31 août 2008

Tu te souviendras de la neige (bis)

En reprise, avec quelques corrections.




Pourquoi c'est faire, tabarnac!
ce grand détour au bord de la crise de narfes?

Ça devait bien finir par chauffer
ta sale brûlure,
ton cas de chevreuil perdu en ville, dans la sloche
ton spasme de vivre
comme un calvaire égorgé?

Tu te ronges au sang
chaque fois qu’une sirène retentit dans la rue?

Hiver de pattes décousues, trouées,
jusque dans tes tatoues...

Vieux schnoque pus de poche!
Ton regard est moche, tes yeux se dévident.
J’ai envie de t’arracher les bras, câlice!
Tu meurs!

OK. Tu n’as pas le sida!
En tous cas, pas aux dernières nouvelles.
Tu te tiens où là? Avec les chômeurs de la Maison de la Plaie?
Maudit! Et pis c'te tas de dope qui traîne?
De la petite poudrerie pour garnir tes moments creux?
Pauvre petit garçon!

T’as volé la vieille Clark. Encore une fois. Elle le sait.
Tout le monde le sait! Crisse que t’es chien!

«Il aurait fallu cribler de balles l'Ancien Monde ou bien inventer une philosophie avec des ventilateurs, des séchoirs, des hélices, des battants d’ailes dedans pour couvrir le bruit du réel. Inventer une nouvelle carte pour fureter à pied, la nuit, le long de tes pensées aux lignes de fruits, aux crêtes d'exil, aux arômes d'espoir... »

Ça, tu disais ça il y a bien des Noëls!
Quand tes caleçons étaient encore blancs!

Il aurait fallu avoir à proximité du crâne une belle speakerine éolienne
juste pour toé, jour et nuite! Une petite puce qui t’entortille, qui ne te pousse pas dans le dos, qui te sussure des mots de source d'alouette à la radio : va, va, ma petite Jeannette, va, va, le beau temps reviendra...

C’est extraordinairement tout croche chez toi!
C’est rideaux nicotine tourmentée aux brûlures de toasteur,
c’est prélart invisible noir, miettes partout, de la bière sur tes disques, cimetière échevelé... Tu dors où? Avec tes manteaux, tes journaux, ta batterie défuntisée sur le lit? J’hais ça venir icitte! Please, appelle moé pus à quatre heures du matin! D’accord, ta lasagne était bonne. Madame Clark, hein? J’ai tout bouffé quasiment... Pendant que ton squelette s’énerve, spine, creuse,
pendant que tu pompes, que tu crosses l'air, baptême! pour l’alambic fissuré de ton cerveau égaré sur une autre planète,
qui n’est même pas une planète,
juste une ostie de lubie qui croque des billes à flash à grandeur de journée...

C’est ta malade de guerre, mon pote,
mon cher gringalet déshabité, immobile, testament à ciel ouvert...
C’est le temps texturé mauve sucé longtemps
dans ta cage de vieux garçon qui pue.

Excuse-moi!
Mais je t’en veux de ne plus être là, excepté ta merde!

C'est même pas la poudre qui te cause tes plus grands dégâts!
Je l'ai lu encore hier soir.

Nous excavons la nuit mon ostie de parti
dans le puits j'sais pas trop où!
Reste tes vers à chou avec qui parler?
C’est ben intéressant!

C’est comme ton St-Artaud de bambiboche, ton athanor
avec sa manie de parler à ses petits pois...

Dans le fond mon twisteux,
penses-tu que je m’en crisse pas cent milles à l’heure?

Vive le jazz, ciboire! Tiens! Là, tu bouges un doigt au moins...
Eux autres, ils se tiennent debout! Font pas juste se shooter : ils tirent!

«Josée Yvon aussi », que tu dis?
Last call Jojo! La grande Maniaque des nuits déviargées
de putes collées au Rococo bar...

Tu me roules une cigarette?

...

Je suis entré par le côté. Ton garage ressemble à un abattoir!
Viarge! Depuis combien de temps qu’ils sont morts tes chiots?
Faut les crisser aux poubelles! Anyway, je l’ai faite!

Être crotté de partout. Sans exception! R'garde-toé!

« Ne plus voir la peine, ne plus sentir la pluie ni la solitude dans la béance sans dieux.
Ne plus se souvenir qu’on est seul comme un bardeau parti au vent
et qu’on pleure sec comme une fontaine qui n’a plus de lèvres. »

Kiss que t'écrivais bien, mon Pit!

Vlà que tu traverses la ville sans tes livres!
Roches encombrantes, dis-tu. Tu dépatines.
Tu ne penses qu’à nourrir le feu dans tes veines extrêmes.
Urgence mathématique. Je sais. Je sais.
Déjouer les cordes du diable en se garrochant dans l’enfer.
Gros soleil noir d'acier dans les filets raides du jour sans jambes.
Il faut marcher pourtant. C'est lourd ce corps qui ne t'appartient plus.
Midi passé, pigeons inutiles, une gueule de singe enflé, inquiet,
des bœufs partout...

« C’est le darnier, darnier voyage, je te l’jure! »

Fais-moé un garo!

Puis, se dessine enfin la coulisse blanche en plein Marché Jean-Talon.
Délivrance de charbon. Ta seule lumière fixe.
Pas trop de soleil. Pas trop de soleil! Tire les rideaux!

Mais tu ne passeras pas la nuit sans fouet, la jarre est vide à nouveau, et voici que les grands chevaux de l'usurière rebondissent sur le sofa, rentrent leur museau de suces sous les pierres de ta peau, je sais, attends que je t'éponge le front...

On change de track mon smartie?

Je te mets Abbey Lincoln. When you give a dance...

Tout à l’heure, tu vas vomir sur le tapis toute la suie de ton coma laiteux, m'entends-tu?
Avec un triple désert qui se mire dans ta voix fauchée d’enfant irrésolu.

Les mots et même l’écume ne veulent plus rien savoir de ton cinérama
d’écrivain givré, frostré à l’os.

Une apparence de petit oiseau à gogo
sur une branche morte. Voilà ta main qui tremble.

Alors tu craches du carnaval dans ton âme avec des morceaux de glaciers venus de l’enfouissement de l'oubli de toi-même
sous les neiges coupe-gorges d’une langue sans mots...

Quoi? Le feu?
...



Tu veux un pamplemousse rosé?
T’es malade, mon Capitaine!

(De la cuisine)

T’as pu de cuillers propres...

Je me prends une bière avec, OK?

Est-ce qu’il te reste de l’eau de javel pour ton médicament?

Montréal, oct. 2003.


Photo du haut : Francis

Aucun commentaire: