04 octobre 2007

Le slam en France vu par Poétic Gladiator



En France, Pascal Perrot est un «silence égaré dans la neige». Il balance son nom de plume, Poétic Gladiator, sur les scènes où l'on accueille encore la poésie vivante, celle qui se dépêche en prenant soin de la lenteur imprimée il y a peu par l'urgentologue René Char.

Pascal est assez précis en ce qui concerne la hauteur de la poésie.

Il m'a déjà écrit ici même à Train de nuit pour exprimer sa réserve en regard du mouvement slam lorsque celui-ci pousse la prétention au dépoussiérage de la poésie sans connaître l'ampleur de l'insurrection ici et là.

Ce n'est pas l'expression libre de tout un chacun qui est en cause mais bien l'ignorance des coups de marteaux successifs ayant ciselé la poésie et qui lui donnent son impulsion vitale : «Qu'on prétende révolutionner, dépoussiérer la poésie sans avoir la moindre notion de jusqu'où celle-ci peut aller aujourd'hui ne manque pas de me surprendre. Poursuivre de telles aspirations en allant jusqu'à ignorer qui fut Pablo Neruda me semble tout aussi incongru que vouloir faire du rock'n'roll sans savoir que les Beatles, les Rolling Stones ou Presley ont existé. Ou du rap sans connaître 2 Pac, Snoop Dogg, IAM, NTM ou Notorious Big. Même si la couleuvre est dure à avaler, passons … Mais comment justifier que ceux-là même qui prétendent "slamer" soient dans une totale ignorance de l'histoire, pourtant relativement récente, du slam ?»

De blogue à blogue : la suite se trouve sur le blogue de Poétic.

En parcourant cet article, on remarquera le nom de Madame Nina Louve cité parmi plusieurs autres porte-plumes de la tribu impossible. Madame Louve, comme plusieurs le savent, a jeté sa tanière sur les flancs du lac d'Oka.

Mais voyons, est-ce qu'un lac a des flancs? C'est l'image de la bête qui me fait écrire cela. Je devrais peut-être plutôt dire que la Louve a creusé sa tanière sur les lèvres du lac d'Oka, à deux pas de la Sapinière.


Nina Louve devant son poêle 



cf. Le Mague Journal

25 commentaires:

Anonyme a dit...

Assez d'accord avec Gladiator.

Nina louVe a dit...

Madame Louve, comme vous dites mon cher Monsieur Jack (sourire), est fort surprise de se voir ainsi citée.

C'est très intéressant cette réflexion, cette analyse sur le slam. Pascal Perrot aura tout vu ça naître, au siècle précédent. Ici, l'automne dernier, toi et moi l'avons vu apparaître et puis grandir, ce fameux mouvement. J'ai les bémols que tu connais, les plaisirs que tu sais. Certains tics du slam m'irrite, me fatigue, m'embarrasse. Ce qui me fascine, c'est cet appétit du public pour les mots, le rythme, leur fidélité, leur joie si bien manifestée. On ne dort pas au gaz dans ces soirées. Je suis déçue que le mot poésie fasse fuir et frémir encore, qu’on y accole de vieux clichés vétustes. Les poètes que je connais, fréquente, aime aimer, sont tout sauf des cadavres mornes sur deux pattes. Ils sont vifs, ont faim de vie, vitalement les mots les habitent et ils savent les offrir avec tout l’impact possible.

Enfin, je ne peux que me réjouir de ce que slam suscite et… continuer de me questionner.

Anonyme a dit...

Excusez-moi du beaucoup...

