12 septembre 2012

CAP À BRUISSE


Sur les planches
des petits rôles bâtards
ces silences imposés
dans le collecteur 
de la mort
il faut « téter
le doux grave »,
il faut figurer en chien!

Plante,
aies-en soin
de ces boisés
de ces champs
bosquets
ruisseaux
de ces jardins de pierres à voix
de grand harle

en sorte que
la grâce et les tamias
les pieds nus, ton cœur
les psaumes et les guitares
ne viennent pas crever
dans les rideaux de poussière
du fin fond des gradins
du ramassage
de la vieille cage
humaine

***


Sur le quai on aperçoit flotter au loin
des morceaux de glace vive
qui s'épellent dans le miroir forgé
comme nuit blanche raboteuse
sur la crête intérieure des mots
gelés durs

Espèces de joaillerie de guipure
dans la correspondance échevelée de naguère
qui pourtant nous interpellent encore
sous un ciel de braises

Nos pauvres mains provisoires
trempent dans le rif du brouillard
d'une vieille malle qui rouille

Des emblèmes altiers ajournent
comme des drapeaux
de jeunesse ajourée,
des oiseaux peureux
qui concentrent sur un fil
un maximum de chair
à jets d'encre bleue
entre les interstices
de la mémoire

En ce temps de fissures
rendu tout de travers,
deux chiens justement féroces
de sorcellerie inventée
avec des marques foncées sur le dos
se déverrouillent le museau
avec du maquillage d'acteur
reçu par la poste

Et vogue la chique 
au milieu des phrases crues
que l'on croyait perdue
avec les bottes et la gigue,
le trac des antiques maîtres-draveurs

Entre les fentes de l’écho plaintif
le vent sifflait déjà « couteaux vomis »
pour quelques voyelles de bave échappées,
pour si peu de voyageurs
de la déparlure
du cœur incendié

Parfois même le soleil au-dessus des rizières
n'y pourra plus rien,
mais voici le kouac de la corneille
soudain entendu
comme un fruit lancé vif
au travers du destin

Saches-en pour la veille et l’oubli
plus de musique
écluses, traversières, ruine-babines,
toujours vers l’Indre au New Spell
où miroite le goût
de se blouser en neuf!

Tirer du fouillis chapeau malin
un seul petit calvaire
de bout de papier!

Traverser les lignes ventriloques,
les colonnes d’embruns

Et l'on s'en fout du mal de mer
à l'envers de l'aujourd'hui!

Le charbon de la nuit noire
se consume,
décharge la révolte
qui nous darda
sans avertissement
un soir de pluie
comme une crosse
de carabine
entre les dents!

La foudre, le souffre, l’amadou
c'est écrit à la dactylo,
on dirait même au couteau de chasse

C'est dit pauvres bêtes
en pacage au bercail
sans boussole ni lumière
sans la noce de Cana
pour sortir par le hublot
des cabines de l'espace

C'est dit que nous irions
payer nos dettes
au poulailler d'Ozias Leduc
pic au loup, dévalant les coteaux
et tralala les épinettes…

Les poches remplies de bracelos,
de sable, de sucre, de crapauds,
de valets de carreau,
de trous de vie

Avec des chaudières d’étoiles coulantes,
un sac de bourgeons, une tige de rêves
abracadabrants…

Sur le quai des écritures nomades,
il y a ce tas de syllabes indécidables
qui crépitent dans nos yeux d’aveugles,
de la suie incandescente
sur nos doigts amaigris
traçant dans la marge de l'invisible
les signes de la transe en danse
comme disait la chorégraphe
aux cheveux d'ange

Resteront en souffrance sur l'ardoise
quelques voyageries à crédit
dans les filets de nos bateaux
rompus par l'horizon

Et dans la chaux du creux de l’alphabet
nos bonshommes imaginaires,
roches lustrales,
paroles gravées,
je te le jure,
sur le flanc dénudé du cap
où nous sommes tous
entre les branches
venus
au monde.

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