L'espace littéraire, p. 361.



22 janvier 1988

Hier soir, cours avec Michaël La Chance. Questions d'herméneutique. Traversée de l'art qui me donne des ailes. J'adore ce cours. Parmi mes lectures, je tombe sur ce morceau de Proust au sujet de l'expérience de départ de l'interprétation : «Ainsi il existe un autre univers que celui que nous voyons et rencontrons, c'est celui que nous voyons en réalité mais que nous sommes détournés sans cesse de regarder et qui est caché par l'autre».

23 janvier 1989

Salvator Dali n'est plus.
Aujourd'hui, je reste à la maison pour travailler Bachelard. Le cours de Paul Dumouchel est exigeant! C'est un sentiment extra de pouvoir faire ce que l'on aime. J'aimerais que ce soit comme cela tous les jours. Je pense à Hubert Aquin que je lis en ce moment et qui s'est bien amusé dans le carrousel, l'atelier de sa bibliothèque. Dans la revue Liberté (# 110, 1977), Jacques Folch Ribas écrit : « La connaissance, la curiosité la synthèse, c'est Hubert. Bien sûr qu'il est ivre, tout cela saoule...»


19 août 1989

Je suis assis sur le sable, face à l'océan. Il est sept heures et demie du matin. Il fait beau. Très beau. Que du beau, madame. Ce trésor déploie ses ailes avec quelques souvenances de pluie nocturne pour dessaler l'azur. Un bijoux de vie à perte de vue, rubis poli par les vents et marées et les dragées hautes. Le soleil monte. Des oiseaux écrivent à la patte, çà et là, inlassablement. Un sens du parchemin frétille par-dessus l'horizon. J'imagine cet enfant au loin, déjà mouillé sur la plage, en train d'apprendre à rêver.


3 janvier 1993

Selon Maurice Blanchot, le langage est un milieu immaîtrisable. Comme une espèce d'arbre qui compose des forêts infiniment mourantes. L'écriture pour Blanchot est cette procédure mortelle, rappelle pour sa part Françoise Collin à Littératures actuelles (ex-chaîne culturelle, Radio-Canada, émission de ce jour). La maîtrise de la lecture apparaîtra à la fois sous le signe du plaisir et celui de l'effroi (« forger l'effroi », dirait peut-être Michaël La Chance), dans un saut hors du langage. C'est une expérience de générosité et de don. Ce n'est pas le «je » qui explore le texte, c'est le texte qui m'explore. Je suis plus lu que je puis lire.

Si cela est, la question de l'interprétation n'est pas seulement dans un cercle vicieux (Gadamer), elle se trouve littéralement embrouillée.


18 octobre 2001

Début du cours de Gilles Voyer, Éthique clinique. Le fond, la base : la philo, c'est-à-dire l'étonnement. Puis, l'interprétation. Référence à Gadamer (il a 101 ans!). Un texte n'est compris que s'il est toujours lu différemment, dit-il. Dans Vérité et méthode (Seuil, 1996, p. 8), on trouve cette ambition : « Ce qui est en question, ce n'est pas ce que nous faisons, ni ce que nous devons faire, mais ce qui survient avec nous, par-delà notre vouloir et notre faire. »


19 septembre 2006

Jean-François Malherbe est un professeur aimé, un écrivain merveilleux. Il fabrique des circonférences avec nous. Il dit : « Je ne connais aucun être humain qui soit intégralement satisfait ». Cela nous met sur le chemin du devenir soi. Nous sommes habités à la fois par le déficit et à la fois par le désir de se réaliser. Cette force qui passe à travers soi donne le sentiment d'un +. C'est ce qui nous dépasse. C'est se sentir emporté dans quelque chose que nous ne contrôlons pas, mais qui n'est pourtant pas un hôte étranger. Comme lorsqu'une improvisation à l'harmonica sort des sentiers battus. C'est notre rapport à la « surprenance», dit Malherbe, autre mot pour dire l'esprit, la spiritualité.


26 juin 2007

Congé! En ce début du Festival de jazz, un saut quand même au bureau pour souligner le départ à la retraite de Ginette Lavallée, une collègue aux Communications qui est aussi une amie que j'estime au plus haut point. S'adressant à nous, elle dira en guise de mot de la fin et de bilan : « Ce n'est pas ce que vous faites qui compte, mais comment vous le faites. »

Photo : Pierre, coll. jd.

Ainsi, en filigrane, le bon marcheur Hermès, dieu des communicateurs, nous renvoie sur le chemin de nos polygraphes.

12 décembre 2007

Des étoiles et des mots


Quels beaux vers

bus, zieutés

ce soir,
par les Fenêtres Ouvertes,

entresignés sans guillemets
la Fée Blackstick
mais en lien, semble-t-il,
avec Howard Pyle,
anyway :


«Tonight, his coat was half opened;
The snow was falling on his heart.
And our heads....without swords,
were covered with words and stars





08 décembre 2007

L'Âge des ténèbres







Séance de 19h05 du premier samedi suite à la sortie en salles québécoises de L'Âge des ténèbres. Salle 1, archi pleine, au Cinéma Boucherville. J'ai adoré.

N'en déplaise à la kyrielle des critiques qui ont démoli le film et le réalisateur. «Film de trop», a-t-on pu lire en France. Film décousu dans Le Devoir de ce week end! Je nuance moi-même ce que j'ai pu dire chez marmelades (avant de voir le film) à propos de «l'argenterie» et de la grosse patente qui, je le craignais, rendraient le propos moins pertinent.

M'a fait penser à Fellini pour la magie. Écriture fine. Labrèche est épouvantable! Quel acteur de toutes les gammes. Les actrices sont belles. On rit. On pleure. On pense. Le stade olympique enfin consacré bête politique aux plus hauts sommets de la bêtise. La critique sociale est à double sens. À la fin, les images touchantes du Bas-du-Fleuve replacent l'imaginaire à sa source.

Scène d'une pomme pelée si lentement après l'avalanche du trafic de l'enfer quotidien.

Jean-Marc Leblanc, le personnage principal, dira que nous vivons un temps de désintégration. Ce faisant, je n'estime pas que ce propos rejoint la droite «lucide», comme je l'ai lu. Façon de dire autrement que nous sommes au coton! Puis il y a bien eu dans les journaux, l'été dernier, la manchette faisant état d'au moins 71 lacs contaminés dans la Belle Province! Entre autres!!!

Il y a bel et bien une sclérose, une amiantose, quelque chose qui cloche du côté du droit administratif, là où s'exerce le pouvoir discrétionnaire des fonctionnaires. Les fonctionnaires, policiers, professeurs, médecins compris, ou simples commis et agents, s'occupent de la prunelle de nos yeux, comme le dit Michel Chartrand, c'est-à-dire nos enfants, nos vieux parents.

Mais on rogne. Ou bien on niaise avec du feng shui pour remonter le moral des troupes!

Depuis la tache à Thatcher, le pouvoir politique en Occident trouve que l'État libéral a trop de gras. Et puis à gauche, qu'est-ce que l'on propose de radicalement populaire? Plus d'État pour le bien commun?

Nous avons tous une vie trop compliquée pour les dirigeants «socio-économiques», ces «efficaces» champions de l'endormitoire politique, ces conservateurs imbéciles qui «livrent la marchandise», mais à qui? Pour qui? Pourquoi? Pour faire rouler l'économie, comme le chantait Dédé?

Les solutions ne viendront peut-être pas de la politique, en effet. Ça me semble être un élément de réflexion et de désillusion persistant chez Denys Arcand.

Ma blonde aussi a adoré ce film. Plus que Les invasions barbares. Des spectateurs ont applaudi après la séance! Je ne vois pas cela souvent.

Ce film n'est peut-être pas parti pour gagner un Oscar. On s'en fout! Il a une facture à la fois très moderne et«trop» québécoise. On ne demande pas non plus au meilleur réalisateur québécois de frapper des grands chelem à tous les coups. Qu'il veille seulement au grain!