C'est juste de dire que le slam est jeune en Nouvelle-France! Quiconque ignorerait la belle montée du St-Ciboire au Lion d'or, en passant par le Spectrum, Radio-Can, Tadoussac, eh bien, ça ne serait pas grave pantoute parce que tout commence ici... Et tout finira par un bec au Québec, comme dirait l'autre! Je pense aussi que la présence du père Smith à Montréal, père fondateur, a pu initier pour quelques-uns un contact de première main avec l'histoire du mouvement slam nord-américain. Ivy, le dégourdi, monsieur slam américa est pour sa part totalement sincère et il respecte le public, ce qui aiguillonne toute son entreprise. Reste que si on gratte un peu, si on prête l'oreille, les mêmes craintes apparaissent déjà à propos des poètes, difficiles à retenir dans le slam de l'aveu même d'Ivy. Certains «numéros» du slam peuvent être drôles, avoir du punch, ça défrise, ça pogne en masse, mais on n'est pas sur la track du déplacement d'air que la poésie de toujours insuffle. Poétic a raison de le souligner:la poésie ne s'est pas arrêtée à Rimbaud de même que la peinture ne s'est pas arrêtée aux impressionnistes ou à la cabane à sucre! La poésie ne s'est pas arrêtée à Gauvreau! Mais écrire de la poésie aujourd'hui sans savoir que Gauvreau à écrit deboutte au cœur des nénuphars, il me semble qu'on prend le champ, qu'on reste dans le vaque avec le risque de ne pas développer une voix personnelle. Au surplus, le problème est que Rimbaud n'est même pas un arc-en-ciel pour certains thuriféraires de la scène spokée, «ponctuée, storiée». C'est tout au plus un t-shirt. Comme disait récemment dans Alternatives le cinéaste Bernard Émond, nous subissons collectivement une profonde brisure, c'est voulu, avec le temps de la culture. C'est-à- dire avec à la fois le temps de la création et celui du mûrissement. Cela nous empêche de lire les oeuvres et de creuser les idées. Pour nous d'abord. Pour ceux qui suivront aussi. Car «nous sommes maillons de la chaîne» comme le chante si justement Félix. Au même moment, il y a dans l'écriture à la mode des reprises formelles du passé que je crois au mieux très naïves comme la rimette, par exemple, qui remet en scène, parfois avec des raccourcis faciles, la conception spontanée que le public se fait de la poésie. Est-ce qu'on dépoussière ce faisant la vieille reluqueuse? Celle que Platon ne voulait pas voir dans sa République? Tout comme de nos jours on ne voulait pas voir la rue derrière le rap qui jappe avant que le commerce ne s'en occupe? Mais si le public en veut? Dare-dare? Sautons... à vieux pieds joints.

«...qui mène tout droit à l’impasse
Qu’est-ce qui se passe,(...)
je reconnais plus mon espace
Espacez-vous, écartez-vous, dites-moi où est la lumière
J’ai besoin d’aide (...)
et ce sera pas la dernière
Je ne vois plus où je mets les pieds, ne me dites pas que c’est normal
Tout ce que je respire est inquiet, je sais plus ce qu’est bien et ce qu’est mal»
-Le Grand Corps Malade, Il a fait nuit toute la journée.

Anonyme a dit...

L'imposteur,le voleur de perches :
«Je ne crois pas au créateur qui accouche d'un monde... Nous sommes tous dans le recyclage de notre propre expérience (...),de ce que les autres ont fait»
- François Girard, Contact, télé-Québec, 4/10/07.

Karo Lego a dit...

ouououououuuuuo c'est de la puissante réflexion ça mais amis ! Autour de la table svp ! Appelez Bazzo et allons jaser poésie nénufardesque et autres importantiseries méconnues, mal-aimées, sans le sous mais pleines de vie !
Précieux Jack et ses amis ;)

Jack a dit...

Caro, j'ai écouté François Girard à Contact tout à l'heure (rare que je me plante devant le tv) et j'admire beaucoup ce créateur depuis son film sur Gould. Il a dit ceci de très important (que je traduis en mes mots) : l'artiste a à peine quelques minutes de liberté, soit le temps où l'étincelle jaillit. Le reste du temps, il est l'esclave de son projet. L'aboutissement, c'est de rejoindre l'imaginaire des spectateurs. D'y mettre le feu pour l'inattendu de la liberté. Et non pas de leur imposer quand ils doivent rire ou pleurer. Cette dernière manière est très payante et très commune dans les arts-spectacles. Mais l'autre approche est pleine de vie, comme tu dis.

