19 juillet 2008

Rouge guédelles

Ça fait 28 ans que je travaille pour cet employeur
jamais
je ne fus capable de partir en vacances sans passer
d'abord par le purgatoire
par le tordeur des soirées interminables de travail jusqu'aux zoreilles
en ligne, sur le spot, temps supplémentaire, ceci, cela,
faire plaisir à Pierre, Jean... 23 heures
passé n'est pas un record
puis il y a toujours la goutte
l'impertinent qui retondit
aujourd'hui, ce fut la sécurité
qui attendait ce 18 juillet depuis dix ans
peut-être plus
pour me signifier que ma cote
ne vaudra plus un clou
si je ne leur rempli pas illico deux formulaires
avec les quantièmes et les adresses de mes beaux-frères!
ce fut M. qui ne vient jamais me voir
elle aurait souhaité que je lui saupoudre par magie
mon savoir, mes ficelles sur les Crics
wow! back! arrié!
on prend quand même 20 minutes de mon déficit
pour expliquer
je la terrorise seulement qu'avec mes yeux
et je m'en veux
alors on reprend doucement
petite photocop,visite à son bureau
trois fois elle me dira merci merci
merci!
la journée finira pu!

Mais là, là, je suis sorti
mes souliers neufs me font mal
n'ai plus de genoux
j'ai frappé un citron, je pense
on passe par-dessus tout ça
on jette par terre les rush maniaques
on pactise, on drogue l' diable à sa patte
je me retrouve comme une balloune lâchée lousse
sur la Catherine mouillée où ça drague à ciel ouvert
avec une canne de sirop d'érable dans mon sac
- plus mon parapluie qui dépasse -
c'est un cadeau d'Ester
qui traînait sur mon bureau depuis des lustres
je traverse d'Ouest en Est
je croise des bandes de gars qui s'en vont aux taitons
j'arrive où il y a nacelles et ouvriers qui s'affairent
la rue du jazz est à nouveau fermée
sur la Place des Arts enrubannée,
les lumières rouge mauve des francos font chic
la grande roue imminente de la chanson est installée
la lune feutrée est de bonne humeur
au Métropolis, une longue queue déborde dans la rue
Just for laugh mélange les langues
dans le cœur de cette ville
et je suis mort mais heureux
de voir ça
tous ces genres qui s'émotionnent...
pourquoi cette visiteuse m'a-t-elle dit
c'est gris c'est laid?!
je me contente
de ce peuple que j'aime
c'est plein d'énergie
si vous voulez savoir
ici, en pleine rue,
c'est un peuple le fun
a déjà dit René Lévesque

Or je suis en vacarme!
Juste une petite semaine,,,,,,
avec les guédelles
mais c'est déjà la douce anarchie
au coeur de la nuit

Je déguédine du bruyant Café Dépôt
où j'ai dévoré un wrap à la dinde
où il y a un party privé
à l'étage
nos fêtes aladines sont plutôt saxonnes
Mais Sir Paul chantera sur les Plaines
Michelle, ma belle
sont des mots qui vont très bien ensemble
très bien ensemble...
And when I touch you I feel happy inside
Ooh I need your love babe,
Guess you know it's true
Je cours prendre le dernier métro........
une belle fille que je pense haïtienne
court aussi sur mes talons
mes souliers neufs font durs
quatre à quatre dans les marches
ses sandales font cla clac claque...
nous déboulons ensemble
jusqu'au quai
elle me sourit...
avec son épaule nue
pourquoi suis-je gêné
au lieu d'embarquer dans ses beaux yeux café?
le train qu'on entendait
était celui de l'autre côté
Ouf!

sinon, je l'aurais ramenée
en taxi...

2 commentaires:

Michèle Dassy a dit...

Bonjour,

C'est difficile de trouver des blogs qu'on peut aimer. Ici je suis passée par le flux des préférences de mon profil.
J'en suis très contente: j'ai découvert votre blog et vos poèmes. Je les aime vraiment beaucoup: même quand je m'éloigne un peu de la compréhension, je reste dans les mots, leur simplicité et les associations surprenantes, émouvantes.
Sympathie et admiration.

M. Dassy

Jack a dit...

De la visite du pays de Beaucarne,la Belle Gigue... C'est un charme. Merci Michèle! Je passerai chez vous.