31 mars 2013

Lettre de ma Cambrousse

Au début de ce mois, j'ai été fêté, mais pas à peu près, au beau petit bistro-resto Sur la rivière près de l'Usine C.  Surprise totale! Beaucoup d'amour, ma blonde, mes filles, ma marraine, mes amis... De la musique et des chansons!  Magnifique soirée.  

Par les bons soins de Huguette Desmarais, ma cousine plus que germaine avec qui j'ai grandi, il y a eu, entre autres, la lecture de cette lettre de ma Cambrousse qui m'a beaucoup ému. J'ose partager à qui le voudra ces bons mots, oubliant un instant que c'est de moi qu'il s'agit, n'oubliant pas que c'est surtout mon univers le plus grouillant de racines qui est ici, en toute simplicité, si bien évoqué.        



Naissance d’un poète
Cher Coco,

Le six mars 1953 était une journée spéciale à Béthanie, car elle a vu naître un petit bonhomme qui deviendrait un philosophe, un poète, un papa et bonheur suprême, un adorable grand-papa!

Jacques, tu qualifies Béthanie, petite municipalité des Cantons de l’Est, de cambrousse.
Tu ne parles pas à travers ton chapeau puisque tu as grandi sur une de ses terres rocailleuses, mais productive grâce au laborieux travail de ton père Doloré.
La cambrousse n’a aucun secret pour toi, tu l’as explorée de fond en comble. Elle comprend l’érablière, les champs, les tas de roches, l’allée des vaches, les cerisiers, les vieux pommiers, les talles de framboises et de gadelles sans oublier le magique étang des grenouilles et le ténébreux petit cimetière.
Huguette, auteure de la Lettre de la Cambrousse. Photo J.A. Atkins

Le rituel des saisons te ramène à tes racines. Je t’entends bardasser pour entailler tes érables et semer ton jardin. Je te vois te pencher sur un brin d’herbe ou tendre l’oreille pour identifier un oiseau. J’envie le regard que tu poses sur tes pivoines parfumées, sur tes pensées veloutées ou sur de simples craquias. Quand tu en as la chance, tu contemples les couchers de soleil et la danse des mouches à feu à la tombée de la nuit. Toi-même bel oiseau de nuit, tu as apprivoisé ces heures où la quiétude s’installe pour laisser aller ton imagination toujours fertile.

Très tôt, j’ai eu l’intuition que ce gamin curieux étendrait ses horizons en gambadant hors de sa maison loin du chemin, pour explorer les relations humaines du nid familial jusqu’à l’infini.

J’épiais de loin tes explorations à pied ou à bicyclette pour aller fraterniser avec tes voisins, avec tes amis et pour résumer, avec tous ceux qui croisaient ta route. Toujours débordant d’énergie, tu trouvais des prétextes pour sonder le cœur et l’âme humaine avec humour et amour. Le 1er avril, tu ressuscitais le légendaire Barbotte. À l’Halloween, tu frappais à la porte des chaumières pour recueillir des brins de jasettes.

Je me rappelle aussi que tu expérimentais l’éthique et les sciences humaines avec les animaux. Sous ton aile, le radet de la portée s’est métamorphosé en cochon savant. Chaque matin, Arnold, ton fidèle compagnon, t’accompagnait jusqu’à l’autobus.

Tu as plusieurs cordes à ton arc. Je sais que la musique te charme à cause d’un gène que ta mère t’a légué. Tu as découvert ton héritage en zieutant Béatrice pousser des airs avec son harmonica et en écoutant les microsillons sur le petit tourne-disque noir. À ton tour, tu joues de l’harmonica, de la ruine-babines et de l’accordéon. Vu ton âme de poète, tu savoures les mots les ritournelles et les gens qui maîtrisent cet art.

J’envie ta mémoire phénoménale. Déjà, de ta chaise haute face à la fenêtre, tu surveillais la venue de ta mémère Favreau qui de loin te saluait de son lumineux sourire. Cette boîte à souvenirs abrite l’essence de tes ancêtres, l’amour de ta famille, la chaleur de tes amis, la solidarité et la connivence de tes collègues ainsi que tous les évènements marquants de ta vie. Il te suffit d’une odeur, d’un son, d’une couleur et vlan! Tu y puises l’émotion ressentie initialement, tu la contemples, tu la cajoles tu y ajoutes les mots de la précieuse langue française brodés avec toute ta passion et tu offres tes créations afin que l’émotion circule dans une longue chaîne humaine remplie de beauté et d’amour.

C’est un immense privilège pour moi la cambrousse de t’avoir vu grandir, de te côtoyer, de partager tes souvenirs, tes projets, tes silences et d’être ton inspiration. Le temps passe tellement vite en ta compagnie.

Bonne fête mon Coco! Je t’embrasse fort!

Ton adorée cambrousse des marais


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