Anonyme a dit...

Quel honneur de me voir consacré un article sur votre blog épatant. La comparaison avec le rap est intéressant, et c'est un domaine que je connais relativement bien (j'en écoute en effet beaucoup -en ce moment Kool G Rap dans mon i-pod-). Il est arrivé un moment où le rap s'est mis à tourner en rond : prods médiocres, thématiques se répétant de l'un à l'autre, et surtout même manière de les aborder et de les formuler. Il y a quatre ou cinq ans, le rap s'est remis en cause. Si l'on voulait se faire entendre hors de son bloc, peut-être fallait-il travailler les prods, les thématiques et la manière de dire, aborder les choses sous des angles différents. Il en est surgi nombre d'artistes passionnants ( Sinik, Tandem, Keny Arkana, Relic, MAP, 113, Psy 4 de la Rime, la Rumeur, la Caution entre autres). Ceux qui écoutent du rap et encore plus ceux qui le pratiquent connaissent son histoire. Pas une question de "culture" au sens figé du terme, mais une curiosité dynamique qui les pousse à chercher, à dévorer, à savoir. Pour le reste, voici ce que je dis sur mon blog :

Mais le succès des scènes slam est parfaitement justifié. Que chacun aie le droit à la parole est en soi une idée magnifique. Juste savoir de quoi on parle. Et puis, les milieux poétiques sont tellement figés, planplan, avec une tendance à momifier les poètes de leur vivant … Il faut secouer tout ça. Je ne me contente pas de critiquer, je fais, à ma petite échelle, qui ne demande qu'à croître. Mélanger des poètes d'une grande diversité, dont l'accord n'était pas évident au départ, dans des cafés parisiens, les présenter avec mon humour caustique, je l'ai fait et cela s'est formidablement passé. J'apprécie fortement l'interactivité et fais tout pour rompre les "codes" des milieux poétiques. Mes plus belles critiques sont souvent celles d'habitués des cafés où je me produisais, qui n'étaient pas venus pour cela au départ et qui ont été séduits. J'ai souvent fait, au chapeau, des interventions impromptues dans les bars. J'ai arpenté avec l'amie Lola Sponge les terrasses des cafés de Nice et de Marseille. Convaincre les convaincus n'est pas mon objectif. Mais lorsque Lionel, maçon au chômage, insupportable quand il a bu, disant ne pas aimer la poésie, suite à une de mes prestations à Montmorillon, se met à lire Max Jacob et Pablo Neruda (il gueule à présent du Max Jacob dans le Cercle Poétique de Montmorillon), j'avoue ne pas être mécontent. D'après ce que j'ai compris, l'émergence du slam au Québec est récente. À Paris, on en est pour ainsi dire à la seconde génération. Les scènes slam se sont multipliées à la vitesse de la lumière. Certaines d'entre elles n'ont pour public que les autres slameurs ( comme il en passe beaucoup, ça remplit quand même) et seuls quelques cadors ( Grand Corps Malade, Tsunami, Sakamutchi) tirent leur épingle du jeu. En Belgique, par exemple, il y a longtemps que des poètes sévèrement burnés, des anciennes comme des nouvelles générations, n'hésitent pas à se produire dans des cafés et autres lieux improbables, ne méprisent pas l'interactivité. À Paris, il y a encore tout un boulot à faire. Je m'y attache. Tous les spectacles de poésie ne sont pas boudés. Marc Henri Lamande avait rempli la Guillotine, un grand lieu à Montreuil. Idem pour le Hors Humain au Petit Hébertot (plusieurs centaines de places quand même). Les quelques centaines de places du Théatre du Rond Point étaient remplies pour les prestations d'André Velter et de Serge Sautreau. La nuit de la poésie à l'Espace Pierre Cardin était blindée de monde.

