15 septembre 2008

Cuba libre, amours libres?

Ce que j'ai entrevu, entendu, deviné...

Derrière son charriot, la jolie femme de ménage ne manquait pas une occasion de me faire la jasette dans les corridors à aires ouvertes de l'hôtel. Parfois, les touristes canadiens ou québécois laissent des pièces de monnaie canadienne comme pourboire. C'est correct. Mieux sans doute que les Européens (en majorité des Allemands, suivis des Italiens, Français, Russes, Bulgares, Serbiens, Hollandais, etc.) qui, au bar ou dans les salles à manger, ne sont apparemment pas très typeux. Cependant, les huards obligent les employés cubains à courailler les touristes pour les changer en pesos convertibles. Selon la loi cubaine, cela est illégal.

Le peso décapotable cubain (CUC) gobe autour de 17 % de la valeur du $ canadien! Il vaut environ 25 % de plus que le vrai peso avec la face du Che dessus (moneda national ou MN). Le salaire moyen mensuel tourne autour de 15 pesos.

À présent, le Cubain ayant dans ses goussets des convertibles a accès aux boutiques plus luxueuses conçues pour les touristes. J'en ai vu une ornée de belles vitrines à La Havane. Il pourra donc aller en marge de son carnet de rationnement pour se payer du « luxe ». Il peut aussi, quand cela est possible, s'approvisionner chez
« l'habitant » qui a le droit de vendre au marché une portion de sa récolte.

(Sur la « schizophrénie » du système monétaire cubain, cf. le texte From de same pochet, 7/02/08, de Yoani Sanchez)

Pour les ménages et les tout seuls, ce n'est toujours pas le Klondike au regard des efforts à consentir pour joindre les deux bouts du bout de jouet. Mais exception faite de la capitale où l'on croise des âmes qui divaguent sans bouée, on aperçoit peu de tout croche. Et malgré les restrictions persistantes et des frigos vides, les Cubains sur la rue sont pour la plupart resplendissants comme des sous neufs, si l'on me permet cette indélicatesse.

Cependant, on comprendra que des actes de Dieu le Père qui envoie ses fils Gustav et Ike se battre à mort sur les toits des maisons, dans les champs, déracinant au passage fromagers, palmiers et pylônes, s'ils sont moins sanguinaires que chez le très démuni voisin Haïti, entre autres parce que l'organisation civile et militaire fait ici visiblement des pieds et des mains pour protéger la population, ces actes de chien (God, dog...) sont des coups de poignard pour le Cuba qui manque déjà de moyens dans la vie « normale ».

Il n'y a pas juste le Venezuela qui devrait s'empresser à offrir aide et solidarité à ce très proche ami! Mais Step Artper ne s'appelle pas PET! Et puis les Québécois qui s'apprêtent à voter bleu, peut-être qu'ils s'en tabarouettent. De la niaiserie organisée des puissants et des puissances mondiales!!!



Récupération au lendemain du passage de Ike.
Le bois de palmier, c'est zéro, caput, fini, m'a dit cet ouvrier à la scie mécanique.



C'est ainsi qu'un matin, la femme de ménage chummée avec moi demanda si je pouvais lui changer un dollar pour un peso. Curieuse, elle s'informa aussi du numéro de ma chambre. En localisant laquelle il s'agit parmi les centaines, elle fit : Ah! Et elle m'envoya une flopée de becs avec la main. J'en ai déduit que j'étais un bon chambreur, propre de ma personne.

Un autre jour, elle s'informa si j'avais une amiga? Ah!

Taduction libre : « Ici, à Cuba, pas d'amiga sans pesos! »

Dans toute la noirceur du monde, voilà qui est clair.

À suivre...




Le taux des divorces à Cuba frise les 70 %.
Photos : jd

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