15 septembre 2013

La charte sur un toi brûlant

L'écrivain et cinéaste Jacques Godbout (vu à Canal Savoir hier et présentement à Dessine-moi un dimanche), militant de la première heure du mouvement laïc québécois en 1960, mentionne à son tour un élément d'ordre éthique à mon humble avis essentiel au débat : en braquant le lead sur les valeurs plutôt que sur la laïcité, l'avant projet de charte des valeurs, qui dans son texte même de 25 pages est embrouillé, détourne l'attention et risque de noyer le mouvement historique de la laïcité, si bien analysé par ailleurs par Guy Rocher. C'est que par définition, une valeur peut embrasser plusieurs figures (valeurs personnelles, familiales, professionnelles, collectives, ça n'a plus de fin, mais tout ne se vaut pas dans le genre « vivre et laisser vivre »!) et une valeur est ce qui nous mobilise, nous fait vibrer. Cela implique une préférence, un choix à assumer pour un temps donné, le plus universellement possible dirait Georges A. Legault, une valeur n'étant pas un dogme moral de l'ordre du devoir, d'où les tensions entre des valeurs légitimes et tout aussi mobilisatrices, mais qui ont des conséquences distinctes sur le plan de l'action, du style de vie (au sens de Wittgenstein), du fabuleux « vivre ensemble ». Le devenir soi ensemble, pour dire enfin comme Jean-François Malherbe, c'est effectivement fabuleux si l'on pense deux secondes à co-construire quelque chose comme une idée neuve du bonheur. J'oserais demander là-dessus ce qu'en pensent les philosophes Michel Seymour, Normand Baillargeon et Christian Nadeau.

1 commentaire:

gaétan a dit...

Le gouvernement devrait retrousser chemin.