Anonyme a dit...

PUTAIN DE SLAM

Ouais man la poésie n'a pas besoin d'histoire n'a pas besoin d'encenser des urnes funéraires se conjugue au présent sans passé et sans avenir brûle des torchons pour en faire des cocktails sans souci c'est du molotov la poésie c'est du slam sans citation qu'un souffle de vent porte en défonçant la tronche des éruditions vaniteuses rimbaud crache sur les tombes des morts citationnistes char se marre devant ses clébards lècheurs de couilles infertiles qui n'admirent que des mots creux et sans relief sans voir les reliefs du paradis des meurtriers et des assassins seuls les fous slament comme villon slamait en se foutant de la gueule des commères bien pensantes en bandant comme calaferte devant l'origine du monde et en ricanant avec tous les dieux devant le grouillement incessant des nécrophages t'as-vu-ma-culture de toutes les époques débiles que l'humanité connait dans son mouchoir de poche imprégné de bile sans saveur ouais man la poésie c'est du kif qui se bidonne grave devant les laquais de l'intellect qui mijote dans sa soupière au joli couvercle de fonte dites-leur aux soupières que la nitro se boit sans sucre et sans cuiller faut évoluer les gars faire moderne disaient déjà les anciens résolument même alors sortez donc vos outils transgalactiques et pondez donc des stances transgéniques qu'on voit le sang ruisseler sur la frigidité de vos clitos endormis mieux vaut 10 cc de slam a l'adrénaline pur jus que vingt mille lignes à l'arôme de croquemort mémorialiste

Karo Lego a dit...

ahahhahahah je capote...j'ai même pas encore tout lu la correspondance avec les p'tits copains mais j'y reviendrai ;)... pour te dire, Jack, merci pour ton paraphrasage de Gould. C'est tellement ÇA :) et ça me fait penser à un truc que Bernard Emond a dit récemment en entrevue à propos de ce qu'il demande au spectateur, (karo paraphraseuse) une vigilence, une écoute... que pour le reste, ça leur appartient. Mais c'est tellement mal dit mon affaire que ça désenchante son Jack d'avance je devine pouahahah
Bref. C'est inspirant ce billet et tout autour. Comme toujours quand Jack mets la main à la peau-easy, le profane se sacralise et le sacré se profanise. Tout le monde baise bien, heureux, vrai, vivant ;) Comm'un'ion ;)

Karo Lego a dit...

Pour Gould, on s'entend, lire Mister F-Girard ;) Excitée, je mélange non seulement le profane au sacré mais le Gould au Girard et pourquoi pas le Gourd tant qu'à faire ;)

Anonyme a dit...

Mon homme, la poésie n'a pas besoin de l'histoire, je ne sais pas, ça dépend du lexique que l'on a, mais l'histoire sans tambour ni tromperie a souvent eu besoin de la poésie pour se faire aller les bottines aussi vite que les babines. Le nom de Neruda est retentissant à cet égard. D'ailleurs, la poésie, c'est le faire indéfini, pas le fer qui rouille sur le plis du parapluie rencontrant la planche à repasser. Je m'excuse du peu de singularité de mon propos et ne citerai personne à l'appui bien que plusieurs passages de Une cordée de brin de scie de Michel Garneau me viennent en tête au sujet de la sautadite poésie, et cela, penser à Garneau, surtout à la poésie qu'on trouve dans son froc, penser aussi aux poèmes d'Éluard, c'est juste un exemple, ceux qu'on a largués dans le ciel de la guerre, quel coup quand même, cela me rend heureux et triste à fois. En venir là! J'ai sans doute trop fumé, au moins fumé cent vers gigotant sur la légèreté des failles du vocabulaire. Le vocabulaire a-t-il au moins quelques pattes de mouches pour faire date dans la bouche des hommes?

