Salvador, 14 février 2007
J'ai demandé à Rita si elle voulait m'apprendre une chanson que j'ai attrapée au vol, sous-titrée en français, dans le document majeur, fouillé, émouvant et passionnant de Darcy Ribeiro (1913-1997), O povo Brasileiro (2000). Cette chanson, connue par Rita, elle s'insénue parfaitement bien dans les moindres plis de l'esprit de mon juke-box du moment :
"Souriant
j'ai l'intention de vivre ma vie
Car pleurant
j'a vu ma jeunesse se perdre
Finie la tempête
Le soleil viendra
Finira ma tristesse
et j'aurai un nouvel amour
Souriant
j'ai l'intention de vivre ma vie (...)
J'ai dit, veux-tu Rita?
Elle a dit :"Transmettre ma culture est un plaisir".
Ribeiro, anthropologue, ethnologue, sociologue, politicien et donc un peu philosophe, tisse dans ce document la thèse de l'inédit du peuple brésilien. Il pose au départ une question bien québécoise : Que sommes-nous donc, Brésiliens? Avec rigueur et lentement, chacune des tresses du peuple (amérindienne, portuguaise, africaine) sera passée au peigne fin sur fond d'archives d'une profonde pertinence. C'est le document à visionner pour commencer à comprendre ce grand pays grouilleux, métissé et original.
Dans un de ses vers, le poète bahianais Caimi utilise une rime trilingue :
Abeeté (rivière au sable blanc en tupi)
Betucajé (mot africain d'origine bentou)
Quizé (mot portuguais.)
"Nous, Brésiliens, somme la chair des nègres et des indiens suppliciés. Nous, Brésiliens, sommes également la main possédée qui les a suppliciés. La plus tendre douceur et la plus atroce cruauté se sont mariées pour faire de nous l'être froissé et patient que nous sommes et l'être insensible et brutal que nous sommes aussi."
Voici résumée en quatre lignes graves cette terre de douleur dont me parlait Claudio dans ses lettres avant que je vienne, terre de douleur qui enfante l'impossible bonheur, en tous cas, elle donne le goût de vivre.
Souriant,
j'ai l'intention de vivre ma vie.
1 commentaire:
de toute beauté !
vivant Jack
sous le soleil
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