28 avril 2009

Dylan : pour passer à travers





Together Through Life

Je ne sais pas si vos oreilles y ont goûté, mais me voilà en over time over pique- nique, au bureau, les lumières principales viennent de tomber à 18 h pile, pense pu qui reste grand monde autour...

Sans mettre le volume au cotton, je suis tranquille et, tout en bossant, j'en suis à ma seconde écoute de Together Through Life.

Et pis? Bien, première impression, on tient ici quelque chose du côté suède très blues des shoes... C'est un Dylan bluesy, en effet, mais avec un ton ensoleillé, un ciel dégagé, le tout est traversé par un vieux son « écœurant » (au sens québécois du mot), feutré, coulé en douce par l'accordéon de David Hidalgo, un tantinet zydeco par moments, voyez-vous, insinuant une ambiance qui coule de source, un peu couleuvre et zèbre et bon enfant, j'adore. Dix chansons, c'est juste un peu court... Je n'ai pas pensé d'acheter la version toute garnie.

C'est un grand disque, à mon avis, où Dylan (dans Life is hard notamment) trouve le moyen de s'inventer une autre de ses voix caméléon, une qu'on n'avait jamais entendue alors qu'avec Jolene (« Joline »), le bon vieux vite (rock'roll) se fait moelleux, voire un brin canaille !

Mais attention : la belle grand' valse étoilée de fête mexicaine, elle vient dans This Dream of you. À date, c'est mon numéro un!

J't'un gars de la campagne, faut pas l'oublier.

Ève Cournoyer : Le sacre de l'An 40

27 avril 2009

Bucky, Bonny & Jacky

Du rapido sans prétention, comme d'habitude. Bucky pète une corde à la fin, ça fa que ça prend le champ. Mais c'est juste cocasse. Pour ma part, j'adore cette interprétation de Lucinda...



Vidéo originale icitte

Pierre Etaix, cinéaste spolié

Jos., une amie française du temps des magnolias, me signale une aberration de haut vol : le cinéaste et homme de cirque Pierre Etaix, ainsi que son camarade Jean-Claude Carrière se battent devant les tribunaux depuis plusieurs années pour récupérer les droits des films qu'ils ont produits dans les années 1960. Une pétition circule jusqu'au 10 mai dans les milieux du cinéma et concerne tous les cinéphiles, voire quiconque ne saurait tolérer que les créateurs soient les marionnettes de la business.

La pétition sera remise au ministre de la Culture de la France la veille de l'ouverture du Festival de Cannes.

La petite fleur jaune des bois est arrivée

La langue de serpent, je l'ai aperçue sous le vieil érable
aujourd'hui : l'érythrone d'Amérique est sortie! La fleur se referme la nuit, même aussi quand il fait gris. Il ne sert à rien de la cueillir. C'est une sauvagesse. Elle disparaîtra sous terre d'ici trois semaines. C'est une capteuse de lumière. Elle franchit l'invisible tôt au printemps, avant que les feuilles des arbres ne poussent.

Du plus lointain de ma mémoire de petit gars marchant vers le bois en rêvassant, ce n'est pas disable comment cette petite fleur de rien me fait plaisir. Le printemps pour moi, c'est elle.


Voici ses lettres de noblesses (cf. Kriss de Niort) : Erythronium americanum Syn. Erythronium aquatile, Erythronium aureum, Erythronium dens-canis, Erythronium flavescens, Erythronium lanceolatum, Erythronium nuttalianum), plante angiosperme monocotylédone appartenant à la sous classe des Liliidae, à l'ordre des Liliales à la famille des liliacées (Liliaceae) et au genre érythrone (Erythronium).

Photo : Flore du Québec

19 avril 2009

Pensées et vestiges sauvages

J'ai rarement vu cela : alors que les boquettes ne sont pas encore décrochées (ça coulait encore aujourd'hui, mais ce n'est guère valable), on peut déjà passer le rotoculteur dans le jardin. La terre se travaille à merveille. Épandu aussi compost & fumiers. Trouvé dans la terre une patate et trois carottes. Les petites touffes de pensées sauvages marmonnent quasi silencieusement ici et là. Elles précèdent les jonquilles au concours du pommeau d'or.


Part ça, j'ai marché vers la sucrerie. Croisé mes ves-tiges en plein air qui ont tenu tête à l'hiver une fois de plus.



Vestige : ce qui reste d’une chose qui n'est plus. Ne sont plus animés que par les craques de mon enfance, à l'ombre du « team » de chevaux, chargeur, moulin à faucher, voiture (certains disaient waguine). C'était « le roulant », la grande affaire des travaux et des jours. L'été à ciel ouvert. Avec , le tombereau, la charrue, le semoir, le racleur... L'Antiquité comparé aux hyper monstres sophistiqués d'aujourd'hui. Pourtant, semer la terre demeure semer la terre. Depuis des millénaires. Depuis le berceau de l'Irak. Tracer des sillons comme d'autres font de la poésie. Toujours la terre se ramassera sous les ongles de ceux qui la font.

Photos : jd

18 avril 2009

By the light of stars...




Si! J'ai loupé la soirée de hockey chez Mély (Canadien) & Mathieu (Bruins). Beau couple! J'ai écouté la fin de la cinglante défaite dans mon char sur la route du retour. Personne n'a fait jouer Le but des Loco Locass.

Because j'avais de très bons billets à la Tohu pour voir By the light of stars that are no longer..., une création de la compagnie australienne C!rca, avec comme interprètes Chesea McGuffin, Darcy Grant, Jesse Scott, Emma Serjeant et Lewis West, sous la direction de Yaron Lifschitz.

On ne dira jamais assez comment ces cinq-là sont gracieux, athlétiques et surprenants! Fascinants!

J'ai trouvé cette trace explicite du spectacle sur Ton Tuyau...




Comme une veilleuse qu'on voit de loin sur la route, la nuit, une vague impression de valse country, I came so far for Beauty, de Leonard, nous atteint paisiblement à un moment donné dans la trame sonore de ce show qui n'a jusque-là rien à voir avec les vallons tranquilles du bonheur sucré, arrangé avec le gars des vues. Disons plutôt que C!rca se pitch de partout!

Outre ce bijou de Cohen, la chorégraphie inclut aussi une version très lente et si belle de Hallelujah... La lenteur est d'ailleurs sans doute l'élément le plus spectaculaire de cette troupe d'anges entremêlés, parfois cornus, parfois à talon aiguille, pirouettant, break dansant sur la tête, venue de loin.

J'ignore qui peut bien être la chanteuse sur l'extrait qu'ils ont choisi. Mais en attendant, et puisqu'on parle de bons diables, on pourrait référer à Robert Bob avec sa version un brin délinquante, qui tangue et tongue, qui aurait même été enregistrée à Montréal en 1988...

Voilà! On a toujours des surprises dans la vie. Voir. Devoir. Et puis, encore Cohen.




I came so far for beauty
I left so much behind
My patience and my family
My masterpiece unsigned
I thought I'd be rewarded
For such a lonely choice
And surely she would answer
To such a very hopeless voice
I practiced all my sainthood
I gave to one and all
But the rumours of my virtue
They moved her not at all
I changed my style to silver
I changed my clothed to black
And where I would surrender
Now I would attack
I stormed the old casino
For the money and the flesh
And I myself decided
What was rotten and what was fresh
And men to do my bidding
And broken bones to teach
The value of my pardon
The shadow of my reach
But no, I could not touch her
With such a heavy hand
Her star beyond my order
Her nakedness unmanned
I came so far for beauty
I left so much behind
My patience and my family
My masterpiece unsigned





16 avril 2009

Danny Plourde : cellule esperanza





















« le poème un pari cet espoir ne m'a jamais dit où aller alors vais vers vous avec la poigne en cellule retenue éparpillée (...) »

Plus tôt en début de soirée avait lieu à la Casa Obscura, rue Papineau, le lancement du plus récent recueil de Danny Plourde, le poète baromètre originaire de St-Jean-Sur-Richelieu. Paru à L'Hexagone dans la collection Robert Fortin, le recueil s'intitule cellule esperanza (n'existe pas sans nous).



Ayant un rendez-vous à 20 h00, j'ai dû quitter alors que les lectures « sauvages » commençaient.

J'ai beaucoup apprécié parler un moment avec Tony Tremblay.

J'ai aussi pris le temps de me faire photographier avec Kathleen Gurrie!

Photo : François Gourd
Photos précédentes : jd

Dans la coulée des angevins - c'est l'printemps!



Il est rare que je reprenne ici dedans
des extraits des Poèmes Cannibales
En voici un aujourd'hui
qui est de saison
Nous vaincrons!







DANS LA COULÉE DES ANGEVINS

Humains, animaux,
fleurs, pommes,
chants,
baptêmes,
confiture...
il s’adonne
que nous sommes tous
frères
bourrés
jusqu’aux oreilles
de signes interminables
sur les chemins hallucinés
de nos vies
infiniment variables...

Sacré petit baiseur
qui cascade
entre les sapins mouillés,
toi, tu grelottes au sol
dans le cuir de la nuit
parmi tes traces
de Sioux
et le tambour invisible
de ton ventre de Möbius

Pauvre faux oisif
qui roupille
dans les grands hôtels nus des bois
vraiment,
les étoiles te cadastrent
au-delà de la petite touffe
de bouleaux blancs qui sifflent
jusqu'à l'étang bleu noir
grimé de grenouilles
nostalgiques

Et les quenouilles éjaculantes,
loin, loin dans la campagne,
chantent les marais
et te font de la peine
en se dépouillant de leur duvet
dans le dernier volet
de l’avant-dernière saison

Pendant que tourne
la roue perdue
du temps
en travers tes anneaux mauves
aux reflets dorés
gorgés de pluie
de boue,
de siècles et de siècles
par temps de rage
de couteaux
de pétards sur les roches

Mais à quoi rimes-tu
dans le corridor des marmottes?
Avec ta gueule de clou à cappella,
ton diplôme sans oeufs
que tu accroches
aux pierres indifférentes?

À peine un zeste de poussière
sur tes restes de viande séchée...

Vérifier s’il est vrai qu’à ta vue
le cheval rumine sa bordée de lions
et penche du côté des larmes?

Il faudrait pouvoir tenir
sur la souche
ta langue de gibier circoncis

Remonter la filiation,
éviter les groins,
les serpents

Mettre le doigt dans tes yeux
aux accents décuplés de sexe
quand les p’tits culs
te découpent en sept!

Es-tu seulement né
avant l’éternité
ver de mes vers?

On ne peut toujours bien pas
t’immoler sur une croix
mobile
en scissiparité!

Pourquoi n’avoir pas fondé une religion
de carquois magnifique
pour cette putain
de cloche de verre?

Il faudrait sortir de ses bottes!
De sa graine!

Fendre le nombric de la lumière gaspillée!
Comme le jour où la pluie viendra...

Compagnon craché dans la savane des poètes
Sacré petit rêveur de vent translucide
qui cascade entre les sapins verts

Je t’ai vu partir hier
« comme une fleur
au bec d’une hirondelle »

Pourquoi n’as-tu pas encore inventé
la virgule luisante
des zinvers ténébreux?

Petit fraiseur de ritournelles
dans la coulée des angevins,
le printemps est revenu

Nous vaincrons!

14 avril 2009

Je m'excuse à l'avance...




Mais celle-là, je la pique.
On ne peut toujours bien pas soustraire continuellement de la vue
la belle invisibilité.

Fantôme d'L.

13 avril 2009

Le printemps d'Elkahna






Elkahna Talbi ou Queen-Ka, la Reine du slam à Montréal, est sur toutes les scènes ce printemps. Les projets déboulent alors que l'an dernier, à pareille date, l'inquiétude la tenaillait. Je suis très heureux pour cette artiste polyvalente (écriture, slam, jeu théatral...) que j'aime beaucoup.

Je l'ai vue fin mars à la Tohu dans un surprenant, mais sans prétention « work in progess » intitulé Slam en / CORPS, en compagnie de son complice, le danseur, chorégraphe et compositeur Ismaël Mouaraki.













J'ai apprécié voir le slam s'aventurer au-delà de sa formule typique. Nous sommes après tout dans les arts où mille fils se rejoignent pour recomposer notre regard, pour allonger nos ailes.


En ce moment même, Elkahna fait partie de la distribution de Maldoror-paysage, à L'Espace Libre, rue Fullum, un collage
« façon DJ » à partir des Chants de Maldoror, textes mythiques écrits fin 19e par le comte de Lautréamont, un jeune de bric- à- brac du nom de Isidore Ducasse (1846-1870) et qui inspirèrent, plus tard, à gros bouillons l'aventure surréaliste.

Dans cette pièce, c'est particulièrement le chant de la révolte qui semble être au cœur des préoccupations d'Olivier Kemei, le metteur en scène.

Cette pièce marque également le retour sur scène de Jean-François «papa» Nadeau, un acteur que j'aime « sans examen », pour reprendre ses mots fraternels, croisé naguère au slam lui aussi.
Italique
Maldoror-paysage
Production Trois Tristes Tigres
Du 9 au 25 avril 09
Du mardi au samedi à 20h
Les samedis 18 et 25 avril à 15h et à 20h
Jeudi lève-tôt le 16 avril à 19h, suivi d'une discussion


« Maldoror, être surhumain, lutte contre le Créateur et la Beauté en commettant des crimes. Dans un monde surréel et inquiétant, des actions extrêmes se déroulent : les objets et les animaux parlent, les métamorphoses se multiplient, un adolescent est entraîné par Maldoror, un livre se fait et se défait. À partir des Chants de Maldoror de Lautréamont, le spectacle propose une fresque de la cruauté, mais aussi de l'imaginaire salvateur. On y retrouve une passion de l'absolu, une lutte contre l'autorité, une recherche du bien, ou plutôt du « mieux », une tentative d'embrasser l'homme dans sa totalité.»

TEXTE Lautréamont
MISE EN SCÈNE Olivier Kemeid

AVEC Mathieu Gosselin, Pierre Limoges, Jean-François Nadeau, Vincent-Guillaume Otis, Elkahna Talbi

Photos : jd

11 avril 2009

Slam pascal à l'O Patro Vys


Noticias


Comme à tous les deuxièmes du mois,

il y aura slam

ce lundi, 13 avril 2009,

à l'O Patro Vys

356, ave.Mont-Royal Est

Au programme :

Tristan Malavoy,

Frederic duBonnet,

La Clocharde,

John Hea,

Falcon Hacker,

Xavier Laporte (...)


Animation : Ivy

DJ : Paolo Tofu

ChronoMaître(sse) : Marie-Paule Grimaldi

infos: www.ivycontact.com


Ouverture des portes : 19 h 30

Entrée : 5 $

Willie Nelson à Montréal

Donc, 0n the road again!

Comme je l'écrivais plus tôt à Louise, le beau Willie, hier soir à la PDA, c'était dans le très bien. De la belle ouvrage. La salle Wilfrid-Pelletier pépée, excitée même, et les grands-pères sur la scène avaient simplement l'allure des vieux routiers : Willie aura 76 à la fin du mois et son complice en première partie, Ray Price, habit, cravate, impeccable, un seul trou de mémoire où il dira en s'excusant : « Vous savez, je viens d'avoir 83 ans! » Il était flanqué d'au moins 10 musiciens, dont quatre violons. Nous sommes dans le country Cadillac, quasi cinématographique.

C'est une autre génération de bêtes de scène. Je voyais à mes côtés mon ami Françoys, jeune trentaine, s'enthousiasmer comme un enfant. Je me dis que c'est très beau que les sensibilités puissent circuler, comme ça, de plus vieux à plus jeune. D'ailleurs, notre petite bande était on ne peut plus en filiation : les paternels de Ben et Whiskey nous accompagnèrent tout du long du St-Élisabeth au Montreal Pool Room, et jusqu'aux tapis grandiloquents de la PDA, alors que Labarre et moi pouvions servir de père à Françoys...

Willie sur scène, c'est plus minimaliste, un tantinet gitan dans ses solos qu'il assure seul à la guitare (sèche). Sa sœur au piano : de toute beauté. Un harmoniciste discret (j'aurais souhaité qu'il s'énerve un peu) est intégré à l'orchestre. C'est rare ça. Bref, c'est précis, lumineux, fraternel, c'est l'étoile du Texas.

Pour achever le plat, Willie a fait ma toune : Blue eyes crying in the rain...

Les histoires des chansons country ne sont guères plus rougeaudes, comme disait ma mère, que les plaintes saignantes du blues. Mais la simplicité du propos bon enfant, les quatre temps du cheval qui avance, infatigable, les valses, les beaux grands slows, quelques boggies de saloon aux portes battantes, toujours un train en quelque part, le soleil après la pluie… On en sort de bonne humeur malgré tous ces amours impossibles et le mal de dents qui vient avec.

«C’est la grosseur du tas des écrasés du cœur qui va nous sauver. »
- Réjean Ducharme

À noter : Rue Frontenac publie un très bon « papier » sur le show sous la plume, minuit passé, de Philippe Rezzonico.


09 avril 2009

Willie Nelson itout...

Willie Nelson, graine de patriote, est en ville lui aussi avec tous ses cheveux et j'irai le voir demain, Vendredi Saint, à la PDA, après la pro-cession un tantinet irlandaise au St-Elisabeth, avec Françoys, Whiskey et consorts... Que de bons apôtres. Pas de dernier bout de carême, Madame, mais par exemple, de la passion en masse, ça c'est clair comme de l'eau de Pâques!

Peut-être va-t-il chanter Les yeux bleus pleurant sous la pluie? En tk, j'aimerais ça en tabern!



Blue Eyes Crying In The Rain
Écrit par : Fred Rose,1945.
(Non, il ne s'agit pas de notre Fred communiste).

In the twilight glow I see her
Blue Eyes Crying In The Rain.
As we kissed good-bye and parted,
I knew we'd never meet again.

Love is like a dying ember.
Where only memories remain.
Through the ages I'll remember-
Blue Eyes Crying In The Rain.

Now my hair has turned to silver.
All my life I've loved in vain.
I can see her star in heaven.
Blue Eyes Crying In The Rain.

Someday when we meet up yonder,
We'll stroll hand in hand again.
In a land that knows no parting-
Blue Eyes Crying In The Rain.


P.S : J'ai une petite préférence pour Shania Twain. Sorry, Mark.

Fire in the night!




















Zach est en ville avec son Last Kiss!



Photo : Sylvain Legault / photo de la photo : jd

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Bébé Laurie est là!




Laurie, Papa Marco, la belle Gaby.
6/04/09

08 avril 2009

Sous lesTropiques de la riche pauvreté

La traversée du littéraire n'est pas pour les chamots. Je suis assis sur le trône comme un roi. Les cris perçants des mouettes me parviennent ce matin en zigzags et le fleuve s'ouvre dans ma tête. Le monde est dans mes oreilles. Où est mon chamois ?


Lu en quelques repères biographiques, et j'en conclus provisoirement que l'Ange des livres est une espèce de Cadet Roussel subtil dans les librairies du vaste monde.


Cadet Rousselle ne mourra pas, (bis)
Car, avant de sauter le pas, (bis)
On dit qu’il apprend l’orthographe
Pour fair’ lui-mêm’ son épitaphe.
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !


Noté au passage cette belle phrase que je décolle de son contexte :

« En leur riche pauvreté, les mots toujours conduisent plus loin et ramènent à eux-mêmes; ils se perdent et se retrouvent; ils filent à l'horizon en dédoublements répétés, mais reviennent au point de départ en une courbe parfaite... » (Michel Foucault, Raymond Roussel, Gallimard. 1963, p. 23).


Espace, gazon, frémilles dans les jambes, mouvement intérieur, tordeur dans nos bouches, clignement de cil, voile au vent, espèce de papillon, va !


Espace, mouvement, : « (...) son lien à ce qu'il dit peut se métamorphoser sans que sa forme ait à changer, comme s'il tournait sur lui-même, traçant autour d'un point fixe tout un cercle de possibles (le "sens" du mot comme on disait alors), et permettant hasards, rencontres, effets, et tous les labeurs plus ou moins concertés du jeu. » (idem)


D'où les « tropes » des élégants grammairiens, ces poissons gantés, figures de la rhétorique, non pas pour l'épaisseur du catalogue des paroles qu'elles imposeraient dans la brume des classifications canoniques, mais plutôt pour l'effet sur la chair, les petits brûlements, les craques dans la tête « (...) comme un blanc ménagé dans le langage, et qui ouvre à l'intérieur même du mot son vide insidieux, désertique et piégé » ( p. 24) : catachrèse (aile de moulin, lèvre d’une plaie...), métonymie, métalepse (mobiliser l'imagination, Woody Allen) , synecdoque, antonomase (poubelle, silhouette, un don Juan, un harpagon, un bordeaux, le macadam...), litote, métaphore, hypallage (« Un vieil homme en or avec une montre en deuil » - Prévert), etc.


Et qui vivra verra.


07 avril 2009

Boxe Office

BOXE OFFICE
(Ex-traits)

Tout à fait rivière
aux plaisirs de sismographe

le carnaval des passants
les visages qui panoramaquent

à cheval en Amérique...

Accordéon qui papillonne
dans les rues de la mémoire

Chuttt!

La plie, la jarre,
la gentillesse

Exposition de la misère?

Ô non! Non!

Je danse pour les yeux doux
d'une fille au foulard libre

I think that is my fortune...

I have seen the cargo,
the blue harmonica,
little fish under my shoes...

What can I say about this portrait?

La franche, la caracole, la bruine...

Il y a du Gore Vidal au cinéma
où ça roupille entre deux cokes

Il y a des gangsters de série B
aux frontières du Paronomase

Il vente à couteaux tirés
sur la colline

est-ce normal?

Sur écran géant
de pied en cap
l'armée s'exhibe

Opération :
Tempête de mots!

Comme du steak bandé de l'Ouest shérif
dans un Politic Show parano!

Exténuation collective

Nous sommes mille vingt et trois
à vouloir tourner le même cachot

Vingt-quatre heures de trop!

Au bout du musil des vengeances,
Merlin fait un strip...

Aurait fixé rendez-vous
à l'immortalité
sous les étoiles...
au Mexique!

But he goes dutch!

M'en fiche!
Je file remembrance

Tout à fait rivière
qui déconne dans son lit
avec tango chiffonné,

déborde
à l'envers du décor

jusqu'aux crochets de la débâcle...

Pieds et poings liés

Comme du bétail

Comme un cri refoulé dans la craille

Ce n'est pas nécessaire!

Les murs sont cuits
dans les coulisses de mon pays!

Aux matins sans liberté,
nous répondrons :
GÉOGRAPHES!!!

Et par la bouche :
l'écho musqué de la Gascogne
l'odeur enguirlandée de la Louisiane
les rots de marais bruts de la Bretagne
le flanc de l'arcanson
sur une route de Normandie
le goût de la noce
chez Madame Bovary
un verre de bière
mon Minou
un calumet de paix Labrador,
mon homme

Et je vous salue Marie!

Je me souviens
des paradis perdus
en Irlande...

Nous répondrons :
Le grésil est ma pervenche

Et ton sourire,
un oiseau vaudou
sur la branche

Et l'exil?
un geyser
dans la gorge!

Tout à fait rivière
de canards obscurs!
de bernaches rêveuses
de cheveux au vent...

Et ta beauté de légende
comme une chanson
qui panache dans la neige
en contrebande
sur tes lèvres
d'azur

perche-soleil

aviron qui nous mène...

C'est agrafé
aux braises
de la patience

à l'intrigue de tes hanches

à la douleur des prémonitions

aux horreurs boréales

ô silence des fusils!

Figurants boiteux
dans ma Cabane
au Canada

Oh! this is not the end,
my friend!

Film étranger
étranglé
à demeure
sous-titré
sans visa

qui tient l'affiche
par les cornes

Histoire de cul
décousu

de bouffons

de pas perdus

en langue bergère
unique!

Tout à fait rivière
de galets, de boulée...

Chuttt! Chutttttt!
fit le fonctionnaire.

Oeuvrette à dormir debout!

Personnages codés
à coucher dehors
sans bon sens

psychologie
de branlette

Le club de raquetteurs,
c'est passé dû!

Comparons au mot people :
il y manque la drive
universelle,
n’est-ce pas?

Et le scénario, Maestro?

Rappelez-vous donc
la sublime coproduction
de la mafia black journal

au Reine Élisabeth...

Or c'est un sujet condamné
à passer très tard le soir!
Au Pied-du-courant

comme un train de nuit
chargé de blés d'Inde
et de chiens d'or

musique
de la Ballade des Pendus
à la fin
C'est très violent!

Avec des bottines qui sourient!

Mais non!

Mais oui!

Écorces du Pérou
dans le ventre!

Le toit de nuages gris
se défonce par endroits

Il y a du sel des Îles
dans l'air bleu

défendu

Il y a un testament de gibier
qui nous lègue tout!

Un vieux greffier
voudrait
écrire le mot dimanche
dans mon passeport
mais que mon âge s'efface
dans la routine du générique...

En Amérique du Nord!

Tout à fait rivière Noire
comme notre vie
ma belle

Et de par vous
fier Chevalier,

j'en appelle à nos enfants.

8/01/1990 - 15/08/2006

Sunny... Easy Rider

06 avril 2009

Ça roule en night train!






Reprise pour priser le temps



Ce blogue file allègrement comme un jeune vers ses trois ans faits d'existence. Je vois les chiffres s'accumuler au compteur et me dis parfois que je me rendrai à 1 000 commentaires. Puis après? Je changerai de roues.

«Rien ne disparait. Tout se transforme.»

Mais je n'en suis pas là. La naïve dépendance continue. Il y a quand même des bouts qui me font voyager. J'espère juste que c'est la réciprocité...

Ceci est une reprise à peine retouchée.

Récapitulons depuis le début.

Ne capitulons pas!

La petite et grande crique de ce bloque s'esquisse à brûle-pourpoint dans une formule qui se
jackre :

«Entrelacer jazz, slam et poésie dans le ciel montréalais».

Bon.

Parfois, on batifole dans les hautes herbes des verbes
coulés en bocks
qui roulent dessous,
qui spinent
dans le désir des jours de paroles meilleures,
car il y a des pointillés dans nos arcs,
ni ciel, ni ville, ni jazz, ni poésie
il n'y a que la vie étendue dehors
sur la corde raide de la pensée

Ça bûche, ça rentre, ça sort...
«Parlez-moé pu d'la jeunesse d'aujourd'hui!»

Mais d'autres fois,
c'est l'amour fou
qui bat des ailes
sur son allée de quilles
entre le trottoir et les vers limes
et le ciel ouvert en est témoin,
c'est un gros phare de navire
qui prend à parti...

Partir pour la gloire
avec ces boutons à quatre trous
qui dérivent pile ou face
sur une coulisse de trombone,
un balai de batterie,
une anche de sax...

Il y a soudain dans les airs de cette ville
un pur cadeau royal pour le migrant que je suis

Je souhaiterais que l'on garde le secret
de ce qui va suivre...

05 avril 2009

Charles Papasoff : « vive la life ! »


« Allumez les lumières, sortez vos gazous, ouvrez les guillemets. Question : vrai ou faux? (...) Dans l'idéal d'un scénario, me semble vrai ce qui est faux (...) Au diable la réalité. »

Vrai ou faux, Carthasis II

Charles Papasoff : grosse pointure. Efforts persistants . Multi-instrumentiste. Affectionne le sax baryton. Acteur à ses heures. Réalisateur de disques (Carol Egan, Nathalie Rhenault...). Compose pour le cinéma.

Charles Papasoff : accent grave.


La dernière fois que j'ai vu l'ingénieux, ça fait une mèche et quart. C'était à l'Île Noire et je me souviens très bien du voyage extraordinaire qu'il nous fit faire, aller-retour, à bord d'une seule pièce taillée en quartiers de Grosse Pomme qui dura 60 minutes! J'étais collé sur la simili scène, avec en prime, des sirènes de police et des flashs de cerises qui rebondissaient de la rue; c'était suintant et juillet off-jazz, urbain, montréalais, haletant, crinières de cheval à l'air libre...


Une autre fois, à la Maison de la culture Mercier, je le vis faire une apparition-surprise sur la scène lors d'un spectacle de Kevin Parent à ses débuts.


Une autre fois encore, au Complexe Desjardins où il faisait un spectacle le midi pendant le FIJM, je vis son jeune fils (me semble) qui sollicitait le public pour qu'il achète un CD récent.


C'est mon camarade de radio Sylvain Legault, saxophoniste lui aussi, qui me parla le premier de Papasoff vers 1990. Ils s'étaient rencontrés tous deux et ça avait cliqué.


Ses croûtes musicales? Il a depuis travaillé avec les plus grands de la planète jazz, nous révèlent ses notes de présentation : Dave Holland, Ron Carter,Don Thompson, feu Joe Henderson, Slide Hampton, Oliver Jones, Sonny Greenwich, Chris Potter...






Notes Radio-Canada & plus.

What is democracy, en effet





Dans mon tour aux Zétats, je tombe cette semaine sur une « voix
dissidente » http://dissidentvoice.org/2009/04/beyond-elections-in-the-americas/, celle du journaliste indépendant Michael Fox.


Il vient de co-produire avec son épouse Sylvia Leindecker, cinéaste brésilienne ( http://www.beyondelections.com/) un documentaire intitulé Beyond Elections que j'oserais traduire, pour rendre l'idée, par : Au-delà du droit de vote. Ou bedonc, en bon québécois : Le droit de vote, pis après?



Sur le blogue de cette production (http://www.beyondelections.com/), on peut visionner le document livré en huit chapitres.

Je suis loin d'avoir parcouru le document en entier jusqu'à présent. On y trouvera surtout des images du Vénézuela et du Brésil captant les expériences en cours de décentralisation du pouvoir. Mais les auteurs fauchent large et visent une traversée des Amériques (Chili, Uruguay, Bolivie,Équateur, Argentine...) au cours de laquelle la question centrale « Qu'est-ce que la démocratie » se pose comme une critique en action du formalisme démocratique libéral.

Plusieurs exemples de pouvoirs et de participation populaires sont montrés afin d'éveiller la critique du public et des militants des USA. Et par extension, ne craignons pas d'inclure ici le Canada conservateur où les zélus, notamment dans le domaine de la culture, gère la chose publique comme si elle leur appartenait. Qu'est-ce que la démocratie, en effet, au jour le jour?

Dans une interview à Toyard Freedom, Fox déclare :

« This concept is almost completely absent in the United States, and yet, it is absolutely necessarily for people to understand what is going on across Latin America, and also extremely important for activists and people in the United States to understand the failures of our own system and the lack of participation and input from everyday citizens.

We originally planned the film to focus only on participatory democracy, but quickly realized that the only people who would want to see it would be activists that are already doing this type of work. We needed to open it up to the very concept of democracy itself.

This was important to us, because time and again in the United States, pundits, elected officials, everyday folks and even journalists use the word "democracy" as an excuse to de-legitimize extremely democratic groups and governments. They say, "Venezuela is threatening democracy in the region", and yet depending on your definition, Venezuela is perhaps the most democratic country in the region – much more so than the United States. But these realities are very subtle, and if you have never been to Venezuela, or Brazil or Bolivia or Ecuador (or if you go and only stay at the resorts and the upper-class part of town), then you’re never going to know what to believe because the mainstream media is quick to repeat the manipulations ».

(http://towardfreedom.com/home/content/view/1549/1/ )

Beyond Elections - Extraits

Autre interview récente (5/04/09) de Michael Fox à Truthout

03 avril 2009

Sous le couvert de Ma Prunelle



Pour le nuf et pour le fun.

L'appétit vient en mangeant, qu'y disent... En tk, après avoir goûté et apprécié la vidéo de Bucky & Bonny play Lucinda
, ça donne envie, en effet, de se dégêner les babines, sinon les babioles. Et tant pis pour les cordes qui pètent (trop drôle) ou les notes en retard! Ainsi, sur une chanson du temps des sucres - « Et le temps défilera comme la sève » - , j'ai pensé agrémenter votre vendredi souère par ceci (: - vous remarquerez les efforts consentis à la mise en scène et me pardonnerez d'autant les bouts où je ne suis pas pantoute sur le temps -:) Ha!
ciao,
jack



Merci à Bonjour Brumaire,

Carnets pelés 26 - « Debout les pâmés de la terre! »

Depuis mon déménagement  à l'été de 1989 sur la rue Ste-Clarisse, je n'avais pas fouillé dans mes boîtes d'archives remplies de fossiles débraillés, empilées dans le fond de la cave humide.

Vois-tu, je suis en plein élagage. J'ai déjà largué cinq caisses. Mais rien n'y paraît et je suis découragé!

Mon tempérament inquiet fait en sorte que je garde tout et plus encore : la strate poético-socialiste du CÉGEP, la mélancolie de mon séjour dans le Sud et toutes mes lettres d'amour, la filature philosophico-noéma-noématique de l’université, les agendas de mes longues années de services à Chaos publics, les simagrées et pattes de mouche des séminaires de recherche, les textes radiophoniques de Train de nuit, les factures de Bell, les cahiers littéraires du Devoir - une vraie maladie!, les journaux de bébé, les trois lettres aux lecteurs publiées jadis dans les quotidiens de la province, les cartes de souhaits que m'envoie ma marraine, etc., etc., etc.

Au milieu de ce salmigondis, il faut te figurer une chemise orange, format légal, qui porte ton nom.

En l'ouvrant, on trouve d’abord une photographie de toi grossièrement découpée en forme ovale, suivant le contour de ton dos courbé, - tu portes un t-shirt blanc parfaitement usé -, jusqu'aux rebords d'un chapeau de brousse tacheté brun, sous lequel tu rigoles excessivement. Au-dessus est collé un tapis volant de sultan.


Tu planes dans le flou!

Cette photo n'est qu'un élément parmi une population d’artefacts inusités, le tout constituant un collage au verso d'une grande enveloppe blanche avec des dessins et des lettres d’imprimerie qui forgent des slogans posés de travers tels que "Debout les pâmés de la terre!"

Une interview de James A. Michener tirée d'un numéro de Playboy accompagnait l'envoi ce jour-là. J'y ai appris que ce populaire auteur affectionnait, tout comme moi, le jus d'ananas. Il déclare par ailleurs :

« I do have wonderful respect and love for the old days.
I try to figure out what people were like and how they manages
then. »

Il fut un temps où tu m’écrivais tous les jours.

Photo : jd.