Karo, toi me désenchanter? Eille! J'vas finir par te parler dans l'casque! Quelle belle glissade de Gould à Gourd... Ces guerlots à gogo de l'inconscient se partagent la craque des Foufounes électriques sur les Variations de Goldberg...

Je dis ce qui me passe par la tête, ne vous effrayez point, génies.

Poétic, votre commentaire éclaire bien votre engagement artistique à la fois critique et fraternel. Il donne à lire aussi qu'il n'y a pas que le vin qui fermente en France.
Surtout, qu'il n'y a pas que les sarcleurs sarkophages.

Rimo, toujours un plaisir.

Anonyme a dit...

CONSOMPTION

Le vocabulaire se fume
Dans une pipe à eau
Que les printemps renouvellent
A chaque hiver
Le vocabulaire
C'est de la marie-jeanne
A consumer sans modération
Comme l'huile de gentiane
Qui imprègne les muqueuses
Des cécités cataleptiques

Jack a dit...

Rectification à propos de Claude Gauvreau, erratum, cet oranger vert parmi nos hommes de lettres à l'évocation duquel j'aurais dû écrire «au cœur des quenouilles» et non pas «au cœur des nénuphars». Quoi que c'est triplant, les nénuphars. Alors que toute la salive du poème de l'épormyable exploréen se décarcasse pour venir au monde, j'imagine, je vois la grâce des demoiselles, ces virgules qui patinent sur le miroir calme du lac entre les friandises flottantes, jaunes, blanches ou violacées, perles en étoile avec un zeste d'Asie dans l'éclat. Cela me renvoie aussi à l'ancienne collection canadienne-française du Nénuphar chez Fidès, à Nez lit gant, aux pages couleur coquille d'œuf brun clair qu'il fallait couper soi-même aux deux pages, alors que la reliure était ce jeu de ficelles délicat à ne pas tirer... Mon Dieu que tout ce passé de ratures est labouré dans tous les sens et littéralement. Comme je déteste en plus faire mon lit, la ponctuation moderne de ma chambre est dans un état de hutte à chien à finir. Si je meure consomption, à quoi me serviront les concepts du troisième degré? Les objurgations? Je sortirai sur la pointe des pieds par la fenêtre ou l'horizon! Sur la pointe des pieds. Au diable livres aux pages de quenouilles qui pètent au fret! Au diable les flambés de la mémoire! L'alphabet ne rentrera jamais au bercail.

Anonyme a dit...

Tiens , GMC, cela faisait longtemps … La culture, ce n'est pas un truc figé dans la ouate ou dans la naphtaline, mais une gourmandise parfois très épicée. Toutes les dictatures ont souhaité en déposséder le peuple et ce n'est pas un hasard si notre président, aux dangereuses dérives liberticides, est totalement inculte. Le jour où le peuple s'appropriera les mots -et intrinsèquement la culture- les hommes politiques commenceront à trembler, parce que non seulement ils seront d'une mortelle précision dans ce qu'ils ont à exprimer, mais pourront aisément démonter les discours creux. Qui ne connait le dosage et les précautions à prendre dans la manipulation du cocktail molotov risque fort d'exploser en vol.

Jack a dit...

Un philosophe inquiet avec un nom à coucher dehors à l'Est effondré, Slavoj Zizek, nous souhaite la Bienvenue dans le désert du réel. Dans ces beaux quartiers de hautes tours maintenues par les banquiers zen dans la lune qui font fructifier les mirages spirituels d'un monde totalement administré, quelle valeur a la mémoire, en effet? Il n'y a pas un seul mot, même celui que j'invente pour jouer à la balle, qui ne soit chargé à ras-bol de culture et d'épices, en effet,de douces malices, de bontés surprenantes. Si bien que la question de la spiritualité nous apparaîtra dans sa capacité à faire tenir debout les questions et non pas en refermant le monde sur son grain de sable. L'inquiétude du philosophe renvoie à la survie de l'humanité. Je sais, c'est moins chic qu'évoquer la dimension où ni le temps ni l'espace ne compterait les billets verts.

