17 août 2008

Slam- cadeaux, prise off : passeur de mots

Nous ne nous étions jamais vus, seulement écrits. Nous nous sommes dit nos noms respectifs au premier regard : Daniel? Jacques. Nous devions monter au Vys. Mais Daniel Guimond ne pouvait plus assister au slam. Il avait quand même pris le temps de m'attendre là, en bas, pour me donner le cadeau qu'il me destinait.

La destinée... «Rien ne vient de rien, rien ne retourne à rien», écrivit Lucrèce et tel que cité par Guimond lui-même. Je l'ai dit souvent ici : j'aime beaucoup les textes de Guimond. Si bien qu'un jour pas si lointain, je lui ai demandé de me préparer un paquet, je lui achèterais tous ses recueils (cf. bibliographie plus bas). Or, dans le cas de figure «auteur», je dois dire que sa réponse fut imprévisible. Il me répondit ceci :

«Je te les offrirais volontiers, mon cher Jacques, mais je ne les possède même pas pour moi-même. Par contre si quelqu'un en a c'est le CHERCHEUR DE TRÉSORS, rue Ontario. Le libraire de Denis Vanier, Denis habitait juste au-dessus, et moi j'ai vécu entre les deux, la dinde de la sandwich, pour une courte période, c'était en 1995, l'année où je suis revenu de Vancouver. À force de voyager comme je l'ai fait, on se désattache aux choses, et j'en suis rendu à ne plus ramasser de livres, pas même les miens...»

Et c'est là-dessus que le cadeau s'est annoncé :

«Ha oui, j'ai (...) deux cadeaux cool pour toi, il me reste une copie de SCRAP, la première revue Xerox au qc, que j'éditais cicrca 1979, où Beausoleil, Daoust, Francoeur, Kantor, etc. se côtoient. (...) Je viens de déménager et je suis tombé sur des vieux Hobo-Québec de 78-79 avec des textes de Vanier et Josée Yvon qui ne sont pas repris dans leurs livres, je vais te préparer un petit paquet. Cela sera un honneur...»

C'est avec ces hobo que je suis monté au slam. Je les ai déposés sur la table basse, devant les banquettes. Un jeune spectateur tout près est venu les feuilleter. Il m'a demandé si ça slamait «dans ce temps-là».





J'ai à peine eu le temps de feuilleter moi-même ces revues. Je prends le soin de les dénicotiniser un peu avant. Je les ai mises à l'air, mais bien à l'abri. Je sais qu'il y a là-dedans de quoi m'intéresser, des filons à déterrer, de très belles photos comme celle de Vanier avec Bourgault.

J'ai passé mes 20 ans en dehors de Montréal et selon mes antennes, la revue Mainmise fut plus visible que hoboquébec. C'est un très beau cadeau. Guimond!

Dans le numéro double 38-39 (aut. 1979), il me semble que je repère sa photo de jeune «performeur». Dans la lignée de Vanier et Josée Yvon. «Rien ne vient de rien, rien ne retourne à rien»
























hoboquébec # 38-39, 1979, tiré de Guimond


Aux Écrits des Forges
Les Alentours, 1997
Continuum, 1991
Ne Jamais Rien Dire, 1989

Faim Plastique, Éditions Cul-Q. 1978. Montréal.
Pourquoi cela n’arrive qu’à moi ?
Éditions Balzac-Le Griot. 1999. Montréal, Paris.

À Paraître
Les Amours de Traverse, Poésie
Une Réponse au Monde Inquiet. Roman
Le Journal d’Amanda. Roman

Photos : Nina Louve

2 commentaires:

Nina louVe a dit...

Précieux que de recevoir les souvenirs sacrés d'un poète qu'on estime autant...

C'est comme si, en feuilletant ces pages offertes ce soir-là, j'avais moi aussi, eu le privilège de revisiter une journée de la vie de Guimond.

Merci à lui et à toi

Jack a dit...

Derrière les livres, les revues, les poèmes, il y a effectivement les humains, les journées dans la vie des hommes. On oublie souvent cela. Merci pour les photos. Merci de m'avoir permis de t'embrasser quand même...