26 novembre 2009

Les rapailleurs à Québec my Love.

Je ne fais pas vraiment de palmarès, j'aime trop le monde, tout le temps. C'est une question de métaphore.

Puis, on bouge sans nécessairement se renier. À 17 ans, Ville Émard Blues Band à l'aréna de Granby, c'était pas mal enivrant. Je le pense encore. Charlebois au Centre Paul-Sauvé avec une tonne de boucane. Pauline & Jean-Pierre Ferland à la fête de Yves Thériault. Vigneault en coulisse à Sherbrooke... Les artistes sont là pour nous marquer. Puis nos cent milliards de neurones sont là pour établir chacune 10 000 connexions.

Alors, les coups de cœur viennent et vont...

Mais quand j'aime une fois...

Or, il est vrai que j'ai pu affirmer à Pierre, Jean, Jacques que le Kanasuta de Desjardins au Spectrum était mon meilleur show québécois à vie.

Ben, là, hier soir, au Grand Théâtre de Québec, Les Douze hommes rapaillés, sobres, présents, habités par plus qu'eux-mêmes, vibrants d'amitié, maîtres chantres, ils se sont jouqués aux plus hautes corniches de mon humble Panthéon personnel.

À plusieurs reprises pendant le spectacle, à travers la lumière bleutée, je sentais mon cœur battre jusqu'au bout de mon gros orteil me répétant à moi-même : je suis en train de vivre de purs moments de bonheur.

Pourtant, la poésie de Miron est rude et mortelle. Ce n'est pas de la peinture de cabane à sucre. Mortelle au sens où personne ici ne se raconte des blagues sur les montagnes enjolivées, ni le poète, ni les audacieux interprètes ne se prennent pour Dieu le Père. L'amour, l'angoisse, la mort, l'espoir, les camarades, la femme comme médiation sur le monde, et le poids du monde.

Miron, c'est juste et beau. Comme la pluie qui bafouille aux vitres.

La critique du Soleil parlait de musique minimaliste pour border les textes. Ce n'est absolument pas mon sentiment. Il se trouve des complexités casse-cou dans la musique comme dans cette chanson inédite dont le titre m'échappe interprétée avec brio par le toujours très personnel Yann Perreau.

Louis-Jean Cormier (Karkwa), le réalisateur du disque et le chauffeur musical de cette aventure sur scène est vraiment poignant et extraordinaire.

Tous les gars, les «vieux», les jeunes, sont bons. J'ai particulièrement apprécié le trio Flynn-Séguin-Vallières qui y est allé d'un folk comme je les adore, senti et précis.

Enfin, sur le plan des rencontres et de l'amitié, sur le plan déplié des blogues-à-blogues, cette soirée est à marquer d'une pierre blanche puisque j'assistais à ce concert en compagnie de L, une «écrivailleuse » comme elle dit, en réalité une écrivaine de premier plan.

C'était notre première rencontre. Je retiens le pétillement de ses yeux et les milles parenthèses ouvertes en cours de conversation.

Au sortir du spectacle, nous parlions justement, El et moi, de Pierre Flynn. Et le voici subito presto à nos côtés...
Photo Jacques Desmarais

La poésie est le réel absolu.

Le hasard quant à lui, je veux dire son fruit, il nous est absolument nécessaire.

(Je ne me relis pas.)






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