Anonyme a dit...

pascal perrot, merci pour ce franc éclat de rire

"Le jour où le peuple s'appropriera les mots"

propos de révolutionnaire en chambre: une classe moyenne ne se révolte jamais, 75% des français (on peut étendre à l'ensemble de l'occident) se revendique de la classe moyenne...

"le peuple", lol, un truc qui n'existe que dans la bouche de ceux qui l'utilise.

ce "peuple" s'est approprié les mots qui lui convenaient, se passant de votre accord pour cela; d'autres ont voulu lui transmettre de ces fameux "mots", les exemples abondent de ce que ça donne à chaque fois...

et puis, "toutes choses sont libres du langage" (soûtra de l'entrée à lankâ), cette bête phrase n'est peut-être pas assez lumineuse pour votre écran tactile, désolé la version braille n'est pas disponible; néanmoins, le jour où vous verrez ce que signifie cela, peut-être arrêterez-vous le pavage de bonnes intentions que vous semez sur les traces du vent;
les mots sont des conventions artificielles, totalement frigides, ils transportent néanmoins des arômes et des coloris, voire des saveurs, cependant les principes actifs sont sous-jacents aux mots...bonne digestion de ces quelques sottises

jack,

si tu veux...

Anonyme a dit...

"l'utilisent", dsl

Anonyme a dit...

75% des Français appartiennent à la classe moyenne … c'est beau, on dirait du Sarkozy … D'où sortez-vous ces chiffres, GMC, aussi délirants que ceux du Front National sur l'immigration ? Ils sont très très loin de la réalité et ne correspondent à rien. De plus, un peu partout en Occident, comme l'a fort bien remarqué J.G.Ballard, on assiste à une paupérisation progressive des dites classes moyennes. Que celles-ci ne se révoltent jamais ? Quelle bonne blague ! Toutes les révolutions pratiquement ( à commencer par la révolution française) se sont faites quand la classe moyenne s'est alliée au peuple ( mot que j'utilise faute de mieux). Il y a tous les jours des gens dans le monde qui combattent pour préserver leur culture, leur mémoire, leurs mots. Des gens qui n'appartiennent assurément pas aux classes moyennes dont vous parlez.

Anonyme a dit...

lol, toutes les révolutions sont EXPLOITEES et RECUPEREES par les classes moyennes, en aucun cas initiées par elles; les buts, désirs, motivations ou envies des classes moyennes sont d'un risible et d'un pitoyable qui confinent au pathétique.

IMAGE DE MARQUE

Du vent dans les voiles
Fait remuer les paupières
Et les cils se soucient
De la tenue de leur rimmel
Ebrouant l'air de leurs folies
Qualifiant de droits leurs envies
De privilèges
La dorure des statues de fonte
S'écaille toujours quand du regard
Surgissent les griffes de l'acide
Vaccin d'épuration qui libère
L'étroitesse anxiogène de la raison

Anonyme a dit...

Votre raisonnement, de plus, comporte sa propre contradiction. Si 75% des occidentaux appartiennent aux classes moyennes, alors on retrouve également un tel pourcentage dans les scènes slam. Désolé si j'y ai plus souvent vu une mauvaise digestion des réminiscences scolaires qu'une réinvention ou une réappropriation du langage. Mais vous ne répondez toujours pas à cette question : pourquoi tous les dictateurs ont-ils méprisé la culture et ont tout fait pour que le citoyen lambda n'y aie pas accès ? Iriez vous jusqu'à défendre Goebels, ministre de "l'information" d'Hitler, qui clamait "quand j'entends le mot "culture", je sors mon revolver" ?

