J’aimerais ça avoir
plus de vocabulaire
plus de vocabulaire
Pour souffler l’air en moi
Et basculer…
Basculer vers l’infini
Jusqu’au soleil couchant, mais toujours
vif
J’aimerais ça avoir plus de mots
Même s’ils sont silencieux
Intérieurs
Impossibles à dire, indéfinissables
Comment mettre en mots ce que je ressens
Comment passer d’un rivage à l’autre
Comment traverser le pont vers
l’humanité ?
Tard le soir
Urbaine de culture
Farouche de nature
Ça prend-tu des fois un autre langage
Un langage de tu seul?
Tu seule avec mes sens
Quels gestes à faire d’amour
Faut tu que j’jappe, que j’rappe,
que j’me désarticule
que j’me désarticule
Que j’vide l’autre de son expression
J’me tiens droite
Isolée parmi les anonymes
Bouche pleine d’illettrés et de noirceur,
comme dit le poète
Et pis après… et pis après?
Comment voler d’une branche à l’autre
Retrouver l’arbre toujours vers le haut
Vers les étoiles qui crient l’amour
Soiffarde
Passionnée de
Théâtre, poésie, musique, littérature, danse,
peinture, langue de feu
Ainsi soif-t-elle!
Comment faire pleuvoir, neiger des mots
Avec une enclume, une faucille, un
soufflet,
à coups de marteau sur le dictionnaire,
à coups de marteau sur le dictionnaire,
Harponner les bibliothèques du monde
entier
Siphonner les réseaux sociaux jusqu’à
plus soif
Faut-il battre le tambour ?
Les genoux dans le sable
J’aimerais ça avoir plus de vocabulaire
Pour voir clair
Pour nommer tous les animaux, les fleurs
Passant sur ce chemin de pierres
humaines
Ignorante
Arpenteuse, démesurée, glissante,
délirante
Lire, lire, lire
J’l’ ai-tu assez désiré
L’émeute des mots que je cherche
Dans ce désert, ce terrain vague
Du passage du fil
Lié à l’écho des voix parlantes
Paradoxales
Subliminales
Arabesquales
Même si des fois j’ai décroché le mot
juste
Ça dépend pas juste de moi
J’veux pas m’apitoyer
Ça dépend de moi pis toi pis tralalala
Nos quatre yeux qui emmêlent nos mots
Bras dessus, bras dessous, sens devant
derrière
Sans langue de bois, sale, dans notre
poche
Peut-être juste une langue ben mouillée
d’eau d’érable du printemps.
- Joanne Marcotte, fév. 2012.
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