07 août 2012

Agrandir le débat public

Le ciel, le soleil, la mer, voilà comment on « rate » d'une semaine  le début de la campagne électorale québécoise qui fut enfin confirmée du haut de son trône par le roi Patapouf qui n'y a vu, de toute évidence, aucune grotesquerie en patte d'éléphant afin de renouveler l'air du Salon de la race avant la fin de l'été, en plein coeur du conflit étudiant délibérément non réglé.

Une campagne électorale qui s'annonce riche en débats? Riche peut-être en terme de cottes d'écoute et d'encre déversée dans les journaux, mais c'est à voir - pour notre cher diffuseur Québécor privé « national », sur fond d'exclusion manifeste de la gauche à la grande table des idées.  Tout simplement odieux!

Ce qui m'amène à déplorer à la suite de beaucoup d'autres observateurs qu'en plus d'un système électoral archaïque qui amenuise et détourne la représentativité du peuple, l'espace du débat - résolument et à jamais public - est quant à lui rétréci et vicié avec encore plus de gros bâtons au bacon pendant une campagne électorale, de bruit publicitaire, de sloganisation et de lavage des consciences! De nos jours, dans les pays capitalistes avancés comme le nôtre, la règle de conduite générale des politiciens traditionnels consiste à adopter le profil le plus bas possible.  Depuis « la société juste » à la Pierre Eliot Trudeau, les grands débats de société (avortement, peine mort, mariages du même sexe..) sont tranchés par les juges.  Rares sont ceux qui proposent une platte-forme inspirée et inspirante, ouverte sur le dialogue réel et visant à rassembler autour de la table du vivre-ensemble TOUS les citoyens.

Pour dire les choses rapidement et avec beaucoup d'espoir dans la voix, malgré les distorsions des médias, le camoufflage de la corruption et le bilan catastrophique sur tous les plans du gouvernement sortant, malgré les faces à caq néo-libérales à l'os, les tergiversations ataviques du P.Q, et comme le dit avec justesse Françoise David, on se rend bien compte que le Québec est rendu beaucoup plus loin!

Sur un horizon plus large que l'enjeu purement électoral, la présence plus affirmée au débat public des jeunes et des intellectuels à la faveur de ce printemps érable constitue, à mon humble avis, un des signes les plus évidents de la vigueur démocratique du peuple québécois.

À cet égard, et pour ne mentionner qu'un seul aspect du débat, la critique de la « marchandisation du savoir » qui est coeur de l'action syndicale des étudiants (et des professeurs ayant largement appuyé le mouvement), me semble d'une importance capitale.  Cela nous indique que « l'avenir » du Québec s'énonce maintenant, sous nos yeux. Et cette énonciation est bien plus qu'une dénonciation, justement parce qu'elle place au coeur de la transformation sociale le défi, le désir surtout, d'une éducation libérée du marché et de l'économisme ambiant. Ce mouvement n'a rien de romantique : il est d'une nécessité vitale. Le savoir, comme toute richesse, doit être PARTAGÉ.

Il y a définitivement un autre Québec qui est en marche.  Souhaitons tous ne pas avoir à le reconnaître avec trente ans de retard!







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