Anonyme a dit...

APPRENDRE A LIRE

Les pédanteries provisoires
Se gargarisent à la culture
Exploitation funéraire
Du talent de la vie
Appelé création
Annonnant de gauche à droite
Sans soulever l'épaisseur d'un cil
Les monologues de transition
Bouclent mécaniquement leurs trips
Soliloquant sans grâce
Leurs aubades mécaniques
Qui font sourire le vent

Anonyme a dit...

DICTATURE

Je suis un fascisme langoureux, j'ai dans les veines un totalitarisme sensuel qui dévergonde les pensées stériles. J'aime le goût de la matraque aux yeux de feu quand d'un éclair elle atomise les manifestations lubriques de la perversité. Dans mes stalags, le collectivisme est de rigueur, y sont entreposées toutes les dissidences réactionnaires. Je me nourris de contre-manifestations, de purges ainsi que du sang amer du génocide, la viande carnée m'étant recommandée pour soigner mes rhumatismes articulaires. Le bâton apprend la souplesse, tout comme le fouet vivifie le sang, c'est le prix à payer pour sortir des fers et entrer gaillardement en esclavage. Goulags au parfum de merveille, mes kolkhoses sont des geôles ouvertes dans lesquelles règne la terreur des intellectualités et la jouissance des tueurs innocents. Assassins sont mes soldats, à la saveur de kamikaze et au goût étrange de mordorure, rien n'effleure jamais la joie qui les anime, rien n'altère le sourire qui les dévore jusqu'à la moëlle.

Jack a dit...

Comme dirait Rimo, c'est moi qui aura le dernier mot sur mon blogue! (Blague).

Mais, mais retour, détour sur le sujet. Le slam au Québec est jeune et m'a emballé sur plusieurs plans. Néanmoins, j'aime les débats, la critique et je trouvais pertinent de revenir sur une note que Poetic m'avait fait suivre plus tôt à propos du Slam en France. C'était des remarques et des questions rapidement soulevées mais qui trouvèrent écho à la lumière de débats locaux, réactions, émotions perçues chez moi, les slammeurs, le public, etc., au cours de la saison qui s'achève. Rien de très formel si j'excepte le courriel virulent d'un soit-disant éditeur (je n'ai rien repéré de son travail) qui a circulé de façon plutôt inélégante en se servant d'une liste de diffusion de la LISQ, si bien que les arguments évoqués n'ont pas levé, mais certains reprenaient l'idée que le slam dans son brassage oral n'est pas toujours intéressant sur le plan de la poésie. L'idée centrale que je partage (je crois) avec Poétic, c'est de définir le propre de la poésie en tant que souffleur de feu insurrectionnel, et ce tant sur le plan de la composition, du cadrage, de l'aller simple avec l'inconscient, sur le plan de la surprenance aussi, et donc celui de la spiritualité, sur le plan du «spoken», i.e la force physique et musicale du langage, d'où l'intérêt assez considérable du slam, etc. J'écris tout cela spontanément sans me soucier si je serai toujours d'accord avec moi demain matin... Mais il est clair que nous ne partons jamais de zéro. Quelques poèmes lus ou entendus peuvent déclencher une œuvre entière. Mais quelle est cette marche hors régie et sans définition? J'ai lu cette semaine dans une lettre de Rimbaud (je n'ai rien noté, je le reprends de mémoire) une sacré belle image où il dit que le travail du poète consiste à se tenir debout à la suite de ceux qui sont tombés, que les autres qui suivront devront reprendre là où l'on a laissé. Vu en ce sens, l'appétit pour les œuvres, la culture (et moi je dirais la culture savante mais aussi et surtout la culture populaire), cet appétit, désir, projet, libido au sens large, cela n'a rien de figeant ou de regarde-moé donc comme j'ai un beau casque, aimeras-tu cela l'avoir? C'est plutôt un instinct de vie en regard de l'art, lieu, rare lieu de liberté des hommes. Maintenant, le Québec n'a pas l'esprit aussi brillant que la France pour énoncer les concepts et éclairer les débats, je le dis sans cynisme, on a qu'à le constater. Mais ceci étant dit, la question n'est pas tant de savoir qui est capable de lire, qui lit tout croche, etc. La question est : qu'est-ce que l'on fait pour lire ensemble? Le faire ensemble reste et se forger soi-même me semble être la poesis même. Conséquemment, si le mot «peuple» «people» n'a d'existence relative que dans la bouche de celui qui l'emploie, alors j'entendrais au moins claquer un accent, une langue maternelle... En 2004, j'ai écrit à un ami Français du pays d'Oc ceci qui ne conclura par ailleurs rien :