Le réalisateur de Gina est au jardin. C'est une grande chance que l'on a. Il nous montre un jardin, le remarquera-t-on, où une tête blanche de vieille est en train de biner, n'est pas, en tous les cas, emmurée à l'hospice...

Arcand se salit les mains et pousse une brouette de paille. C'est nécessaire, la paille, pour renchausser. L'hiver viendra. Le printemps vaincra imperceptiblement! Enfin, peut-être. Peut-être bien.

Photos officielles de l'Âge des ténèbres publées dans divers médias.

Mur à l'os


J'ai Vanier le malcommode dans la tête.
Or à défaut d'avoir le temps de lire et d'écrire,
je publie, avec son aimable autorisation,
deux photos célèbres de Rolland Vallée.

Il m'en a fait parvenir quelques autres
qui ne tomberont pas dans l'œil d'un aveugle.

Merci Rolland
avec deux ailes.

Cliquer sur la photo pour lire le poème.



Photos-murales Denis Vanier : Rolland Vallée (2004)


07 décembre 2007

La vie aux fous

Je suis pris
de tous bords
tous côtés
ces temps de scie

j'allais oublier de relayer
dans le ciel de la poésie
ce communiqué
que voici et-t-et
y incluant tous les sic


Le congrès annuel de déso rientat ion du parti neorhino.ca

Date:
Dimanche le 9 décembre 2007

Heure:
14h00 à 18h00 Congrès de désorientation .
18h00 à 20h00 Souper et projection d'un film

Lieu:
Montréal
Casa obscura
4381 Papineau / coin Marianne
(514) 527-0592

Réservation:
Site internet: www.neorhino.ca
Qu'est-ce que c'est exactement:

Afin de ne pas s'égarer, nous nous limiterons à aborder un seul sujet:
il sera donc question de n'importe quoi en particulier et de tout en général.

Un des n'importe quoi a pour objectif la création des prémisses
d'un spectacle politique à présenter
à travers le Québec et le Canada.

Vous avez des idées, vous avez envie de rire, vous aimez les soupers gratuits avec vos enfants, vous en avez marre des gouvernements minoritaires-totalitaires, vous pensez souvent au sexe, vous croyez avec une foi des plus grammaticale que cette phrase
se termine avec le point d'interrogation qui suit ?

Je vous réponds tout de go : Bienvenue à notre congrès
P.S. Les enfants sont invités à partir de 18h00

N.B. Vous êtes invités à imprimer et distribuer ce courriel si vous en avez envie

Nous excavons la nuit





Dans le brouillard éclopé de l'hiver
comme un grand fanal givré d'espoir déçu
accroché à la faille des mots engourdis,
une fille poudrée d’espagnol rêve tout haut
de mer infinie...

Le ciel ouvert capote dans le jour gris
comme un crabe replié dans la phrase
qui ne sort pas de la bouche
pleine de coupures, de sable enneigé

Ce soir, peut-être, la lune revêtira sa peau de Chinoise.
Tout se confondra, se mordillera, s’annulera.

La chevelure de la Tsigane aura des reflets orangés.

Y a-t-il encore des griffes sur mon front, se demande-t-elle?

«J’ai perdu mon tambourin, ma flamme
sur le chemin où gigote le sauvage»

Nous excavons la nuit, se répète-t-elle!

L’horloge est bel et bien désaccordée.
Violon mordu, maudit par la fourche d’argent

L’arcanson de la solitude s’égraine
parmi les pierres muettes

Voilà les pauvres mots de coquilles,
souvenirs de bagarres, de grottes
de roches au fond de la voix

Et les jeux d’enfants sont des fossiles
entre les fougères qui ne vomissent plus charades d’oiseaux

Nous excavons la nuit, pense-t-elle,
dans la tête du monde à part cela

Que restera-t-il à l'aube de ma vingtième année?

La fille caramel, gitane, espagnole, esquimaude...
se carambole les pupilles

elle se déshabille dehors, mais pourquoi alors?

Elle est flambante sous le froid
bleuie sous la pluie

Elle plante des plumes sur le dos du chant des perdrix
Elle a de la terre des jardins d’autrefois sous les ongles

Elles s'est perdue
entre vous et moi!

Dans le brouillard éclopé de l'hiver
comme un grand fanal givré d'espoir déçu
accroché à la faille des mots engourdis,
une fille poudrée d’espagnol rêve tout haut
de mer infinie et de cordées de bois...

Photo Amourable avec son aimable autorisation.

03 décembre 2007

L'Utopik coule à pic




Alphonse.

Alphonse est un jeune touriste Français qui séjourne à Montréal depuis quelques mois. Il gagne sa croûte et son grabats en travaillant comme bénévole comptable au café l'Utopik, rue Ste-Catherine, deux pas à l'est d'Archambault.

Jeudi dernier, Alphonse me reçoit derrière le bar. Il m'explique, découragé, que les heures du café si cool sont comptées!

Alors que je commande ce qui risque d'être ma dernière soupe aux lentilles noires bio granolla, Alphonse me déboule une histoire pleine d'échardes que je ne comprends qu'à moitié.

Je ne sais pas grand chose de l'Utopik sauf que c'est est un organisme à but non lucratif qui offre à tous les groupes d’intérêt social un endroit où se réunir, discuter et organiser diverses activités dont plusieurs petits show très l'fun. Par exemple, il y a deux ans, les mardis soirs, après mon cours en éthique, j'arrêtais pour les jams de musique celtique. À chaque fois, une quinzaine de musiciens nous faisaient vivre un Montréal irlandais. C'était chouette. On y gérait également une auberge jeunesse. Ce qui conférait à l'endroit une ambiance jeune et cosmopolite.

Alphonse affirme avoir versé à l’organisme qui chapeaute L’Utopik l'argent mensuel du loyer. Il semble qu'il s'est creusé un trou d'évasion dans le porte-feuilles. Or les huissiers venaient de passer au moment de ma visite. Il manque 120 000 $ dans la caisse d'amour et de bouffe!

«Tous les employés et les bénévoles se sont fait baiser», ajoute Alphonse, indigné.

S't'écœurant!

Une jeune fille occupée à la cuisine dont j'ignore le nom me dit : «On va essayer de repartir l'endroit sous une autre base».

Je suis allé m'assoir pour avaler ma soupe épaisse comme du chocolat. Quelques gars de la Bande à Gaza pratiquaient tranquillement leur toune à la table d'à côté. Leurs belles guitares pleurante m'ont foutu la nostalgie. Je suis peiné que l'Utopik coule à pic!


Post Scriptum : Plusieurs lecteurs demandent encore ce texte. Depuis le printemps 2008, heureusement, L'Escalier fait suite au naufrage. Le même collectif d'employés y oeuvre. Je croise parfois Alphonse qui a l'air de bonne humeur. Cf. cette entrée sur Train de nuit : http://jack-jackyboy.blogspot.com/2008/03/lescalier-est-ouvert.html
jd, le 6/08/08.



Photo et vidéo : jd.

02 décembre 2007

Les Carolinades en beauté



Lancement hier, dans l'Ouest de la ville, du premier recueil de Caroline Legault intitulé Tricot sacré.

Karo nous a concocté une soirée littéraire populaire dans le sens fort du mot. Devant une salle remplie, extraits du livre joués par des comédiens sous forme de courtes carolinades, frottage de mains, chanson de Karo sur les blessures de l'enfance... Beaucoup d'amour, de beauté, de générosité.

Merci Karo, l'artiste!

Bon séjour en France!

*****************


À la demande de Karo, quelques photos supplémentaires en guise de souvenir.


Caroline émue!

Michel Tétreault, Karo.

Nina, l'actrice.

Karo, la chanteuse.
















La fameuse séance de frottage de mains! C'est bon
pour l'âme! À l'avant plan, le papa de Karo qui,
plus tard, montera sur scène pour féliciter sa fille!
Que de beaux moments tout au long de ce lancement
de livre tricoté serré, pas comme les autres!


Photo : jd.