Cette année-là, en 2004, à La bataille des livres à la radio de Radio-Canada , La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy était défendu par la cinéaste et comédienne Micheline Lanctôt. Ce fort récit sauvage et touffu passant par la bouche d'un enfant fut éliminé et c'est Un dimanche à la piscine à Kigali de feu Gilles Courtemanche qui l'emporta.
J'aimais les deux livres comme en témoigne le commentaire cité plus loin, à peine remanié, que j'avais laissé sur le site de l'émission Indicatif présent animée par Marie-France Bazzo. Mais mon vote, je le donnais à deux mains et tout coeur à La petite fille... qui reste encore à mes yeux l'un des romans les plus réjouissants de toute ma carrière d'humble lecteur.
Gaétan Soucy est parti bien de trop bonne heure!
Mes condoléances à ses proches, dont mon collègue Audrey qui est son neveu.
« C'est un joli mot, ramentevoir, je ne sais pas si ça existe, ça veut dire avoir des souvenirs. »
La petite fille qui aimait trop les allumettes, Boréal, 2000, page 67.
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Je suis en train de lire Un dimanche à la piscine à Kigali, et j'éprouve à chaque page la portée de ce livre courageux et lucide, franc, qu'on portera à l'écran, je l'espère. Mais puisque qu'il faut en choisir un seul, La petite fille... est notre premier choix, car il s'agit ici avant tout d'un immense et lumineux coup littéraire, un tour de philosophe malin, une poésie dramatique, j'oserais dire, qui reste là longtemps suspendue à fouiller du regard les décombres de l'enfance, peut-être le seul pays vif de la littérature. Ce livre de Soucy avec ces agrès de grimoire et de grimaces rejoint, selon moi, La vie devant soi d'Émile Ajar et Bruit et Fureur de Faulkner.
Courtemanche est un frère, comment le remercier?
Gaétan Soucy est un sourcier délirant qui déparle, un écrivain majeur.
Montréal, 1 avril 2004
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