Les feuilles tombent, inéluctablement, je suis même en retard, je ne suis pas pressé; je n’aime pas toujours ce verbe-là, sa sonorité, bien que ce soit naturel. Comme les chevreuils, le cerfeuil musqué et soi-même. Et les enfants. Ce n’est pas moi qui ai inventé le langage qui creuse. L’heure de tombée. Louis Aragon, le poète de l’Affiche rouge, a écrit : « C’est de la mort que renaît toute chose ». Oui, mais, sans l’aide de personne, il faut déjà tourner la page de l’Octobre et de ses ors que j’aime d’amour. On peut aussi espérer tomber en amour. Tant qu’à avoir mal... Cet automne, les épervières traînent comme des petits soleils qui résistent! Je n’avais jamais réalisé cela auparavant. Les épervières dans ma tête, c’est pour les éperviers au printemps. J’étais parti à la chasse dans le haut côté de ma vieille maison natale abandonnée, avec ma Shopvac, la chasse aux coccinelles asiatiques; dans le brouhaha, une feuille chambranlante d’un livre sur une chaise s’est tout à coup détachée en rasant le mur jusqu’à mes pieds... Il s’agit d’une annonce du volume 2 de Poèmes et Chants de la Résistance insérée, début 70, dans une publication de la série dossiers de Québec-Presse. J’étais abonné. J’étais fan. Mon étonnement fut grand. Assez pour repenser à Carl Gustave Jung. La coïncidence, c’est que, il n’y a pas dix jours, j’ai cité en marge des prisonniers politiques catalans l’existence des Poèmes et Chants dont j’ai vu une représentation à Sherbrooke! Bien! Je me suis contenté. Car il faut faire avec. J’ai décroché le magnifique calendrier des Mordus de la photo de Béthanie qui immortalisent avec brio quelques instants de lumière de mon pays. Et puis, toutes voiles dehors, ajoutant un peu de soie d’Amérique, j’ai fait cette photo. J’ai perdu la punaise dans l’herbe. Ce fut mon poème.