13 septembre 2007

Trintignant et son Renard à Montréal : « Un oiseau s'est jeté par la fenêtre »



Si les mots de Renard n'avaient pas été fins, je me serais ridé ce soir avec Trintignant, Jean-Louis Bérard, Hélène Fillière et Manuel Durand. Je me serais dérusé et serais devenu méchant dans le poulailler aux cent oreillers.

Dès les premiers répliques ou aphorismes plutôt, on se déride au contraire. Excepté peut-être les têtes blanches n'ayant jamais eu par la figure de second début. D'ailleurs, c'est ainsi : il s'en trouve des si vieux que « tout ce qui sort de leur bouche, ce sont des paroles historiques »!

La méchanceté naturaliste de Jules Renard est si drôle, en particulier envers les morts et ceux qui sont censés l'être, qu'on peut, en effet, mourir de rire.

Mettons que j'exagère. Car ce n'est pas ici de l'humour plié en deux qui vise le bas de la ceinture et le fond du tiroir-caisse. Ce sont des mots d'escrime qui en se déloussant par la fenêtre de l'esprit provoquent un rire qui ravigote entre les branches de l'absurdité.

En fait, bien avant le pied de la lettre volée de Freud, il me semble qu'on a ici un inconscient qui a établi un rapport avec le mot d'esprit.

On trouve aussi chez lui quelques traits de vaches bien vifs, des images de semeurs aux gestes augustes, quelques lunes aux poils de carotte qu'on fait mirer dans un seau pour ainsi n'avoir qu'à se pencher pour les ramasser.

*

Sans blague, c'est si drôle et cynique cette lecture de fin renard que je me demande bien comment le Jules de Juste pour frire a bien pu laisser échapper dans les mailles du petit FIL un si bon show.

Quelques traces de mémoire, pêle-mêle :
« Le cheval est le seul animal dans lequel on plante des clous ».
« Il a tellement de cheveux blancs, plus que tous ses cheveux. »
« Le fils de Verlaine ressemble-t-il à Rimbaud? »
« Vous avez la peau très blanche. — Oui, mais c'est très salissant ».
« Un borgne est un infirme qui n'a droit qu'à la moitié d'un chien ».
« On dit que l'argent ne fait pas le bonheur. Alors, rendez-le! »

Une pour Gilles Latulipe : Il y a deux ans que je n'ai pas parlé à ma femme.
— Pourquoi?
C'était pour ne pas l'interrompre. (Les guillemets sont de mise, mais je n'insiste pas).

Au demeurant : « N'importe quelle idée nous semble personnelle dès qu'on ne se rappelle plus à qui on l'a empruntée ».

Adaptation à la Pérusse : une fois c't'un gars qui arrive chez eux paqueté aux as. Tout tourne autour de lui. Il reste planté dans le salon. Après un moment, sa femme lui dit : Chéri, viens-tu au lit? Le gars répond : Oui! Oui!.. J'attends qu'il passe...

Une pour ma blonde : « Ronfler, c'est dormir à voix haute ».

Pour les étudiants de philo (s'il en reste) : «Que pensez-vous de Nietzsche? Il a trop de lettres dans son nom ».

***

Le spectacle « Le Journal de Jules Renard » avec Jean-Louis Trintignant créé au Petit Hébertot, à Paris, présenté en première nord-américaine dans le cadre du 13e Festival international de la littérature (FIL).

Du 12 au 16 septembre 2007 à la Cinquième Salle de la Place des Arts

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Les citations sont drôles !