28 novembre 2010

Qui-vive

Je suis devenu un Apache le temps de traverser les yeux mordorés de mon chat Patch,
qui n'est plus.

De la véranda, Miles Davis coule à flot. Un canot traverse en bleu l'atmosphère. Le déclin du jour taillé au canif nous fait dériver vers l'amour. Tout cela tire vers soi une ligne suave qui glisse sur la peau. Ses genoux.

« Nous naissons avec ce frisque coeur lièvre,
Ce sexe truite de désir, grandissons avec cette fièvre... » (Michel Garneau).

Señorita, c'est moi Papa l'Ours! Et elle dit que j'ai les mains douces! Je renchausse son dos. Je chavire. Je ne sais pas où tu commences... (Moustaki).

Quand on est pluvieux, on ne craint plus les jeux de mots qui fonderont au soleil comme du chocolat. On n'est pas fait en bois! Mais nous allons pour rire!

Sophocle et Agakuk ont le vent dans les voiles. C'est de la viande crue. Pardon! De la mémoire gelée dans la chair du temps.

De la mousse dessus le sang. (Leclerc).

« Va, cède au mort, ne cherche plus à atteindre ce qui n'est plus. » (Tisérias, Antigone).

« Tuni'yut - Le présent rendu » (Agaguk, tête de chapitre).

Il désaccordait le lecteur, parlait des éclipses dans la maison. Plutôt l'inverse. Toujours, la glace est mince et les carcasses archaïques, répétait-il. La maison des éclipses. Moi aussi j'aime le lecteur. Je traîne dans ses mûriers. Il est je. Mouche à feu. Fanal. Je ne fais pas exprès pour le faire rire. Lui faire cracher des pierres. Je ne le traque pas et j'étire sur le chemin la noirceur entre nous avec les mots. Pour le surprendre. Le ravir. Pour l'entendre respirer du fond de son puits où le silence reverdit, décharge ses conquêtes. Ma maison est soudainement éternelle grâce à lui. Il y a de l'eau puisée à mains nues. Il y a du vin. Des éclisses. Il y a de quoi à avoir peur d'une gouttelette de vie qui manquerait. Mais la vue en haute mer! Mais les phares au loin! La poésie! Tous ces gens sur nos épaules. Mais mon chat qui meurt entre mes bras!


Wouf! Wouf! Un vendredi soir, à Waterloo. Ville slaque de champignons. Je suis jeune. Sur le trottoir magique avec Bachand, Laliberté, Cécile, un paquet d'autres jeunes. Nous ouvrons les rouleaux éclatants de la soirée avant d'aller danser au grill. L'amitié à toute épreuve. Puis, sur la slide guitare, triste confidence. En marchant, son frère me le confie : Sauvageau s'est résolu lui-même en personne à 24 ans et des poussières.

Le théâtre, ses troupes, les répétitions... La Lanterne va droit au cœur de l'être. Même dans une petite ville.

Mais la poésie!

La poésie « De Pernambouc au Potomac... » (Yves Sauvageau, Wouf Wouf).

Misère! Allons-nous éclater?


Photo site du CEAD



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