09 juin 2009

Mathieu Arsenault : photo pour El

Mathieu Arsenault, O Patro Vys, 1ere demi-finale de slamontréal, 8/06/09. (Photo : jd)

Hier soir en me voyant, Mathieu a dit d'entrée de jeu : « J'ai reçu ton mot ! »

Il était en général et en particulier plutôt content. Dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec, l'adaptation à la scène de son second roman Vu d'ici ( Jocelyn Pelletier, interprète, Christian Lapointe, metteur en scène) vient tout juste d'obtenir un franc succès sur les planches du Théâtre Péril.

Cette charge contre la tivi et ses excréments de fumée rejoint le jeune public. Mais il y a ici et là des références culturelles qui évoquent en sourdine, nous confie l'auteur, d'autres dimensions. Cela confère à dessein un second degré au texte. Or le public plus âgé attrape très bien au vol ces allusions, constate Mathieu avec plaisir.

La preuve : ce commentaire des plus enthousiastes de El qui a vu la pièce. Elle écrit :

« Renversée, rôtie, gazée, parfumée, cette pièce est un vrai coup de poing, comme certains l'avaient qualifiée. Un texte époustouflant, brillamment interprété par Jocelyn Pelletier. Si vous voyez Mathieu Arsenault, faites-lui le commentaire suivant: il y avait une jeune quinquagénaire dans une salle remplie de jeunes et beaux théâtraleux, une femme qui a souri souvent parce qu'elle a à peu près tout partagé du brûlot qu'il a si intelligemment écrit. Merci pour les odeurs en direct, merci pour le souffle et le souvenir que j'en garderai longtemps, je l'espère bien. »

Le message est fait. Le messager est bien heureux lui aussi. D'autant que c'est arrivé comme cela dans la conversation : évoquant mes petites sueurs en béquille sur le banc de scie de la ponctuation, j'ai été ravi, vraiment, de trouver en Mathieu un complice : « Il faut se débarrasser de tout cela », déclara-t-il.

Plus qu'un complice, on a affaire ici à un as de l'écriture à 120 milles à l'heure.

« (...) mais aujourd'hui tout le monde s'en fout de la révolte de la poésie... »
Vu d'ici, Triptyque, 2008, p. 64.

« Des souris et des mecs (...) mon mec à moi ce serait amir khadir ou julius grey ce serait georges leroux au laure waridel mais je suis tellement brisé de l'intérieur que je suis à peine un mec je suis plutôt quelque chose de sec qui craque de partout et qui manque de courage à tout moment je suis une petite souris victime de la guerre et des privatisations qu'a laissée devant l'écran pendant que les chats s'engueulent et se rentrent dedans pour savoir qui va me manger je suis un réfugié des idées dans une roue d'exercice de pensée... »
Op. cit., pp. 54-55.

Voir - Écho des représentations de Vu d'ici au théâtre de la Chapelle, Montréal, sept-oct. 2008.

2 commentaires:

Le Seuil a dit...

Merci pour les mots, et l'entrevue, cher Jack. Ravie que l'auteur ait apprécié mon commentaire fait à chaud dimanche soir. Son VU D'ICI, c'est un vrai travail " à la chaîne "-(saw) !

Je vous avoue que j'ai eu un léger pincement au coeur lorsque Jocelyn Pelletier a tranché la tête du Mickey Mouse, à la chain-saw, et qu'il l'a déposée dans le four à micro-ondes, Mickey, c'est à peu près tout (tout) ce qui me reste de mon voyage en Calif y'a 30 ans. On s'attache à ces petites bêtes-là, même si elles sont mortes et entreposées depuis longtemps dans un grand sac vert dans les sous-sol en poussières.

Christian Lapointe, dont j'ai croisé le splendide regard quelques instants avant la pièce, a orchestré de main de maître le texte de Mathieu. Les deux font la paire. Et TOUT LE MONDE en parlera encore...dans trente ans! ;-)

(Non mais, regardez-moi donc toute cette panoplie de ponctuations que je viens de vous taper, une vraie honte !) ;-)

El

Anonyme a dit...

J'oubliais: merci pour la photo.