08 juillet 2013

L'indépendance populaire du Québec - 2


« [...] Mais n'oublions pas que l'indépendance se fera par et pour les travailleuses, chômeurs, sans-emplois et étudiantes qui composent ce pays. »

La radio de Radio-Canada vient de consacrer une superbe série de cinq émissions à Pierre Bourgault décédé il y a dix ans : C'était Bourgault. Bien que la radio ne nous rende pas captif, il m'était difficile d'y porter attention dans mon cabicule ouvert au bureau, de seulement penser à allumer mon poste  entre 11 heures et midi alors que je suis totalement et sincèrement mobilisé pour Sa Majesté, tout un chacun sachant bien que dans une monarchie constitutionnelle, Sa Majesté est la substantifique moelle représentant le peuple!

Heureusement, on peut rependre le tout sur le site de Radio-Can à l'adresse indiquée plus haut.

J'ai souvent dit combien j'estime Bourgault. Si l'on décape quelque peu son style oratoire saisissant, mais ampoulé et théâtralisé à la planche, en caractères gras et grasseyant, et malgré qu'il ne fut jamais élu à l'Assemblée nationale, il reste un astre essentiel parmi les acteurs politiques québécois. Il est parmi ceux et celles qui répondent le mieux, et ce, à la fois sur le plan éthique (ce que l'on veut faire) et sur le plan moral (ce que l'on doit faire), à la question : pourquoi faire l'indépendance du Québec?

À la fin de sa vie, tout simplement, oiseau blessé, mais dégagé de toute volonté de puissance, Bourgault disait : il faut être indépendant le plaisir de voler de ses propres ailes. Voici les mots exacts :

« L’indépendance, c’est tout simplement
la capacité du Québec
de voler de ses propres ailes. »
(Chuchotement de Bourgault à Bernard Landry
sur son lit d’hôpital, 16 juin 2003)


J'ai suivi assidûment l'homme de radio jusqu'à la toute fin de sa vie, notamment à l'émission Indicatif présent de Radio-Canada. Ses billets légers sur les fleurs de son balcon avaient l'intensité de l'homme sachant sa fin imminente, trouvant belle la vie malgré tout. Reste que ses positions pacifistes contre la guerre en Irak étaient mordantes et exemplaires.

J'ai suivi avec passion une série de conférences en 1983 intitulées Entre l'ivresse et l'espoir.

J'étais également présent à titre de délégué de l'ex-comté de Shefford et j'ai entendu l'un des plus célèbres discours de Bourgault qui se présentait à l'exécutif du PQ lors d'un congrès au Patro roc amadour de Québec en 1971. En voici un extrait dont les maîtres mots respectabilité, solidarité.





Mais de quel bois se chauffent les jeunes indépendantistes d'aujourd'hui qui n'en sont plus seulement au pourquoi, mais aussi au comment faire l'indépendance ?

J'aime bien pour ma part suivre les analyses-fleuves de Jonathan Durand Folco qui écrivait ceci en juin dernier sur son blogue (cf. la recension dans la collonne de droite de Train de nuit), dans le même ordre d'idée que Gabriel-Nadeau Dubois cité plus haut  :  

Lettre à l’indépendantiste

« [...] L’indépendance populaire ne sera pas d’abord le fruit des urnes, d’une élite technocratique semblable à la Révolution tranquille, mais le produit d’une convergence des mouvements sociaux, des mobilisations citoyennes de toutes sortes, groupes écologistes, étudiants, autochtones, féministes, anti-impérialistes, etc. Ce sont les acteurs du changement social qui pourront « driver » le projet d’émancipation nationale, au sens de dynamiser, piloter, mouvoir, conduire. Ce n’est pas une organisation de la société civile comme le Conseil de la souveraineté du Québec, ni des groupuscules indépendantistes, ni un grand parti vendu au nationalisme pétrolier et l’impérialisme canadien, qui pourront assurer la libération du peuple québécois. [...] Prenons acte de l’histoire sociale, culturelle, économique, politique du Québec contemporain, et reposons le projet d’indépendance sur une nouvelle base. Il n’est plus possible de mettre un seul enjeu au-dessus des autres, que ce soit la lutte contre la pauvreté, la souveraineté, la défense des espèces menacées ou la paix dans le monde. La crise systémique du capitalisme, de l’environnement et de la démocratie nous oblige à proposer une alternative désirable, viable et atteignable, liée à une théorie de l’émancipation basée sur l’idée de la justice sociale et politique, une critique de la reproduction des schèmes de domination, l’analyse des contradictions qui ouvrent des possibilités d’expérimentation, et une perspective stratégique de la transformation des institutions. L’indépendance n’est pas autre chose qu’une pratique collective visant à libérer l’avenir du Québec, dans tous les sens tu terme. »


Aucun commentaire: