08 avril 2009

Sous lesTropiques de la riche pauvreté

La traversée du littéraire n'est pas pour les chamots. Je suis assis sur le trône comme un roi. Les cris perçants des mouettes me parviennent ce matin en zigzags et le fleuve s'ouvre dans ma tête. Le monde est dans mes oreilles. Où est mon chamois ?


Lu en quelques repères biographiques, et j'en conclus provisoirement que l'Ange des livres est une espèce de Cadet Roussel subtil dans les librairies du vaste monde.


Cadet Rousselle ne mourra pas, (bis)
Car, avant de sauter le pas, (bis)
On dit qu’il apprend l’orthographe
Pour fair’ lui-mêm’ son épitaphe.
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !


Noté au passage cette belle phrase que je décolle de son contexte :

« En leur riche pauvreté, les mots toujours conduisent plus loin et ramènent à eux-mêmes; ils se perdent et se retrouvent; ils filent à l'horizon en dédoublements répétés, mais reviennent au point de départ en une courbe parfaite... » (Michel Foucault, Raymond Roussel, Gallimard. 1963, p. 23).


Espace, gazon, frémilles dans les jambes, mouvement intérieur, tordeur dans nos bouches, clignement de cil, voile au vent, espèce de papillon, va !


Espace, mouvement, : « (...) son lien à ce qu'il dit peut se métamorphoser sans que sa forme ait à changer, comme s'il tournait sur lui-même, traçant autour d'un point fixe tout un cercle de possibles (le "sens" du mot comme on disait alors), et permettant hasards, rencontres, effets, et tous les labeurs plus ou moins concertés du jeu. » (idem)


D'où les « tropes » des élégants grammairiens, ces poissons gantés, figures de la rhétorique, non pas pour l'épaisseur du catalogue des paroles qu'elles imposeraient dans la brume des classifications canoniques, mais plutôt pour l'effet sur la chair, les petits brûlements, les craques dans la tête « (...) comme un blanc ménagé dans le langage, et qui ouvre à l'intérieur même du mot son vide insidieux, désertique et piégé » ( p. 24) : catachrèse (aile de moulin, lèvre d’une plaie...), métonymie, métalepse (mobiliser l'imagination, Woody Allen) , synecdoque, antonomase (poubelle, silhouette, un don Juan, un harpagon, un bordeaux, le macadam...), litote, métaphore, hypallage (« Un vieil homme en or avec une montre en deuil » - Prévert), etc.


Et qui vivra verra.


1 commentaire:

gaétan a dit...

Tout en image j'ai lu le premier pare-agrafe.