11 septembre 2009

L'Armée du crime


Foix, 3 juillet 2009

Il y a une foutue lettre à la fin.

Vu en avant-première ce film du Marseillais Robert Guédiguian (Marius et Jeannette) au Festival des Résistances de Foix, en Ariège Pyrénées.

Présenté hors compétition à Cannes plus tôt ce printemps, le film prendra l'affiche des cinés français le 16 septembre. J'espère qu'il atterrira sur nos écrans bientôt. Il en vaut la peine.

Le film aborde de façon originale la Résistance française sous l'occupation nazie.

Max Biro m'a dit au sortir de la représentation qu'avant 1944, les Français n'étaient pas massivement présents dans la Résistance. Et l'on n'a pas clamé sur les toits la bravoure des étrangers!

Or, justement, le film met en scène les jeunes combattants du groupe dirigé par le poète ouvrier Maniouchian, majoritairement constitué de ressortissants étrangers ayant fui les chiens meurtriers du fascisme dans ses diverses variantes européennes.

La trame du film nous fait plonger dans le quotidien de ces jeunes avec leurs familles, amours, poésie, témérité... Rien à voir avec l'image du résistant froid, coupé de la vie réelle. On s'attache à ces personnages et l'on souhaiterait que la fin connue d'avance soit miraculeusement différente. Ils seront torturés par leurs geôliers français, puis fusillés alors qu'on a placardé leur figure de terroristes étrangers partout en France sur la célèbre «affiche rouge».


À mon humble et naïf avis, ce film nous aide à comprendre comment l'engagement radical de «légitime attaque» se déclenche d'abord et avant tout par une réaction humaine ou trans-humaine de révolte et d'indignation, alors que d'autres à côté sont cloués par la peur, ou bien vaquent à leur occupation, ou encore, à l'opposé, prennent le parti des fachos et du crime.

Mon ami et éditeur Jean-Paul ne considère toutefois pas que le film, d'un point de vue politique, apporte de l'eau au moulin pour changer notre aujourd'hui. Rappelant l'hommage au groupe des 23 que fit Aragon en 1955 avec le poème « Strophes pour se souvenir » , il écrit :

« Nous sommes aujourd’hui très très loin du contexte de 1956, et tout comme il ne sert à rien en Italie, pour les démocrates, de rappeler qu’ils furent un peuple d’immigrés, dans le but de contrer les discours xénophobes actuels de Berlusconi, rappeler les mérites de Groupe Manouchian, dont bien sûr je suis un admirateur, ça ne changera pas les idées de celui pour qui l’Etranger est un concurrent (réel ou mythique) sur le marché du travail. Que faire alors ? Voir le film pour le plaisir de chanter le passé, et creuser les tunnels d’un avenir solidaire en chantant les plaisirs d’un présent en mouvement. C’est ce mouvement concret qui mérite l’effort de nos inventions.» (18-07-2009).

Je reviendrai pour ma part, même s'il n'est question que d'évoquer, à la lettre d'adieu de Maniouchian à Mélinée, son amour, avec laquelle le film se termine et nous laisse, faute de dire mieux, avec la poésie sur les bras.

«Adieu la peine, adieu le plaisir, adieu les roses, adieu la vie, la lumière et le vent...» (Aragon).

















Jacques et Marie-France à Foix. Photo : J.-P. Damaggio



Au Centre culturel, lors de la représentation : Marie-France, Jean-Paul, Monique et Max.



Note : la bande affiche est sous-titrée, l'originale n'étant pas intégrable en dehors You Tube.

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