11 mai 2008

«Et j'ai le pied marin dans ma course inutile...»

J'ai cherché en vain du Track'n Steel; j'ai abouti à La valse d'hiver, très belle mélodie, composée par l'autre Philippe (Bruneau). Mais La valse d'hiver alors qu'une odeur de muguet taraude mon odomètre? En passant, c'est le désert sur Ton Tube autour de Bruneau; idem pour Carignan.

J'ai pensé à Vivre en ce pays... ou ailleurs de Pierre Calvé que popularisa Charlebois. Parce que j'adore cette chanson et aussi parce que je pense beaucoup ces temps-ci aux Manifestes en série de Hugo Latulipe, les lundis au Canal D. Cette série est un évènement du point de vue cinéma documentaire, écriture, pensée, émotions, beauté des êtres de ce pays. Vivre en ce pays. «Nous voulons vivre dans un pays qui épaule avec amour tous ses enfants», pouvait-on entendre en conclusion du dernier épisode portant sur l'éducation.

Mais je n'ai pas trouvé inspirant le seul vidéo illustrant cette chanson, un extrait d'un spectacle récent de Charlebois en France. Alors restons avec Calvé et poussons loin au début des années soixante. Il y eut un téléroman de Marcel Dubé à la télé, peut-être De 9 à 5, qui avait comme thème au générique de la fin la chanson Quand les bateaux s'en vont, une composition de Calvé-Vigneault. Peut-être que ma mémoire fait dans le gâteau marbré. Peu importe. Cette chanson-là tient la route. C'est-à-dire l'entre deux de nos parcours de Sisyphe.

Je l'aime autant qu'à 12 ans.

QUAND LES BATEAUX S'EN VONT
paroles: Gilles Vigneault
musique: Pierre Calvé


Quand les bateaux s'en vont
Je suis toujours au quai
Mais jamais je ne pars
Et jamais je ne reste

Je ne dis plus les mots
Je ne fais plus les gestes
Qui hâtent les départs
Ou les font retarder

REFRAIN:
Je ne suis plus de l'équipage,
Mais passager
Il faut bien plus que des bagages
Pour voyager

Quand les bateaux s'en vont
Je reste le dernier
À jeter, immobile,
Une dernière amarre

À regarder dans l'eau
Qui s'agite et répare
La place qu'il prenait
Et qu'il faut oublier

REFRAIN

Quand les bateaux s'en vont
Je refais à rebours
Les départs mal vécus
Et les mornes escales

Mais on ne refait pas
De l'ordre au fond des cales
Quand le bateau chargé
Établit son parcours

REFRAIN

Quand les bateaux s'en vont
Je suis silencieux
Mais je vois des hauts fonds
Dans le ciment des villes

Et j'ai le pied marin
Dans ma course inutile
Sous les astres carrés
Qui me crèvent les yeux

REFRAIN

Quand les bateaux s'en vont
Je reste sur le quai


3 commentaires:

Anonyme a dit...

Comment ne pas replonger dans le souvenir d'Entre la mer et l'eau douce, ce magnifique film-poème de Michel Brault ? Pour contempler le doux visage de Miss Bujold, pour entendre la voix de sage de Claude Gauthier, pour s'ancrer en quelque part, dans le pays sage...

Jack a dit...

Oui, miss Bujold... Ses yeux! Ah! Geneviève, Geneviève... On peut bien dire poésie, premier film de Me Brault, co-écrit avec Denys Arcand, Claude Jutra, Michel Dubé et Gérard Godin. Le titre même est poème, naviguant dans le mélange incertain de l'estuaire, pays tranquille insoupçonné. Les acteurs ont joué sans se faire payer. Me reste en mémoire quelques flashes lents et beaux en noir et blanc. Faudrait que je me procure ce film.

Jack a dit...

Depuis cette évocation du sage Gauthier, je n'ai dans la tête que Ma délire, qui se trouve sur le même disque que Geneviève, étiquette Gamma.
jd