18 août 2008

L'après slam-cadeaux, scène de rue...

En tout cas, c'est passant et c'est mon sentiment de penser qu'à l'angle des rues St-Denis et Mont-Royal, on se trouve au cœur du cœur le plus palpitant de la ville dans son expression française.

Je me trouvais donc après le slam chez Azir avec les belles d'Oka.

jd et Mély à l'angle... Photo : Nina Louve

Après, on a devisé sur le trottoir alors que les échos d'un groupe de la Louisiane nous parvenaient de la porte voisine du Quai des Brumes.

Je leur racontais mes espoirs. Puis, comme je le disais déjà, voilà que ça cogne dans mon dos. Je me vire de bord. C'est Carmen Guérard qui apparaît! Je ne l'avais pas revue depuis sans doute une Grande Rencontre de jadis.

jd et Carmen. Photo : Nina Louve.

Carmen est mon ancienne prof d'accordéon diatonique, «à pitons». C'est Danièle Martineau qui nous avait présentés. Élève de Philippe Bruneau et de Jean-Claude Bélanger, Carmen a maintes fois représenté le Québec à l'étranger. Ses doigts de fée brodent des airs de feu selon une vitesse d'exécution que je suis bien incapable de saisir.

Un jour, j'ai vu un accordéoniste hollandais en show à Montréal. Un as accompagné d'un ange au violoncelle. Son nom m'échappe. Il intégrait à son jeu quelques pièces du répertoire québécois en remerciant haut et fort Carmen Guérard de les lui avoir enseignées.

Pour ma part, j'ai été un piètre élève et n'ai jamais dépassé plus de cinq pièces, dont le reel du cultivateur. Mais j'ai aussi appris et retenu de Carmen le pas de base du tapage de pied. Des fois, quand je suis énervé au bureau, pour passer l'énergie ailleurs, je me fais une séance de 1-2 /1 (pied droit 1=pointe, 2=talon /1 (pied gauche à plat) = ta-ta Ta ta-ta Ta.................................

Un samedi matin alors que j'étais chez Carmen, le téléphone interrompit la leçon. C'était son amoureux de France qui lui annonçait que tout était réglo et qu'il pouvait enfin venir s'établir au Québec. Je vis monter sur son visage une telle luminosité, un vrai moment de grâce. Reprendre l'accordéon était gênant. À l'automne, il y eut des noces quelque peu bretonnes dans un appartement de l'Ouest avec des membres de Ad vieille que pourra...

Depuis toutes ces années, Carmen poursuit son engagement profond pour la promotion de la danse populaire au sein de la SPDTQ, accompagne les danseurs aux Veillées du Plateau (cf. interview de Carmen à CIBL, oct. 2006) et, suite à un séjour en France, elle me mentionne avoir ces derniers temps beaucoup travaillé la flûte à bec.

Carmen sur CD, dans le catalogue de Trente sous zéro : TB-206-CD, La gigue du Plateau
(La gique du Plateau Mont-Royal à Carmen Guérard).

Pour aller aux sources de la musique québécoise, fortement enrubannée d'Irlande, mais rebrassée vive par le swing québécois plus jazzé - présent chez la famille Soucy jusqu'à la Bottine -, on aimera entendre Jean-Claude Bélanger dans le bref interview qu'on trouve à la Phonothèque du son : Avènement de la spécificité de la musique traditionnelle québécoise avec la famille Soucy.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

lettre à Simon Gauthier, conteur

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chansons de pierrot
paroles et musique

1- MON ARRIÈRE GRAND-PÈRE

Cher Simon,

C’est au crépuscule d’une vie d’artiste qu’on voit surgir au fond de soi ces quelques légendes familiales hors temps, hors réalité, hors servitude, qu’on réserve pour ses petits enfants, comme un héritage de poésie au quotidien.

Enfant, je demandais souvent à mon grand-père de me raconter comment c’était quand il était petit comme moi. Y commençait par dire: si y avait pas eu l’accordéon à pitons de ma mère, y a des Noel qui auraient été ben tristes. Y prenait une grande respiration pour dire l’essentiel en un minimum de mots pour qu’un jour je le conte moi aussi quand je serai vieux. Y me disait: Moi je le raconte parce que je l’ai vécu, toi, un jour, tu vas le conter parce que je te l’ai raconté.

Mon enfant, qu’y disait, ton arrière grand-père déblayait de la neige sur le toit. Y est tombé pis y s’est transpercé le corps par un bout de piquet de clôture. Dans ce temps-là, c’était le bois et y avait pas de médecin. Le soir de Noel, y dit à ma grand-mère: sors ton accordéon à pitons, joue de la musique pis fais danser les enfants pour m’aider à passer à travers. Et mon grand-père Lucien de dire: Je revoit encore ma chère mère, la pipe à la bouche, une larme au coin de l’oeil, l’accordéon à pitons, pis nous autres les frères et soeurs faisant une ronde en pied de bas. C’est la musique qui nous a sauvé du désespoir mon petit gars.

Aujourd’hui, Simon, je réalise que mon grand-père Lucien avait raison. J’aurais aimé te raconter l’histoire de l’accordéon à pitons de mon arrière grand-mère. Mais j’essaye de pas trop mettre de mots boutte à boutte pour ne pas trahir la légende de l’arrivée de la musique dans la famille Rochette

Pierrot
vagabond celeste