«(...)Comme si l'accent accentuait ou dévalorisait les arguments que l'on énonce. Comme si la raison en dépendait. On comprendra vous et moi ce qu'est le poids d'un accent. Que l'habit fait le moineau. Surtout s'il sent la campagne, l'arriéré. Mais en plus, il est vrai, notre peau blanche est ici colonisée. Cela vient de si loin. Je ne peux pas parler la langue que ma mère parlait. C'est avec difficulté que je chercherais à l'évoquer par l'écriture. En ce domaine, Michel Tremblay est un génie. Je suis triste face à la réalité : ma mère savait à peine lire et écrire. Alors que moi, je m'en délecte au point de construire ma vie de tous les jours sur ces châteaux en Espagne! Mais je n'ai honte ni de ma mère ni de moi qui reste si ignorant. Ma langue maternelle me permettait tout de même de parler à ma mère dans sa langue. Et résonnera en moi jusqu'à ma mort la musique de cette langue-là. Pas nécessairement belle. Ni riche. Mais c'était une langue humaine, essentielle.»

Pour moi, la poésie passe par là.

(Je ne me relis pas)

Anonyme a dit...

c'est la première fois que je viens sur un blog qui parle de poésie (je suis tombée dessus en cherchant une soirée Slam).
Je voulais vous dire que je n'ai absolument aucune culture littéraire et que lire vos échange me conforte dans le fait que la poésie n'est pas de mon univers. Développer un raisonnement en citant 5 autres personnes, je trouve que c'est vraiment étaler sa "culture". Désolée je ne connais pas "Gauvreau", encore moins l'histoire de la poésie, j'ai un vague souvenir de poème qui m'ont parlé en "cours de Français", peut-être parcequ'ils parlaient de couleurs.
Par contre le Slam, me plait, entendre des mots de la (ma) vie courante, des rimes, des rythmes, des situations, des engagements, des constats sur la société dans laquelle je vis... ça me parle. Dommage, ça m'avait presque donné la curiosité d'aller relire de la "vraie" poésie, mais au vu de vos échanges j'attendrai encore un peu.. je suis pas prête. Quand je serai vieille et raisonnable...

daniel guimond a dit...

Il reste à remettre sur les rails les instigateurs du slam, les John Cooper Clarke, les Linton Kwezi Johnson, et tant d'autres, qui ont disparu entre les craques, laissant la scène aux générations montantes. Que ces générations soient conscientes des pionniers de l'art qu'ils tentent de sacraliser, ça comme dirait l'autre c'est une autre histoire. Je peux affirmer qu'au Québec, plusieurs d'entre nous slammaient déjà en 1976. Notre révolte fut assimilée, nos noms se sont mêlés à la poussière.
Le monmde de l'art et de la littérature est tout aussi pourri que celui de n'importe quel busy-ness, et c'est là que l'on sépare les vrais des dilettantes.
Il y a ceux qui font ce qu'ils font sans se soucier du qu'en dira-t-on, et ceux qui font ce qu'ils font pour faire partie de ce que l'on en dit! Deux qualités de créateurs...