25 janvier 2014

Dans le temps comme dans le temps


Dans le temps, jadis, était-ce le bon vieux temps? Question torbrûle! 

Vers l'âge de cinq ou six ans, j'ai demandé à mon père : « Popa, c'était quand le bon vieux temps? ». Doloré, mon père, a répondu : « Le bon vieux temps, ça va être quand tu vas être plus vieux et que tu vas repenser à ta jeunesse. » Bien, c'était une réponse sage et généreuse, je crois, parce que l'accent n'était pas mis sur le passé, l'expérience, les bons coups ou l'imaginaire de mon père, ou bien sur quelque ambiance générale et idéalisée, mais plutôt sur mon avenir et sur le regard qui serait mien.

Ne pas glorifier le passé comme semble le faire d'entrée de jeu le bon vieux Paul Boutet, décédé sauf erreur en 1987 dans son jardin en transplantant des fleurs, rural jusqu'au trognon et qui fut longtemps journaliste et chroniqueur tonitruant en horticulture à la radio de Radio-Canada. C'est lui qui narre le récit dans la vidéo qui suit.

Glorifier?  Cela est si chargé de parades militaires et de Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, ou bien, plus simplement, c'est porté à la boutonnière du grand âge monté en graines qui gagne en maturité et en profondeur, mais perd le touffu et la spontanéité, l'énergie, le plaisir de mordre dans le vif des nouveautés, si bien qu'on a alors peut-être tendance à enjoliver les souvenirs heureux. 

Dans ce temps-là, raconte M. Boutet un brin foncé moraliste, les bonnes gens « n'avaient pas encore perdu le goût de vivre! » Ah! Bon! 

Ceci étant dit, j'ai été étonné et ravi de retrouver dans les images rapaillées mille et un détails un peu beaucoup oubliés, pourtant si caractéristiques de la vie rurale mur à mur au Québec jusqu'à la Révolution tranquille (vers 1965). C'est comme une autre vie,  quasi un artéfact ethnologique. Des petits détails de rien qui me sautent aux yeux : le chanteur qui roule sa cigarette en chantant comme ma mère le faisait, les grandes tablées, la tempérance côté alcool, la boucle que porte le petit garçon se faisant bénir par son grand-père, l'enfant qui dort dans une couchette en métal, la danse du set carré, la candeur et la gaminerie des hommes qui chantent et qui dansent, le Réveillon de Noël plutôt succinct, mais la totale au Jour de l'An...  

Sauf les carrioles et les team de ch'vaux pour aller à messe, remplacés début 1950 par les chars, comme on dit ici et en Louisiane pour automobile, puis un répertoire de chansons quelque peu différent dans ma région des Cantons de l'Est, c'était pas mal l'esprit des Fêtes du temps de ma prime jeunesse. Ce qui me fait dire que ma jeunesse viendra plus tard en plein bouleversement social. Et donc, je n'en suis pas encore à tirer la ligne du « bon vieux temps ». Mais c'est la mémoire qu'il faut faire vibrer dans l'aujourd'hui...

 La vidéo commence par un air d'accordéon, par le Reel du cultivateur, me semble, un des rares que je sais jouer.

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